Par Stanislas Marion.
Dans mon article précédent nous avons compris pourquoi le réseau Bitcoin serait une source d’innovation colossale en utilisant des arguments plutôt abstraits. Cet article sera beaucoup plus concret. Nous allons détailler quelques applications potentielles de Bitcoin. Il existe des bienfaits immédiats comme des transactions plus rapides et plus libres. Nous allons voir beaucoup plus loin et imaginer un futur à long-terme : contrats intelligents, propriétés intelligentes et agents autonomes. Je tiens à préciser que la plupart de ces idées ne sont pas de moi, je les ai reprises à plusieurs endroits, et mon but est de les diffuser. La plupart émanent de Nick Szabo, ancien professeur de Droit à Washington University et informaticien, et Mike Hearn, quit fait partie de l’équipe de développement de Bitcoin, et travaille chez Google quand il a le temps.
Micropaiements
Bitcoin permet d’effectuer des transactions pour des sommes très faibles de l’ordre de la fraction de centime à très faible coût. Cela permet de monétiser de manière efficace certaines capacités jusqu’à présent inutilisées. Par exemple, vous pouvez transformer votre smartphone en hub WiFi et en faire payer l’accès à tous les occupants de votre wagon de train. Les utilisateurs ne payent que dans la mesure de ce qu’ils utilisent comme ressources ou bande-passante. Vous rentabilisez ainsi votre connection au même titre que vous pouvez sous-louer un appartement.
Les journaux, blogs et autres publications en ligne peuvent également mettre en place des micropaiements pour remplacer les business modèles qui ont du mal à percer comme les abonnements ou les prix de gros. Souvent, une personne veut juste lire un article à un moment donné, et non pas s’abonner ni payer un droit de 10 € qui donne accès à cinquante articles. Jusqu’à présent les frais fixes de transactions étaient trop chers pour vendre à l’unité à des prix raisonnables, avec Bitcoin c’est désormais possible.
On peut aussi imaginer de payer l’accès momentané à une voie rapide et non-embouteillée sur l’autoroute de façon complètement automatisée.
Médiation de contentieux
Avez-vous déjà eu besoin de confier de l’argent à un tiers de confiance, par exemple dans le cadre d’un pari ou d’un prêt?
Avec Bitcoin, il est possible de créer ce qu’on appelle des transactions 2-parmi-3, où il suffit que 2 personnes parmi les 3 personnes impliquées valident la transaction pour qu’elle ait lieu, et tout cela sans qu’à aucun moment l’une des personnes ne possède la somme en jeu. Il devient donc bien moins dangereux de demander à une main tierce de se porter arbitre d’un contentieux ou d’un pari quand l’on sait que cette personne ne peut pas s’envoler avec l’argent des deux autres. Comme les capacités de protection d’argent nécessaires à l’arbitrage sont réduites à zéro et puisque la réputation des arbitres devient aisément vérifiable, cela libéralise complètement le marché de l’arbitrage et cette activité n’est plus réservée à quelques institutions centenaires. Logiquement, le prix de ces services baisse et tout le monde en profite. (Sauf ces quelques institutions centenaires…)
Médiation automatisée
Nous pouvons aller encore plus loin. Pourquoi ne pas réduire encore plus les coûts et la possibilité d’erreur humaine ou le risque de détournement ?
Avec Bitcoin il est possible de créer des transactions qui se déclenchent à retardement. Vous pourriez donc mettre une somme de côté pour votre enfant qui ne sera débloquée qu’au moment de ses 18 ans. Plus besoin d’une banque pour cela !
Il est également possible de créer des transactions qui “écoutent” des flux de données. Ces flux de données sont appelés des oracles dans le sens où ils ne mentent jamais. Par exemple nous pouvons imaginer l’automatisation d’un héritage. Une personne crée une transaction qui comporte la somme à donner en héritage et son destinataire. Seulement cette transaction n’est pas effectuée dans l’immédiat. Elle va “écouter” un registre officiel qui annonce les décès. Dès que le décès de la personne qui a créé la transaction est annoncé, la transaction est effectuée et l’héritier touche son héritage.
Ou de façon moins lugubre, nous pouvons imaginer une transaction qui écoute le flux officiel d’une université et ne se déclenche que lorsque votre enfant a obtenu son diplôme. Tout cela, j’insiste, sans avoir à confier votre argent ni à une banque, ni à qui que ce soit.
Pour les plus joueurs d’entre nous, cela peut aussi servir pour répartir les gains d’un pari, en branchant une transaction sur un flux de résultats sportifs.
Crowdfunding et financement des biens publics
Le crowdfunding peut être défini comme un contrat. C’est un contrat qui est émis par une personne ou organisation qui propose de créer par exemple un nouveau produit ou un film si jamais un certain montant est réuni, généralement associé à une date d’expiration. N’importe qui peut participer à la hauteur voulue. Si le montant total des participations n’atteint pas la somme demandée, chacune des participations est retournée. Ce type de contrat est très difficile à mettre en place dans la réalité avec les outils de transaction qui nous sont mis à disposition par les banques. Récemment des startups comme Kickstarter ou KissKissBankBank se sont bâties sur ce modèle et connaissent un franc succès. Mais elles font payer très cher le fait de s’occuper de toutes les problématiques de paiement liées aux crowdfunding.
Or avec Bitcoin il est très simple de créer un contrat de crowdfunding, sans avoir recours à une autorité centrale comme Kickstarter pour accumuler les participations et les donner au créateur du contrat ou les rendre aux contributeurs. Et comme c’est moins cher on peut le faire pour de tout petits montants, ce qui rend possible de nouvelles idées comme la traduction ou le résumé de pages web. On peut même coupler un contrat de crowdfunding avec la médiation automatisée pour proposer une meilleure garantie aux participants.
Une application très intéressante de ces contrats est le financement des biens publics, comme une route, par exemple. Ces contrats peuvent en effet remplacer l’impôt et rendre les dépenses publiques beaucoup plus transparentes. Il serait amusant de voir combien de ronds-points seraient construits avec ce système.
Propriété intelligente
Aujourd’hui la cryptographie est utilisée dans de nombreux endroits pour verrouiller ou déverrouiller une porte ou un appareil. Les cartes magnétiques dans les bureaux et les hôtels, ou les clés de voiture sont des exemples. Ces clés ou cartes ne sont pas très intelligentes et n’ont aucune notion de propriété ou de paiement.
On pourrait imaginer qu’elles puissent se connecter au réseau Bitcoin afin de pouvoir vérifier ou transférer la propriété de la voiture. Une vente de voiture se déroulerait donc de la façon suivante : je vous envoie le montant en Bitcoin, avec une référence à la voiture incluse dans la transaction. La voiture lit ce changement et ne répond désormais qu’au récipendiaire de la transaction, via son smartphone probablement. La grande innovation est donc que le paiement et le transfert de propriété ne sont plus distinguables. L’un va avec l’autre et il n’y a donc pas de fraude possible. Vous pouvez même vendre votre voiture à distance, sans crainte. L’acheteur et le vendeur n’ont pas besoin de se faire confiance.
Emprunts avec caution
La propriété intelligente peut être utilisée comme caution pour un emprunt. Imaginons que le propriétaire d’une voiture veuille emprunter une certaine somme et propose de mettre sa voiture en caution. Considérons une transaction qui, à une certaine date limite, vérifie que les remboursements ont été effectués ou non. Si l’emprunt a été remboursé, la voiture ne change pas de propriétaire. Sinon, la transaction transfère la propriété de la voiture vers le prêteur. Et si l’emprunteur est malhonnête et s’en va très loin avec sa voiture, vous me direz, que vais-je faire d’une voiture qui se trouve à des milliers de kilomètres? Pas de problème, comme nous l’avons vu juste au-dessus, vous pouvez la vendre à distance.
Agents autonomes
Pour finir, quoi de mieux qu’un peu de science-fiction. Un agent autonome est une machine qui n’appartient à personne, est capable de payer pour ses propres coûts (énergie, maintenance, réparations) et vendre des services. Ce n’était pas envisageable avant Bitcoin car aucune banque n’accepte d’ouvrir un compte en banque au nom d’une machine.
On peut imaginer des taxis qui se conduisent tout seuls, ou des drones qui vous livrent une boisson bien fraîche lorsque vous êtes perdu dans le désert. Ces agents offriraient leur service sur une place de marché à laquelle les gens se connecteraient via leur téléphone ou implant.
Il est important que ces agents n’appartiennent pas à une entreprise ou organisation centralisée car sinon les prix des services seront trop élevés. Si un agent ne s’appartient qu’à lui-même, il peut vendre son service avec une marge nulle car il n’a pas de désir de profit, c’est une machine après tout. Et tout le monde y gagne.
Qui construira ces agents? C’est là que les contrats de crowdfunding interviennent. Ce seront des biens publics. Une personne lève de l’argent via un contrat, construit l’objet et le laisse ensuite agir de façon autonome.
J’espère que ce petit effort de projection dans le futur, malgré l’absence de voitures volantes, vous aura plu et aura stimulé votre curiosité et votre imagination, mais surtout qu’il aura montré que Bitcoin est bien plus qu’une simple monnaie d’échange ou valeur refuge. Mon prochain article traitera de questions plus économiques et répondra aux inquiétudes fréquemment relevées quant à la volatilité et au caractère déflationnaire de Bitcoin en tant que monnaie.
Ces applications apparaissent souvent comme des « passagers clandestins » sur la blockchain, dont la taille augmenterait de manière disproportionnée par rapport à ce qui était prévisible sur la base du seul bitcoin. Est-il envisageable d’évoluer vers un « interblockchains » avec des blockchains séparées dédiées à des applications différentes ?
Lorsqu’une opération est enregistré sur la Blockchain elle ne prend que quelques octets. Ce qui est en train de se développer ce sont des systèmes qui sont au dessus de la blockchain et qui permettent dans leur systèmes interpréter ces octets. Voir BitShares ou Ethereum.
Ce ne sont pas au sens propre des blockchain mais il y a bien un réseau d’ordinateurs qui de la même façon valident la légitimité et l’exactitude des transactions.
(commentaire n’ayant pu être posté à l’origine sur le site Capital.fr)
Il y a un script qui actualise cette page, je n’ai pas pu poster 4 commentaires qui auraient mieux expliqué mon raisonnement concernant les résistances du cours.
Si ces résistances ne sont pas atteintes, les mineurs seront dissuadés de poursuivre leur travail car ils savent qu’ils ne seront pas payés pour la mise à disposition de leurs puissance de calcul, l’investissement dans le matériel ne pouvant plus être amorti tant le niveau de difficulté augmente tandis que la valeur du cours diminue.
Hors il a été démontré à plusieurs reprises que les cours sont manipulés par des retraits d’ordre d’achat et de vente dans le carnet d’ordre, tout comme le sont les cours de bourse sur chaque place financière.
C’est fondamentalement illogique, car la technologie fonctionne, mais les directeurs de place de marchés ont cru pouvoir spéculer contre tous, sans savoir que j’avais déjà fait tomber Jérôme Kiervel avec la même technique;
J’ai volontairement vendu des bitcoins au mois d’avril 2013 en dessous du marché (avec une décote de 75%) parce que je savais que le carnet d’ordre était truqué, en guise d’avertissement pour monsieur Gonzague.
Ce dernier n’a pas du comprendre le message, il a cru qu’il pourrait jouer seul contre le monde, il a perdu.
Quand les places de marché arrêterons de vouloir contrôler le cours, la bulle spéculative n’explosera pas, ce sont les monnaies mondiales qui s’écrouleront car les banques ont toutes pariés sur cette technologie.
Bitcoin est une monnaie hyper-déflationniste qui a été introduite sur un marché monétaire dominé par des économie hyper-endetté.
La conclusion est simple, les monnaies de singe comme le dollar vont se faire absorber par une monnaie mondiale dont la structure est volontairement faible, cela préfigurant une forme d’avertissement car bitcoin a fait de nombreux petits.
La courbe du bitcoin est un cas d’école en matière d’explosion d’une bulle spéculative. Très bientôt, sa valeur se rapprochera de sa valeur réelle, à savoir zéro.
On peut également imaginer que les contrats interagissent entre eux sur la Blockchain, ils peuvent se dupliquer ou s’auto-modifier si un certains nombre de conditions sont réunies (Les bases étant définie dès le départ et infalsifiable car enregistrées dans la Blockchain).
On peut donc créer des systèmes de valeurs automatisés et qui s’auto-alimentent.
Cependant contrairement à ce que vous évoquez :
« Si un agent ne s’appartient qu’à lui-même, il peut vendre son service avec une marge nulle car il n’a pas de désir de profit, c’est une machine après tout. Et tout le monde y gagne. »
Il me semble important que les personnes qui ont financés le projet, aient une rétribution car pourquoi crowdfonder un projet si je n’ai pas de retour sur investissement? Au contraire on peut également imaginer que chacun des participants reçoivent automatiquement une rétribution (même minime) à chaque utilisation du service.
Ces concepts sont fascinant et merci d’écrire à ce sujet en français –
@ComteZer0 et @ Mirko Vucinovic – Hors sujet on ne parle pas ici de la valeur du Bitcoin mais bien du potentiel technologique il y a plein d’autres article à troller…
Une petite erreur assez courante : connexion, pas connection, en français.