La modélisation économique de Bercy prend du retard

Tandis que le gouvernement britannique mise sur une baisse de l’impôt sur les sociétés pour relancer la croissance, du côté de Bercy c’est l’aveuglement sur l’effet du taux d’IS.

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La modélisation économique de Bercy prend du retard

Publié le 19 février 2014
- A +

Par Valérie d’Emploi-2017.

FRANCE-ILLUSTRATION-PARIS-MINISTRY-BERCY-FINANCES

Le ministre britannique des Finances, George Osborne, met le cap sur la croissance, et l’abaissement du taux d’impôt sur les sociétés est une des mesures phares de son programme. Le rapport publié en décembre 2013 par Her Majesty’s Revenue and Customs, « Analysis of the dynamic effects of Corporation Tax reductions », présente les effets de cette mesure à long terme.

Le taux d’impôt sur les sociétés au Royaume-Uni sera progressivement abaissé de 28% en 2010 jusqu’à 20% en 2015. C’est une compétition internationale dans laquelle s’est lancé le gouvernement de David Cameron en quête d’investisseurs étrangers et pour stimuler la reprise économique du pays.

Le Trésor britannique, HM Revenue and Customs (HMRC), a récemment publié une analyse des effets « dynamiques » de cette mesure fiscale. Au terme des 20 prochaines années, l’abaissement du taux d’impôt sur les sociétés aboutira à :

  • une augmentation du PIB de 0,6-0,8% ;
  • un accroissement de l’investissement de 2,5-4,5%, soit entre 4 et 6 milliards de livres supplémentaires attirés grâce à cette mesure ;
  • l’augmentation des revenus des ménages.

Cette estimation a été possible parce que depuis quelque temps le gouvernement britannique a misé sur l’amélioration des outils de la modélisation économique, qui rendent possible l’estimation plus précise des effets de la politique fiscale à long terme.

Le HMRC a élaboré un nouveau modèle qui s’appelle « computable general equilibrium model » pour estimer des politiques en cours, et saisir des effets potentiels très complexes qui proviennent de l’interaction de tous les secteurs de l’économie. Par exemple, dans un premier temps, l’abaissement de l’impôt sur les sociétés aboutira à un manque à gagner pour l’État, mais très rapidement l’effet s’inversera car le taux d’impôt bas sur les sociétés encouragera la création d’entreprises et la reprise de l’emploi.

Ces effets sont mal captés par des modèles économiques traditionnels, comme celui exploité à Bercy sous le nom de MESANGE, utilisé encore récemment pour prévoir les effets du Pacte de Responsabilité, car ce sont des modèles plus statiques, qui traitent chaque secteur à part, et le mécanisme d’interdépendance fiscale des secteurs y est presque inexistant. Ils postulent aussi que les liens entre les variables sont linéaires (proportionnels) alors que les effets fiscaux sont souvent non linéaires et parfois même discontinus.

D’ailleurs, une estimation similaire des mesures fiscales visant l’abaissement des taux d’impôt sur le bénéfice des sociétés a été faite par Bercy, mais l’effet a été estimé presque nul…

La sénescence de notre système économique n’affecte pas seulement l’économie française, mais la façon dont elle est évaluée par nos services officiels.


Sur le web.

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  • la qualité d’un modèle dépend aussi beaucoup de celui qui le met en oeuvre…

  • « une estimation similaire des mesures fiscales visant l’abaissement des taux d’impôt sur le bénéfice des sociétés a été faite par Bercy, mais l’effet a été estimé presque nul »

    et la marmotte elle fait le chocolat…

  • Les modélisations, surtout en économie, sont à manipuler avec d’infinie précautions. Surtout des prévisions à 20 ans …

    Et puis les comparaisons UK/France, alors que la grande bretagne fait courir déficit public bien supérieur (en % de pib) à celui de la France, et que la boe a monétisé massivement la dette publique britannique …

    Vraiment, il y a suffisamment de bonnes raisons de taper sur les administrations publiques pour ne pas utiliser des arguments aussi faiblards.

  • Quand le gouvernement (et ses prédécesseurs) fait la sourde oreille aux rapports de la cour des comptes, on peut douter des paramètres introduits dans les modèles, avant même de s’inquiéter du modèle.

  • Les modèles économiques, comme tous les modèles,
    1) sont soumis à une intense « sélection naturelle », qui malheureusement n’est pas basée sur la fiabilité observée ex post de leurs résultats, mais sur leur aptitude à faire plaisir aux décideurs.
    2) ne font que traduire les conceptions et hypothèses des modélisateurs.
    3) ne servent jamais qu’à enrober ces hypothèses et fournir un argument d’autorité
    En clair : les modèles disent ce qu’on attend d’eux.
    Bref : attendre d’un hypothétique progrès en matière de modélisation économique une prise de conscience par Nozélite qu’elle fait fausse route, c’est un espoir des plus vain.

  • Et pour la météo de la semaine prochaine, que dit le modele mésange?

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