Le Mangibougisme passe le turbo et met les gommettes

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Le Mangibougisme passe le turbo et met les gommettes

Publié le 20 février 2014
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On le sait : la bataille contre les gens qui meurent connement ne fait que commencer. D’abord parce qu’il y a de plus en plus de gens (il y a des statistiques dessus, c’est affolant). Ensuite parce qu’il y en a de plus en plus qui meurent connement et notamment parce qu’ils n’ont pas mangé comme il fallait. Et ça, dans le monde qui est le nôtre au jour d’aujourd’hui et à l’instant présent qui nous occupe ici et maintenant, c’est proprement intolérable. Ne tolérons plus ça.

Heureusement, en France, l’élite politique et les responsables gouvernementaux ont pris la mesure de la tâche à accomplir et se sont empressés, depuis plusieurs années, de donner un objectif clair et précis à la population : lutter contre les nourritures trop grasses, trop salées, trop sucrées, et surtout, faire du sport régulièrement, boire quand on a soif, se couvrir quand il pleut, se laver les mains après le petit pipi et les dents avant le petit dodo. Grâce à la répétition ininterrompue de messages aussi pertinents que subtils (dans les publicités pour les Pépitos, sur les aires d’autoroute, à la radio, sur les paquets de chips et les bouteilles d’alcool, etc…) le message général a fini par percoler doucement dans la population et il a fort bien été compris : pour pouvoir mourir en bonne santé, il n’y a pas d’autres solutions que se passer de sel, de sucre, de gras, de drogues, il faut faire des efforts, tout le temps, il faut se restreindre, toujours, et garder le sourire.

Nos politiciens, en charge de notre santé collectivisée jusqu’au trognon, l’ont bien compris : il n’y aura pas de salut pour nous tant qu’il y aura du fun. Et puis, c’est pas comme si en France, la nourriture était une tradition ou un art de vivre. Laissons ça à la perfide Albion, tiens, qu’elle s’étouffe sous les douceurs bien préparées !

mangibougisme, programme nationale d'interdiction du fun

C’est donc tout naturellement dans cette optique de restriction du plaisir qui pourrit la vie qu’un épais rapport vient d’être remis à l’une des piètres excuses ministérielles actuellement en charge de la santé, Marisol Touraine. Et pour changer de tout ce qui a été fait avant, ce rapport préconise une nouvelle série de mesures (interdictions, taxations, vexations) pour inciter le cheptel les Français à suivre une alimentation encore moins fun plus équilibrée.

Eh oui : comme je le notais avec détachement dans un précédent billet qui évoquait la Fat Tax, la taxation de toute une série d’aliments méchants est évidemment LA solution pour résoudre le vrai et réel problème qui se pose à nous de limiter le fun et la joie de vivre déjà trop présents dans ce pays. Bon, ici, il faut comprendre qu’il ne s’agit pas d’un retour de cette Fat-Tax qui agita vaguement les médias il y a quelques mois. On va faire dans le subtil : au pays de Socialie, il y a des aliments méchants et des gentils. Alors pour passer les moments difficiles, avoir des surtaxes (sur les aliments méchants), c’est très utile. Les propositions envisagent de sous-taxer les aliments gentils, mais n’y comptez pas, c’est un gros bobard pour endormir les naïfs. (Baisser une taxe, en France, pffrt, franchement)

small double facepalmEt on sait que ce sera une réussite ! Rien de tel qu’une bonne taxe pour réduire le nombre d’obèses ou de maladies cardiaques, hein. D’ailleurs, depuis qu’il y a des taxes sur les cigarettes, il y a moins de fumeurs. Les taxes sur les alcools ont renvoyé la consommation de spiritueux au rang de curiosité. Et à l’instauration des taxes sur le carburant (nombreuses et gratinées), les ventes de voitures se sont effondrées et la consommation d’essence, de gasoil, de mazout et de kérosène a dégringolé. C’est connu.

Bien sûr, quelques tabassages taxatoires ne suffiront pas. Je vous le rappelle : nous sommes en guerre contre les gens qui meurent connement, et comme la connerie s’étend, il y a toujours fort à faire. Et pour cela, l’étatisme à la Française pourra se servir de ses deux mamelles habituelles : l’interdiction et la propagande.

eat your vegetables

Pour l’interdiction, rien de plus simple : on lâchera les législateurs fous comme on le fait régulièrement pour tout et n’importe quoi, et, après une solide ponte de quelques kilomètres de papiers gribouillés d’articles de lois illisibles, on pourra interdire certaines promotions en volume de méchantes boissons sucrées (disons, au hasard, des sodas américains qui butent des chatons mignons) ; cela ne suffira pas et il faudra aussi interdire complètement toute publicité pour certains produits, comme ceux de régimes amaigrissants sous toutes les formes (livres, méthodes, suppositoires, …) parce qu’il est maintenant reconnu qu’interdire de telles publicités amènera naturellement les gens à mieux se nourrir (mais si, c’est évident).

Et pour la propagande, on utilisera les moyens maintenant habituels des légions de petits empêcheurs de saler, sucrer et graisser en rond, ainsi que la panoplie courante de slogans agressivement niais et de brochures aussi colorées qu’idiotes. Innovation : on va introduire des petites gommettes de couleurs pour indiquer, comme à des enfants en bas âge, ce qu’il faut ou pas consommer, ce qui permettra de jeter à peu de frais une bonne louche d’opprobre sur les aliments déclarés impurs par les Hautes Autorités Sanitaires. L’échelle est déjà fixée, les couleurs seront sans ambiguïté et l’ensemble ressemblera grosso-modo à ça, pas du tout culpabilisant :

échelle nutritionnelle

La question évidente qu’on peut se poser maintenant, c’est comment nos élites enfiévrées vont parvenir à faire passer tout ça ? Fort simple, mes petits amis : on va utiliser l’arme efficace de l’égalitarisme qui rabote tout ce qui dépasse à commencer par les mets plantureux et les repas de famille festifs. Et c’est expliqué dès les premières pages du rapport : on va combattre le gras et les méchantes nourritures parce qu’à cause d’elles, les gens tombent malades et que ces maladies sont directement liées à la condition sociale des individus, pardi !

Ces maladies liées à la nutrition sont un facteur d’inégalités sociales de santé.

S’ensuit un magnifique bricolage logique sur le mode « Les pauvres ne savent pas s’alimenter, indiquons-leur comment procéder et donnons leur des tickets de réduction ». Les auteurs se sont manifestement fait violence pour ne pas traiter ouvertement les populations défavorisées d’idiots incapables de manger sain, mais cela transpire pas mal dans l’épais rapport, additionné d’un ou deux barils de commisération qu’un Zola n’aurait pas reniée afin d’enrober l’idée générale qu’en distribuant, encore une fois, de l’argent à des gens, on allait résoudre leurs problèmes (méthode dont tout le monde peut constater qu’elle a très bien marché jusqu’à présent).

Sauf que manger sainement ne demande généralement pas plus d’argent que manger des cochonneries (en moyenne, ces dernières sont plutôt plus cher). Distribuer des coupons et afficher des petits stickers aux couleurs vitaminées ne changera pas : l’idée que le principal problème de ces populations n’est pas d’abord celui de l’argent, mais d’abord un problème de temps semble échapper quelque peu au tableau grassement barbouillé par nos experts ; préparer un repas prend du temps, choisir des aliments sains mais peu chers est très consommateur de temps, planifier ses repas, ses courses prend du temps, et, comme je l’expliquais dans un précédent billet, c’est ce temps (et l’habitude, l’expérience qui se construisent dans la durée) qui manque cruellement.

Du reste, il faut ajouter à ça que les recommandations des « experts internationaux » sont, de plus en plus souvent, parfaitement contraire à l’hygiène alimentaire que la médecine, hors des poncifs entendus partout, valide obstinément. Ainsi, des individus persistent à manger en quantité des graisses de bonne qualité et s’en portent honteusement bien comme l’explique cet article, et que d’autres, faisant fi des remarques répétées des agences sanitaires anti-fun, salent copieusement leurs plats et ne s’en portent pas plus mal ; les exemples sont légions de « recommandations » foireuses, de petits stickers mal adaptés et de populations orientées dans la mauvaise direction.

Encore une fois, on nous sert une soupe bien amère : interdictions, stigmatisation, propagande, et messages douteux. On voit mal ce qui va encore pouvoir sortir de bon de ces recommandations d’autant qu’elles seront mises en musique par les habituels bras cassés qui nous gouvernent. Alors que la France a élevé la cuisine au rang d’art, elle s’apprête maintenant à saboter l’une de ses plus grandes richesses.

Ce pays est foutu.
—-
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  • Article + sondage sur ce sujet sur BFM:

    http://www.bfmtv.com/societe/alimentation-pistes-manger-mieux-equilibre-697446.html

    Sondage

    Faut-il limiter la publicité sur les aliments gras et trop sucrés?

    Oui : 64%
    Non: 36%

    Ce pays est vraiment foutu

  • L’aliment néolibéral m’a bien fait fait rire

  • c’est marisol touraine à la santé??je pensais que c’était son fils! (ok,je sort)

  • Moi j’aime bien le rouge. Donc si j’ai bien compris, c’est les aliments rouges qu’il faut acheter? Je sens que je vais me faire plaisir, je pourrai repeindre mon placard en rouge avec toutes ces gommettes :).

  • J’ai avalé mes lasagnes maison de travers. Heureusement un petit verre de rosé minuty l’a fait glissé.

    Très bon billet.
    C’est vrai que bien manger prend du temps. C’est aussi une éducation (goût, équilibre des aliments..). Mais hélas dans un État totalitaire il faudrait tous être gros ou maigre.

    Aux USA j’etais dans un supermarché, le gars devant moi à la caisse n’avait que des junk food. Heureusement il avait aussi acheté des tablettes pour digérer. Mais, il était dans son choix.

    Mais je vous rassure H16, nos élus savent manger gras, sucré, salé, le tout arrosé de bons vins. En plus c’est gratuit, fait par un cuisinier officiel et le tout dans de la vaisselle fine (que Valérie a pété d’ailleurs).

    Ce monde est trop cruel, j’ai plus de rosé dans mon verre.

  • Que Marisol Touraine commence par taxer Dodu 1er, il a pris des kilos depuis qu’il a été investi à perte!

  • Est-ce que l’obésité ne touche pas d’abord :
    – les gens qui se laissent aller parce qu’ils n’ont pas de but dans la vie,
    – les gens qui compensent un quotidien difficile en se remplissant la panse ?

    Si Flamby ou quelques privilégiés abusent des plats en sauce ou des tournedos rossini, c’est leur problême. Au mieux, ce genre de bourrage de crâne peut inciter les parents aisés à surveiller l’amimentation de leurs rejetons favorisés. Pour le reste (les pauvres et les amateurs de repas d’affaire) j’ai un gros doute.

    • En tout cas il a du persil dans les oreilles: il est sourd aux Français. Il a aussi de la merde dans les yeux car il ne sait pas lire les courbes. Enfin, c’est un gros sac sur jambes courtes à l’image de sa vision de taupe en plein soleil.
      Je rêverais d’un attrape taupe électrique moi. Pov bête quand même, avec sa fourrure douce, ses grandes pâtes griffues, j’aurais presque envie de verser une larme. D’ailleurs en Allemagne c’est une espèce protégée. Non, sans blague. Pourtant, il faut le dire, les taupes, c’est chiant.

  • 5 légumes et 5 fruits… moi à la cinquième pastèque, je câle… je râle, je sale et je maudis l’imbécile que je suis !

  • Avec mon opinion radicalement climato-sceptique que j’exprime à longueur de billets dans mon blog, je suis aussi un pourfendeur de la malbouffe et je ne rate pas une occasion de le faire savoir à mes lecteurs. Si les Anglais veulent taxer les obèses parce qu’ils coûtent trop cher au système étatique (faut-il le rappeler) de santé, c’est plutôt mieux pensé que de taxer les aliments industriels qui contiennent force sucres et force graisses hydrogénées trans. Dire que la malbouffe induit des différences sociales, c’est à mourir de rire, ce serait plutôt l’inverse. J’observais ce matin quatre femelles qui se goinfraient de montaditos dans un petit bar à tapas tenu par un ami cuisinier français. Visiblement ces quatre pécores de la bourgeoisie locale montraient de loin qu’elles faisaient partie du club des mal baisées. Elles se consolent de leur vacuité sexuelle en faisant du gras avec de la nourriture pourtant parfaitement saine. Il est donc évident que la malbouffe (ou la surbouffe) n’est pas réservée à une classe sociale mais que le self-control est ce qui est de moins en moins pratiqué.
    pour la malbouffe allez sur mon blog : http://jacqueshenry.wordpress.com
    De toute façon, comme vous le dites cher H16, la France, comme l’Espagne, sont des pays foutus !

    • Je crois, et moi le premier, que les Français focalisent sur la merde des autres. Prenez du plaisir et oubliez les. Mangez, bronzer, vivez. C’est la seule chose nécessaire.
      Le climat: vous ne pouvez rien faire
      La bouffe des autres: rien à faire.

      Reste vous, faites vous du bien et cela aura des influences autour de vous.

  • 5 fruits et légumes par jour, dites-vous ? En voilà déjà 2 :

    « Vous avez beau dire, y a pas seulement que d’la pomme…
    y’a autre chose…
    ça serait pas des fois de la betterave ? Hein ? ».

  • « pour pouvoir mourir en bonne santé »… Très bon. Audiard n’aurait pas dit autrement…

  • Mon prof de philo nous disais « on ne dit pas et on écrit pas  » les gens » »

  • Au sujet de l’obésité, il faudrait lire le livre de Gary Taubes : FAT ou pourquoi on grossit, sujet abordé sur contrepoints http://www.contrepoints.org/2012/03/31/75419-les-dieteticiens-nauraient-ils-rien-compris-f
    cdlt,

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