Par Victoria Melville.
Le film de Steve McQueen est le récit de l’histoire horrible et inspirée de faits réels de Solomon Northup, campé par un Chiwetel Ejiofor impressionnant de justesse, homme noir libre de New-York qui, dans les années 1840, se retrouve kidnappé et vendu comme esclave dans le sud esclavagiste.
Loin de tomber dans un sentimentalisme tentant, le film conserve juste la distance nécessaire pour décrire l’horreur qu’ont pu vivre les esclaves dans l’Amérique pré-guerre civile tout en s’attardant suffisamment sur les bourreaux et les circonstances pour que l’on s’interroge sur les motivations de tous les personnages. On se prend même à éprouver de la pitié pour l’auto-destruction qu’ils s’infligent par la souffrance qu’ils infligent à autrui, volontairement ou par négligence – notamment le personnage de Benedict Cumberbatch, touchant de contradictions – comme en reflet de leur propre psyché martyrisée. Une écriture tout en nuance et une interprétation de grande qualité permettent au film de ne jamais sombrer dans le manichéisme souvent associé à cette thématique.
Steve McQueen pousse encore plus loin son attirance morbide que lors de son précédent film, Shame, dans lequel on observait avec fascination Michael Fassbender se vautrer dans la fange la plus répugnante. Ici, à mesure que le film se déroule, que les conditions de vie des esclaves se font plus difficiles, l’existence d’Edwin Epps, le même Michael Fassbender, se réduit à la violence extrême avec laquelle il se torture psychologiquement en torturant physiquement jusqu’à son ouvrière préférée pour laquelle il développe une coupable attirance.
Le film est aussi bon sur le fond que la forme. L’écriture est soignée et la réalisation impeccable. Certaines scènes prennent vraiment aux tripes. Sans en dévoiler davantage, quelques splendides plans séquences ne pourront pas vous laisser indifférents tant notre réalisateur est virtuose. Hans Zimmer nous offre même une bande sonore d’une surprenante originalité, tout en restant dans son style habituel qu’on adore.
Un beau film qui se présente comme une ode à la volonté et à la liberté, témoignant d’un espoir dans la nature humaine que l’on n’attendrait guère sur un tel sujet.
— 12 Years a Slave, drame historique américain (sorti depuis le 22 janvier 2014) de Steve McQueen II avec Chiwetel Ejiofor, Michael Fassbender, Benedict Cumberbatch, Lupita Nyong’o, Paul Dano, Brad Pitt… Durée : 2h13.
C’est un film que je compte voir. Pour deux raisons : Mc Queen et Fassbender.
Le premier est un génie du cinéma qui reste fidèle aux fondamentaux qui font les chef d’oeuvres . À savoir de longs plans séquences (style Leone) et une caméra fixe (c’est à dire pas une caméra sur l’épaule).
La manière de filmer de Mc Queen (à l’ancienne, sans cette hystérie actuelle qui rend les films irregardables et qui donne mal aux yeux et au coeur) permet de rentrer émotionnellement dans le film.
La nouvelle mode (caméra sur l’épaule et plans d’une nano seconde, on ne voit jamais la fin d’une action) entraîne une superficialité : vite regardé (quand on y voit quelque chose !), vite oublié.
Quand à Fassbender, il possède un charisme ravageur.
commentaire débile et creux qui n’explique en rien pourquoi ce film est « fabuleux »