Les chemises noires de la revolución

Ces organisations paramilitaires ont juré de défendre coûte que coûte la révolution bolivarienne mais n’ont — officiellement — aucun lien avec le gouvernement de Caracas.

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Les chemises noires de la revolución

Publié le 21 février 2014
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Par Guillaume Nicoulaud.

Squadrismo désigne les milices caractéristiques du fascisme italien qui ont donné naissance aux sinistres Milizia Volontaria per la Sicurezza Nazionale, les « chemises noires », connues pour avoir été les bras armés officieux du régime de Mussolini. Officieux seulement parce qu’officiellement, le Parti national fasciste n’avait aucune relation avec ces organisations paramilitaires qui opéraient dans la plus parfaite illégalité ; n’hésitant pas à agresser, torturer et assassiner ceux qui avaient le malheur de s’opposer au futur Duce. À la matraque et à l’huile de ricin, ce sont les chemises noires qui ont porté Mussolini au pouvoir, de la même manière que les chemises brunes — les Sturmabteilung de Ernst Röhm — ont permis à Adolf Hitler de régner en maître dans les rues allemandes.

Les chemises donc, qu’elles soient noires ou brunes étaient, pour reprendre la définition de Carlos Raúl Hernández, des « groupes paramilitaires, des mécanismes répressifs qui ne compromettent pas le gouvernement devant l’opinion internationale. » À ceci près que les groupes paramilitaires qu’évoque ce docteur en sociologie de l’Université centrale du Venezuela ne sont ni italiens ni allemands : ce sont les colectivos, les gardiens du chavisme, ces organisations paramilitaires qui ont juré de défendre coûte que coûte la révolution bolivarienne mais n’ont — officiellement — aucun lien avec le gouvernement de Caracas.

Parmi les plus éminentes, on trouve les Tupamaros — officiellement le chapitre vénézuélien du Movimiento Revolucionario Tupac Amarú (MRTA) — qui soutiennent le processus révolutionnaire depuis les coups d’État ratés de 1992. À leur tête, Alberto « El Chino » Carias, une espèce de molosse qui n’aime rien mieux que de poser un fusil d’assaut à la main, jure qu’il n’agit que de sa propre initiative même s’il dispose d’un bureau personnel dans le bâtiment de la Commission des sciences et de la technologie (juste à côté du Parlement).

Le comandante « Murachi » des Carapaicas et leurs petits camarades des Piedritas, deux autres groupes de colectivos, ne disent d’ailleurs rien d’autre : cagoulés, vêtus de treillis militaires et lourdement armés, tous revendiquent leur totale indépendance et jurent — dans le même mouvement — de défendre le gouvernement Maduro jusqu’à la mort — quitte à avoir recours à des actions « illégales et violentes ».

Mais n’allez pas croire, chers lecteurs, qu’ils soient pour quoi que ce soit dans les violences de cette dernière quinzaine de jours. Si « El Chino » reconnait volontiers que les Tupamaros étaient bien dans la rue pour protéger la révolution contre les hordes d’étudiants fascistes qui menacent la démocratie, il jure que son joyeux groupe de boyscouts n’avaient, à ce moment-là, aucune arme et n’a donc pas pu s’en servir.

Par ailleurs, il serait sans doute mal à propos de se demander pourquoi ces pacifiques gardiens de la révolution semblent jouir d’une totale impunité auprès des tribunaux de la république bolivarienne du Venezuela. Nous ne nous demanderons pas non plus comment ils se procurent des armes de guerre (sagement rangées en lieu sûr, cela va de soi) dans un pays où la pénurie de dollars vide irrémédiablement les étals des magasins. Enfin, il est sans doute déplacé de s’interroger sur l’identité de ces motards que l’on voit un peu partout sur les vidéos chevaucher leur machines rutilantes (et d’un bleu si uniforme qu’on croirait presque à une commande groupée) en tirant les (méchants) étudiants comme des lapins (armés jusqu’aux dents).

Comme ils disaient, « no pasarán ! »


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