Vers une Realpolitik énergétique ?

Conscientes des échecs de la politique énergétique en matière de renouvelables, France et Allemagne semblent se préparer à faire amende honorable.

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Vers une Realpolitik énergétique ?

Publié le 25 février 2014
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Par Jean-Pierre Riou.

energie solaire eolienne

En réponse à une question « kleine frage » au Bundestag de décembre dernier, le gouvernement allemand a indiqué les surcoûts liés au développement des énergies renouvelables. Cette réponse a fait l’objet d’une publication par German Energy Bog, reprenant ces chiffres et dont un extrait est reproduit ci-dessous.

BT-Drs_18_242_EEG_Data

La charge annuelle liée au surcoût des énergies renouvelables est donc passée de 700 millions d’euros en 2000 à 20,4 milliards d’euros pour 2013.

En France, la CRE ne prévoit que 3,7 milliards de charges dues à ce surcoût des énergies renouvelables, dans sa délibération du 09/10/2013 (p.4). Ce qui représente donc 56,5 €/habitant contre 250 €/habitant en Allemagne.

Cette « kleine frage » au Bundestag était liée à l’inquiétude concernant les menaces que ces coûts font peser sur l’économie allemande, clairement décrites par des analyses comme celle de Natixis et dénoncées de façon unanime par syndicats et patrons allemands.

C’est dans ce contexte que vient de se tenir, ce 19 février à Paris, le seizième conseil des ministres franco-allemand, dont l’Élysée a communiqué les décisions. La politique en matière d’énergie et de climat y est rappelée au titre de « priorité fondamentale ». L’ambitieux objectif  « contraignant » de 40 % de réduction de CO2 d’ici 2030 y est soutenu. Cependant, pour le développement des énergies renouvelables, « la souveraineté des États membres pour leur bouquet énergétique doit être respectée, et la flexibilité pour leur stratégie nationale en matière d’énergies renouvelables garantie. »

En matière de « stratégie nationale », le « Commissariat général à la stratégie et à la prospective » (CGSP) venait, en effet, de préconiser clairement, dans son rapport sur la crise du système électrique européen, de ne conserver que la priorité de réduction du CO2, considérant qu’il ne faut pas confondre les objectifs avec les moyens et confirmant le « triple échec» de la politique énergétique dans la poursuite de ses trois objectifs fondamentaux que sont la compétitivité, l’impact environnemental et la sécurité d’approvisionnement. Ce « triple échec » avait déjà été dénoncé par les principaux énergéticiens européens.

Les collectivités territoriales restent pourtant gourmandes des retombées fiscales locales de ce développement. La comparaison de cette manne avec son coût par habitant n’en serait pas moins navrante si elle devait être considérée comme la motivation première.

Ainsi, une communauté de communes de 10 000 habitants ne pourrait prétendre avoir gagné quelque chose grâce au développement des énergies renouvelables avant d’avoir atteint, pour des éoliennes par exemple, 56 MW installés. En effet, chaque MW installé rapportera difficilement plus de 10 000 euros de taxes (IFER CET et TF) aux communes et à la communauté de communes, tandis que les 10 000 habitants auront déjà payé 565 000 euros à travers les 56,5 €/habitant de CSPE calculés plus haut. Bien sûr, puisqu’on paye déjà pour le voisin, autant avoir sa part… Mais combien faudrait-il alors d’éoliennes pour gagner quelque chose si nous arrivons aux 250 €/habitant comme en Allemagne ? Les 100 000 euros de charges annuelles de CSPE par MW installé (860 millions d’euros pour un parc moyen de 8500 MW en 2014 délibération CRE p 4) posent la question.

Mais ce n’est pas pour l’argent que chacun veut ses éoliennes, c’est pour la planète, Dieu merci…

Mentionnons toutefois que la  France, déjà en surcapacité de production de base et premier exportateur mondial d’électricité (Keyworld A.I.E 2013 p 27), a exporté 59.033.019 MWh en 2013 pour la somme de 2 329 213 euros, soit au prix moyen de 39,45 €/Mwh (et importé 10 949 424 MWh au prix moyen de 56,13 €/Mwh, soit 48 TWh solde net export, cf. site des douanes françaises : données détaillées, cliquer « structures de marché » et entrer code 27160000 et « visualiser »). EDF a eu l’obligation d’acheter, dans le même temps, la totalité des 15,9 TWh de la production éolienne 2013 au tarif de 88,6 €/MWh (CRE annexe 1 p 6)…

La problématique ne se réduit pas à ces chiffres. Pour le cas de la France, où de surcroît 90 % de la production d’électricité n’émet pas de CO2, (bilan RTE 2013 p 15), il serait pourtant lourd de conséquences de les ignorer.

Voir les commentaires (17)

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  • Bonjour
    De toute façon, on ne peut pas discuter avec un écologique, on est dans un discours religieux, comme vous dites « sauvez la planète ».
    C’est quand même plus sexy que de parler de pognon. 😉

  • Ce qui paraît curieux dans l’objectif des écolos est cette réduction des émissions de CO2 de 40 % d’ici 2030. Pourquoi cet objectif irréaliste ne tient pas compte des transports routiers et urbains qui en France représentent l’essentiel des émissions de CO2 – merci à l’uranium pour la France – et pourquoi cet acharnement à produire de l’électricité avec des moulins à vent coûteux et aléatoires dans leur production alors que le problème ne se situe pas là ! Pour atteindre cet objectif absurde de réduction des émissions de CO2 en France (environ 35 millions de véhicules automobiles) il faudrait sur la période 2014-2030 supprimer autoritairement au moins 250000 véhicules par an ou reconvertir ces derniers par des véhicules 100 % électriques, ce qui nécessiterait naturellement une disponibilité fiable en électricité pour recharger ces derniers principalement aux heures de pointe de consommation électrique. Cette simple remarque illustre à quel point les écologistes sont complètement dans le rêve idéologique et que toute cette escroquerie ne peut que très mal se terminer !

    • D’autant que la seule stratégie valable de réduction du CO2 serait d’encourager le chauffage électrique. Seulement voila, comme la possibilité de fournir de courrant avec des moulins à vents est limitée de fait par la production hydoélectrique qui lisse les aleas de production, et que le nucléaire est tabou, on nous parle de nous geler citoyennement les miches ou de raser le parc immobillier existant pour reconstruire BBN.

      Bref du grand n’importe quoi.

      Il faudra un jour faire le choix : virer les écolos et attendre pour voir si le RCA existe, ou virer les écolos et doubler le parc nucléaire. On peut anticiper et mettre en application la partie commune.

    • OU ils sont payés par le lobby éolien/solaire ??

    • @jacqueshenry
      les faits et les chiffres, ça ne veut rien dire pour un escrolo.

  • au prix de quelles compromissions, nos dirigeants ,faisant fi de toute réflexion, et malgré les maintenant très nombreuses démonstrations insitu de la faillite de ces filières, continuent au détriment de tous, à promouvoir cette gabegie?

    Car si les impasses techniques avaient été mises en évidence par les « sachants » il y a déjà des années( cf les articles de Mr. l’ingénieur Pellen,),on pouvait sans doute ,appaté par les camelots de la verditude,imaginer quelque complot des ringards à la solde de big money.

    Mais maintenant, que la facture commence à devenir insupportable, et que le réseau lui-même est de plus en plus fragilisé, continuer dans cette vois s’apparente à l’escroquerie.

    • Les énergies fossiles, un «pari dangereux»

      Une alliance composée par le WWF, Greenpeace, 350.org, le PS et les Verts souhaite que les fonds de pensions et les grandes banques cessent leurs investissements dans le secteur des énergies fossiles.

      http://www.lematin.ch/economie/Les-energies-fossiles-un-pari-dangereux/story/15631058
      D’autant plus curieux que cela se passe en Suisse , pays où le pognon est roi
      Après avoir essayé de faire capoter le monde économique via la peur du réchauffement climatique pour le péquin moyen , ce qui a échoué d’une façon lamentable , les voilà qui essayent via le côté financier en s’attaquant au gros KAPITAL ; mais là ils se ridiculisent carrément et scient la branche sur laquelle ils sont assis

      • Sans tomber dans la théorie du complot et du sabottage organisé, c’est cohérent avec les spam répétés sur les « peak-oil », la décroissance du nucléaire ou autre que chacun peut voir fleurir dans les commentaires. On savait que ces braves gens avaient des conceptions de l’économie assez calamiteuses, ils prouvent maintenant que leurs conceptions de la finance l’est tout autant.

        Cependant, leurs actions portent leur fruits : il suffit de constater l’état financier de tout le secteur énergétique (traditionnel ou « renouvelable »). Quand on en aura enfin fini avec ces braves gens, Total aura probablement fermé 1 ou 2 raffineries, GDF sera à vendre, Alstom aura fait faillite et on achètera nos centrales nucléaires et nos turbines au chinois. EDF ne craint rien : c’est la propriété de l’état et ne peut faire faillite (il suffit de doubler le prix du courrant). Son PDG a bien laissé entendre qu’il obéissait à l’état actionnaire mais n’en pensait pas moins.

        De toutes façons, avec l’argent injecté dans les marchés par les banques centrales, ça commence à craindre sur les marchés actions. Les fonds de pensions vont encore payer la note comme avec la crise des subprime. Dommage pour les retraites complémentaires.

      • the fritz : « Une alliance composée par le WWF, Greenpeace, 350.org, le PS et les Verts souhaite que les fonds de pensions et les grandes banques cessent leurs investissements dans le secteur des énergies fossiles. »
        —————————–
        C’est cette même alliance qui avait recommandé chaudement d’investir dans les énergies renouvelables.
        Avec le cours du Renixx qui est maintenant à la cave (chose que nos écofascistes se gardent bien d’ébruiter à chaque fois qu’ils vantent les vertus des c.nneries durables), les institutionnels qui ont écouté ces bons conseils se sont retrouvé en slip. Il n’y a qu’à voir par ex. ce que le fond de pension de la BBC avait perdu dans l’aventure (la BBC, une des premières officines de la propagande verte, oh l’ironie !).
        Ce serait étonnant qu’ils remettent le couvert une deuxième fois.

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