Par Moses Hategeka [*], depuis l’Ouganda.
Un article de Libre Afrique.
Pourquoi est-ce qu’en Afrique des millions d’électeurs ne sont pas toujours satisfaits et convaincus par les résultats des élections générales? Dans presque tous les pays africains, les élections s’accompagnent de massives irrégularités électorales tels des harcèlements et des intimidations par les forces de sécurité, des fraudes électorales, des votes multiples, le bourrage des urnes, la corruption, et l’emprisonnement de militants politiques soupçonnés par les dirigeants au pouvoir de soutenir des opposants.
Dans les pays où ces malversations sont confirmées en justice, les électeurs se demandent pourquoi de nouvelles élections présidentielles ne sont pas organisées. En 2006, le Dr Kizza Besigye, alors chef de l’opposition, a saisi la Cour suprême de l’Ouganda pour contester la réélection du président Yoweri Museveni. Les sept juges ont reconnu que la commission électorale n’a pas respecté la loi et donc les droits des électeurs. Elle a reconnu des irrégularités dans le comptage des voix et le dépouillement des résultats, affirmant que les élections n’ont pas été libres et équitables. Concernant les résultats de ces élections, bien que les chiffres aient été contestés, quatre juges étaient contre l’annulation du vote. Les trois autres se sont prononcés pour. Dans son jugement, le professeur Kanyeihamba, l’un des juges souhaitant l’annulation du scrutin a déclaré que « les illégalités, les malversations et irrégularités, constatées et prouvées, reconnues à l’unanimité par la cour étaient de nature à entacher profondément la légitimité de l’élection présidentielles de 2006 et que l’élection, sans l’ombre d’un doute, était vouée à l’échec. Ainsi, un nouveau scrutin doit être organisé. »
Bien que le GRN soit le parti qui ressort toujours vainqueur des élections en Ouganda, une partie des Ougandais ne croit pas que ce soit à travers des élections libres et équitables. La même chose s’applique à la Tanzanie avec leur Chama Chama Cha Mapinduzi, au Zimbabwe avec la ZANU-PF, au Rwanda avec le FPR, et au Nigeria avec PDP.
Pour que le multipartisme s’épanouisse librement dans une démocratie, un pays a besoin d’une presse dynamique et libre, d’une liberté d’expression, d’une justice indépendante, d’une société civile forte, d’un processus électoral indépendant, et d’une forte volonté politique. Malheureusement, en Afrique, tout ceci est illusoire.
En Égypte, les journalistes sont toujours harcelés, torturés, emprisonnés et tués sur de fausses accusations, tandis que d’autres ont dû fuir le pays. La situation n’est pas différente, en Érythrée, au Soudan, en Angola, au Rwanda, en Gambie et dans d’autres pays du continent où écrire un article ou exposer une idée indépendante est perçu comme une attaque aux autorités en place et conduit systématiquement en prison. Les propriétaires des médias dans ces pays fonctionnent dans la peur et le harcèlement constant et sont obligés de diffuser des contenus qui plaisent aux autorités.
Dans la plupart des pays africains, les décisions judiciaires qui menacent la survie politique et économique des dirigeants en place ne sont pas respectées. Les juges en Afrique sont de plus en plus des cadres politiques qui travaillent pour servir les intérêts des dirigeants politiques au pouvoir. Les opposants et militants politiques, quant à eux, doivent sans cesse répondre à des accusations telles que : viol, perturbation de l’ordre public, meeting sans autorisation et autres. Les dirigeants en place utilisent cette voie pour paralyser leurs aspirations politiques.
On retrouve des aspects positifs seulement au Botswana, au Cap-Vert et au Ghana, où la démocratie multipartite fonctionne, à la satisfaction des citoyens du pays. Dans ces trois pays, le leadership est ouvert à l’examen, ce sont des États de droit avec de fortes institutions indépendantes et les ressources des pays sont réparties entre tous les citoyens.
Tant qu’il n’y a pas de fortes institutions, notamment des partis politiques plus forts que leurs leaders et des institutions plus fortes que les individus, réaliser une démocratie de multipartisme restera toujours un rêve.
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Article initialement publié en anglais par African Excutive. Traduction : Libre Afrique.
[*] Moses Hategeka est un chercheur ougandais indépendant, analyste des affaires publiques, et écrivain.
La democratie est un processus long est perfectible il faut y associer toute les forces vives de la societe surtout la frange feminine .les raisons qui m’ont pousses a ecrire un ouvrage sur le plan d’action de la promotion de la femme en afrique .