Par Steve Savage, depuis les États-Unis.
Traduction : Wackes Seppi pour le site Imposteurs.
Les pesticides utilisés par les agriculteurs pour protéger leurs cultures ont bien changé au cours des dernières décennies. Les améliorations dans des domaines aussi divers que la pharmacie et l’électronique sont pour nous choses normales, mais qui connaît les développements positifs en matière de produits phytosanitaires ? Le changement a commencé avec l’institution de l’Agence de protection de l’environnement (EPA) en 1970 et l’élimination concomitante de beaucoup de vieux pesticides problématiques. Il y a aussi eu un flux régulier de nouveaux produits avec un profil de sécurité et d’efficacité plus favorable.
Pour documenter cette évolution, j’ai décidé d’utiliser des informations historiques pour une de mes cultures favorites, le vignoble de qualité. La Californie a mis en place un système de déclaration d’usage de pesticides en 1990. Les données permettent donc de suivre l’évolution sur 22 ans. J’ai choisi cinq comtés qui représentent l’essentiel des vignobles de qualité de la North Coast (Napa, Sonoma, Mendocino – 49.250 hectares en 2011) et la Central Coast (Monterey, Santa Barbara – 25.200 hectares en 2011).
Les parasites et maladies de la vigne sont nombreux et variés : insectes, acariens, nématodes, maladies cryptogamiques, ainsi que virus dont il faut contrôler les vecteurs. Les mauvaises herbes sont aussi un problème. Les cépages traditionnels étant hautement appréciés, l’amélioration des plantes traditionnelle n’est pas une solution. Comme pour les autres cultures, le contrôle de ces parasites et maladies ne se limite pas à l’emploi de pesticides. Néanmoins, ceux-ci seront toujours un outil indispensable. Ce contrôle est important pour les rendements et pour la qualité, ainsi que, dans certains cas, pour la pérennité d’une vigne plantée à grands frais. Comme pour les autres cultures, la lutte contre les parasites et maladies contribue également à une utilisation efficace d’autres ressources comme les terroirs, l’eau et aussi des intrants coûteux comme les matières fertilisantes et le carburant, ainsi que le travail.
Heureusement, les agriculteurs disposent aujourd’hui de pesticides qui sont à la fois efficaces et relativement sûrs – bien plus sûrs que ceux d’il y a quelques décennies, et bien plus sûrs que la plupart des gens ne le pensent.
Évolution de l’utilisation des pesticides
Comme on peut le voir du graphique ci-dessus, l’utilisation des pesticides (en livres/acre ou kg/ha de matière active) a baissé depuis 1995. Toutefois, les quantités sont plutôt grandes par rapport à d’autres cultures – 44 à 110 kg de matière active par hectare et par an (la récente polémique sur l’utilisation de pesticides sur des pépinières de sélection de maïs à Kauai (Hawaï) portait sur quelque 2 kg/ha/an). Il y a là une raison simple : le soufre.
Il y a une maladie cryptogamique, l’oïdium, qui atteint la vigne même dans les conditions sèches de l’été californien. Le soufre élémentaire, appliqué sous forme de poudre sèche ou de poudre mouillable a été la solution dominante depuis des dizaines d’années. Comme on peut le voir sur le graphique ci-dessus, le soufre représente la plus grande partie de la charge très importante en pesticides, particulièrement dans les années 1990. Le soufre est considéré comme un « produit naturel » et est par conséquent autorisé en agriculture biologique. En fait, c’est à peu près tout ce qu’un vigneron peut utiliser en biologique pour lutter contre cette maladie. Il doit être appliqué fréquemment et à des doses très importantes. Le soufre est considéré comme relativement peu dangereux, mais c’est un irritant pour la peau et l’Å“il, ce qui n’est pas anodin pour les travailleurs de la vigne. J’ai passé beaucoup de temps dans les vignes et le soufre rend les conditions de travail déplaisantes. La tendance du soufre à la dérive est aussi très gênante pour les riverains.
On notera que la quantité des « autres produits foliaires » augmente après 2000. C’est en grande partie la conséquence des solutions modernes pour la lutte contre l’oïdium, lesquelles ont permis de réduire considérablement l’utilisation du soufre.
Évolution de l’utilisation des pesticides autres que le soufre
Si l’on considère les pesticides autres que le soufre, on constate que les quantités ont plus que doublé pour les produits foliaires, et diminué d’un facteur 4 pour ceux appliqués au sol entre 2000 et 2011 (dernière année disponible). Mais, évidemment, quand il s’agit de pesticides, les « kilogrammes » ne veulent pas dire grand chose. Les pesticides diffèrent considérablement du point de vue de la toxicité aiguë.
L’EPA classe les pesticides en quatre catégories sur la base de leur toxicité (explication à la fin du billet). La toxicité aiguë par voie orale est une composante majeure du système :
- Catégorie I : « hautement toxique », DL50 inférieure à 50 mg/kg de poids corporel (pc)
- Catégorie II : «modérément toxique », DL50 comprise entre 50 et 500 mg/kg pc
- Catégorie III : «légèrement toxique », DL50 comprise entre 500 et 5000 mg/kg pc
- Catégorie IV : «pratiquement non toxique », DL50 supérieure à 5000 mg/kg pc.
L’image courante des pesticides
Lorsque les gens entendent « pesticides », ils s’imaginent souvent quelque chose de hautement toxique, comme les vieux insecticides organophosphorés (OP). Le graphique ci-dessous montre le pourcentage des traitements (des pulvérisations, pas des kilogrammes) effectués avec ces sortes de produits. On observera que les OP de catégorie I n’ont jamais représenté plus de 6% des traitements et sont sous la barre des 1% pour les 10 dernières années pour lesquelles on dispose de données. Même la catégorie II (pesticides modérément toxiques) n’a jamais été d’un grand poids dans les traitements. Ces dernières années, il sont descendus à des niveaux historiquement bas. Ces produits représentent une fraction encore plus petite en termes de volume (moins de un pour cent pour chacune des 22 années). En conséquence, l’image que se font la plupart des gens des « pesticides » correspond en fait à un type de produit très rare en termes d’utilisation.
L’évolution du mix de produits appliqués sur la vigne par catégories de l’EPA
Le graphique ci-dessus montre l’évolution de la proportion de chaque catégorie EPA de pesticides autres que le soufre appliqués sur la vigne. La catégorie I, même étendue aux pesticides autres que les organophosphorés, n’a jamais représenté plus qu’une petite fraction de ce qui est épandu. Si nous avions des données remontant aux années 1960 et 1970, ce serait peut-être davantage ; mais cela fait bien longtemps que l’on n’utilise plus beaucoup ces produits hautement toxiques sur la vigne et la plupart des autres cultures.
Les pesticides de la catégorie II ont représenté une bonne partie du mix jusqu’à récemment. L’EPA les appelle « modérément toxiques ». Cela peut paraître effrayant. Mais beaucoup d’aliments et de boissons contiennent des substances qui tombent dans cette gamme de toxicité, telles la capsaïcine des piments (140 mg/kg) et la caféine (191 mg/kg). Plusieurs produits utilisés sur les vignes en culture biologique entrent aussi dans cette catégorie [Selon l’INERIS, en fonction de l’espèce et du sel de cuivre étudié, les valeurs de la DL50 aiguë par voie orale sont comprises entre 15 et 857 mg de cuivre/kg de poids corporel]. Quoi qu’il en soit, c’est une catégorie qui tend à s’amenuiser.
Les pesticides de la catégorie III de l’EPA sont « légèrement toxiques ». Des produits naturels très familiers comme l’acide citrique, l’acide acétique, la vanilline, et même le sel de table entrent dans cette catégorie. L’utilisation de cette catégorie de produits a augmenté quelque peu.
Les produits de la catégorie IV sont classés comme « pratiquement non toxiques » ; ce sont eux qui ont connu la croissance la plus rapide depuis le milieux des années 1990. Beaucoup de produits ayant remplacé le soufre, ou les anciens organophosphorés, tombent dans cette catégorie. La vraie face des pesticides modernes, ce sont ces matières relativement bénignes, pas ce que la plupart des gens s’imaginent.
Les catégories II, III et IV représentent un mix de produits synthétiques et de produits naturels qui pourraient se qualifier pour la viticulture biologique. La surface en vignes biologiques est petite ; mais pour cette culture comme pour d’autres, il y a un chevauchement important des gammes de produits utilisés dans l’un et l’autre mode de culture.
Une autre manière de voir les données
Les catégories de l’EPA sont plutôt larges ; une autre manière d’aborder la question consiste à « pondérer » les volumes en fonction de leur toxicité orale relative. Dans le graphique ci-dessus, j’ai pris les chiffres pour les pesticides foliaires autres que le soufre et je les ai multipliés par 500/DL50 orale aiguë. 500 mg/kg est la limite entre les catégories « légèrement » et « modérément toxique ». Ainsi, un produit avec une DL50 de 4000 mg/kg compte pour 1/8 de son poids. Un produit très toxique ayant une DL50 de 40 mg/kg vaut 12,5 fois son poids.
Cette approche permet de voir que même si on a appliqué près de trois fois plus de produits foliaires autres que le soufre sur la vigne ces dernières années, il n’y a pas vraiment eu d’augmentation de la « charge toxique » globale.
Les 22 années pour lesquelles on dispose de données ont vu quelques modifications considérables dans la nature des pesticides utilisés. Il s’agit ici d’une culture et d’un produit très spéciaux (et délicieux), mais la tendance n’est pas propre à la vigne. Cela correspond à beaucoup de travail accompli par divers acteurs de la filière, du domaine tant public que privé. Ce travail fera l’objet du prochain billet.
La mesure de la toxicité aiguë : quelques éléments
La toxicité est une notion multidimensionnelle, mais il s’agit fondamentalement de savoir si quelque chose est toxique quand on la consomme. C’est une préoccupation dans le cas des résidus de pesticides. La toxicité orale aiguë est déterminée en administrant des quantités croissantes de la substance chimique à une population de rats ou de souris. La dose, rapportée au poids corporel de l’animal, qui tue 50% des sujets est appelée DL50 (dose létale 50). Elle est exprimée en milligrammes de produit par kilogramme de poids corporel. Plus la valeur est grande, moins la substance est toxique.
À titre d’indication, la DL50 aiguë par voie orale du sel de table est de 3.000 mg/kg pc. Pour une personne de 60 kilos (la référence habituelle en toxicologie), cela représente 180 grammes de sel (en France, le sel est généralement vendu en conditionnements de 250 ou 500 grammes, ou 1 kilo). Pour la même personne, la dose toxique de caféine (DL50 aiguë par voie orale = 191 mg/kg pc) entraînant la mort une fois sur deux serait de 11,5 g – de l’ordre d’une centaine de tasses de café. Mais, dans les deux cas, il faudrait que le sel ou le café soient consommés très rapidement pour ingurgiter la dose. Les insecticides les plus toxiques jamais utilisés avaient une DL50 aiguë par voie orale de 5-10 mg/kg pc. La plupart des pesticides actuels se situent à plus de 5.000 mg/kg pc (catégorie IV) et sont moins toxiques que le sel, le vinaigre, l’acide citrique, la vanilline et beaucoup d’ingrédients de produits alimentaires familiers.
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Article original : An Example Of How Much Pesticides Have Changed. Traduction (et adaptation) : Wackes Seppi.
Les graphiques ont été produits par M. Savage sur la base des données de CalPIP corrélées aux données sur les superficies des California County Ag Commissioners Reports.
quel est le DL50 du Thiamethoxam ? (j’ai pas trouve sur le site de l’EPA)
La DL 50 du thiamethoxam pour le rat par voie orale est de 1563 mg/kg ( et > 2000 par voie cutanée)
ce néonicotinoïde est donc considéré par l’EPA comme « faiblement toxique »… il est pourtant interdit ici pour les ravages qu’il fait notamment dans les abeilles… votre démonstration consiste donc a montrer que l’on a juste changé de pesticides dans le temps…
juste une dernière question : c’est quelle entreprise qui vous paie pour faire ce genre de propagande ?…
Le http://fr.wikipedia.org/wiki/Glyphosate que l’on trouve en grande surface par ex à une DL50 de 1% de notre poids environ..
PS : J’achète régulièrement du jus de raisin de cépage biologique, et les vignes des producteurs me semblent en très bonne santé !
Je vous signale que le glyphosate inhibe l’EPSP synthase, un enzyme absent chez les animaux et présent seulement chez les plantes. La matière active n’est donc en aucun cas toxique pour l’homme. Cependant, il y a environ 20 ans une Australienne s’est suicidée en s’administrant une bonne louche de RoundUp et elle en est morte. Non pas à cause du glyphosate mais à cause des tensioactifs contenus dans la formulation. Les causes de son décès ont été déterminées comme étant un oedème pulmonaire fulgurant dû à ces tensioactifs. Votre remarque est donc inappropriée. J’ajouterai cependant que les autorités en charge de la certification des pesticides se penchent de plus en plus sur les formulations qui sont toujours soigneusement protégées par les agrochimistes. Ce ne sont pas les matières actives qui sont un souci mais plutôt les formulations !
Merci pour l’article très instructif, mais qu’en est-il en France? ou tout du moins en Europe? est-ce le même procédé pour les fruits/légumes ?
Pour les fruits et légumes c’est plutôt pire. Une pommeraie est traitée environ trente fois avec toutes sortes de produits ! Surtout ne croquez pas une pomme à pleines dents sans la peler c’est dangereux. Prenez soin de peler le fruit en enlevant deux bons millimètres de chair pour être à peu près certain qu’il ne reste plus trop de pesticides mais ce n’est pas totalement garanti. Quant aux légumes, si vous voulez être certain qu’ils sont bien exempts de pesticides (qu’ils soient bio ou pas, c’est à peu près la même chose) il faut les laver comme on lave une assiette sale, c’est-à -dire avec un détergent. Je ne m’imagine pas trop en train de laver ma salade avec du liquide pour vaisselle … mais faites comme vous voudrez !
Non, en moyenne ce n’est pas pire . Le nombre de traitements varie selon les années et les régions et il est stable depuis 20 ans.La présence de résidus dans le fruit ne signifie pas qu’il existe un danger pour le consommateur.Le législateur définit une dose maximale de résidus et cette dose est 100 fois supérieure à la dose sans effet.Il n’y a donc aucun risque à consommer des fruits et légumes mais il est conseillé de les laver pour des raisons d’hygiène ( transports, manipulations diverses …).
moi je mange systèmatiquement la peau des pommes, sinon je trouve qu’elles n’ont pas de gout !
peut-etre que c’est les pesticides qui donnent le gout ?
carrément et je dirai même qu’à petit dose ça ne fera jamais de mal, on va s’immuniser… ;))
C’est la exactement la même tendance en France et en Europe: parmi les critères de sélection des nouvelles matières actives ( des millions de molécules sont  » scrennées « ) figurent en bonne place les caractéristiques toxicologiques et écotoxicologiques afin de passer le cap de l’homologation et éviter des restrictions trop sévères.Les molécules trop persistantes ( accumulation ) sont maintenant interdites.
 » les molécules trop persistantes sont maintenant interdites  »
interdites ou ? en chine ?
le DDT était trés peristant, il a été interdi, ce qui à provoqué un désastre dans la lutte contre le paludisme…
la trifluraline, vieux desherbant antigraminée, considèré comme poluant a été retiré de la vente il y a quelques années, résultat: on ne peut plus désherber une association céréales-pois, alors que ce genre d’association est une bonne méthode pour produire avec trés peu d’engrais azoté, considèré comme poluant et exclusivement acheté à l’étranger…
les organophosphorés ont été remplacé par les néonicotinoides, plus modernes et … plus cher ! résultat: une hécatombe sur les abeilles car ces nouveaux insecticides sont tellement persistant qu’ils passe dans les fleurs des cultures traitées…
on peut multiplier les exemples: la valse autorisation interdiction des molécules phytosanitaires est, comme pour les médicaments, essentiellement une question de gros sous, quand les molécules sont tombés dans le domaine public, et quelles ne rapportent plus rien aux laboratoires, comme par hazard, on s’apercoit qu’elles sont polluantes et on les remplace par de nouvelles beaucoup plus chères…
En général ce sont les autorités qui décident d’interdire les anciennes molécules ( et non les laboratoires).Il est logique que les prix soient plus élevés pour une molécule brevetée ( frais recherche à amortir).Vous avez raison de souligner que la plus grande rémanence des vielles molécules avaient des avantages en termes d’efficacité ( ex: paludisme, etc..). Les néonicotonoides ne sont pas plus rémanents que certains organophosphorés ( et moins que les organo chlorés) et ils ont été accusés à tort de la baisse du cheptel abeille ( vraies causes: varroa, nosémose, alimentation, qualité des reines, expertise de l’apiculteur ….)
 » en général se sont les autorités qui décident d’interdire les anciennes molécules  »
et en particulier ? quand on voit comme cela se passe avec les médicaments ( corruption, intense lobbying… ) on se doute que ça doit etre la mème chose avec les pesticides .
je n’ai pas la science infuse, mais je ne suis pas sur que les organochlorés, certe rémanents, passaient dans le nectar et le pollen des plantes traitées, si les néonicotinoides ne sont pas plus rémanents que leurs prédésséceurs, ils sont systémiques, d’ou les problèmes avec les abeilles, mème si certains nient qu’ils existent…
Les firmes de recherche peuvent décider de ne plus vendre une molécule mais il y a toujours des firmes qui vendent les génériques tant qu’il y a une demande .Parfois les anciens produits sont tout simplement obsolètes. Dans la pratique c’est bien le législateur ( sous la pression de la société, des ONG, des politiques..) qui fait sortir du marché les vieux produits ! Avec 50 milliards $ le marché mondial des pesticides est tout petit ( vs pharmacie) et il ne faut pas sur estimer le pouvoir des firmes.
Pour les abeilles je vous conseille deux livres:
1: Jean Fedon: devenir apiculteur professionnel . Il explique qu’il a produit beaucoup de miel dans des champs de colza traités avec des néonicotinoides et il donne les explications basées sur son immense expérience.
2 : Abeilles: imposture écologique de Mr Rivière Wekstein .
Désolé de répondre avec un peu de retard.
1.  Dans le monde entier – quasiment – les pesticides les plus préoccupants ont été retirés de la vente et de l’utilisation. Quasiment car il existe des poches de résistance comme l’Inde où on continue à utiliser de vieilles m… parce qu’elles ne sont pas chères (et que, grâce entre autres à certain chercheur-militant ou militant-chercheur français, on y a refusé l’aubergine Bt…).
C’est notamment le cas, pour le retrait de substances, en Europe, particulièrement en pointe sur ce sujet. Avec un effet pervers ! Le souci de protection a amené un certain nombre d’industriels de la protection phytosanitaire à renoncer à faire homologuer des produits pour des cultures jugées mineures à l’aune de leurs propres intérêts. Cultures qui se trouvent donc sans solution de protection et sont abandonnées en Europe au profit de pays moins sévères et moins regardants. Résultat : au lieu d’être protégé par une législation stricte et (généralement) bien appliquée et surveillée, le consommateur se trouve exposé aux incertitudes liées à l’importation.
2.  Les contrôles effectués par les États membres sont colligés par l’EFSA ; selon les derniers résultats (portant sur 2010), les dépassements de LMR représentent 1,6 % des échantillons (197 sur 12.168) ; 47,7 % des échantillons présentaient des résidus mesurables au-dessus du « reporting level » mais en-dessous ou au niveau de la LMR ; pour 50,7 % des échantillons, aucun résidu n’a été mesuré au-dessus de la limite de quantification :
http://www.efsa.europa.eu/fr/efsajournal/doc/3130.pdf
Vous trouverez d’autres chiffres dans ce document très confus. La figure 3.3 est assez intéressante. Elle montre une baisse plutôt importante du pourcentage d’échantillons sans résidus détectables (selon le graphique) ou mesurables (selon la légende) entre 2007 et 2010 pour neuf fruits et légumes. La figure 3.4, sur les dépassements de LMR est plus contrastée, mais il faut se souvenir qu’il s’agit de petits nombres, donc soumis à fluctuation aléatoire.
L’hypocondriaque sera – forcément – effrayé. L’observateur objectif ne le sera pas. Rappelons que la LMR (limite maximale de résidus) est établie de manière à ce qu’un consommateur ne dépasse pas la DJA (dose journalière admissible), laquelle correspond à un centième (au maximum) de la DSE (dose sans effet) déterminée sur des animaux.
Manger « bio » ne vous protégera guère plus que manger « conventionnel ». Les dépassements de LMR passent de 2,9 % à 0,9 % en fruits et noix, et de 3,8 % à 1,0 % en légumes.
Qu’il y ait 20 traitements ou un seul, ce qui compte, c’est en bout de ligne ce que l’on trouve sur ou dans le produit (sachant que si c’est « sur », on peut laver et frotter).
P.S. C’est loin du message d’origine, mais je répondais à M. Symon (11 mars 2014 à 15 h 42 min).
1 – Le bio est pour moi préférable (goût & santé) à l’agriculture classique, même raisonnée (ce qui est déjà un moindre mal, il est vrai..)
2 – Depuis que le nombre de traitements par pesticides est élevé, le cancer bizarrement progresse aussi depuis 20 ans..
3 – Pour moi, et contrairement à ce que semble affirmer Visor, les néonicotinoïdes sont bien mauvais pour les abeilles !
http://www.generations-futures.fr/?s=n%C3%A9onicotino%C3%AFdes (travailleriez-vous pour A&Environnement? (pro pesticides))
le problème, c’est qu’il y a beaucoup d’idéologie de chaque coté…
pour moi, l’article est typique du discours que l’on trouve chez les lobbys de l’industrie phytosanitaire: avant, c’était mal, mais maintenant, c’est bien, tout est sous controle. je suppose qu’avant la catastrophe de fukuchinois, les autorités de l’industrie nucléaire japonaise devait tenir à peu prés le mème discours…
Le dossier des néonicotinoides est politique et non scientifique .A plusieurs reprises certains produits ( pourtant connus depuis plus de 10 ans) ont été récemment homologués .. puis interdits sous la pression de militants. Malheureusement l’interdiction n’a pas solutionné le problème des abeilles puisque ce n’était pas la cause . On aura perdu beaucoup de temps à cause de toutes les manoeuvres politiques. Renseignez vous en réfléchissant vous mêmes sur les faits observés depuis 20 ans en France et dans le monde plutôt qu’en écoutant des militants comme générations futures qui inventent des histoires .
Non, je ne travaille pas pour AE ni pour une firme phyto d’ailleurs.( je suis libre)
S’il est définitivement prouvé que ces fameux néonicotinoides ne sont pas toxiques pour les abeilles, même les militants ne seront pas contre l’utilisation de ce produit ! (pas de fumée sans feu)
En attendant, il est vrai, pour aller dans votre sens, que si l’interdiction incite à avoir retour aux anciennes générations de pesticides à plus large spectre, ce ne sera pas mieux !
http://is.gd/o76Ps5
http://www.contrepoints.org/2014/02/12/156362-abeilles-quelle-catastrophe
Les bonnes pratiques sont nécessaires pour tous les types d’agriculture oui (et toutes activités pendant que j’y suis)
En attendant, permettez moi de contribuer à la réduction des polluants environnementaux en continuant à acheter bio, il y a un certain nombre de produits qui sont succulents ! (régime flexitarien, budget équivalent)
Ps : les mycotoxines peuvent être évitées par la conservation au froid
1/ du Bio d’où (espagne? pérou?) avec quelles normes ?…c’est peut etre toujours mieux mais sans aucune assurance qualité
2/ peut-etre mais le lien de cause à effet avec les pesticides n’est pas prouvé. le cancer a des sources environnementales fortes. Je pencherai plus pour le tabac, l’alcool, les polluants industriels reconnus cancérigènes, l’obésité, l’exposition au soleil…
-« le bio est préférable »: vous avez raison de préciser « pour moi » car aucune étude n’a montré un quelconque avantage du bio par rapport au conventionnel, que ce soit en goût et pour la santé. Pour le goût, il faut comparer ce qui est comparable;: mêmes variétés, durée de production identique pour se faire une idée. D’autant plus que le goût est subjectif. Pour la santé, ce qui est amusant, c’est de voir le nombre direct d’accident sanitaires dus aux produits bio, par rapport à leur volume de production (E.Coli en Allemagne, Datura en France et je ne parle pas des mycotoxines…). Si on avait le même ratio d’accident en conventionnel, je ne vous dis pas l’hécatombe.
-Concernant le cancer, faut il rappeler que l’espérance de vie augmentant, on a d’autant plus de chance d’avoir un cancer dans une longue vie que sur une plus courte. De plus, les méthodes de détections de cancers ont beaucoup progressé ces 20 dernières années, ce qui fausse la perception.
-pour les abeilles, ceci a déjà été répondu précédemment. L’interdiction des néonicotinoïdes n’a rien résolu sur la mortalité. Faudra trouver d’autres boucs émissaires. Je fais confiance à générations futures pour nous en trouver.
M. Guillaume Besset a écrit le 11 mars 2014 à 23 h 46 min :
« 1 – Le bio est pour moi préférable (goût & santé)… »
C’est votre opinion et votre choix. Mais la réalité est que le « bio » n’est pas plus performant sur aucun des critères habituellement mis en avant.
« 2 – Depuis que le nombre de traitements par pesticides est élevé, le cancer bizarrement progresse aussi depuis 20 ans.. »
Problème de perception. Le nombre de traitements a-t-il augmenté ? Je n’en suis pas sûr. Le cancer progresse-t-il ? Toutes autres choses étant égales par ailleurs ? C’est-à -dire par exemple en défalquant l’augmentation de la longévité, les progrès – heureux – en matière de dépistage. Et problème récurrent de la corrélation et de la relation cause-effet. La pénétration d’internet dans les foyers augmente, les cancers augmentent, DONC les cancers sont dus à internet (à moins que ce ne soit l’inverse)…
« 3 – Pour moi, et contrairement à ce que semble affirmer Visor, les néonicotinoïdes sont bien mauvais pour les abeilles ! »
Pour suivre le dossier de relativement près, je ne suis pas convaincus, en tout cas pas par l’hystérie médiatique. Plus précisément, les néonics ne sont pas anodins pour les abeilles à forte dose, mais qu’en est-il réellement sur le terrain ?
Vous ajoutez à l’intention de M. Visor: « travailleriez-vous pour A&Environnement? (pro pesticides)) ».
Le sophisme habituel… Mais A&E n’est pas « pro-pesticides », sauf évidemment pour les adeptes de « ou vous êtes avec nous, ou vous êtes avec les terroristes » de George Bush, appliqué mutatis mutandis à notre domaine.
Et, Générations futures…
jacqueshenry : « Surtout ne croquez pas une pomme à pleines dents sans la peler c’est dangereux. Prenez soin de peler le fruit en enlevant deux bons millimètres de chair pour être à peu près certain qu’il ne reste plus trop de pesticides mais ce n’est pas totalement garanti. »
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C’est ce que répètent en boucle les escrolos. Mais répéter 100x une chose fausse ne la rend pas vraie !
Je ne sais pas ce qu’utilisent les agriculteurs qui m’environnent, mais je constate deux choses : a) quand ils traitent (en particulier les champs de colza), on ne peut PAS rester dehors tant les produits sont suffocants. b) que pas une abeille ne va sur les champs de colza ou de tournesols. D’ailleurs, il n’y en a pratiquement plus. Je pense en plus que les producteurs de poisons agricoles font deux erreurs : a) ils parlent seulement des dangers d’ingestion des poisons et jamais des dangers qui consistent à les respirer. b) ils sont très forts pour fournir du matériel de protection aux agriculteurs (tiens, ils en auraient donc besoin ?) mais ne se préoccupent absolument pas des riverains des champs. La France fait toujours partie des plus gros utilisateurs de pesticides, je ne suis pas sûre qu’on fasse quoi que ce soit pour améliorer les choses.
On vous dira encore et encore que les produits phytosanitaires ne sont pas dangereux… Qu’il n’est pas dangereux de se promener autour des champs traités… Que la quantité et la dangerosité des produits employés ont diminué… Lorsque vous vous interrogerez sur l’origine des cancers chez les agriculteurs, le lobby des fabricants de pesticides -pardon, produits de protection des plantes- vous dira que le gasoil que l’agriculteur verse dans le réservoir de son tracteur doit plutôt être incriminé…
Pourtant, 74% des cours d’eau de Martinique dépassent les normes environnementales (eaufrance.fr). On y trouve encore et encore du chlordécone, pourtant interdit depuis 1993. L’air de nos campagnes est encore empreint de lindane, pourtant interdit depuis 1998 (source ATMO Poitou-Charentes 2012)
Ah, j’oubliais ! ça, c’était avant ! maintenant, l’UIPP respecte l’environnement et la santé de l’humanité ! Alors comment expliquer par exemple, que chaque année, on interdit des produits phytosanitaires ?? Les agriculteurs employaient en 2011 de l’atrazine, interdite en 2012. Elle est devenue dangereuse seulement depuis 2012 ???
Et comment expliquer que le Collis (H351 Susceptible de provoquer le cancer) fongicide anti-oïdium de BASF est toujours autorisé ??
Et comment comprendre l’utilisation qui perdure de la flumioxazine, plus connue sous le nom de PLEDGE ou de RAMI alors que cette molécule est susceptible de nuire au fétus ?
La question est simple : sommes nous prêts à continuer dans cette logique ? A nous voiler la face ? Les effets de l’agriculture intensive sur l’environnement ne sont plus à démontrer…. Et ne me sortez pas le traditionnel ‘beh oui mais l’agriculture bio utilise du cuivre, dangereux pour les vers de terre’, alors que vous utiliserez le cuivre comme argument pour vous défendre : ‘on utilise aussi en conventionnel des produits d’origine naturels’. Car oui, je n’ai pas dit que le cuivre n’a pas d’impact sur l’environnement. Le bio a un impact sur l’environnement, comme toute activité humaine, ne serait-ce que par l’utilisation de tracteurs.
Mais comparé au conventionnel, cet impact est mesuré, limité.
Prétendre valide le modèle intensif pour nourrir la Terre de 2050 est illusoire : comment pourra-t-on produire de cette manière si les ressources en pétrole diminuent (base de la synthèse des produits phytos), si l’infertilité des sols augmente ??
Et bien on utilisera toujours plus de pesticides, d’engrais, sans oublier les petits derniers, les régulateurs de croissance.
Non, le modèle agricole inculqué par les firmes agrochimiques n’est pas durable : il est même le contraire. Alors avant de commencer à détruire toute initiative qui vise à limiter l’impact de l’agriculture sur l’environnement, commencez d’abord à réfléchir, à regarder la réalité en face.
N’y a t-il pas d’autres moyens pour produire, d’autres solutions ? Autour de chez moi, les vignes sont quasiment toutes désherbées au moins un rang sur deux. Ne pourrait-on pas au moins limiter le désherbant sous le rang ? Parfois, je me dis que les agriculteurs devraient faire le calcul… Utiliser une charrue à disque, une herse rotative ou un broyeur n’est-il pas plus économique que d’utiliser un désherbant foliaire associé à un anti-germinatif ?