Par Kevan Saab.
La nouvelle est passée complètement inaperçue en France, mais contrairement aux idées reçues, le travail des enfants en Chine vient de tomber à un point bas historique. Évidemment, ce constat va à l’encontre des clichés abondamment répandus sur la Chine et sur la mondialisation.
En réalité, comme nous allons le voir, le déclin formidable du travail des enfants dans ce pays est dû principalement aux bienfaits de la mondialisation et à son ouverture accrue sur le monde ces dernières années. Cette tendance ne concerne d’ailleurs pas seulement la Chine, mais l’ensemble des pays en voie de développement comme en témoignent les statistiques du Bureau International du Travail :
Si les campagnes massives contre le travail des enfants et la pression des compagnies occidentales ont sans aucun doute eu un rôle à jouer dans la baisse du nombre d’enfants au travail, il est important de rappeler que la majeure partie de cette baisse s’explique par l’incroyable amélioration des conditions de vie des populations concernées.
Bien qu’on ait tendance à l’oublier, le travail des enfants n’est en aucun cas une invention post-mondialisation. Bien au contraire, le travail des enfants est une constante des économies peu développées. En France, par exemple, les enfants ont pendant très longtemps été partie prenante de l’économie, sous l’Ancien Régime, tout comme pendant la majeure partie du XIXe siècle. À l’époque, une enfance non-laborieuse relevait du privilège, la plupart des familles ne pouvant se permettre de nourrir leurs propres enfants si ces derniers ne contribuaient pas aux revenus familiaux. Et même après les débuts de l’instruction obligatoire à la fin du XIXe siècle, les enfants représentaient encore une main-d’œuvre si cruciale que l’école s’arrêtait pendant les mois d’été, correspondant aux périodes de récolte dans la France rurale, afin que les enfants puissent aider au travail des champs. De nos jours, le travail des enfants est depuis longtemps marginalisé, mais les Grandes Vacances d’été témoignent de l’importance qu’a eu autrefois ce phénomène social.
Avec plus d’un siècle de retard, la Chine a connu à son tour à partir des années 80 une industrialisation et une modernisation de son économie à marche forcée grâce à son insertion dans la mondialisation.
Sur les 20 dernières années, le PIB par habitant chinois en dollars courants a été multiplié par 13, comme le montre le graphique suivant :
Évidemment, cette hausse exceptionnelle de la richesse par habitant du Chinois moyen a pour origine l’augmentation spectaculaire de la productivité des travailleurs chinois. Pour faire simple, le Chinois moyen des années 1970 était un campagnard travaillant avec peu d’outils sur une exploitation agricole de petite taille, alors qu’aujourd’hui, en 2014, le Chinois moyen est plus probablement un habitant des villes travaillant dans le secteur manufacturier florissant ou dans le secteur tertiaire en plein boom. Il va sans dire que les niveaux de vie de nos deux compères sont sans pareil. Le premier ne pouvant probablement pas se permettre d’élever, de nourrir et loger ses enfants sans qu’ils mettent la main à la pâte, contrairement au deuxième.
Ainsi, comme le confirment toutes les enquêtes sur la question, la plupart des enfants travaillant illégalement en Chine, c’est-à -dire avant l’âge de 16 ans, sont issus des provinces rurales les plus pauvres (Yunnan, Sichuan, Guizhou, Guangxi, Henan, Hubei, etc.) et n’ont pu compléter les 9 années d’école obligatoires en Chine. Le plus souvent ces recrutements se font par l’intermédiaire d’un ami, d’un proche, ou bien grâce à une agence spécialisée (certaines n’hésitant pas fabriquer de fausses identités pour leurs clients) de manière à contourner la législation en place sur le travail des mineurs.
Pour certains, la solution au problème du travail des enfants en Chine se résume à forcer les autorités à appliquer les lois en place de manière plus stricte. Seulement, il se trouve que cette approche légale est vouée à l’échec comme le démontre l’exemple du Bangladesh. Citons pour une fois, Paul Krugman, économiste vedette de la gauche américaine :
« Est-ce que quelque chose pourrait être pire que d’avoir des enfants travaillant dans des ateliers de misère ? Hélas, oui. En 1993, on découvrit que des enfants produisaient des vêtements pour Wal-Mart, et le sénateur Tom Harkin proposa une loi interdisant les importations venant de pays employant de la main-d’œuvre enfantine. Le résultat direct fut que les usines textiles bangladeshis cessèrent d’employer des enfants. Mais est-ce que les enfants retournèrent à l’école ? Est-ce qu’ils retournèrent dans la joie à la maison ? Non, d’après Oxfam, la plupart de ces enfants se retrouvèrent à exercer des métiers pires encore, ou à travailler dans la rue – certains tombèrent même dans la prostitution. » Â
Quelle conclusion peut-on en tirer ?
Tout d’abord, le problème du travail des enfants est intiment lié à leur besoin de travailler pour survivre. Ainsi, peu importe la législation en place, ces enfants seront toujours impliqués dans l’économie – de manière formelle ou informelle. En fait, la seule solution à long terme pour les enfants des pays en voie de développement, c’est la mondialisation et l’augmentation prodigieuse de la productivité de leurs parents qui vient dans son sillage. Comme on l’a vu, et contrairement aux idées préconçues, ce sont les enfants des campagnes vivant à l’écart de l’économie mondialisée qui deviennent trop souvent les petites mains laborieuses de demain, et non les enfants des parents travaillant dans l’économie mondialisée d’aujourd’hui.
En France ? Jusqu’à la fin du XIXème siècle ? Mon grand-père né en 1917 a commencé à travailler à 10 ans, en tant que mousse pendant les campagnes de son père, patron de pêche (et ce n’était pas des campagnes de seulement trois jours en mer ; ni un bateau à moteur, pas plus que des treuils de chalut motorisés). Mon père, né en 1937 a commencé à travailler à plein temps à 13 ans, en tant qu’apprenti menuisier (et quand il fallait livrer un portail en chêne à 10 km, c’était à vélo, le portail attaché sur le dos, et la caisse à outils mastoc sur le porte bagage).
Cela ne fait pas 150 ans que les enfants ne travaillent plus en France ; sans même aller sur le terrain des conditions de travail. Cela ne fait même pas 50 ans. Et en effet, c’est bien parce que le niveau de vie était alors tel qu’on ne pouvait pas se permettre autre chose. Oui, c’est bien parce que les gens ont eu la possibilité de s’enrichir, par eux-même (leur travail et leur épargne), qu’on a des vies moins difficiles aujourd’hui.
Et gare à ce que nous réserve l’avenir, quand on empêche déjà les adultes de se sortir les doigts, de se prendre en main, qu’on les saigne parce que l’état a de plus en plus de mal à trouver des prêteurs pour les endetter de force, et qu’on s’apprête à faire la razzia chypriote sur leurs comptes…
Très bon témoignage.
Du coté de ma mère, je pourrais vous compter les mêmes histoires. Au travail dans la ferme familiale dès 6 ans, puis après la fin des études en tant qu’apprenti à 14 ans. Et c’était il y a à peine 40 / 50 ans en Normandie.
idem pour moi, mon grand père, né en 12, est retiré par ses parents ( tous sauf des esclavagistes, son père bien que du millieu rural était assez instruit ) de l’école pour travailler sur la ferme familliale parce que l’instituteur avait refusé de le présenter au certificat d’ étude, probablement par jalousie… ( dans les années 20, les campagnes françaises souffraient d’un fort déficit de main d’oeuvre du à la grande guerre )
ma mère termine sa scolarité à 14 ans avec le certificat en poche, en 1960 et commence à travailler sur la ferme de ses parents. à cette époque, beaucoup de parents faisaient poursuivre leurs études à leurs enfants jusqu’a 16 ans car cela leur permettait de toucher les alocations plus longtemps…
plus loins de nous, au 18ième siècle, les victimes de la  » bète du gévaudan  » ( plusieurs loups anthropophages ) sont essentiellement des enfants de 7 à 15 ans qui travaillaient à garder le bétail de leurs parents, trés pauvres, qui ne pouvaient absolument pas les scolariser. les clotures n’existant pas à cette époque, le gardiennage réalisé par les  » petits « était un maillon essentiel de l’économie rurale. mon grand père me racontait souvent qu’il allait  » en champ les vaches  » selon la formule consacrée quand il était adolescent dans les années 20, avant que les clotures barbelés se généralisent. heureusement, au début du 20ième siècle, les loups avaient été éradiqué dans les campagnes françaises…
Oui le fait de pouvoir se passer de faire travailler ses enfants requiert un certain niveau de vie qu’aucune législation n’apportera jamais. Il est bon de le rappeler car nombreux sont ceux qui croient que c’est fondamentalement sous l’effet des lois interdisant le travail des enfants que les choses s’améliorent.
Quand on pase des lois interdisant le travai ldes enfants sans que la prospérité soit suffisante pour leur permettre de vivre sans travailler avant l’âge adulte, les enfants… font le trottoir, comme c’est arrivé au Bangladesh : http://www.cato.org/publications/commentary/child-labor-or-child-prostitution
Quand je vois les communistes parler de partage alors qu’ils sont les premiers à combattre la mondialisation qui permet à des millions de personnes de sortir de la misère, je me dis que ces personnes veulent surtout l’argent des autres pour eux-mêmes et s’en foutent de la pauvreté.
On peut ajouter que dans une économie traditionnelle, il s’agit généralement d’enfants qui apprennent le métier de leur père.
C’est dans une phase de transition que l’on verra des grands ateliers avec des conditions de travail indignes. La meilleure chose à faire, c’est de laisser cette transition se poursuivre, plutôt que de prendre le risque de bloquer l’économie à ce stade-là . Dès qu’ils le peuvent, les parents cessent d’envoyer leurs enfants au travail.
Les vieux en avaient rien à battre des mômes. Un qui disparaissait et hop par ici bobonne qu’on reconstitue le cheptel ; et en plus vous croyez que je déconne, même pas !
J’ai souvent ici critiquer la Chine plus particulièrement son pouvoir et son économie très inégalitaire dans le sens qu’une frange très importante de la population est exclu de la croissance chinoise par la faute du gouvernement central. Mais force de constater que même dans un pays autoritaire comme la Chine dirigé par un parti communiste le capitalisme arrive à améliorer le sort des individus.
Cet article est une bonne nouvelle.
 » En France, par exemple, les enfants ont pendant très longtemps été partie prenante de l’économie, sous l’Ancien Régime, tout comme pendant la majeure partie du XIXème siècle.  »
Il est bon de le rappeler que c’est un libéral ( François Guizot ) et non un socialo qui fit les premières lois en 1841 pour limiter le travail des enfants.
D.J
Le phénomène du travail des enfants en Chine est très exagéré et surtout limité comme l’article le souligne aux régions rurales des provinces les plus pauvres. Enfin ça n’empêchera pas les bonnes âmes de s’indigner lors du prochain rapport annuel sur les conditions de travail chez Foxconn ou assimilé où sur plusieurs centaines de milliers d’employés on en trouvera une poignée âgée de 16 ans et demi qui ont utilisé de fausses cartes d’identité pour se faire embaucher. Et le fait que le dit rapport est financé par un de ces lobbys US qui militent contre toute forme de délocalisation n’aura aucune incidence sur son objectivité évidemment…
et puis la chine occupe le tibet…
Je parierais que vous êtes allé en CHine… je suis entièrement de votre avis en tout cas. L’école y est obligatoire jusqu’à 16ans et dans les villes on ne voit pas de jeunes de moins de 16ans dans les rues les jours d’école !
c’est idiot, lun enfant qui avait 5 ans en l’an 2000 A 19 ans approximativement en 2014 , le travail des enfants diminue car ils deviennent adultes de par la suite. Ou alors ils moururent au travail et de par le fait il sont moins nombreux.
Je ne comprends pas votre remarque. Les enfants qui deviennent adultes sont remplacés par d’autres. Même en Chine.
Mieux d’ailleurs, le nombre d’enfants a augmenté entre 2000 et 2013, ce qui rend cette baisse encore plus extraordinnaire.
Chaque année l’humanité vieillit d’un an, c’est mathématique!
Et dans 60 ans, il n’y a aura plus que des vieux.
Dans 100 ans, on sera tous centenaires.
Juger les gens et les sociétés du passé à l’aune de notre présent n’a aucun sens.
Il n’y en a pas beaucoup plus à juger d’autres peuples qui ne vivent visiblement pas dans les mêmes conditions et le même temps que nous.
Peut être que certains Chinois d’aujourd’hui et nos aïeux trouveraient bizarre que nos gosses passent leur temps devant la télé ou des jeux vidéo…
Pourquoi faut-il toujours juger notre voisin en exigeant de lui qu’il se comporte de la même façon que nous ?
Personnellement, je ne souhaite pas que les enfants travaillent, mais faut-il que j’impose mon point de vue à tous ?
 » je ne souhaite pas que les enfants travaillent  »
c’est une question de mesure: un enfants de 13 ans peut bien  » travailler  » une heure par semaine, il ne vas pas en mourrir. de mème, en  » enfant  » 16 ans peut bien travailler 5 heures par semaine en guise d’apprentissage, dans la mesure ou cela lui laisse sufisement de temps pour étudier et se distraire, ou est le problème ?
Le travail des enfants est un passage obligé pour le décollement économique d’un pays. Il permet de produire plus pour une dépense moindre : les enfants sont très souvent moins payé que les adultes ou employés par la famille (qui alors ne paie rien du tout).
Ceci permet l’accumulation de richesses, lesquelles sont ensuite investies dans l’économie. Au final, la prospérité augmente et la travail des enfants diminue d’autant !!!
j’ai travaillé quand j’étais jeune (faire les foins chez mes cousins, faire les inventaires ou la vente au magasins de mon père…). Et nombre de mes amis et cousins aussi. Et nous sommes tous vivants !
a plupart des enfants qui travaillent dans le monde travaillent dans les campagnes dans les champs et non pas dans les usines. le seul moyen de lutter contre le travail des enfants c’est le capitalisme car celui ci permet de développer le pays et le développement économique est le seul moyen de mettre un terme au travail des enfants.