Par Jean-Baptiste Noé.
L’ambiguïté qui règne autour de l’IOR, la bureaucratisation rampante de certains services de la Curie, une mauvaise gestion des ressources propres à chaque dicastère, ont conduit le pape François à mettre en place, dès son arrivée, une réforme économique et financière de l’État du Vatican. En cela, cet État amorce une normalisation qui n’est pas sans rappeler les politiques budgétaires mises en place par de nombreuses administrations occidentales. Réduction du nombre de fonctionnaires, rationalisation des dépenses, surveillance et contrôle des coûts et des budgets.
Le Motu proprio du 25 février 2014 portant création d’un Secrétariat à l’économie, présenté par Radio Vatican comme un ministère des Finances, et chargé de coordonner la gestion économique et administrative du Saint-Siège et de l’État de la Cité du Vatican, témoigne de cet alignement du Vatican sur les normes internationales actuelles. Si, de par sa taille et son rôle international, le Vatican est un État spécifique et unique dans le concert des nations, son fonctionnement interne ne peut en revanche s’en distinguer. Cette nouveauté nous ramène en fait assez loin dans le passé, du temps où les États pontificaux dominaient la majeure partie de l’Italie centrale, avant les années 1860. Véritable puissance temporelle, dotée d’une armée, de finances, d’une puissance diplomatique et militaire de rang, les États de l’Église devaient gérer leur finance aussi sainement que possible. Cette création de février 2014 nous rappelle que depuis les accords du Latran de 1929, le Vatican est bien un État avec juridiction temporelle, et qu’il doit tenir compte de ce que cela implique.
Le processus de rationalisation bureaucratique a conduit le Vatican à faire appel à des cabinets d’audit internationaux, McKinsey et KPMG, pour rendre les moyens de communication du Saint-Siège plus efficace, et aligner la comptabilité de l’État sur les standards internationaux. Le Vatican prend modèle sur ses voisins et suit finalement les mêmes politiques d’austérité budgétaires que les autres États européens. En cela, et en dépit de sa spécificité spirituelle, il s’insère pleinement dans le concert européen.
Il est en revanche un élément de sa gestion qui est unique dans le monde développé, et qui pourrait servir d’exemple bien au-delà de ce que l’on pense, à savoir son équilibre budgétaire et son mode de prélèvement de l’impôt.
Le Vatican est en effet un des rares pays occidentaux à être en excédent budgétaire, même si le début des années 2000 a été marqué par des déficits consolidés. Les ressources du Vatican reposent essentiellement sur les revenus touristiques (visite des musées, vente de timbre et de monnaie), du capital mobilier et immobilier et du denier de Saint-Pierre. Cette dernière rentrée d’argent est intéressante, car il s’agit d’une contribution volontaire des catholiques qui font des dons au Vatican pour que celui-ci puisse subvenir à ses besoins. Ce sont l’Allemagne et les États-Unis qui fournissent les dons les plus importants au denier de Saint-Pierre.
Imagine-t-on des États fonder leur entrée d’impôt sur des dons volontaires ? Cette pratique les obligerait à être très transparents sur les dépenses étatiques et à établir un véritable lien de confiance entre eux et leurs citoyens. Les Français donnent librement à de nombreuses associations caritatives qui ne vivent que de la charité personnelle. Pourquoi, à l’image du Vatican, ne pas faire reposer les ressources des États sur le libre consentement à l’impôt des administrés ?
—
Sur le web.
Une bonne idée a développer…
« Imagine-t-on des États fonder leur entrée d’impôt sur des dons volontaires ? »
Sincèrement, j’ai de la peine à l’imaginer de la part de l’Etat français…
« Cette pratique les obligerait à être très transparents sur les dépenses étatiques et à établir un véritable lien de confiance entre eux et leurs citoyens. »
Justement, ils ne tiennent pas du tout à être transparents sur les dépenses étatiques, quant au lien de confiance, il y a longtemps qu’il s’est métamorphosé en lien de défiance… et pour cause.
J’en suis aussi arrivé à cette conclusion.
L’Etat devrait être une association à but non lucratif qui a le monopole de la force et qui se finance exclusivement par des dons volontaires et prestations.
Article intéressant et convaincant.
La spécificité du Vatican est de représenter une religion or c’est plus facile de donner à une œuvre religieuse quand on est croyant que à un état lors que l’on est citoyen .
Faire de l’état une association à but non lucratif relève plus de l’utopie que d’un réel pragmatisme, car il serait de facto soumis à ses plus gros donateurs qui pourraient en profiteraient au détriment des donateurs les plus modestes et des plus pauvres
@ Rates
La situation actuelle est que ceux qui donnent le plus à l’Etat sont la classe moyenne et ceux qui en profitent le plus sont les riches (qui échappent autant aux impôts qu’aux condamnations).
Si l’Etat était une association à but non lucratif: ceux qui profiteraient le plus de l’Etat seraient toujours les riches (pas de changement), mais le gros changement serait qu’ils seraient également ceux qui y contribuent le plus.
J’y vois donc clairement un progrès.
En plus, si l’Etat est limité à ses fonctions régaliennes, il restera une nécessité pour les riches, qui sont les plus demandeurs en matière de sécurité et seront d’autant disposés à le financer.
Le problème de ce raisonnement c’est que si les riches en question son des oligarques comme dans la Russie post-soviétique alors l’état ne fonctionne plus pour garantir les droits et les biens de tous mais seulement ceux de l’oligarchie.
De plus si ils ne sont pas oligarques au début ils comprendront bientôt que leurs intérêt personnel est de le devenir.
« L’homme est un loup pour l’homme » Hobbes
@ Rates
Il s’agirait déjà de garder un système de démocratie, de séparation des pouvoirs, renouvellement des mandats, armée de milice, etc… et ensuite, la classe moyenne ayant aussi des intérêts à défendre, paiera également sans obligation. Alors peut-être qu’un riche arrivera à avoir des passes-droits, mais ils en ont déjà, cela ne changerait rien.
Exact les riches ont des passes droits partout et cela se retrouve dans toutes les sociétés , mais ce qui est à craindre avec un tel système de donation c’est que cela facilite beaucoup la corruption du pouvoir et permet au crime organisé de mieux pouvoir noyauter les institution.
De plus en cas de crise (économique ou autre )la classe moyenne principale donatrice risque de ne plus donner assez pour que l’état puisse fonctionner normalement ;alors que c’est justement en cas de crise que l’état doit réagi vite et sur le long terme.
Je ne suis pas pour une armée de milice si ce n’est en soutient d’une armée professionnelle , mais c’est un autre sujet
» Que l’état doit réagir » excusez -moi je suis allé trop vite.
@ Rates
L’armée de milice évite un coup d’Etat ou qu’en cas de crise l’Etat ne défende plus l’intérêt général. A noter que l’engagement doit aussi être libre.
Dans un système vraiment libéral, il n’y aura plus de crise économique d’envergure, celles-ci étant provoquées systématiquement par l’interventionnisme. De plus, si l’Etat se contente des tâches régaliennes, ses besoins financiers seront sans commune mesure avec aujourd’hui et ne pèseront pas lourd sur les ménages, de même la corruption ne permettrait tout au plus qu’à quelques gangsters d’échapper à un jugement, c’est beaucoup moins intéressant qu’aujourd’hui, où elle peut permettre un vrai retour sur investissement. Moins il y a d’Etat, moins il y a de corruption.
Avec une armée de milice, des politiciens non-professionnels, un administratif très réduit, on pourrait même envisager un Etat qui ne comporte que des fonctionnaires à temps partiel, ceux-ci ayant un job à côté ne risquent pas d’être en difficulté financière et seront donc peu enclin à la corruption, sans compter que cela rend aussi la fonction bien moins intéressante, elles attireront plutôt les citoyens patriotes et honnêtes qui veulent donner de leur temps et leur personne et non les escrocs ambitieux.
Je ne pense pas que la France qui a depuis longtemps opté pour une armée professionnelle n’ai pas à craindre un quelconque coup d’état .Ceux si se produisant dans les pays ou le pouvoir politique est trop faible pour pouvoir gouverner .Si les milices permettent effectivement de limiter les risques de coup d’état , elle ne garantit pas une projection importante de l’armée hors des frontières pourtant indispensable dans le monde actuel.
Dans tout les systèmes aussi libéraux soient-ils il y aura des crises : la dernière en date a été provoqué par des spéculations sur le marché immobilier et les états ne sont intervenus que après . Pour ce qui est de la réduction drastique des dépenses et de de l’arrivé de fonctionnaires motivés cela peut en effet être une bonne chose pourvu que ses intentions soient honnêtes et ne constituent pas une prise de pouvoir subventionné par les réseaux qui en profitent .
Si l’étatisme à outrance est mauvais pour tous sont opposé l’est aussi . Pour revenir sur le sujet de l’article il ne faut pas oublier que le Vatican n’est pas un état comme les autres ,donner à une institution humaine n’est pas la même chose que donner à l’institution représentant Dieu et on a moins de scrupule à corrompre et tromper un homme que l’homme de Dieu . De plus Il ne faut pas oublier même l’aspect divin du Vatican n’a pas empêché les déboires de l’I.O.R.
@ Rates
Aujourd’hui le risque de coup d’Etat est faible, mais en cas de crise économique majeure, avec un mou du genre Hollande, une faillite de l’Etat, on ne sait jamais.
Un Etat n’a pas à intervenir en-dehors de ses frontières, même sous couvert de l’ONU, c’est de l’ingérence, le libéralisme est isolationniste.
La dernière crise économique en date a été causée par l’interventionnisme de l’Etat US sur les crédits immobiliers. C’est parce que l’Etat a rendu artificiellement le crédit immobilier accessible pour tous, qu’il a créé une bulle, qui a fini par éclater. Dans un système libéral, le problème ne se serait pas posé. Seules des entreprises pourraient faire faillites causant des crises, mais bien plus locales et bien plus courtes.
Le libéralisme classique prône un Etat minimum limité aux fonctions régaliennes. Si vous trouvez cela mauvais, c’est que vous n’êtes pas libéral au sens classique du terme.
Enfin, il est évident que le Vatican est un cas très particulier, mais à l’époque où les Occidentaux se référaient plus au même Dieu qu’aujourd’hui, d’autres Etats n’hésitaient pas à non plus à se présenter comme étant le résultat de la volonté divine. Les gens avaient alors aussi un lieu spirituel avec l’Etat.