Venezuela : rien compris, rien appris !

L’expérience désastreuse des pays communistes ayant servi d’exemple, on croyait en avoir fini avec ces régimes

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Venezuela CC Andreas Lehner

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Venezuela : rien compris, rien appris !

Publié le 17 avril 2014
- A +

Par Jean-Yves Naudet.
Un article de l’aleps.

Venezuela CC Andreas Lehner

Ce qui se passe au Venezuela, où l’économie est en pleine dérive, s’est déjà produit chaque fois que le socialisme marxiste a été mis en œuvre. Partout, la nationalisation des entreprises, la planification, le contrôle des prix, puis la prise en mains de toute l’économie par l’État, ont conduit à l’échec économique.

L’expérience désastreuse des pays communistes ayant servi d’exemple, on croyait en avoir fini avec ces régimes. Hélas, tout prouve qu’au Venezuela, mais aussi dans d’autres pays, les dirigeants n’ont rien compris, ni rien appris de l’histoire du XXe siècle.

 

L’erreur du socialisme est de caractère anthropologique

La première leçon de l’histoire, c’est que l’échec du socialisme n’est ni technique ni économique. Plusieurs théoriciens de la planification ont essayé de démontrer que les échecs successifs étaient contingents. Tantôt ils ont incriminé des erreurs de calcul, tantôt des conjonctures exceptionnelles. Quelques courageux ont même évoqué la dictature de méchants comme Staline, Pol Pot ou Ceausescu. Ils en ont inféré que dans des conditions optimales, celles d’un socialisme à visage humain, par exemple, le succès serait acquis, la justice sociale et la croissance économique seraient assurées.

En fait, ces naïfs ou ces cyniques n’ont pas su ou pas voulu parler de la seule et unique cause des échecs : comme disait Jean-Paul II, « l’erreur fondamentale du socialisme est de caractère anthropologique » (Centesimus annus § 13). Ainsi, l’inefficacité du système économique socialiste n’est qu’« une conséquence de la violation des droits humains à l’initiative, à la propriété et à la liberté dans le domaine économique » (CA §24).

L’erreur anthropologique, maintes fois renouvelée au XXesiècle, a toujours débouché sur un cataclysme économique mais aussi sur les pires totalitarismes. Voilà qui n’a pas dissuadé le Venezuela de s’engager dans la révolution bolivarienne avec Hugo Chavez et son successeur Nicolas Maduro. Les premiers fruits du socialisme revitalisé sont déjà bien mûrs, et le président de la Banque centrale vénézuélienne, Nelson Merentes, aux ordres du pouvoir politique, vient d’admettre que le pays traversait une crise économique.

 

La crise : inflation, contrôle des prix et pénuries

Une des manifestations de la crise concerne l’explosion des prix.

Selon l’indice officiel des prix à la consommation, la hausse des prix a été de 57,3 % entre février 2013 et février 2014, alors que dans les pays occidentaux l’inflation est quasi-nulle et que, dans les pays émergents, elle se situe entre 5 et 10 %. Bien entendu, pour faire face à l’inflation, les prix ont été contrôlés ou bloqués. Mais une nouvelle fois, la preuve a été faite que le contrôle des prix ne les empêche pas de monter, et encore plus vite. C’est à la fois la concurrence (via la liberté des prix) et une politique monétaire raisonnable qui empêchent l’inflation, et non le contrôle des prix, surtout quand il s’accompagne d’une politique monétaire laxiste. Or, au Venezuela, la masse monétaire a progressé de 74 % en un an !

Le contrôle des prix provoque des effets pervers. Bloquer les prix, c’est faire disparaître l’offre, découragée par le prix artificiel, tout en encourageant la demande : le résultat le plus tangible du contrôle, c’est la pénurie qui l’accompagne fatalement.

Le gouverneur de la banque centrale a reconnu l’existence simultanée de pénuries et d’inflation. Les journalistes présents au Venezuela mesurent chaque jour cette réalité : les produits de base, comme les œufs, l’huile ou la farine de maïs, le papier toilette ou les poulets manquent. Ils constatent que les habitants du pays font en moyenne six à dix heures de queue par semaine. L’histoire du contrôle des prix, de l’Édit de Dioclétien à l’ordonnance du 30 juin 1945, en passant par la Loi sur le maximum sous Robespierre, montre que c’est le plus sûr moyen de faire disparaître les produits des étalages en créant une pénurie artificielle. Un indice de pénurie au Venezuela montre que près du tiers des produits manquent en magasin ! Même les hôpitaux manquent de tout, et les coupures d’électricité sont fréquentes.

 

Les nationalisations se multiplient

Si la responsabilité incombe au gouvernement, cela ne l’empêche pas d’accuser « les spéculateurs et les accapareurs » : pendant la Révolution française ou encore en URSS ou en Chine communiste, on pouvait condamner à mort pour « crime économique » : conséquence logique de la politisation totale de l’économie. Car le blocage des prix n’est qu’un élément qui intervient après bien d’autres. La révolution bolivarienne a consisté avant tout à nationaliser beaucoup d’entreprises, à commencer par le secteur pétrolier : les réserves pétrolières sont énormes et le pétrole représente 30 % du PIB et 85 % des exportations. En dépit de cette richesse, le pays est pauvre et n’a pas su en tirer parti, nationalisation et corruption l’ont dilapidée. Même les devises manquent, un comble pour un pays de l’OPEP.

Les nationalisations ont concerné aussi les télécommunications et l’électricité, puis le ciment (au prétexte que les sociétés l’exportaient, « créant » la pénurie de logement) ; le commerce de détail a été à son tour nationalisé, comme la chaîne Exito (Casino) en raison de l’accusation portée contre elle… de favoriser la hausse des prix. Résultat : les prix montent encore plus vite et la pénurie s’y ajoute. Beaucoup de sociétés étrangères sont nationalisées ou purement expropriées, aussi bien américaines qu’italiennes notamment.

Certes, la manne pétrolière permet de faire couler l’argent à flots, mais elle n’a pas supprimé les bidonvilles. La prise en charge de toute aide par l’État, y compris la distribution alimentaire, entraîne tous les maux de la bureaucratie et ce n’est pas la surveillance par les « comités révolutionnaires locaux » qui arrange les choses. On distribue de l’argent, mais on ne produit plus : demande sans offre !

 

La tyrannie politique

Au-delà de la crise, la nationalisation de l’économie entraîne la perte des libertés publiques, à commencer par la prise en main de l’information : les médias d’opposition ont peu à peu été réduits au silence.

Une nouvelle fois se révèle la justesse de l’analyse de Jean XXIII :

« L’expérience enseigne que là où fait défaut l’initiative privée surgit la tyrannie politique ; bien plus, la stagnation économique s’étend à de nombreux secteurs. Viennent alors à manquer nombre de biens de consommation et de services… ». (Mater et magistra, § 57) […] « L’expérience et l’histoire l’attestent : là où le pouvoir politique ne reconnaît pas aux particuliers la propriété des moyens de production, les libertés fondamentales sont ou violées ou supprimées. Il est donc évident qu’elles trouvent en ce droit garantie et stimulant » (MM § 109).

Pourquoi se référer ici avec insistance à ces encycliques papales ? C’est que le Venezuela de Chavez, puis Maduro, est un pays très catholique, mais ses dirigeants ont rejeté la Doctrine sociale de l’Église catholique, que les évêques n’ont pourtant pas manqué de rappeler, jusqu’à se trouver dans le collimateur du régime. Avec le socialisme réel, la persécution religieuse suit la perte des libertés économiques puis civiles.

À la corruption s’ajoute enfin une criminalité galopante, tandis que les troubles se multiplient, faisant des dizaines de morts. La répression fonctionne à plein. Ce ne sont pas les mesurettes récentes qui règleront le problème, comme la mise en place « de cartes électroniques de rationnement » (qui font penser à la formule de Lénine : « le communisme, c’est les soviets plus l’électricité »). Le Venezuela est 174e sur 177 dans les indices de liberté économique. Après lui, il y a le Zimbabwe, Cuba et la Corée du Nord : un vrai carré magique. Le mur de Berlin n’est pas tombé partout !


Sur le web.

Voir les commentaires (22)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (22)
  • C’est une bonne description de ce qui nous attend à plus pu moins long terme. Déjà nous manquons de médecins, les délais pour un rendez-vous s’allongent, nous manquons de logements (l’Etat s’en occupe depuis longtemps), nous manquons d’emplois (l’Etat s’en occupe aussi). Par contre comme tous les pays communistes nous avons de nombreux fonctionnaires, de nombreuses lois absurdes, des lois sociétales, des lois comportementales.

    Qui est John Galt ?

  • Merci pour cet article clair et synthétique, qui nous montre la tromperie du socialisme et la prudence de la doctrine sociale de l’Eglise, que l’on croit trop souvent socialiste elle-même.

  • Ce n’est pas les dirigeants qui n’ont rien compris, c’est le peuple. L’attrait des promesses de bonheur sans effort et du cout payé par les autres (en général les riches) est irrésistible.

  • Desolé de contredire cet article mais pour connaitre la situation à Caracas , c’est uniquement les supermarchés et autres épiceries situés dans les quartiers aisés qui sont touchés par ces restrictions…Ce n’est pas général , c’est une situation organisée par l’Etat pour ennuyer la classe bourgeoise qui soutient sans cesse l’opposition : opposition qui n’a rien de démocratique puisqu’elle est financée par la CIA et les multinationales américaines ….la liberté d’entreprendre est garantie au venezuela , mais pas pour les grandes entreprises et c’est celles ci ainsi que les classes aisées dont elles sont issues qui veulent reprendre le pouvoir au vénezuela …
    La vision unilatérale des journalistes occidentaux est pathétique de médiocrité….Contrepoints n’est il qu’un point d’appui à la doctrine néo libérale , un de ses innombrables valets ?

    • Tu écris «la liberté d’entreprendre est garantie au venezuela , mais pas pour les grandes entreprises».
      En fait, si la liberté n’existe pas pour tout le monde elle n’existe pour personne.

      • C’est d’ailleurs Bakounine qui a dit :
        « Je ne suis vraiment libre que lorsque tous les êtres humains qui m’entourent, hommes et femmes, sont également libres »

      • Très sincerement je ne pense pas que la liberté d’entreprendre puisse s’appliquer aux multinationales : la quête du profit allié au pouvoir financier nous amène directement au totalitarisme
        . Lorsque la plus grande des multinationale aura absorbé les autres , ni les états ni les peuples ne pourront reprendre leurs places dans la société …le meilleur exemple c’est monsanto : agent orange , manipulation génétique , corruption des élites …pour un projet qui ne me parait pas particulièrement democratique . En tous les cas, Maduro , président élu au Venezuela est un petit joueur à côté de ces mastodontes là….

        • On est bien d’accord, vous êtes communistes, vous pensez que l’état doit gérer les grandes industries sinon des « requins » vont ruiner la planète et répandre des maladies dans la population par appât du gain.

          Comme tous les communistes utopiques, vous énoncez de grand principe, pensez que l’être humain et raisonnable et que la structure bureaucratique qui se créera pour dirigez ces grandes industries se cantonnera à lancer des bisous sur les citoyens…

          La réalité corroborée par l’histoire, montre que le contrôle, la bureaucratie, mènent invariablement à la dictature.

          Ouvrez bien grands vos yeux, en France, c’est exactement ce qui se passe.

        • renseignez vous sur ce qu’est le capitalisme de connivence (c’est quand l’État soutient certaines entreprises, soit qu’il cède à leur pression par corruption, soit que ce soit de sa part une volonté délibérée à des fins politiques). le probleme de l’état est que contrairement à ce que croit tous les socialistes (de gauche et droite), ce n’est pas quelque chose de bien mais c’est un instrument aux mains de l’élite au pouvoir (en france, ump et ps) qui s’en sert souvent pour ces propres intérets, pour aider ces copains. l’état francais aide les grandes entreprises à créer le monopole. les multinationales profitent des états, voilà pourquoi il faut que les états arrêtent d’intervenir dans l’économie. le vénézuela est un pays ultraccorrompu. chavez et ses proches se sont enrichis (chavez était millardaire). plus un état intervient dans l’économie, plus il y a de corruption.

        • le totalitarisme est une idéologie qui veut un état qui controle tout. le secteur privé est bcp plus efficace que le secteur public (deux fois selon certains économistes). les entreprises publiques sont pratiquement tjs mal gérés alors perso, je préfère les multinationales. manifestement vous ne savez pas que les multinationales changent: la majorité des grandes entreprises n’existaient pas il y a 20 ans (sauf dans des pays socialistes comme la france où les multinationales sont protégés par l’état) et dans 20 ans, ce ne seront plus des grandes entreprises. il y aura d’autres grandes entreprises

    • Se plaindre que les médias occidentaux ne sont pas assez gentil avec le vénézuela est au mieux de la mauvaise fois, au pire de la maladie mentale.

      • Merci , je pense donc je suis malade …c’est le parfait exemple de ce que je denonçait plus haut …Une aveuglante vision du monde , la pensée néo libérale…l’école de » chigago » qui s’est entrainé au chili sous pinochet , puis les années thatcher en angleterre , que du beau monde ! A part ça , tout va bien ! merci encore !

        • Dafuq
          Si le pire du liberalisme c’est Thatcher alors c’est pas trop mal.
          Associer pinochet au libéralisme c’est aussi de la maladie mentale.

        • Je confirme: vous êtes malade.
          Pour soutenir de tels systèmes et les régimes qui vont avec, pour nous ressortir la théorie du complot, plus la justification de la répression et des privations de liberté, vous avez nécessairement un problème.
          J’ai d’ailleurs remarqué récemment que les socialistes et communistes ont tous un traumatisme, rêvé ou réel, qui les poussent à haïr les autres.

        • tatcher a sauvé son pays qui était ruiné par le socialisme.

        • En 2000, le président chilien socialiste Ricardo Lagos a rendu hommage aud Chicago Boy Sergio de Castro et le décrivit comme le ministre des Finances le plus important des derniers 180 ans du Chili. alors si meme des socialistes rendent hommage aux chicago boys

    • Vous dîtes connaitre la situation à Caracas, mais y êtes vous vraiment déjà allé?

      L’inflation a explosé depuis novembre, les pénuries également et de partout. Sucre (plutôt étonnant quand on sait qu’il y a une grande production de Rhum de le pays..), lait, huile, beurre, farine, et j’en passe.
      Fin décembre, les agents du SAIME déboulaient dans les centres commerciaux et faisaient radicalement baissé les prix de plusieurs magasin. Dans le même temps, le gouvernement n’octroie pas les dollars nécessaires aux magasins pour importer différents produits. Résultat, d’innombrables magasins et entreprises ferment, et de nombreuses personnes perdent leurs emplois.
      A savoir également que le SMIC venezuelien est de 3270bfs/mois = 37€.
      La crise économique, social et sécuritaire touche tout le monde. Chavistas et oppositeur.

      Je connais la situation au Venezuela, effectivement, j’y vis avec ma femme Venezuelienne.

    • « Ce n’est pas général , c’est une situation organisée par l’Etat pour ennuyer la classe bourgeoise qui soutient sans cesse l’opposition : opposition qui n’a rien de démocratique puisqu’elle est financée par la CIA et les multinationales américaines  »
      La paix, c’est l’absence d’opposition au socialisme. K.Marx

    • vous êtes un mythomane, je connais très bien le vénézuela contrairement à vous. les pénuries touchent tout le monde. pour le nier, il faut être de mauvaise foi. « la liberté d’entreprendre est garantie au venezuela » oui, si vous avez des amis bien placés au pouvoir mais si vous n’avez pas de connexion politique, il n’y a pas de liberté. le régime de chavez lui est très démocratique: mainmise sur les médias, magouilles électorales, arrestions d’opposants politiques. « opposition qui n’a rien de démocratique puisqu’elle est financée par la CIA et les multinationales américaines  » j’espère que vous vous rendez compte que vous reprennez la vieille argumentation cmmmuniste. quand au néolibéralisme, cela n’existe pas. personne ne se dit néolibéral. « La vision unilatérale des journalistes occidentaux est pathétique de médiocrité » là vous avez pas trot. la très grande majorité des journalistes sont des gauchistes

  • France; rien compris, rien appris…

  • Réussir a mettre en banqueroute un état pétrolier, ya que les communistes pour réussir un truc pareil.

  • Le socialisme c’est la catastrophe annoncée : voire France, Wallonie, etc…

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Je veux ici vous parler de la France, mais faisons d'abord un petit détour par l'Argentine de Javier Milei. La politique économique qu'il mène depuis son accession à la présidence il y a exactement un an suscite en France des commentaires bien différents selon qu'on s'en remet à la presse de gauche, a priori hostile à toute désétatisation et complètement mutique sur la situation initiale, ou à une presse à la fois plus ouverte au libéralisme et plus volubile sur la faillite irrémédiable du socialisme argentin dans ses variantes péroniste et k... Poursuivre la lecture

Des leçons utiles et passionnantes, pour y voir plus clair sur quelques-unes des grandes questions économiques contemporaines.

Douze ans après ses 8 leçons d’histoire économique, Jean-Marc Daniel nous propose 10 nouvelles leçons. Toujours avec l’idée qui lui est chère que les événements qui se produisent paraissent souvent inédits, exceptionnels, voire particulièrement dramatiques, à ceux qui les vivent. Ces derniers omettant toutefois que, dans nombre de situations, les leçons du passé auraient p... Poursuivre la lecture

Les Français ont redécouvert avec surprise, il y a quelques années, l’inflation, qui avait presque disparu depuis une génération. Ils en ont vu les conséquences sur leur pouvoir d’achat, leur épargne ou les taux d’intérêt de leurs emprunts. Certes, presque partout dans le monde, l’inflation a récemment diminué, mais elle n’a pas disparu et peut revenir en cas de dérapage monétaire ou d’une gestion budgétaire trop laxiste. Selon l’OCDE, l’inflation est encore en 2024 (communiqué du 4 septembre) de 5,4% en moyenne, de 6,7% pour le G20 e et de 2... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles