Qui sont les gentils ?

Voir tant de politiciens et militants, d’idéalistes et d’intellectuels, et autant de citoyens se battre avec les meilleures intentions pose une question cruciale : qui sont les gentils ?

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Qui sont les gentils ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 19 avril 2014
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Voir tant de politiciens et militants, d’idéalistes et d’intellectuels, et autant de citoyens se battre avec les meilleures intentions pose une question cruciale : qui sont les gentils ?

Par Baptiste Créteur.

Liberté d’expression vs. lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Transparence vs. secret défense. Progressistes vs. conservateurs. Dictateurs vs. intégristes. Dans chaque conflit, les parties prenantes défendent le Bien, leur vision du bien. Dans la société moderne, l’universalisme progressiste des droits de l’homme est en manque d’altérité, d’ennemis, et les partisans du changement ne peuvent décrocher la victoire que contre des conservateurs rassemblés pour l’occasion.

Dans la littérature et au cinéma, le manichéisme est souvent de mise : les gentils font face aux méchants pour sauver le monde, protéger les faibles de la loi du plus fort en étant plus forts que les forts. Mais on trouve aujourd’hui de nombreuses contradictions qui interrogent sur l’existence même d’un camp du bien.

Barack Obama, président des États-Unis et prix Nobel de la Paix, a renforcé l’utilisation des drones, causant la mort de milliers de civils – innocents, s’il fallait le préciser. Il veut la peau de Bradley Manning (ou Chelsea Manning), qui a révélé au grand public américain des crimes de guerre, et d’Edward Snowden, qui a révélé l’existence et l’intensité de la surveillance généralisée des citoyens américains et étrangers. Snowden a obtenu l’asile en Russie, pays peu connu pour son ouverture démocratique et son respect des droits de l’homme mais pourtant aujourd’hui considéré par beaucoup comme un allié de fortune, un dissident assez puissant pour jouer le rôle de contre-pouvoir contre l’Occident sur la scène géopolitique mondiale.

Le gouvernement français multiplie les atteintes à la liberté d’expression et fait de certaines opinions un délit, contrairement à la liberté d’opinion. Il se revendique pourtant d’une tradition des Lumières et promeut ouvertement les Droits de l’Homme, même en dehors de nos frontières.

Il s’agit donc de comprendre que les fins jugées bonnes diffèrent d’un individu à l’autre, ainsi que l’étendue des moyens jugés admissibles pour les atteindre. Les autoproclamés gentils considèrent souvent que la fin justifie les moyens. Encore une fois, la littérature et le cinéma fourmillent d’exemples de super-héros prêts à tout pour sauver le monde et réduire le nombre de victimes innocentes. Mais la vérité est ailleurs : les gentils sont ceux qui respectent certains principes, i.e. qui n’admettent pas tout moyen comme admissible dès lors que la fin est juste et bonne. On ne reconnaît pas les gentils à leurs fins, mais à leurs moyens.

C’est ce qui fait primer le légitime sur le légal, le juste sur le juridique, et justifie l’inaliénabilité du droit de résistance à l’oppression.

Mais ce droit ne s’applique que dans le cas d’une oppression. Qu’est-ce que l’oppression ?

L’oppression, le fait d’opprimer, est selon le Larousse :

  • Soumettre quelqu’un, un groupe à un pouvoir tyrannique et violent, l’écraser sous une autorité excessive, répressive : Opprimer les faibles.
  • Empêcher un groupe de s’exprimer librement : Opprimer la presse.

Le pouvoir ne peut se définir que comme un usage (même théorique) de la force résultant en une privation de liberté. L’opposé du pouvoir, c’est la liberté ; la liberté n’est possible qu’en refusant l’usage de la force dans les interactions humaines, c’est-à-dire en refusant l’initiation de l’usage de la force.

Ce n’est pas en défendant systématiquement l’autorité officielle sur un territoire donné qu’on défend réellement son pays ; c’est en défendant ses valeurs. De la même façon, ce n’est pas en se conformant aux règles pour éviter toute confrontation qu’on défend sa propre identité, mais en agissant selon ses principes.

La défense de la liberté et la fondation de toute société humaine par l’axiome de non-agression sont les fondements de la pensée libérale. Mais le libéralisme n’est pas aujourd’hui considéré comme le camp du bien, les libéraux ne sont pas considérés comme les gentils. Ils ne l’ont jamais été, car ils revendiquent le droit de vivre selon leurs principes que les autorités l’acceptent ou non. Ils ne reconnaissent aucune autorité susceptible de les priver légitimement de leurs droits inaliénables, et considèrent que le seul rôle légitime d’une quelconque autorité est au contraire la préservation de leurs droits inaliénables. Selon la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, « le but de toute organisation politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression ». Est-ce réellement ce à quoi s’attèlent nos dirigeants ?

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  • Voila.
    Un peu d’objectivité dans ce monde ne ferait pas de mal à l’humanité. Allez dire à un bobo de gauche et autre altermondialiste que les gentils sont finalement les mechants néo-libéraux capitalo-mondialiste, les seuls, en réalité qui ont pour principes de défendre les droits naturels et inaliénables dont personne n’aimerait se passer…
    Comment leur expliquer…

    • Il y a un problème de termes et d’image. Neo-libéral renvoie l’image d’un industriel bedonant avec son cigare vivant de l’exploitation de ses ouvriers et réclamant le droit à l’état de les payer moins pour s’enrichir. Libéral est associé à la droite, à ses notables, à ses réseaux et ses magouilles pour défendre les intérêts des nantis.

      Les intervenants sur ce site ne sont clairement pas des gros industriels (ils ont mieux à faire) et les libéraux dénoncent le capitalisme de conivence de la droite.

      Il faut mettre en avant le constat d’échec du dirigisme économique, la démagogie sociale des politiques, l’utopie des « gentils », la dérive de la répression des libertés individuelles, le non-sens de l’assistanat sans but sans controle et sans contreparties. Et surtout expliquer que les libéraux ne recherchent que l’efficacité en mettant en avant les marchés comme régulateur de l’économie.

      Quand on a éliminé tout ce qui ne fonctionne pas, on a fait un grand pas vers la solution.

      • Effectivement, puisqu’ils sont totalement « déconnectés » sur le plan moral, je pense qu’il est vain d’utiliser l’approche jusnaturaliste pour les convaincre : il est plus astucieux de jouer sur leur côté utilitariste.
        C’est ironique : utiliser l’argument non libéral par excellence, « la fin justifie les moyens », pour les convaincre du libéralisme… La fin, une société plus prospère, atteinte par un moyen qui les répugne, la liberté.

  • « Le pouvoir ne peut se définir que comme un usage (même théorique) de la force résultant en une privation de liberté. L’opposé du pouvoir, c’est la liberté ; la liberté n’est possible qu’en refusant l’usage de la force dans les interactions humaines, c’est-à-dire en refusant l’initiation de l’usage de la force. »

    Quand Obi-Wan Kenobi utilise la Force pour manipuler des stormtroopers et leur faire dire que ce ne sont pas ces droïdes qu’ils cherchent, est-ce donc un refus de liberté?

    « – Vous l’avez dressée contre moi !
    – Si elle est contre toi c’est parce que TU l’as voulu.
    – Vous ne me l’enlèverez pas !
    – Ta colère et ta soif de pouvoir s’en sont déjà chargés… Tu as laissé ce seigneur noir des Siths corrompre ton cœur. À tel point que tu es devenu très exactement tout ce que tu avais juré de combattre.
    – Je n’ai plus de leçon à recevoir de toi. Je ne suis plus abusé par les jedis. Je n’ai plus peur du côté obscur comme eux. J’ai apporté la paix, la justice, la liberté et la sécurité à mon nouvel empire !
    – Ton nouvel empire ?!
    – Ne m’oblige pas à te tuer !
    – Anakin par allégeance je suis lié à la République. A LA DÉMOCRATIE !
    – Si tu n’es pas avec moi, alors tu es contre moi…
    – Seuls les Siths sont aussi absolus… Je ferai ce que je dois faire.
    – Tu essayeras… »

    Je trouvais que ce passage sied pas mal, non?

    • Mais très cher Baptiste, ne vous inquiétez pas, faites un tour au Marais, et l’Empereur vous révélera la vraie nature de la Force.

      La Force?

      Oui, la Force!

    • Oh non, c’est un des moments les plus tristes!
      Tout le monde sait que la force c’est l’Amour 🙂

      • « Tout le monde sait que la force c’est l’Amour  »

        C’est surement vrai. C’est la définition de l’amour qui pose problême et le fait que certains veulent le définir à leur image et le restreindre à cela.

      •  » tout le monde sait que la force c’est l’amour  »

        si , si …

      • Question subsidiaire, base de la théologie chrétienne mais complètement oubliée de nos jours (y compris par bon nombre de chrétiens), alors qu’elle est LA question:
        Est-il possible d’aimer en vérité si l’on n’est pas libre soi même. Et si l’objet d’amour n’est pas libre ?

        La réponse de quelques siècles de pensée est qu’il n’est d’amour que libre et pour cela Dieu, qui Aime les hommes, les veut libres. Quitte à ce qu’ils ne L’aiment pas.

        La liberté n’est peut-être pas le « souverain bien », mais elle est la condition sine qua non de sa recherche et de sa conquête.

        • Avons nous vraiment le choix ?
          La réponse est que l’amour non plus n’est pas libre car il répond à un besoin de la nature: la survie de l’espece. La stratégie de l’amour est de nous faire reproduire. Ainsi nous aimons instinctivement tel ou telle personne car il y a un avantage pour notre descendance.

          La liberté est un caprice de riches. C’est l’etape ultime du développement humain, le haut de la pyramide de maslow. Pour moi, il est plus facile d’aimer que d’etre libre. C’est une question d’argent !

          Bien sur, l’on peut être libre et pauvre, mais dans ce cas là, il est nécessaire d’avoir une grande richesse intérieure. Hélas, souvent, celle ci s’acquiere avec la richesse et l’acces à la connaissance.

          Le paradoxe est de voir des gens comme Hollande, et beaucoup de nos compatriotes, qui malgrés la richesse ne parviennent pas à avoir, ni l’amour, ni la liberté. Ces gens là souffrent de graves problèmes psychologiques.

          • la liberté n’est pas uniquement liée à la richesse, elle dépends aussi de la force de caractère, la vertu de robespierre. surtout de nos jour, avec l’école publique obligatoire, et internet ou mème les bibliothèque municipales, il n’est pas nécessaire d’etre riche pour etre instruit et pour en tirer les ressorts morales permettant de faire ses propres choix, sans qu’un marabout ou une administration parasite les fasse à votre place . c’est plus une question de volonté que de pouvoir d’achat.

    • It’s over Anakin, I have the high ground !

      Si seulement c’était aussi simple 😀

  • quel rapport avec le réchauffement climatique ?

    ce matin, troisième jours de gel de suite au nord de lyon , à la mi avril ( ne te decouvre pas d’un fil ) : putain de réchauffement climatique …

  • Vous oubliez une chose dans votre discours un peu catéchiste versaillais comme je l’entendais autrefois quand j’étais enfant le mercredi matin dans les sous-sols de l’église paroissiale. Non que je méprise les gentils, bien au contraire alors que j’essaie d’en être un et je suis propriétaire d’une maison en un lieu-dit nommé Les Gentils auquel je tiens beaucoup par philosophie et empathie géolosociologique, respect pour les anciens qui ont nommé cet endroit. Contrairement à vous je pense que la liberté comme le libéralisme n’interdisent pas en leur sein l’autorité, le pouvoir, la concurrence entre les êtres qui obligent à une certaine forme de méchanceté, d’agressivité. La gentillesse est un idéal philosophique souvent contraint dans la vie réelle et impossible à pratiquer dans les affaires où il faut être dur, bien qu’honnête et penser avant tout à soi, à « maximiser son profit ». C’est la loi de la vie. Chacun cherche à augmenter on pouvoir d’achat et use de tous les artifices pour arriver à ses fins. Vous mêmes le faites en écrivant sur ce blog, même si vous écrivez plus ou moins gratuitement ici (je ne sais pas) vous espérez en tirer profit ultérieurement. Il n’y a pas de mal à faire cela. Même dans l’éducation, (j’ai 4 enfants) la gentillesse est une vue de l’esprit. Les enfants ont besoins de murs, de repères et la gentillesse n’est pas toujours un cadeau à leur faire, quelquefois comprise comme une forme de faiblesse passagère, même si la tendresse est permanente. Il faut être quelquefois un dresseur de fauves… Allez parler à un lion en lui faisant des risettes !

    • Je crois que la gentillesse est effectivement une vue d’esprit, par contre agir avec bienveillance et authencité me semble, à moi, fondamental.
      Cela depend de votre éducation, de votre famille, je crois qu’il faut être « bon », c’est important pas forcément gentil.
      Merci de nous le rappeler!

  • J’ ai connu une employée de banque communiste qui était pour les droits de l’ (H)omme à la ville et pour les droits du chien à la campagne

  • Nos dirigeants du moments focalise non pas sur la liberté, mais sur l’égalité…..
    Or, ces deux là sont , par définition antinomiques….
    A méditer

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