Soutien conditionnel à Manuel Valls : l’erreur de l’UDI

Le soutien conditionnel du centre droit au Premier ministre est une triple erreur.

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Soutien conditionnel à Manuel Valls : l’erreur de l’UDI

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 29 avril 2014
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Une tribune du Parisien libéral.

FRANCE-POLITICS-ECONOMY

Dans une volonté d’apparaître non pas comme une opposition de base, mais une opposition constructive, l’Union des Démocrates et Indépendants (UDI) de Jean-Louis Borloo a décidé de voter le pacte de responsabilité de Manuel Valls à deux conditions :

  • assortir le coup de « rabot financier » du plan Valls à une série de réformes structurelles plus ambitieuses, « par exemple en appliquant dès 2015 la réforme des retraites fixant l’âge légal de départ à 62 ans » ;
  • l’accélération des baisses de charges et des impôts pour les entreprises.

Même si les conditions fixées par l’UDI vont dans le bon sens, ce soutien conditionnel du centre droit à Manuel Valls, le Premier ministre d’un gouvernement socialiste et fier de l’être, est une triple erreur.

img contrepoints261 manuel vallsD’une part, la proposition de Manuel Valls est insuffisante, tant quantitativement que qualitativement. Comme le rappelle le Parti Libéral Démocrate, pour Valls, il n’est pas question de diminuer le montant des prestations sociales et il n’est pas question de revenir sur la création de postes dans la fonction publique : les postes d’enseignants (60.000 en 5 ans) seront créés. Manuel Valls a beau être un peu moins dogmatique que Christian Eckert, Karine Berger ou Yann Galut, il n’en reste pas moins un socialiste qui veut « sauver le système de protection sociale à la française ». On est donc à des années lumières de la révolution thatchérienne qui, rappelons-le, a sauvé le Royaume-Uni de la faillite totale au début des années 80. Soyons clairs : l’UDI a publié fort à propos un contre-pacte, prévoyant d’économiser non pas 50 milliards d’euros comme propose Valls, mais 80. Le contre-pacte de l’UDI va dans le bon sens mais c’est un plancher. On sait, notamment grâce à l’iFRAP, qu’on pourrait économiser non pas 50 milliards d’ici à 2020, mais 50 milliards par an, de manière récurrente !

D’autre part, la démarche conciliante de l’UDI s’inscrit dans la bonne volonté coopératrice que les centristes s’attachent à mettre en œuvre à Bruxelles, au niveau européen. Seulement, ici, c’est la France, un régime politique réglementé par les règles de la majorité. Combien de fois Manuel Valls, lors des questions au gouvernement, lorsqu’il était le désastreux ministre de l’Intérieur que l’on connait, a clairement fait comprendre à l’opposition UMP-UDI qu’ils n’étaient pas au pouvoir et qu’ils n’avaient qu’à la fermer ? Combien de fois Manuel Valls a-t-il insulté, au sens propre du terme, l’opposition et tous ceux qui ne pensent pas comme le PS ? C’est tout à l’honneur de l’UDI, héritière de la démocratie chrétienne, que de ne pas rompre le dialogue avec la majorité socialiste et franc-maçonne, mais que les élus centristes gardent à l’esprit que l’introduction de la proportionnelle pour les élections législatives, une promesse du candidat Hollande, n’est plus à l’ordre du jour.

Enfin, c’est encore une fois à l’honneur de l’UDI de pallier l’incompétence de la majorité, mais la vérité est qu’au-delà de l’état objectif du pays, ce dernier est aggravé par la présence du Parti socialiste au pouvoir. Une sage décision serait de laisser couler le PS et tout ce qui s’y rattache. Comment tendre la main à des gens qui, depuis deux ans, ne cessent de répéter, en questions au gouvernement notamment, que leurs échecs sur le chômage ou sur la dette publique et les déficits sont uniquement dus à la politique de Sarkozy ? L’UDI a la légitimité pour demander que le PS qui, malgré les municipales, détient encore quasiment tous les pouvoirs en France (Élysée, Matignon, Intérieur, Affaires étrangères, villes de Paris, Lille, Nantes et Lyon, majorité de départements et de régions, etc.), fasse le ménage. Comment se fait-il que tant d’affaires de corruption éclatent sans que personne ne dise rien ? Comment est-ce possible que Manuel Valls puisse dire tout et son contraire sans que personne ne réagisse ? Pourquoi laisse-t-on le pouvoir à des gens manifestement incapables d’être cohérents et consistants avec eux-mêmes ?

L’UDI ferait mieux de proposer à Manuel Valls de démissionner du PS, de faire amende honorable sur la répression de la Manif pour Tous ou les événements du Trocadero et de dénoncer les extrémistes de gauche autant que ceux de droite. Après examen de son attachement sincère au libéralisme, au principe de subsidiarité, à la décentralisation et au fédéralisme européen ainsi qu’à l’équilibre entre pouvoirs, l’UDI pourrait proposer une adhésion à Manuel Valls.

Comme cela n’arrivera pas, le plus simple est que l’UDI demande à François Hollande de démissionner et de provoquer des législatives anticipées après dissolution car, in fine, un des problèmes de la France, c’est bien son Président de la République.


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  • « Après examen de son attachement sincère au libéralisme, au principe de subsidiarité, à la décentralisation et au fédéralisme européen ainsi qu’à l’équilibre entre pouvoirs, l’UDI pourrait proposer une adhésion à Manuel Valls. »

    L’UDI n’étant attaché ni au libéralisme, ni à la subsidiarité, pourquoi demanderait-il à Valls de l’être?

    • Exact, l’UDI n’est attachée à rien sinon son espoir de récupérer une part du gâteau, un peu de pouvoir, une influence. S’il faut être libérale pour cela, elle le sera, un temps. Idem s’il faut être marxiste-léniniste orthodoxe.

  • Non, pas de dissolution, il faut absolument que le PS crève définitivement.
    Vous êtes gentils, mais le PS dans l’opposition reprendra automatiquement des forces et ça repartira comme en 14, opposition à tout va avec la complicité des journaux trop contents de reprendre des couleurs en tapant sur le gouvernement et on aura de nouveau Hollande/Aubry/etc en 2017.
    Non, le PS doit crever avant toute chose et il ne crèvera que s’il reste au pouvoir. Ce sera dur, mais c’est notre seul chance d’éliminer un boulet écrasant.
    Le problème n’est pas Hollande, c’est le PS: une bouillie infâme de n’importe quoi. Le Boulet se contente de touiller pour éviter que ça fige, mais ça va pas durer.

    • Le problème n’est plus le PS, mais l’esprit qui le soutient. Hors celui ci a tout autant imprégné l’UMP, il n’est que de voir NKM. Alors, en cas de disparation, n’y a t’il pas un risque de croire que s’en est fini de socialisme, et donc de s’aveugler, alors que l’on baigne (on coule) dedans?

  • Soutenir le plan Valls qui promets tout et n’importe quoi pour les 3 ans à venir, et surtout ne s’engage dans aucune modification structurelle essentielle, je ne comprends pas. Pire, avec le maintien des recrutements, on voit pertinemment que le PS pari uniquement sur un redémarrage du paquebot France pour poursuivre ensuite cette politique désastreuse dite « sociale ».
    Franchement, l’UDI est à la ramasse sur ce coup. Et quand on entend Bayrou, ce n’est donc pas mieux au modem.

  • L’UDI est phagocytée par des gauchistes à visage couvert ?
    La stratégie du gouvernement actuel consiste à faire retirer les marrons du feu par d’autres que lui-même pour les manger sans risquer de se brûler et n’en laisser aucunes miettes.

  • Vraiment pas d’accord avec l’article et l’ensemble des commentaires. Le problème est que l’on est dirigé au centre gauche depuis 70 ans, avec l’alibi de la théorie keynésienne, et la négation des lois du marché.
    Hollande qui affiche et revendique une politique de l’offre est dans une vrai rupture, même si il y a une escroquerie sur le plan proposé dans son agenda.
    Je viens de consulter le contre programme de l’UDI pour constater qu’il est bien plus efficace. Notamment avec l’IS à 15 % SUPER GENIAL
    Petit problème, l’UDI n’aurai jamais put le proposé avant que la gauche NE FASSE LE PREMIER PAS.
    Si Sarkosi l’avait proposé, on aurai Clémentine Autin qui passerai le soir même pour donner la recette du cocktail Molotov.
    On a un gouvernement de gauchistes qui vient de s’apercevoir une nouvelle fois que le socialisme ça ne marche pas, il faut en profiter.

    • « l’UDI n’aurait jamais pu le proposer avant que la gauche NE FASSE LE PREMIER PAS. »

      Ca résume bien le problème. l’UDI n’a pas de programme, mais des vagues idées, et attend que d’autres fassent le premier pas. La flat tax est ainsi ramenée au rang des chocs de communication dont on n’entendra jamais plus parler. Quand on a des propositions, on les défend ou on disparaît.

    • @ Marcault,
      Depuis 1945 en effet, avec l’influence du CNR truffé de communistes obéissants d’abord et avant tout à Moscou et ça a duré jusqu’au bout des trois premières années de Mitterrand avec leur remplacement par des socialistes phagocytant à leur tour la quasi-totalité de l’appareil d’État.

  • valls représente un courrant ultraminoritaire au PS. la plupart des membres de son parti souhaite son échec.

    le PS, comme tous les vieux partis, doit mourir. valls doit donc en tirer les conclusion qui s’impose : se débarrasser de cette vieille gamelle rouillé et réorganiser un parti au centre, en syphonnant une partie des voix socialistes, de la droite classique, et du FN.

    c’est peut-etre la seul façon pour le pays de ne pas crever en plein : dans les graves crises, la france a toujours été gouverné au centre : bonaparte, clémenceaux, de gaulle… mème robespierre.

  • Les « nouveaux plans-pactes » de compétivité-solidarité-relance sont un saupoudrage et une dilution de mesurettes dont on ne sait même plus si elles concernent l’économie, l’emploi ou le pouvoir d’achat.

    Un coup d’épée dans l’eau dont le non-effet est prévu pour 2017. De la bonne vieille méthode Couet qui excite plus les politiciens qu’elle ne convainc le public.

    De la à dire que untel ou tel parti a intérêt ou non à le soutenir ne peut concerner que des calculs politiciens. Pourquoi faire des analyses sur des non-projets et des non-aliances entre politiciens ?

  • « Comme cela n’arrivera pas, le plus simple est que l’UDI demande à François Hollande de démissionner et de provoquer des législatives anticipées après dissolution car, in fine, un des problèmes de la France, c’est bien son Président de la République. »

    Bah oui, et comme l’UDI demandera sa démission, le mec va probablement se défenestrer, de désespoir, au moins…

    Ou plus probablement, il en aurait rien à foutre.

    Je préfère que l’UDI soutienne les 50Mds d’économies, tout en en demandant plus, que de faire comme ces abrutis d’UMP qui après avoir pleuré sur le sort des entreprises, du trop d’impots, et des économies indispensables, les mêmes gugusses nous sortent maintenant qu’ils sont contre les 50Mds d’économie parce que c’est vilain, c’est de l’austérité, ça ne soutient pas la demande!
    J’ai entendu Barouin ce matin, j’ai cru entendre Melenchon! (avec un litre de tisane « nuit tranquille » dans le bide, mais dans l’idée, c’était ça!)

    Moi je me dis une chose: en attendant mieux, c’est toujours mieux 50Mds d’éco que rien du tout. Parce que si vous croyez que vous allez réussir à les faire bouger d’un iota en leur disant non, c’est que vous êtes sacrément naïf. Le projet est simple: soit il y a 50Mds d’éco, soit il n’y aura rien. Si vous préférez rien en attendant un très hypothétique changement en 2017, vous rêvez.

    50Mds c’est insuffisant, mais aujourd’hui on ne peut plus se permettre le luxe de ne pas les économiser, même si ça ne suffit pas. Dans l’immédiat, il faut prendre ce projet et le mener à bien, et ensuite tenter d’infléchir la politique du gouvernement pour aller beaucoup plus loin.

    D’ailleurs réfléchissez: si le gouvernement remporte un réel succès avec ses 50Mds d’économie, on peut légitimement espérer que, par opportunisme politique, il continue dans cette voie. Alors que bloquer la proposition revient à indiquer au gouvernement qu’il doit revenir à sa politique précédente: explosion des dépenses.

    • Les 50 milliards d’économie n’existent pas. Les dépenses vont continuer à augmenter. Il s’agit juste de montrer que « les économies, ça ne marche pas », que « le PS aura fait à contre-coeur une politique de l’offre, et que ça ne marche pas », donc que TOUS LES AUTRES AURAIENT FAIT ENCORE PIRE, et de se faire reconduire pour la prochaine mandature. Il est donc impératif de ne pas admettre que ce que fait Valls serait autre chose que du socialisme pur et dur, et d’ailleurs c’en est.

      • Je ne suis pas d’accord. Parce que croire que le gouvernement interpréterais un refus de son projet comme une volonté de plus de libéralisme serait une erreur. Au contraire, ça les pousserait à faire exactement ce qu’on ne veut pas: plus de socialisme.

        il est temps que les libéraux sortent de leurs rêves et entrent dans la réalité. La réalité, elle passe par les concessions. Demain ne verra pas une France libérale. Ni après demain. Il faut que le libéralisme entre dans l’arène politique, et c’est pas en jouant les jusqu’auboutistes qu’on gagnera quoique ce soit. On laissera juste le pouvoir aux autres, à nos adversaires.

        Le fait est que je me fiche de savoir combien seront réellement économisé. Le but, c’est de lancer le gouvernement dans une voie, plus libérale, et l’y bloqué.

        D’autre part, il est temps de sortir les calculettes. Valls est une merde. Mais la clique a Montebourg est une merde bien pire encore. Arrêtez de croire que dire que vous êtes pas contents changera quoique ce soit. L’UDI s’est abstenu et alors? Quel message a t’il fait passer? Aucun. Tout le monde s’en branle. Très bien.
        La vérité, c’est qu’on va se manger quoiqu’il arrive les socialistes jusqu’à 2017, et à partir de là, vous avez trois solutions: soit on essaye d’infléchir le rapport de force ministériel en faveur du moins merdique (Valls), soit on fait les grognons et on ne changera absolument rien, à part laisser les mains libres à nos adversaires. Quand je lis la fin de l’article, je crois halluciner. C’est de la naïveté en barre!
        La troisième solution, c’est une Révolution, sachant que personne n’a les cojones pour ça et que de toute façon on a 90% de chances de se taper des extremes droite ou gauche.

        Encore une fois, je ne dis pas que Valls soit en quoique ce soit une solution. Mais à un moment donné, pour compter dans le destin de notre pays, il va falloir sortir de notre autisme. Profiter de chaque bout de libéralisme qui est proposé pour imposer petit à petit nos idées. et si, le programme de Valls contient un tout petit peu de libéralisme, ne serait ce que parce qu’il va dans le sens d’une baisse des dépenses. Que les choses aillent réellement dans ce sens ou pas, peu importe, on aura fait entendre notre voix en ayant une loi plus orienté liberale.

        On n’arrivera jamais a avoir une société liberale si on accepte pas de compromis. C’est comme une guerre, c’est l’accumulation de petites batailles gagnées qui fait que tu arrives au bout du compte à prendre la capitale ennemie. Les victoires sont souvent amères et peu glorieuses, mais c’est la vie politique. Aujourd’hui le liberalisme a disparu du spectre politique. Moi j’en ai ras le cul qu’on passe ici notre journée à râler et à pleurer après un Etat liberal, alors que de l’autre coté, on continu à jouer les autistes a ne pas vouloir jouer le jeu. La politique est abjecte, mais il faudra en passer par là pour atteindre les objectifs. Cessons de pleurer et réveillons nous. Entrons dans l’arène, et battons nous.

  • Entièrement d’accord avec Desproges 54. Les lignes vont bouger, la Grande Bretagne a créer des emplois avant d’améliorer sa croissance, l’Italie qui a fait des efforts considérable pour réduire ses dépenses à une bonne chance d’améliore sa situation. Et la France va continuer à se dégrader, mais avec un peu de logique et de bon sens et l’aide de Gaspar Proust la pensée socialiste va finir par se ridiculiser et s’auto-détruire.

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