Zimbabwe : Les humanitaires courageux ont besoin de protection

Quelque chose ne tourne pas rond dans le système des Nations Unies.

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Welcome to Zimbabwe (Crédits David Cohen, licence Creative Commons)

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Zimbabwe : Les humanitaires courageux ont besoin de protection

Publié le 30 mai 2014
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Par Doug Bandow, depuis les États-Unis.
Un article du Cato Institute, traduction de Libre Afrique.

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Robert Mugabe du Zimbabwe est un autoritaire corrompu. L’Organisation des Nations Unies est une organisation inefficace et dépensière qui tolère les autoritaires corrompus. Toutefois, tout le monde aux Nations Unies n’est pas corrompu. Un héros nommé Georges Tadonki, un Camerounais qui, pendant un certain temps dirigeait le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires au Zimbabwe (OCHA). Les autres sont trois juges dans un tribunal des contentieux aux Nations Unies qui, l’an dernier, ont jugé Tadonki lors d’un procès contre l’organisation internationale.

En 2008, le président Robert Mugabe, qui a pris le pouvoir en 1980, et la ZANU-PF, le parti au pouvoir, usaient de l’intimidation violente pour préserver leur contrôle. À cette époque Tadonki avait été en poste pendant six ans et avait prédit les épidémies à la fois de choléra et de violence. Le journaliste Peta Thornycroft avait interviewé Tadonki concluant que le fonctionnaire OCHA n’avait pas eu peur de dire la vérité, faisant de lui « un autre type de voix à l’ONU ».

Malheureusement, le chef du bureau des Nations Unies au Zimbabwe, Agostinho Zacarias, était apparemment un fonctionnaire international plus conventionnel et a ignoré les avertissements de Tadonki. À la fin de l’année, 100.000 personnes ont été infectées par le choléra et des milliers étaient morts. Pendant les campagnes électorales des centaines avaient également été tuées par des voyous de gouvernement, qui ont réussi à faire dérailler la démocratie.

En avril 2008, Tadonki avertit le siège de l’ONU que l’équipe locale « n’était pas préparée pour faire face aux conséquences d’une situation d’urgence et qu’elle répondait de manière hésitante aux actes de violence politique ». Zacarias niait les accusations alors que le Zimbabwe sombrait dans le chaos mortel.

Après la discorde prolongée entre les deux responsables de l’ONU, Tadonki a été congédié en janvier 2009. Il y avait peu de doute qu’il s’agissait d’une action de représailles contre Tadonki pour avoir été intègre et avoir embarrassé Zacarias, qui sert maintenant l’ONU en Afrique du Sud.

La controverse démontre que quelque chose ne tourne pas rond dans le système des Nations Unies. L’écrivain Armin Rosen observait : « Cette affaire dépasse le cas d’un simple bureaucrate de l’ONU bénéficiant d’une relation troublante étroite avec l’un des gouvernements les plus répressifs de la planète. Le système des Nations Unies a également encouragé activement un statu quo organisationnel nocif au Zimbabwe, même si cela impliquait de ruiner la carrière d’un employé que le tribunal a jugé être un professionnel humanitaire talentueux et un dénonciateur courageux, et même si cela signifiait mettre des milliers de vie de Zimbabwéens en danger ».

L’an dernier, le Tribunal du contentieux des Nations Unies basé au Kenya a entendu sa cause, et les juges Vinod Boolell, Nkemdilim Izuako et Goolam Merran ont émis un verdict de 104 pages. Ils ont conclu « que le plaidant n’était pas, à l’époque des faits, jugé équitablement et conformément à une procédure régulière et aux valeurs fondamentales de la Charte de l’Organisation », et que la gestion de l’OCHA a ignoré les valeurs humanitaires de l’ONU. Le tribunal a ordonné à l’ONU de présenter des excuses pour son mauvais comportement, d’enquêter sur les mauvais traitements infligés à Tadonki, tenir ses supérieurs pour responsables de leur inconduite, couvrir les frais de litige de Tadonki, payer le salaire antérieur à la date du jugement, et de fournir 50 000 $  en dommages et intérêts pour « la détresse émotionnelle extrême et le préjudice physique subi par le plaidant ».

Les juges expliquaient : « Cette affaire a mis en lumière non seulement l’incompétence dans la gestion et la conduite cavalière, mais aussi la mauvaise foi de la direction de l’OCHA. Cette mauvaise gestion et cette mauvaise foi ont été aggravées par un sens d’injustice pur contre le plaidant qui a été harcelé depuis le début ».

Pire encore est l’environnement général dans lequel cette faute a été commise. Le tribunal observait : « Il y avait un drame humanitaire qui se déroulait, et les gens étaient en train de mourir. Une partie de la population avait été abandonnée et soumise à la répression. L’affaire entre Tadonki et Zacarias illustre dans quelle mesure les préoccupations des humanitaires doivent être exposées et traitées et le risque qu’ils encourent en  tenant tête au gouvernement de Mugabe ».

La conclusion du tribunal est dévastatrice : « L’agenda politique dans lequel Zacarias a été engagé avec le gouvernement du Zimbabwe a de loin empiété sur toute considération humanitaire que l’OCHA a pu avoir ». Bien sûr, « les  Nations Unies et Zacarias auraient dû assumer leur responsabilité vis-à-vis de la population civile assiégée. Mais au lieu de cela, les deux ont échoué à honorer leurs engagements, alors même qu’ils conspiraient contre quelqu’un qui les avait dépassé ».

Heureusement, Georges Tadonki et les trois juges du tribunal ne sont pas les seuls responsables de l’ONU qui sont prêts à faire ce qui est juste, indépendamment des conséquences.


Article initialement publié en anglais par le Cato Institute. Traduction réalisée par Libre Afrique.

[*] Doug Bandow est analyste au Cato Institute.

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