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On sait tout le bruit qu’a fait, même dans les médias français, le succès aux États-Unis du dernier ouvrage de Thomas Piketty, la traduction de son livre Le capital au XXIe siècle, succès d’ailleurs très relatif. Mais un article publié par le Financial Times va infiniment plus loin que toutes les critiques, et elles ont été nombreuses, montrant que les statistiques sur lesquelles s’appuie Thomas Piketty sont en fait fantaisistes.
Les chercheurs du Financial Times ont examiné les tableaux publiés sur internet à l’appui de son livre et découvert qu’il y a « des erreurs de transcription à partir des sources originales et des formules incorrectes. Il apparait aussi que les chiffres sont imaginés ou construits sans source originale. Par exemple, une fois que le Financial Times eut nettoyé et simplifié les données, les statistiques européennes ne montrent plus aucune tendance à une augmentation des inégalités de patrimoine après 1970 ».
Ceci nous rappelle furieusement la même découverte que nous avions faite en 2011 et publiée dans une opinion du quotidien Les Échos (et que Contrepoints avait relayé dans ses colonnes), montrant comment Thomas Piketty avait manipulé les statistiques à l’appui de son manifeste « pour une révolution fiscale », afin de nous faire croire que les chômeurs avaient plus de prélèvements que la riche héritière de L’Oréal, madame Bettencourt.
Dans les deux cas c’est avec les propres chiffres mis par l’intéressé sur internet que la fraude statistique est prouvée. L’intéressé avait été incapable de répondre lui-même à cette accusation et avait délégué à un magazine de sa tendance la tâche de lancer un nuage de fumée pour donner à ses fans un moyen de se mettre à couvert. Les premières réponses de l’intéressé aux accusations du Financial Times semblent prendre la même voie.
On peut espérer que ces fraudes répétées finiront par discréditer ce qui est une excellente campagne commerciale dans le sillage d’une campagne politique.
Si, en France, les thèses égalitaristes de Thomas Piketty ont été en grande partie rejetées même par la gauche et sont à notre avis discréditées par l’opinion qui peut constater, par l’écroulement de notre économie et le chômage, où ces thèses nous mènent, il n’en va pas de même aux États-Unis qui est encore un pays riche et n’a pas encore subi quarante ans de recherche de l’égalité à tout prix.
Ayant eu dans les mains il y a une dizaine d’années le fichier du Parti républicain aux États-Unis et constaté qu’il contenait 7 millions de noms, on peut penser que le fichier démocrate est du même ordre de grandeur.
Avec une campagne menée par toute la presse démocrate, en partant du New York Times au Washington Post en passant par le Huffington Post, avec deux prix Nobel comme parrains et une réception à la Maison Blanche (qui cherche dans la lutte contre les inégalités le moyen d’éviter une défaite en novembre), il serait étonnant qu’il n’y ait pas au moins un tiers des militants démocrates qui soient poussés à acheter le livre de Thomas Piketty. Si les droits d’auteur par livre sont, comme c’est assez usuel, de l’ordre de 10 %, soit un peu plus de deux dollars par livre vendu, c’est une bonne opération commerciale pour l’intéressé.
Pour le Parti démocrate, c’est moins sûr, car y aura-t-il beaucoup de lecteurs, parmi ceux qui ne sont pas déjà convaincus, qui se laisseront convaincre par un ouvrage passablement indigeste ?
Et que se passera-t-il si la fraude statistique éclate ?
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Sur le web.
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en fait Piketty est un excellent statisticien.
donnez lui vos conclusions et il vous fournira les statistiques qui vont bien pour y arriver.
http://fr.irefeurope.org/Richesses-et-croissance-les-tromperies-statistiques-de-Thomas-Piketty,a2892
http://philmagness.com/?tag=thomas-piketty
http://www.atlantico.fr/decryptage/polemique-chiffres-piketty-ecrase-debat-plus-grand-que-lui-nicolas-goetzmann-1591587.html
http://institutdeslibertes.org/piketty-ou-quand-un-oint-du-seigneur-se-prend-les-pieds-dans-le-tapis/#.U2-S1UN3c_M.facebook
Réponse du très gauchiste Forbes :
« My initial assessment from Friday is mostly unchanged. The Financial Times blew the data issues it identified out of proportion. Giles discovered a couple of clear errors and a number of adjustments that look questionable but have barely any impact on Piketty’s charts. Much of his critique could have been consigned to a footnote to the effect that he uncovered other mistakes and questionable choices that do not actually change Piketty’s results. Giles’s post is written in a way that makes you think the alleged problems with Piketty’s data are more legion than they are. And he’s made some errors himself along the way. »
En d’autres termes, beaucoup de bruits pour pas grand-chose. Oui, la masse des données utilisées par Piketty comportent quelques erreurs, mais non, le « nettoyage » des données du journaliste du FT ne change pas les conclusions de Piketty.