Un article du think tank Imani francophone.
La situation politique au Togo est grave, d’ailleurs très grave et elle risque de provoquer des violences avant, pendant et après les élections prochaines…
Que faut-il faire pour sortir ou éviter une pareille crise qui avait dégénéré en révoltes et tueries pendant les périodes électorales de 2010 ?
IMANI Francophone explore la situation
Il faut avouer que, jusqu’à présent, la situation s’y avère être extrêmement compliquée ; il est impératif de s’attaquer au problème depuis la racine. Faure Gnassingbé, président du Togo depuis 2005, ne partira pas. Il se présentera aux prochaines présidentielles, c’est ce que confirment les documents que nous avons reçus sur la question. Les réformes constitutionnelles telles que l’envisage l’opposition n’auront pas lieu. Mais cela devrait-il déranger quelqu’un vu que durant toutes ces années l’opposition s’est montrée incapable d’assumer ses responsabilités et qu’elle manque de stratégies concrètes pour conquérir le pouvoir ?
Au Togo, comme c’est le cas dans beaucoup de pays africains, l’opposition n’est pas inspirée par la recherche du bien commun mais plutôt par la recherche de la gloriole et de l’intérêt personnel.
Idéalement, les partis d’opposition devraient également participer au développement du pays. En réalité, dans la plupart des cas ils montrent un certain pessimisme vis-à -vis des programmes de développement du parti au pouvoir tout en mettant leurs intérêts personnels et partisans au centre. Ils ignorent bien les conséquences que leurs actions pourraient avoir sur le développement du pays. Les responsables de l’opposition togolaise devraient comprendre que les populations, c’est-à -dire les électeurs deviennent éventuellement plus éclairés et judicieux au sujet des élections et les mèneront au pouvoir en tenant compte de leur programme de société et de leur vision à l’égard du développement s’ils montrent compétence et intelligence sur les questions de gouvernance correspondantes aux besoins et aux particularités du pays. Les citoyens n’attendent qu’une seule chose : avoir une vie meilleure. Avec la vacuité des démarches de l’opposition, c’est loin d’être gagné.
La seule compétence de l’opposition togolaise jusqu’alors est d’être capable d’organiser des manifestations sans aucune stratégie concrète. Elle ne devrait pas boycotter les prochaines présidentielles ; elle doit y prendre part tout en se réorganisant, et elle ne doit pas aussi s’attendre à une possible victoire lors des prochaines présidentielles.
Les organisations de la société civile interpellées
En Afrique francophone, les débats d’idées ont généralement lieu au sein des partis politiques, et cela ne peut qu’aboutir à des résultats défavorables au développement – puisqu’il y a en toile de fond les intérêts partisans ainsi que personnels. Les organisations de la Société civile doivent donc s’insérer activement dans les affaires publiques comme politiques. Elles doivent défendre les intérêts des sans-voix (le peuple) : soumettre les actions du gouvernement, les programmes d’intervention, les politiques publiques etc. à de vigoureuses analyses et évaluations.
Le cas du Togo est très intéressant car les organisations et les responsables les plus connus de la société civile togolaise sont issus des partis politiques (de l’opposition). Compte tenu de la nature de leur travail, les OSC doivent toujours afficher une certaine neutralité dans leur cause. C’est en faisant ainsi qu’elles seront considérées et pèseront plus sur les affaires en lien avec la gouvernance du pays.
Les réformes constitutionnelles et institutionnelles sur la limitation du mandat du chef de l’État, le mode du scrutin, notamment à deux tours, et la mise en force des recommandations de la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR) par le gouvernement (comme le prévoient les textes signés de l’accord politique global de Ouagadougou en 2006), ou le récent dialogue politique entre le gouvernement et les partis parlementaires de l’opposition, n’ont pas vu la participation active des OSC. Ils se sont révélés des échecs, et même un grand échec pour les OSC togolaises, une illustration d’incompétence de leur part.
IMANI appelle l’ensemble de la société civile togolaise à se réveiller et à prendre conscience des questions qui viennent d’être évoquées. Les OSC doivent elles aussi se réorganiser, s’équiper de nouvelles stratégies et compétences, en harmonie avec les normes mondiales, développer un réseau fort de solidarité, de partage d’informations et de connaissances afin qu’elles puissent bien jouer leur rôle de défenseurs des intérêts du peuple.
Pour réussir les prochaines élections et éviter de plonger le pays dans une grave crise, plus meurtrière encore que celle de 2010, et soucieux d’aboutir à une situation irréversible, IMANI lance un appel à toutes les organisations de la société civile, à la classe politique et gouvernement togolais à prendre en compte les deux recommandations qui suivent :
1ere Recommandation :
Que l’État togolais, le plus tôt possible, organise un référendum sur la limitation de mandat du chef de l’État. L’opinion du peuple togolais jusqu’à ce niveau n’est pas sollicitée et pourtant c’est lui qui serait le plus vulnérable aux conséquences de toute action ou décision menée ou prise dans cette situation.
2e Recommandation :  Â
Les OSC doivent collaborer et organiser un débat d’urgence entre le gouvernement et les partis de l’opposition. Organisé d’une manière stratégique en vue de stimuler la participation massive de tous les partis concernés, le débat verra la participation notamment du chef de l’État et des différents candidats aux présidentielles. Au menu : tout à propos du pays et des citoyens, la bonne gouvernance, la gouvernance économique, la gouvernance politique, la corruption etc. Les participants seront soumis à des questions des OSC relatives aux principales thématiques de gouvernance qui viennent d’être évoquées.
Il faut rappeler que la situation politique au Togo demeure très compliquée ; la situation est grave et la tension est forte. Le pays connaîtra une fois encore des jours sombres dans son histoire si ces recommandations ne sont pas considérées, ou au moins dans le cas échéant qu’un mécanisme opératoire soit mis en place afin d’enrayer les lourdes conséquences que le pays pourrait vivre.
Avec, en moyenne, moins de 70 points de QI, les habitants du Togo ne peuvent réussir aucune élection démocratique. Fin du débat.