Comment l’État a participé à la création de l’internet

On ne peut pas réduire la création d’internet à une source unique, ni affirmer qu’internet n’aurait pas été développé sans l’investissement public. Internet est le fruit des efforts des milliers d’ingénieurs de l’État et du secteur privé.

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Comment l’État a participé à la création de l’internet

Publié le 17 juin 2014
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Par Steve Fritzinger, depuis les États-Unis.

InternetDans son désormais célèbre discours « You didn’t build that » [Vous n’avez pas construit ça, NDT], le président Obama a dit : « L’internet n’a pas été inventé tout seul. La recherche d’État a créé l’internet pour que toutes les entreprises puissent gagner de l’argent avec l’internet ».

L’affirmation d’Obama correspond à l’histoire conventionnelle de l’internet. Cette histoire ressemble à ceci : Dans les années 60 le Department of Defense [ministère de la défense américain, NDT] s’inquiétait de la possibilité de maintenir les communications après une attaque nucléaire. Alors, il a demandé à l’ARPA (Advanced Research Projects Agency 1 ) de concevoir un réseau qui pourrait fonctionner même si une partie de celui-ci était détruit par une explosion atomique. Les recherches de l’ARPA ont conduit à la création de l’ARPANET en 1969. Avec le financement et l’orientation de l’État, l’ARPANET est ensuite progressivement devenu l’internet d’aujourd’hui.

Comme tout bon mythe fondateur, cette histoire contient une part de vérité. Mais elle cache aussi une histoire bien plus complexe et intéressante. L’implication de l’État a à la fois aidé et retardé le développement de l’internet, souvent en même temps. Et, malgré ce qu’Obama prétend, l’État n’a pas créé internet « pour que toutes les entreprises puissent gagner de l’argent avec ».

L’idée d’une interconnexion de réseaux [internetworking, NDT] a été proposée pour la première fois au début des années 60 par le chercheur en informatique J. C. R. Licklider de Bolt, Beranek et Newman (BBN). BBN était une entreprise privée dont la spécialité était à l’origine l’ingénierie acoustique. Après avoir rencontré le succès dans ce secteur – par exemple, avec la conception de la salle de l’Assemblée Générale de l’ONU – BBN s’est développée dans la consultation généraliste en R&D. Licklider, qui avait un doctorat en psychoacoustique, a commencé à s’intéresser aux ordinateurs dans les années 50. En tant que vice-président de BBN, il dirigeait le cabinet de science du traitement de l’information de l’entreprise, qui se développait.

Dans une publication scientifique datée de 1962, Licklider a décrit un « réseau de réseaux » qu’il a appelé « réseau intergalactique d’ordinateurs ». Cette publication contenait un grand nombre des idées qui devaient finalement aboutir à l’internet. Son innovation la plus importante était la « commutation de paquets », une technique qui permet à plusieurs ordinateurs de rejoindre un réseau sans nécessiter d’onéreux liens directs entre chaque paire de machines.

Licklider a amené avec lui l’idée d’une interconnexion de réseaux lorsqu’il a rejoint l’ARPA en 1962. Là-bas, il a rencontré Ivan Sutherland et Bob Taylor, des légendes vivantes de l’informatique. Sutherland et Taylor ont continué à développer les idées de Licklider. Leur but était de créer un réseau qui permettrait une utilisation plus efficace des ordinateurs dispersés dans les universités et les laboratoires de l’État.

En 1968, l’ARPA a financé le premier réseau à paquets commutés à quatre nÅ“uds. Ce réseau ne faisait pas partie du plan du Department of Defense pour la survie post-apocalyptique. Il a été créé afin d’éviter à Taylor de changer de chaise toutes les cinq minutes. Taylor travaillait habituellement sur trois ordinateurs différents et en avait assez de passer de terminal en terminal. Le réseau devait permettre aux chercheurs comme Taylor d’accéder à des ordinateurs situés dans tout le pays sans avoir un terminal dédié pour chacun d’entre eux.

Le premier test de ce réseau a eu lieu en octobre 1969, quand Charley Kline, un étudiant de l’UCLA, a tenté de transmettre la commande « login » [se connecter, NDT] à une machine du Standford Research Institute. Le test n’a pas fonctionné. Le réseau a planté et le premier message à être transmis sur ce qui finirait par devenir l’internet fut simplement « lo » [un message d’échec, NDT].

Grâce à un peu plus de débogage, le réseau de quatre nœuds a fini par démarrer en décembre 1969, et l’ARPANET est né. Au cours des deux décennies suivantes l’ARPANET servirait de banc de tests pour l’interconnexion de réseaux. Il allait grandir, englober d’autres réseaux, et être transféré entre agences gouvernementales du Department of Defense. En ce qui concerne les agences non militaires, le NSFNET, mis en œuvre par la National Science Foundation 2 , a remplacé l’ARPANET en 1985. L’ARPANET a finalement été arrêté en février 1990. Le NSFNET a continué à fonctionner jusqu’en 1995, période durant laquelle il est devenu important sous-réseau principal [backbone, terme parfois utilisé en français, NDT] de l’internet qui était en train d’apparaître.

Durant toute son existence, l’ARPANET et la plupart de ses variantes ont été réservés aux agences d’État, aux universités, et aux entreprises qui travaillaient avec celles-ci. L’utilisation lucrative de ces réseaux était illégale. En raison de ses origines militaires, l’ARPANET n’a jamais été mise en œuvre par plus d’une poignée de structures. Lorsqu’il a autorisé le financement du NSFNET, le Congrès a spécifiquement indiqué qu’il ne devait être utilisé que pour des activités destinées « principalement à la recherche et à l’enseignement en sciences et en ingénierie ».

Pendant cette période l’immense majorité des gens étaient interdits d’accès aux réseaux naissants. Aucun des services, des applications ou des entreprises qui définissent l’internet d’aujourd’hui ne pouvaient exister dans cet environnement. Facebook a peut-être été créé par des étudiants, mais il n’était pas destiné « principalement à la recherche et à l’enseignement en sciences et en ingénierie ».

Cette environnement restrictif a finalement commencé à changer au milieu des années 80 avec l’arrivée des premiers serveurs télématiques et des premiers fournisseurs d’accès à des services en ligne. Des entreprises comme Compuserve, Prodigy et AOL ont tiré parti des ordinateurs personnels pour proposer des services réseau à travers le RTC (réseau téléphonique commuté). Avec seulement un PC et un MODEM, un abonné pouvait accéder à l’e-mail, aux newsgroups, et à d’autres services, avec toutefois la contrainte de bloquer la ligne téléphonique unique du foyer pendant des heures.

Au début des années 90, ces services commerciaux ont commencé à expérimenter entre eux et les systèmes hébergés par le NSFNET. Pouvoir accéder à des services hébergés sur un autre réseau augmentait la valeur d’un réseau, donc les fournisseurs de services ont été contraints de se relier pour survivre.

Les chercheurs de l’ARPANET, sous la direction de Vint Cerf et de Robert Kahn, avaient déjà créé un grand nombre des normes dont les fournisseurs d’accès internet (FAI) avaient besoin pour s’interconnecter. La plus importante de ces normes était le TCP/IP, Transmission Control Protocol / Internet Protocol. Dans les années 70 les ordinateurs utilisaient des technologies propriétaires pour créer des réseaux locaux. Le TCP/IP était l’« espéranto » qui a permis à ces réseaux de communiquer entre eux, peu importe qui les faisait fonctionner ou quels types d’ordinateurs étaient utilisés. Aujourd’hui la plupart de ces techniques propriétaires sont obsolètes et le TCP/IP est la langue maternelle de la mise en réseau. En raison du succès de TCP/IP, Cerf et Kahn sont connus comme les « pères de l’internet ».

Forcés de se relier, les fournisseurs d’accès ont rapidement adopté TC/IP pour transmettre les données entre leurs réseaux respectifs et avec le NSFNET. Le FAI moderne était né. Alors que ces liens étaient toujours techniquement illégaux, il était de plus en plus rarement tenu compte des restrictions à l’usage lucratif du NSFNET.

Les années 90 ont vu l’arrivée du World Wide Web 3 . Tim Berners-Lee, qui travaillait au laboratoire européen de physique nucléaire appelé CERN, a créé les URL [ Uniform Ressource Locator : l’adresse d’une page web, NDT], le HTTP [Hyper-Text Transfer Protocol, le protocole qui définit le concept de textes reliés entre eux par des liens URL, NDT] et le HTML [Hyper-Text Markup Language, le langage dans lequel les pages web sont écrites, NDT]. Ces trois technologies ont rendu plus facile de publier, de retrouver et de consulter de l’information en ligne. Le web est rapidement devenu l’utilisation la plus courante de l’internet.

Berners-Lee a fait donation de ces technologies à la communauté de l’internet et a été fait chevalier pour ses travaux en 2004.

En 1993, Mosaic, le premier navigateur web largement répandu, a été rendu disponible par le NCSA 4. Mosaic a été la première application internet à tirer pleinement parti du travail de Berners-Lee et a ouvert l’internet à un nouveau type d’utilisateur. Pour la premier fois l’internet est devenu « si simple que même ma mère peut s’en servir ».

Le NCSA a joué un rôle significatif dans la politique de l’élection présidentielle américaine. Il a été créé par le High Performance Computing & Communications Act de 1991 (la « loi Gore »). En 1999, le candidat à la présidentielle Al Gore a cité cette loi dans une interview au sujet de ses réalisations en tant que législateur, déclarant : « J’ai pris l’initiative de créer l’internet ». Ce commentaire a été raccourci en « J’ai créé l’internet » et est rapidement devenu une plaisanterie récurrente. Certains disent que ce propos a coûté à Gore la présidentielle de l’an 2000.

En 1992 le Scientific and Advanced Technology Act, une autre loi soutenue par Gore, a levé certaines des restrictions qui pesaient encore sur l’usage lucratif de l’internet. Au milieu de la décennie, toutes les briques nécessaires à l’internet moderne étaient en place.

En 1995, 26 ans après ses modestes débuts en tant qu’ARAPANET, l’internet était finalement libéré du contrôle de l’État. Le NSFNET a été arrêté. La mise en œuvre de l’internet est passée entre les mains de structures essentiellement privées, et toutes les interdictions d’usage lucratif ont été levées.

Anarchie, propriété et innovation

Aujourd’hui, l’internet peut être vu comme ayant trois couches, chacune avec ses parties prenantes, ses modèles économiques, et sa structure de gouvernance. Il y a les normes, comme TCP/IP, qui contrôlent comment l’information circule entre les réseaux, les infrastructures matérielles qui constituent le substrat des réseaux, et les appareils et les applications que la plupart des gens voient comme « l’internet ».

Comme l’internet est en réalité une série de réseaux séparés qui se sont regroupés volontairement, il n’y a pas d’autorité centrale unique qui le possède ou le contrôle. À la place, l’internet est régulé par une série de structures qui développent des technologies et garantissent l’interopérabilité. Ces structures, comme l’IETF, Internet Engineering Task Force, sont la forme d’anarchie ayant eu le plus de succès à ce jour.

L’anarchie, au sens habituel, signifie sans dirigeant, pas sans lois. L’IETF démontre à quel point une vraie anarchie peut bien fonctionner. L’IETF a peu de bureaucratie. Elle emploie des bénévoles. Les réunions sont dirigées par des participants choisis au hasard. Ce qui se rapproche le plus d’être un membre de l’IETF, c’est d’être abonné à une liste de diffusion qui concerne un projet et de faire le boulot. Tout le monde peut participer à n’importe quel projet simplement en participant aux réunions et en exprimant une opinion. La décision de sélectionner quelles idées seront intégrées dans les normes est prise d’une manière quasi-méritocratique.

Au niveau matériel l’internet est en fait une série de serveurs, de switches, et de câbles de fibre optique. Au moins aux Etats-Unis cette infrastructure est essentiellement privée et mise en œuvre par des entreprises à but lucratif telles que AT&T et Cox. Les connexions entre ces gros réseaux nationaux et internationaux est ce qui met le préfixe « inter » dans l’internet.

En tant qu’entreprises à but lucratif, les FAI se font concurrence pour capter les clients. Ils investissent dans des réseaux plus rapides, une couverture géographique plus large, et des matériels plus cool pour collecter plus de frais d’abonnement mensuels. Mais les FAI sont aussi des entreprises très réglementées. En plus de satisfaire leurs clients, elles doivent aussi satisfaire les régulateurs. Ceci fait du lobbying une part importante de leur activité. Si on en croit le site OpenSecrets du Center for Responsive Politics 5, les FAI et l’industrie des télécoms en général dépensent entre 55 et 65 millions de dollars par an pour tenter d’influencer les lois et les réglementations.

Quand la plupart des gens pensent à l’internet, ils ne pensent pas à une série de normes sur une étagère et à du matériel informatique dans un local technique. Ils pensent à leurs smartphones et à leurs tablettes et à des applications comme Twitter et Spotify. C’est là que l’innovation liée à l’internet a été la plus importante. C’est aussi là que l’État a eu le moins d’influence.

Durant ses 20 premières années l’internet et ses précurseurs fonctionnaient essentiellement avec du texte brut. Les applications les plus courantes, telles que le courrier électronique, Gopher (« Go for ») 6 et les newsgroups, avaient une interface en mode texte. Durant les 20 années pendant lesquelles les innovations à but lucratif ont été permises sur l’internet, le texte brut est devenu quasiment un vestige. Aujourd’hui, aux heures de pointe, presque la moitié du trafic réseau nord-américain provient des films et de la musique en streaming. D’autres services multimédia, comme le chat vidéo ou le partage de photos, représentent l’essentiel du temps que les gens passent sur l’internet.

Rien de toute cette innovation n’aurait pu advenir si l’internet était toujours sous le contrôle de l’État. Ces services ont été créés par les tentatives incontrôlées et parfois suivies d’échec d’entrepreneurs. Même si certains visionnaires ont exploré la possibilité d’un monde interconnecté graphiquement dès les années 60, aucun commissariat au plan ne savait que ces photos artificiellement vieillies prises sur un smartphone ultramoderne seraient une application importante de l’internet.

I, Internet

Quand Obama a dit que l’État a créé l’internet pour que les entreprises puissent faire de l’argent avec, il avait raison à moitié. L’État a directement financé la recherche originelle de nombreuses technologies de base de mise en réseau et embauché des personnes-clés comme Licklider, Taylor, Cerf et Kahn. Mais après avoir créé l’idée, l’État l’a laissée inexploitée pendant un quart de siècle et en a interdit l’accès à tous sauf à une poignée de personnes. Son immense potentiel économique a été gardé sous clé.

Pour les partisans des politiques de recherche publiques, l’internet prouve la valeur de leurs programmes. Mais l’argent public pourrait ne pas avoir été nécessaire pour créer l’internet. L’idée de l’interconnexion de réseaux est venue d’une entreprise privée, BBN. La montée en puissance des FAI dans les années 80 a montré que d’autres entreprises étaient prêtes à investir dedans. Une fois que les ordinateurs personnels et les services télématiques sont devenus disponibles, les gens ont rejoint les réseaux à but lucratif par millions. Les incitants économiques à l’interconnexion de ces premiers réseaux auraient probablement abouti à quelque chose qui ressemblerait beaucoup à l’internet d’aujourd’hui même si l’ARPANET n’avait jamais existé.

Au bout du compte, l’internet ne provient d’aucune source unique. Comme le modeste instrument d’écriture de Léonard Read, le crayon, aucune structure individuelle ne pouvait créer l’internet. Il a fallu les efforts de milliers d’ingénieurs de l’État et du secteur privé. Ces ingénieurs n’ont suivi aucun plan préétabli. Au lieu de cela, ils ont exploré les possibilités. Ils se sont affrontés. Ils ont fait des erreurs. Ils se sont amusés.

Finalement, ils ont créé un système qui relie un tiers de l’humanité. Maintenant, des entrepreneurs du monde entier cherchent les meilleurs moyens d’utiliser ce réseau.

Imaginez où nous serions aujourd’hui si cette recherche avait pu commencer cinq à dix ans plus tôt.

Publié initialement en anglais en octobre 2012. Traduction : Jabial pour Contrepoints.

  1. Agence des projets de recherche avancée, une agence du ministère de la défense américain chargée de développer des technologies militaires
  2. une agence gouvernementale de recherche scientifique analogue au CNRS
  3. toile d’araignée mondiale : les « pages web » que nous connaissons maintenant
  4. National Center for Supercomputing Applications, un partenariat entre l’État fédéral et l’Université de l’Illinois à but scientifique et technologique
  5. une association américaine qui suit le lobbying des entreprises
  6. un ancêtre du web que je vous invite à rechercher sur Wikipedia
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  • La création de l’Internet tient pour moi du miracle. Ce miracle tient au fait qu’il fonctionne en mode « non-connecté », c’est à dire que personne (aucune machine) nulle-part ne tient un registre des communications en cours entre les utilisateurs finaux et ne peut donc les restreindre (comme tout état serait tenté de le faire) ou de les facturer (comme tout entreprise serait tenté de le faire). Cela provient de la logique technique à la base du cahier des charge : être indépendant d’un point de controle pour ne pas présenter de vulnérabilité.

    Cela n’empêche pas de facturer certains services ou d’interdire certains type d’échange (mais le rend plus difficile). Mais à la base, tout est autorisé et gratuit – sauf ce qui est restreint et payant. Le contraire de l’étatisme, le dirigisme, le mercantilisme … C’est pour ça que ça marche et fournit un support à l’innovation et la création de valeur ajoutée. C’est un réseau libéral !

    Son contraire est le réseau des Minitels franco-français des années 80. Basé lui aussi sur une commutation de paquets dans un réseau nommé Transpac, il fonctionnait en mode connecté : les communications se font alors sous controle du gestionnaire de réseau qui établit, maintient et libère tous les liens de communication. Du coup il les controle et les facture ! Et en particulier Transpac facturait chaque connection suivant le débit et la durée, en plus de l’abonnement d’accès au service. Bref un réseau communautaire, publique, étatique, cher et peu performant qui n’a jamais servi pour le grand public qu’à connecter des minitels roses à des services d’escroquerie où l’on faisait volontairement trainer les interactions en longueur pour bien presser le citron.

    Bref, l’intérêt de l’état et des entreprises privées était la mise en place d’un réseau en mode connecté pour surveiller, controler, restreindre, facturer les échange. Tandis que l’intérêt de l’économie étatit la mise en place d’un réseau « pair à pair » sans controle. C’est donc un vrai miracle qu’Internet est émergé. Ou simplement le résultat d’une logique de sélection naturelle : ne survit que ce qui présente un intérêt et fonctionne sans contrainte bureaucratiques et sans taxes injustifiées : et dans ce cas, cette innovation devient incontournable.

  • N’oublions pas les BBS (Bulletin Board System), des précurseurs amateurs et privés de ce qu’allait être Internet ; notamment en terme d’usage.

  • En gros, des chercheurs privés travaillant à un moment pour l’État ont inventé internet pour leurs propres besoins et l’État a surtout interdit la concurrence.

    • Je dirais que Internet a été conçu pour l’état dans une logique militaire (résilience par décentralisation), que les universitaires l’ont développé et étendu parce que cela correspondait à leur besoin (absence de gestion centralisée), et que la logique économique libérale a permis à Internet de s’imposer malgré les états.

      On voit bien la frustration des étatistes à cause de l’absence de controle centralisé sous leur coupe, et de l’impossibilité économique de faire marche-arrière.

  • J’aime bien et j’aime pas cet article.

    J’aime bien parce qu’il fait un point historique, ce qui est finalement assez rare dans ces pages. Du coup j’apprends quelques petites faits. La pensée libérale serait bien inspirée de moins théoriser et davantage décrire comment les vraies choses se sont vraiment passées.

    J’aime pas parce qu’il essaie à tout prix de faire de l’histoire fiction du genre « si ma tante en avait ». On ne sait absolument pas ce qui se serait passé si untel avait fait ci au lieu de ça. C’est du flan.

    Ces faits s’inscrivent mal dans une perspective « Par l’Etat / Pas par Etat ». Perspective qui est le plus souvent stérile. Jusqu’à présent, pour le meilleur ou pour le pire, la puissance publique a toujours existé (hormis quelques épisodes d’absolu chaos qui ont laissé peu de bons souvenirs), et les libéraux feraient bien d’explorer et de réfléchir sur ce fait historique. L’histoire, encore.

    S’il fallait théoriser l’apparition de l’internet, je l’inscrirais davantage dans la relation complexe, YinYanguesque, qui lie pouvoir et télécommunications, de l’invention de l’écriture à celle de l’ordi quantique. Le pouvoir; s’il veut s’étendre et durer, a besoin de propagande, d’écrire ses édits, de transmettre d’info pendant les guerres, et d’éduquer ses cadres. Ne serait-ce que pour se défendre contre les Etats concurrents, les dirigeants sont voués à consacrer une partie des deniers publics à développer des infrastructures de communication même s’ils s’aperçoivent bien vite qu’ils n’arrivent pas à maîtriser les usages que les gens en font.

  • Il existe de nombreuses inventions réalisées à des fins militaires, qui entrent donc dans le champ régalien normal des Etats. Mais la diffusion de ces inventions aux marchés, lorsqu’elle advient, est le fruit d’une série d’événements indépendants échappant à toute volonté positive des Etats. Notamment, le processus par lequel une invention devient une innovation est au-delà des compétences étatiques habituelles. Ainsi, Internet n’est pas devenu ce qu’il est aujourd’hui à la suite d’une décision volontaire, d’un plan coordonné voulu par quelque fonctionnaire que ce soit.

    Par construction, par nature, l’Etat est incompétent au-delà du domaine régalien. Quelques exemples d’inventions singulièrement parcellaires ne justifient pas que les interventions étatiques au delà du régalien soient indispensables au progrès humain. Ces inventions font simplement partie du progrès mais elles sont loin d’être suffisantes. Dans de nombreux cas, on peine à voir en quoi elles seraient même nécessaires. Au contraire, il existe de multiples preuves démontrant que plus l’Etat intervient au-delà du domaine régalien, domaine dans lequel il devrait être strictement confiné, moins le potentiel d’innovation et de régulation des marchés est important, contrariant le progrès humain jusqu’à l’annuler (stagnation puis décroissance). L’obésité morbide des Etats rend finalement vaines les inventions réalisées dans le cadre de fonctionnement normal du domaine régalien, jusqu’à rendre vains les Etats eux-mêmes (effondrement inéluctable des institutions immorales).

    L’affaire du « You didn’t build that » expose simplement sous une lumière crue la démagogie sans limite des collectivistes étatistes dont Obama est un des plus virulents représentants. Elle montre la soif de domination des hommes de l’Etat, oubliant qu’ils ne sont jamais que des serviteurs. On doit ajouter que si l’Etat est effectivement à l’origine de telle ou telle invention, il n’y serait jamais parvenu sans les richesses prises par la force aux individus qui les ont créées. Nous ne devons rien aux Etats : les Etats nous doivent tout. Qu’ils rendent involontairement aux marchés, donc à nous tous, ce qu’ils ont pris, ne doit pas conduire l’honnête citoyen correctement éduqué à douter : rien ne justifie les Etats obèses.

    • « plus l’Etat intervient au-delà du domaine régalien, domaine dans lequel il devrait être strictement confiné, moins le potentiel d’innovation et de régulation des marchés est important,  »

      Depuis quand le militaire échappe-t-il au domaine régalien des pouvoirs publics ?

  • En tout cas une chose est sûre, Internet n’aurait jamais pu naître en France.

    • Bah non, la France avait le Minitel, que le monde entier n’a pas voulu copier ou nous acheter, complot surement…

    • parce que ce pauvre minitel a tout gâché (Michel Bon, PDG de France Telecom, disant qu’il n’y avait rien de mieux que ce bijou de la technologie française, qu’internet était un produit de mode et disparaitrait sous peu)

    • Naitre, si. La France n’était du tout en retard, le minitel est un engin tout à fait génial pour l’époque par exemple.
      Par contre se développer …

      • L’engin était génial mais le service nul. Ceux qui n’ont pas eu des enfants leur apportant des factures de 5000 ou 10000 francs de connexions mensuelles ne peuvent pas comprendre pourquoi de nombreux minitels finissaient par la fenêtre…

  • Les FAI en Amérique du nord sont très très corporatistes, ce qui se traduit notamment par une bande passante et une vitesse moyenne relativement basse pour des pays développés comme les États-Unis et la Canada.

    http://www.netindex.com/download/allcountries/

    http://www.reddit.com/r/technology/comments/22cti0/one_big_reason_we_lack_internet_competition/

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