Par Jean-Luc Ginder
La France doit se préparer à 20 ans de rigueur budgétaire et fiscale alors que l’État nous annonce un retournement de l’économie. Ce retournement serait d’une telle vigueur qu’il va permettre une inflexion de la politique économique. La France serait alors en mesure de distribuer du pouvoir d’achat à tous. Mon analyse m’incite à penser qu’il s’agit d’erreur de prévision ou de mensonge pour plusieurs raisons.
La première est que la dynamique de croissance n’est pas formidable. La preuve en est l’investissement faible et une consommation des ménages molle. La deuxième est que le niveau de déficit de finance publique se trouve au-dessus de la barre des 3% promis à l’Europe. Je l’avais déjà annoncé en 2012, la commission européenne le confirme. Ce qui est plus alarmant est que la France sera à un niveau de déficit de finance publique encore plus élevé en 2016 et 2017. Cela signifie que la rigueur budgétaire et fiscale seront la règle absolue en France.
Dans ces conditions extrêmes, comment la France pourrait-elle honorer l’engagement pris de redistribution ? J’irai même plus loin : la France s’est engagée dans le fameux pacte budgétaire pour atteindre le quasi équilibre structurel de finance publique mais surtout à réduire la dette publique d’année en année du niveau de 90% à 60% pour les 20 années à venir.
Malheureusement sans reprise économique domestique, 20 années, au mieux, de rigueur budgétaire et fiscale s’annoncent. Je ne peux pas imaginer comment le gouvernement pourra baisser les impôts, car mécaniquement les impôts vont augmenter et comment ce même gouvernement sera-il en mesure de redistribuer du pouvoir d’achat ?
François Hollande annonce aux Français « le retournement économique arrive » (JDD). La vérité économique est par ces propos altérée, déformée : toutes les données objectives dont nous disposons montrent qu’en France, contrairement à la zone euro, cela ne peut être le cas et l’annonce devient incompréhensible.
On annonce 3% soit 50 milliards d’économies au niveau des finances publiques : est pris le même risque que celui pris lors de l’annonce d’un inversement de la courbe du chômage sans reprise économique. Et la reprise n’est pas là, la reprise ne sera pas là !
Les chiffres nous disent qu’en France l’investissement a été constamment négatif, l’année dernière : -2%. On est donc loin d’une nouvelle croissance, le PNB de la France n’augmente pas.
La réalité est que la France ne dispose pas du moteur de croissance qui permettrait d’espérer une croissance économique autonome et auto-entretenue, ni dans la consommation, ni dans l’investissement (hors investissement d’entretien) et on sait déjà que l’effort au niveau de la dépense publique va être récessif. De plus, il faut noter que l’effondrement des taux de marge des entreprises françaises est catastrophique (27,7% en 2013).
Il serait donc plus judicieux et urgent de donner avant tout de l’oxygène aux entreprises. J’ai toujours soutenu une solution très nette et très radicale alliant la suppression des charges sur le SMIC et une baisse des charges sur les familles. Pourquoi cela est-il tellement nécessaire ? Parce que nous ne pouvons plus compter sur la compétitivité des entreprises françaises. Quand on voit ce qu’est la spécialisation de la France qui est au niveau de l’entrée et de la moyenne gamme, quand on voit les coûts de productions en France, on peut légitimement dire que tous les efforts de compétitivité nationaux sont annulés par le niveau d’un Euro qui navigue entre 1,30 et 1,40 (alors qu’il nous serait utile à 1,20).
Nous sommes au point crucial qui nous donne une idée du positionnement de la France à un niveau critique par rapport à sa dette publique et la voici qui s’enlise pour 20 ans dans la rigueur budgétaire et fiscale sans plus de moteur de reprise économique domestique alors que la vraie reprise économique s’amorce en Europe au Japon et ailleurs… je vous laisse juger de la suite.
D’accord avec l’analyse, pas du tout avec les mesures proposées.
L’urgence est de renoncer à la redistribution et de rétablir, chez les entreprises en premier, la vérité des retours sur initiatives et l’égalité de traitement, qu’elles embauchent des smicards ou des experts. Pour ce faire, il faut cesser de vouloir favoriser les plus faibles. Ca fait 35 ans qu’on favorise les plus faibles, on ferait de belles économies en favorisant les plus forts, pour qu’ils aillent nous rapporter de la richesse. Flat tax pour les entreprises ! Flat tax pour les particuliers ! Fin des monopoles ! Stabilité fiscale ! Transformation des normes en recommandations !
D’accord avec vous MichelO. La baisse des charges sur le smic n’a jamais rien produit de bon. Flat tax pour tous, en voilà une mesure qui me semblerait de bonnes augures pour le pays. Et fin de la solidarité obligatoire, fin des allocs, fin du quotient familial, conjugual, que chacun assume ses choix de vie.
+1
Si vous mettez une flat tax (très bonne idée, si vous devez encore avoir des impôts coercitifs) il faut bien que ça soit une imposition par foyer fiscal et que ce foyer ait une taille de 2 ou 3 ou 5 ou 10 doit être pris en compte (en fait, imposer le revenu par personne me semble ce qui est juste : non seulement ça ne supprime pas le quotient familial, ça l’augmente.) du fait de la liberté d’association.
Par contre, aucune raison que le foyer ne soit constitué que de Monsieur et Madame et leur enfants. Si vous voulez faire un foyer fiscal avec deux potes et quelques SDF libre à vous !
Tout à fait d’accord, les solutions sont mauvaises.
On a le choix entre continuer à plumer les classes moyennes sup, leurs entreprises, et redistribuer aux plus pauvres OU mettre tout le monde à égalité devant l’impôt, flat tax, réduction des impôts pour toutes les entreprises etc.
Tant qu’on restera sur la première option, on continuera de voir la croissance et l’investissement reculer, de même que les recettes fiscales, ce qui est effectivement le meilleur moyen de provoquer un demi-siècle de fiscalité délirante assortie d’une croissance nulle.
Personne ne parle ou n’ose parler de virer 1 à 2 millions de fonctionnaires (à à 3,5 millions d’€uros chacun en moyenne) en particulier ceux qui sont dans le ministères (les planqués) et bien d’autres…
J’y ai bien pensé, mais je crois qu’il faut être plus subtil. On continue à leur verser leur traitement (gelé et sans primes, faut pas exagérer), et on garde pour chacun une table, une chaise et une pointeuse. Ni téléphone, ni ordinateur, ni machine à café. Pourquoi les mettre dehors quand ils peuvent décider seuls de partir ?
En effet, on n’a pas besoin de les virer, juste rappeler que si l’Etat s’est engagé à les garder « à vie », eux ne sont pas prisonnier et peuvent partir. Après ce rappel, on baisse les salaires de 20% pour tous les « non-régaliens » et on aligne leurs retraites sur celles du privé.
Puis on n’augmente plus personne sauf en cas d’excédent budgétaire (à impôts constants). Et si on a un déficit, en année N, on baisse les salaires de la fonction publique, tous, en N+1, du montant nécessaire.
Je pense qu’on n’aura rapidement éliminé le problème d’excédent d’agents publics 😉
Suisse Genève : 5 lignes de déductions sur la fiche de paye
Suisse Alémanique : 4 lignes de déductions sur la fiche de paye
Luxembourg : 4 lignes de déductions sur la fiche de paye, 12.5% de charges coté salarié ❗
inutile d’en dire plus ❗
Où l’on voit bien que Genève ce n’est pas la « vraie Suisse »… Presque des français, ces gens… 😀
Oh oui, presque des Français … Par le déficit important à Genève, à la différence de Vaud qui a su maîtriser ses dépenses!
Grâce aux socialistes genevois, ils sont sur la bonne voie
« Mon analyse m’incite à penser qu’il s’agit d’erreur de prévision ou de mensonge pour plusieurs raisons »
Autre option : ces types sont tellement deconnectes des realites et peu habitues a ce qu’on les contredisent qu’ils pensent qu’il suffit de dire quelque chose pour que l’intendance suive…
La vraie solution pour redresser la France, pays potentiellement très riche, est libérale et il n’y en a pas d’autres: remettre le marché au centre du projet et supprimer environ les deux milions de fonctionnaires que nous avons en trop. Rappel: Allemagne, 50 fonctionnaires/1000 habitants; France, 90 fonctionnaires/1000 habitants. Tout est dit dans ces deux chiffres.
Si, temporairement, il faut aider qui que ce soit, ce doit être les salaires au delà de 2,5 Smic et non en dessous, car c’est là que se toruvent les emplois qualifiés qui vont créer les champions de demain.
Bien évidemment, on fait tout l’inverse.
« alors que la vraie reprise économique s’amorce en Europe au Japon et ailleurs » : rien n’est moins sûr.
De nombreux indices montrent au contraire que la reprise s’essouffle partout. Cette reprise ayant été la plus artificiellement subventionnée de l’histoire, l’heure de solder les comptes approche. C’est ce moment délicat où il devient impératif de rembourser les montagnes de dettes d’une manière ou d’une autre, avec à la clé éclatements de bulles, défauts publics, hyperinflation et répressions fiscales téléguidées par le FMI. Etant donné la situation de la France en haut du cycle, avec ses entreprises sans marge, ses ménages désespérés et ses gouvernements rapaces, on imagine dans quel état elle va se retrouver lorsque l’économie mondiale sera en bas de cycle.
Dans cet environnement international, 20 ans de rigueur paraissent singulièrement optimistes. Même le terme « rigueur » semble optimiste.
On ne saurait mieux dire…
» J’ai toujours soutenu une solution très nette et très radicale alliant la suppression des charges sur le SMIC et une baisse des charges sur les familles »
Les re-re-re-reductions de charges sur le smic n’ont pas montre une grande efficacité … et elles sont de toute maniere assez injustes. le smic doit disparaitre MAIS cela ne peut se faire sans qu’il y ai une grosse libération de la construction et … un effondrement de l’immobilier.
Ça a déjà été dit : ça fait des années qu’on subventionne le SMIC, qu’on réduit les charges sur le SMIC, et pour quel résultat…? Si la France veut se spécialiser dans l’entrée de gamme il faut l’assumer entièrement et réaliser qu’elle est en concurrence frontale avec le Vietnam, le Bangladesh, la Chine dans une moindre mesure (elle commence à monter en gamme), ou avec l’Espagne et le Maroc pour les denrées agricoles. Dans la situation fiscale et réglementaire actuelle ce n’est pas viable et ça ne le sera pas plus avec un euro à 0.80 dollar.
Non, pas 20 ans de rigueur fiscale. Plutôt 60 ans, à raison d’un taux de remboursement de 0.5%.
Pour le budgétaire, ils (UMPSFNFDG) tenteront de se faire réélire. Donc pas question de trop serrer la ceinture ❗
Il faut une réduction drastique de l’État-providence, de la dépense publique, de la réglementation.
Si elle se produit, pas besoin d’attendre la reprise 20 ans, ni même deux.
Sinon, les vingt ans qui viennent verront le déclin se poursuivre.
Il serait surtout temps de changer de paradigme…
Ce mythe de la croissance dans un monde fini avec une population croissante et un niveau de consommation qui s’est emballé, ne peut durer : nous allons droit dans le mur.
Donc ou bien comme le fait cet article, nous continuons à penser que c’est une « crise » à résoudre et que la croissance doit reprendre (médicalement, le terme « crise » est passager et suppose un retour à la normale ensuite : et bien non : il n’y aura pas de retour à la normale, c’est impossible !)
Ou bien nous admettons que le Vieux Monde est bel et bien fini, que les entreprises telles que nous les pensions au siècle dernier n’ont plus lieu d’être (vive les coopératives et l’économie sociale et solidaire) et qu’il nous faut maintenant passer à autre chose, apprendre à envisager les ressources comme étant épuisées d’ici quelques petites décennies et se préparer à être un peu plus malin…
la rigueur , je me l’impose a moi même , réduction du temps de travail (juste le strict nécessaire), journées de repos , balades en campagne , champignons ,pêche , chasse et jardinage . je vais pas m’acharner a faire un plus pour me le faire voler . tant que le système ne change pas ,moi non plus ,et ça me vas.