Le droit (et la bêtise) d’être égoïste (1/2)

La défense du « droit à être égoïste » est fondamentale, mais son exercice n’est pas le fondement d’une société libre.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Le droit (et la bêtise) d’être égoïste (1/2)

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 13 juillet 2014
- A +

Le libéralisme repose sur l’idée que nul n’a le droit d’initier l’usage de la violence à l’égard de son prochain. La paix permet l’échange et la coopération volontaire, la division (donc le choix) du travail, et les hommes sont récompensés par les fruits de leur travail.

Initier la violence, c’est attenter aussi bien à l’intégrité physique qu’à la propriété de son prochain ; si la violence est bannie, chacun peut vivre selon ses propres principes et valeurs sans nuire à autrui.

Le droit libéral est donc le droit d’être égoïste : ne pouvant être contraint à agir contre sa volonté, chacun fait, dans sa situation et avec ses objectifs, ses propres choix.

Pour autant, il faudrait avoir la vue bien courte pour considérer que le libéralisme est une défense de l’égoïsme. Qu’on ne puisse forcer personne à se montrer généreux ne veut pas dire que personne ne se montrera généreux – au contraire. Entre autres facteurs, la liberté favorise la charité, la prospérité bénéficie à tous (notamment parce que les prix baissent), et les individus expriment comme bon leur semble leur préoccupation et leur sensibilité pour le sort de leur prochain.

L’égoïsme que revendiquent certains libéraux (notamment Ayn Rand, auteur entre autres de « La vertu d’égoïsme »)) a une définition différente de l’image nombriliste que beaucoup s’en font. Il ne s’agit pas de n’œuvrer que pour soi, mais d’œuvrer à son propre bonheur, et rares sont ceux dont le bonheur est le plus grand quand ils sont isolés du monde ou entourés de proches et inconnus en détresse. Au contraire, se montrer généreux et soutenir les personnes, idées et causes qui nous sont chères contribue au bonheur.

Rien n’empêche, en théorie, que personne ne donne, ou que certaines causes soient délaissées. Comme rien n’empêche en théorie que l’écran ou le papier sur lesquels vous lisez cet article se désintègrent en un instant. Mais, compte tenu de la fréquence avec laquelle les détracteurs du libéralisme expriment leurs craintes et préoccupations pour autrui, sa santé, son éducation, son accès à la culture et bien d’autres pans de la vie, il semble très improbable que la générosité n’apparaisse jamais quand la redistribution forcée disparait – à moins qu’ils ne fassent tous partie de ces gens qui ne sont généreux qu’avec les ressources des autres.

C’est l’étroitesse de l’esprit humain qui, dans un monde n’offrant jamais aucunes certitudes, cherche à en créer artificiellement, mettant en place des chimères complexes pour assurer la redistribution en considérant qu’il est plus juste de partager de force que de partager par générosité. Rien n’assure en théorie qu’assez sera produit pour tous, et nombreux sont ceux qui, dans l’histoire de l’homme (et de toute espèce vivante) se sont éteints par manque de ressources ou dans des luttes pour se les approprier.

Si vous voulez une garantie, achetez-vous un grille-pain. – Clint Eastwood

Tenter de créer des certitudes par nature impossibles n’arrange rien. Au contraire. La contrainte détruit automatiquement de la valeur et éloigne d’autant l’optimum. C’est en laissant faire les hommes et grandir leurs projets qu’ils avancent.

Voir les commentaires (33)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (33)
  • Donc l’idée est de ne pas nous contraindre à, mais de nous laisser aider les autres, cela viendra naturellement.
    À tous les coups et pour tout le monde?

    • Sûrement pas « à tous les coups et pour tout le monde », mais en proportion largement assez suffisante pour rendre la générosité consentie plus operante que la fausse générosité contrainte.
      De plus, partant du constat que l’immense majorité de la population rejette le supposé manque de générosité des libéraux, on peut en conclure que cette immense majorité est quant à elle généreuse, non ? Étant donné le réservoir de gens naturellement généreux, il n’y a donc rien à redouter d’un système basé sur la générosité volontaire, non ?

    • À tous les coups sous entend déjà sue l’on devrait donner à quiconque, même aux gens qui ne le méritent pas ou que l’on ne souhaite pas aider. Et tout le monde sous entend que beaucoup de gens sont à aider.. Belle pensée collectiviste, vous décrivez tout à fait par votre phrase toute la pensée liberticide qui gouverne la France depuis des décennies, bravo. Relisez attentivement et sans biais liberticide l’article de Baptiste, qui répond très bien à vos interrogations.

    • « À tous les coups et pour tout le monde? »

      D’ailleurs, ou donc se trouve l’obligation?

    • L’idée c’est de ne pas nous contraindre à quoi que ce soit sauf à respecter la vie, la liberté et la propriété d’autrui. En dehors de ces devoirs qui correspondent aux droits naturels, il n’y a aucune raison de contraindre un égoïste à partager. Ca le regarde et pas vous.

      • « il n’y a aucune raison de contraindre un égoïste à partager. »

        Si ! C’est l’argument « chacun suivant ses moyens ». Si on arrive à persuader un nombre de gens suffisant que l’on a besoin d’un maximum de ressources pour éviter une catastrophe ou améliorer la situation globale, l’argument fait mouche. Et bien sur, ceux qui veulent imposer leur vues chercheront par tous les moyens à utiliser cet argument.

    • Est-ce que la redistribution « à tous les coups et pour tout le monde » justifie de détruire la liberté et la coercition ?
      Et est-ce que le « à tous les coups, pour tout le monde et à tous prix » est plus efficace que la charité spontanée ?

      • C’est une blague, Diogène ? Il y en a des milliers, bien sûr. J’en prends un au hasard qui coche bien les cases « grande échelle » et « sur la durée » : La Croix Rouge.

        Reste que les plus beaux exemples de charité spontanée sont surtout à trouver du coté des initiatives à plus petite échelle et infiniment moins médiatisés que la Croix Rouge.

    • La seule alternative à cette liberté est de tuer la bienveillance. Vous pouvez avoir , ou une société ou les gens s’entraident spontanément, ou une société où ils sont contraints de le faire ; tout système intermédiaire dérive vers l’un ou l’autre. Nous dérivons vers le deuxième cas, et je ne crois pas qu’un système répressif de ce genre puisse survivre dans le temps. Il viendra une génération, qui se demandera pourquoi on est obligé de d’entraider, au fait ? C’est comme ca qu’une société meurt.

    • Qd je dis « a tous les coups » : mon acte de générosité sera accepté et vu comme tel, et « pour tout le monde »: chacun de nous sera généreux avec son prochain…
      Je ne porte pas de jugement sur qui je peux aider ou non, je ne le cherche pas d’ailleurs. Et je fais ce que je peux sans que personne ne me le demande pour aider: générosité volontaire?

  • Que faites-cous de « l’intérêt général » ?

    L’intérêt général est bien entendu facilement détourné en générosité forcée (et redistribution) ou abus liberticides. Mais peut-on nier totalement l’existence de l’intérêt général (ou de son aspect indiscociable de la nature humaine) et donc d’une limite à l’égoïsme ?

    • rien n’empêche des individus libres de s’associer pour défendre un intérêt qu’ils estiment partager.

      Si un intérêt général existe, il sera mieux défendu par des individus libres égaux en droit sur la base du volontariat que par une autorité gérée par un petit groupes d’individus qui se sentent investis d’une mission.

    • Cette définition trouvée sur Wikiberal me semble une bonne réponse à votre question, Pragmatique : « l’intérêt général est la somme des intérêts individuels. Ces intérêts ne sont pas nécessairement des intérêts égoïstes ou altruistes : cette conception est neutre sur la nature des intérêts ou des aspirations particulières. Elle n’admet pas de volonté autre que celles des individus, tant d’un point de vue méthodologique que philosophique. »

      • C’est une bonne définition non équivoque.

        De fait, le seul moyen d’oeuvrer en faveur du véritable intérêt général c’est de défendre le droit naturel, la justice, la sécurité intérieure et extérieure, c’est tout.

        Ce qui est drôle avec le concept d’intérêt « général » des étatistes, socialistes, etc. c’est que s’il existe (ce qui est à démontrer), ce dernier est toujours circonscrit, en faveur d’un ensemble (bien souvent des corporations, syndicats, groupes d’individus, parfois un peuple) contre d’autres ensembles (peuples, etc.) :

        – Le colonialisme était un intéret « général » (supposé) d’un groupe (peuple) au détriment d’un autre.

        – La PAC est (selon les étatistes européistes) un intérêt « général », en réalité (globalement) il agit en défaveur des pays pauvres en baissant les prix de l’agriculture, or ces pays n’ont pas accès à des avantages comparatifs particuliers pour se développer, contrairement à nous.

        -Etc.

        Ainsi ce concept d’intérêt « général » n’est en réalité qu’un intérêt catégoriel en faveur d’un groupe à l’esprit monopoleur qui conçoit le monde comme d’un jeu à somme négative.

        Seul le libéralisme permet un véritable intérêt général « universel », somme des intérêts individuels issus du droit naturel, qui assure un optimum collectif qui n’est pas en faveur d’un groupe, d’un pays, ou d’un peuple particulier, mais de tous les individus.

    • La question de l’intérêt général est que même s’il existe, il est abstrait et faussé par l’idéologie.
      Comment démontrer que mettre une politique limitant l’intérêt individuel va à l’encontre de l’intérêt général ? Pourquoi ceux qui disent agir politiquement dans l’intérêt général n’ont jamais à démontrer que leur action va bien dans ce sens ?

      La supériorité sociale et morale de l’économie libre de marché est qu’il fait que la réalisation des intérêts individuels contribuent à l’intérêt général, là où la mise en commun des moyens de production font que ceux-ci lui sont nuisibles via la tragédie des communs, par le dilemme du prisonnier…

      • Je ne doute pas que « l’intérêt général » soit faussé par l’idéologie. Mais est-il si abstrait ? Il correspond à notre nature de « bande de singes » vivant en clans. Je suis près à parier que notre nature libérale est tout aussi atavique et est même ce qui a permis à l’homo-sapiens de conquérir le monde.

        De fait, une idéologie socialiste ou libérale devrait définir la place du libéralisme et du socialisme. Il me semble difficile d’en nier tant l’aspect instinctif que l’aspect pratique. Quand les socialistes « tolèrent » le libéralisme, parce qu’il comprennent que c’est ce qui produit les richesses (ou simplement la subsistence), il me semble qu’ils font la preuve de l’absurdité de leur doctrine. Le libéralisme se doit aussi de définir la place du « socialisme » ou plus généralement de l’intérêt commun, pour ne pas tomber dans un travers similaire.

      • Ah ces libéraux dogmatiques et ignorants de la théorie des jeux, des monopoles naturels, des coûts moyens strictement décroissants, des comportements anticoncurrentiels dans une économie dérégulée « libre » de marché …

        Allez un petit cours : http://www.youtube.com/watch?v=ZYkbXe_lmBo

        • Vous affirmez notre ignorance sans rien y savoir, et n’apportez rien à la conversation par votre commentaire. A qui voudriez-vous donner cours ?

        • L’irrésistible propention des socialistes a venir ici, a nous regarder de très haut, et « a nous donner des cours ».
          Ca ne rate jamais, tout finit pas un gars qui veut nous donner des cours.

          Nous n’adhérons pas au socialisme : nous avons besoin d’être éduqués.
          Si ca ne marche pas, il faudra nous rééduquer. Dans des structures spécialisées par exemple.

          Ces gars avec leur morgue de grands humanistes me font peur…

        • Nous sommes des libéraux dogmatiques et ignorants, mais heureusement Cybercitoyen nous apporte la lumière à travers une video de… Universcience, établissement public du Palais de la découverte et de la Cité des sciences et de l’industrie (EPPDCSI) placé sous la double tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et du ministère de la Culture et de la Communication.

          Ouf, nous allons finalement pouvoir guérir de notre dogmatisme et de notre ignorance.

        • Evidemment, que tout ce dont Cybercitoyen nous rebat les oreilles s’applique 100 fois à son monopole favori ne semble pas l’effleurer un instant.
          Un peu court.

  • Le sens du partage n’a pas à être forcé. Il est naturel chez l’homme qui utilise cette qualité comme bon lui semble, quand bon lui semble, et avec qui il veut. L’histoire nous le prouve et les communautés qui se forment naturellement autour d’un intérêt commun aussi. S’il n’en était pas ainsi jamais l’humanité n’aurait pu survivre.
    Certains ne partagent peut être pas comme vous le voudriez vous, mais personne n’a le droit de diriger le sens du partage d’autrui s’il ne correspond pas au vôtre.

  • « L’égoïsme que revendiquent certains libéraux (notamment Ayn Rand, auteur entre autres de « La vertu d’égoïsme ») a une définition différente de l’image nombriliste que beaucoup s’en font. »

    Quand on connaît le nombrilisme proprement délirant de Rand, ce propos fait sourire.

  • « Le libéralisme repose sur l’idée que nul n’a le droit d’initier l’usage de la violence à l’égard de son prochain. »

    ?????

  • Faire-simple.gouv.fr
    Allez donner vos idées.
    Attention, grosse censure.
    Il faut être Malin.

  • Il y a peu je tombai chez mes beau parent sur le livre d’un célèbre moine bouddhiste français…. Un bouquin qui parle de la générosité, des bisous et tralala… Un succès de vente…
    En le parcourant de travers je tombe sur un passage sur Rand…. quelle tristesse de voir quels préjugés et quelle mauvaise lecture avait pu en faire l’auteur. Manifestement, il était à cours d’idée pour répondre à Ayn Rand….

    • Plaidoyer pour l’altruisme de Matthieu Ricard. Oui, il est évident que ce gars n’a jamais lu Rand, mais que ca ne l’empêche pas d’en parler. Comme Pascal sur ce forum, d’ailleurs.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Rainer Zitelmann, historien, sociologue et contributeur régulier pour Contrepoints propose une série de 8 articles autour de son livre In Defense of Capitalism qui vise à désarmer certains préjugés des pourfendeurs du capitalisme.

L'économiste britannique Paul Collier a rassemblé une série de propositions sur la manière dont le capitalisme devrait être « réformé ». Il critique le « déficit moral » auquel est confronté le « capitalisme moderne » et affirme que « la cupidité est bonne » – la phrase emblématique de Gordon Gekko dans le fi... Poursuivre la lecture

3
Sauvegarder cet article

Pour écouter le passage de Mathilde Berger-Perrin dans le podcast de Contrepoints : cliquer ici.

De la toute fraîche publication de Ayn Rand, l'égoïsme comme héroïsme signé de Mathilde Berger-Perrin (1) dans une collection de vulgarisation exigeante pour grand public « éclairé », on ne peut d'entrée de jeu que se réjouir.

Jusqu'à présent, en France, Ayn Rand devenait de moins en moins inconnue, mais insuffisamment, bien qu'au pays le plus social-étatiste d'Occident les ventes de La Grève (plus de 20 000 exemplaires) se soient ré... Poursuivre la lecture

Par Barry Brownstein. Un article de la Foundation for Economic Education

Il y a quelques années, l’une de mes étudiantes de MBA, immigrée d'Albanie et ayant grandi dans un système communiste, échangeait avec ses camarades de classe sur ce qu'elle considérait être la différence de mentalité la plus inattendue entre les Américains et les Albanais.

Avec beaucoup d’émotion, elle expliquait qu'en Albanie, la charité était rare : se soucier de quelqu'un d'autre que de soi-même ou de sa famille était peu courant. En revanche, elle perc... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles