Réforme à la Juncker : plus d’UE, toujours et partout

La réponse de Bruxelles est toujours, comme elle l’a toujours été, « plus d’Europe ».

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Jean-Claude Juncker (Crédits : European Parliament, licence Creative Commons)

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Réforme à la Juncker : plus d’UE, toujours et partout

Publié le 16 juillet 2014
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Par Daniel Hannan.

Jean-Claude Juncker (Crédits : European Parliament, licence Creative Commons)

L’UE peut bien avoir été secouée par la crise de l’union monétaire. Les récentes élections européennes peuvent bien avoir vu des avancées sans précédent des partis eurosceptiques. Mais la réponse de Bruxelles est toujours, comme elle l’a toujours été, « plus d’Europe ».

En s’adressant aux eurodéputés hier matin, Jean-Claude Juncker a offert un euro-zèle inaltéré digne des années 50. La monnaie unique, a-t-il dit, a protégé l’Europe et protégé ses citoyens. (Ça doit être une nouvelle pour les 19 millions de chômeurs de la zone euro, mais voilà). Nous avons besoin de nous souvenir, a-t-il ajouté, que les marchés sont là pour servir les gens, et non l’inverse. Ça veut dire combattre le « dumping social ». Ça veut dire adopter un salaire minimum à l’échelle de l’Union Européenne. Ça veut dire l’harmonisation fiscale. Ça veut dire dépenser 300 milliards d’euro en « investissements ». Ça veut dire une politique énergétique commune, et la fusion des politiques étrangères et de défense. M. Juncker a appelé tout ça « des réformes ».

Et juste au cas où son argument aurait échappé à quelqu’un, il a conclu en chantant les louanges des hommes qui l’ont inspiré : François Mitterrand et Helmut Kohl. Les eurodéputés ont solidement applaudi. Peu importent les scandales de financements louches qui ont englouti ces patriarches maastrichiens dans leurs dernières années : les valises pleines de cash, les caisses noires qui ont valu au Chancelier allemand le surnom de « Don Kohleone ». Tout ça, ils l’ont fait pour l’Europe ! Plus que tout, nous a dit Juncker, il voulait rendre hommage à l’homme qu’il voit comme son héros, Jacques Delors.

Que nous dit le fait qu’un tel homme, qui partage de telles vues, ait été nommé par 26 voix contre 2, sur l’équilibre des opinions dans l’UE ? Comment quiconque peut-il soutenir l’argument que la réforme telle que l’entendent les Britanniques – moins de pouvoirs pour Bruxelles, plus pour les électorats nationaux – est sérieusement sur la table ? Le nouveau ministre des Affaires étrangères du Royaume-Uni, Philip Hammond, a déclaré récemment qu’il voterait pour sortir de l’UE dans les termes actuels. Eh bien, il est maintenant clair que le referendum qui vient se fera dans les termes actuels – plus ou moins quelques trucages optiques. Je me réjouis d’avance de te voir me rejoindre dans la campagne pour le « Non », Philip.


Sur le Web. Traduction : Contrepoints.

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  • Il y a deux conceptions des affaires européennes. Celle qui considère que l’UE doit puiser sa légitimité avant toute chose dans la volonté des diplomaties nationales (nationalisme) et celle qui, dans une démarche plus libérale, veut qu’elle puise sa légitimité directement dans la volonté des individus (fédéralisme).

    Daniel Hanan fait clairement partie de la première catégorie en s’opposant à la démocratisation des institutions européennes. Dès lors il ne faut pas s’étonner de la mauvaise foi dans cet article envers un Juncker beaucoup trop fédéraliste à son goût.

    Il ne précise pas que Juncker préconise d’alléger les règlementations, qu’il réclame plus de subsidiarité. Qu’il veut essayer d’implémenter des réformes structurelles pour libéraliser les économies nationales, qu’il veut un espace européen plus intégré afin de conforter les libertés à l’échelle continentale…Bref Juncker a ses défauts et n’était peut-être pas le candidat le plus libéral, mais certaines parties de son programme sont intéressantes.

    Rajoutons que la liberté et la démocratie sont des notions universelles. Ceux qui sont incapables de concevoir ces notions en dehors du simple cadre national sont des nationalistes par définition aux antipodes de l’idéal libéral.

    • Si la subsidiarité procède des souverainetés locales (nations, cantons, communes) pour définir le minimum central on peut réconcilier les deux conceptions. Ce serait la voie fédérale.
      Mais si l’on part du principe que c’est le centre qui a la légitimité d’un pouvoir total et qui en délègue des parties, alors les oppositions et résistance locales (nationales) seront implacables. Ce serait la voie unioniste.
      Dans les deux cas il y aurait « plus d’Europe » mais pas du tout de la même essence.

      Une troisième voie est celle de l’accord multilatéral réduit à des principes simples, avant tout orienté vers les échanges économiques. Ce serait la voie libre-échangiste. Dans ce cas ce serait « moins d’Europe ».

      Une quatrième voie est celle de la multitudes d’accords bilatéraux, comme avant la seconde guerre mondiale, ce qui dans le passé a mené à des alliances plus ou moins stables et génératrices de guerres. Ça serait la voie nationaliste, « pas d’Europe ».

      • A partir du moment où les actes constitutifs qui fondent l’autorité de l’Union européenne sont révisés/élaborés/votés/adoptés selon une dynamique démocratique et transnationale (par opposition au processus diplomatique), on est dans une Europe fédérale.

        Ainsi on peut être fédéraliste (vouloir que l’Union européenne puise sa légitimité directement dans la volonté des individus) et vouloir moins de compétences pour l’Union européenne.
        La question de la répartition des compétences est indépendante de la question fédérale.

        • « La question de la répartition des compétences est indépendante de la question fédérale. »

          Pas d’accord! C’est complètement lié.
          Une compétence générale centrale qui délègue (exemple: la France) est bien différente de compétences limitées confiées par des confédérés à un gouvernement commun (exemple: la Suisse).

          À noter que dans un pays comme l’Espagne le régime centralisé est mis en brèche par le statut du Pays basque et de la Navarre que les Catalans et d’autres communauté autonomes du pays aimeraient bien aussi avoir.
          Tendance au fédéralisme, voire au séparatisme nationaliste.

          À noter aussi que dans un pays comme la Suisse des centralisations insidieuses se font à coup de propositions de type utilitaires, ou de politiques de bas niveau comme par exemple la nouvelle loi d’aménagement du territoire ou l’interdiction de la construction des minarets, deux sujets qui n’ont rien à faire au niveau du gouvernement fédéral.
          Tendance centralisatrice car celui qui est au centre tend à y agglomérer les pouvoirs. Grand danger similaire à la Commission et au Parlement européen.

          • Je maintiens ce que je dis. Vous pouvez transférer au niveau européen toutes les compétences du monde entier mais si le fonctionnement de l’Union européenne reste régir par des rapports diplomatiques, nous ne sommes pas dans une Europe fédérale.

            À l’inverse, si le fonctionnement des institutions européennes dépend de rapports démocratiques & citoyens (des institutions responsables devant le suffrage universel européen), alors on est dans une Europe fédérale peu importe la teneur des compétences transférées au niveau communautaire.

            • Si l’on reste dans un rapport diplomatique comme vous le dites, alors il ne peut que s’agir d’une zone régie par traités, par exemple de libre-échange. Ce n’est déjà plus le cas de l’UE.
              Si les institutions vont plus loin (« plus d’Europe ») alors c’est tout démocratiquement qu’un système centraliste ou fédéral pourrait s’installer.
              Actuellement on n’en sait trop rien car, en simplifiant, les uns veulent le libre échange (Royaume encore Uni), les autres un régime de nationalismes jalousement protégés (la France malgré les professions de foi européenne qui y sont faites par tous les bords, car ils sont tous colbertistes), les petits états membres souhaitent un régime le plus fédéral possible, et les institutions de Bruxelles et de Strasbourg agissent dans le sens du pouvoir centralisateur, autoritaire si possible (… et à la fin, comme au football, c’est l’Allemagne qui imposera ses vues;).
              La démocratie n’est qu’un processus de formation de l’opinion et de prise de décision. On peut se choisir des institutions de toutes sortes par un processus démocratique, fédérales ou non.

    • Quel passage du billet s’oppose à la démocratisation des institutions ? Merci de donner le passage exact sans transformation, pour éviter des complications inutiles dans la discussion.

      Combien de fois les avons-nous entendu promettre d’alléger les règlementations, et plus de subsidiarité ? Quels résultats concrets de ces promesses constatons-nous ? Qui croit que c’est justement maintenant que ça va enfin changer, au vu de la réalité observable de ces dernières décennies ? Par quel miracle ?

      Qui défend encore Juncker ? http://www.contrepoints.org/2011/05/10/24542-juncker-vous-devez-mentir-quand-cela-devient-important

      Pour être bien clair, sur le nationalisme je m’inscris en ligne avec ceci : http://www.contrepoints.org/2013/11/19/146659-le-nationalisme-une-insulte-a-la-raison

      • L’auteur fait partie du groupe des conservateurs britanniques qui s’opposent à la politisation des institutions européennes et donc à leur démocratisation. Ce groupe est incapable de voir l’Europe autrement qu’à travers le prisme de rapports diplomatiques car il déteste l’idée qu’une démocratie qui s’émancipe du cadre national.

        Maintenant, tout comme l’auteur, pour critiquer Juncker, je me base sur ses dires étant donné qu’il n’est pas encore entré en fonction. Or l’auteur omet beaucoup d’éléments du discours de Juncker qui peuvent s’avérer intéressants pour les libéraux.

    • Comme nous l’expérimentons chaque jours le démocratie n’est pas la panacée et ses vertus tiennent largement du fantasmes. Une Europe démocratique peux parfaitement posséder toutes les tares possibles et imaginables (obésités, autoritarisme, règne des fonctionnaires, politiques intrusive et dépensières, répression des liberté, négation de le propriétés, vole par l’impôts…). Juncker n’est un qu’un apparatchik du système, il n’est pas pire que les autres mais pas meilleur non plus et on ne peut certainement pas compter sur lui pour une évolution libérale de l’europe. C’est bien le contraire qui va se produire.

  • « Ça veut dire combattre le « dumping social ». Ça veut dire adopter un salaire minimum à l’échelle de l’Union Européenne. Ça veut dire l’harmonisation fiscale. Ça veut dire dépenser 300 milliards d’euro en « investissements ». Ça veut dire une politique énergétique commune, et la fusion des politiques étrangères et de défense. »

    Ouille ouille ouille…
    Ça pue le constructivisme à plein nez et l’égalité de conditions… Comme si l’harmonisation sociale et fiscale existait entre les régions et les villes d’un même pays, comme si on pouvait imposer des conditions égales dans des régions dont le contexte économique est complètement différent…
    Bientôt, on va un code maritime pour les pays montagneux comme l’Autriche ?

    Dépenser 300Mds d’investissements, cela signifie nationaliser ces 300Mds d’investissements, alors qu’il faut privatiser et libéraliser ces investissements.

  • L’UE subsidiaire est un mythe, on est pas aux USA en 1789,
    nos dirigeants ne sont pas Washington ni Jefferson.

    Libéraux, wake up, militez pour fédéraliser la France, pas pour fédéraliser l’Europe.

  • Quand on réclame 300 milliards d’euros gratuit pour faire des investissements, j’ai bien peur de ce genre de « libéralisme ». Enfin, une petite question, qui est le deuxième pays à avoir voté contre Juncker?

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