BPI : Bureaucratie, Protectionnisme, Inefficacité

Est-ce vraiment le rôle de la puissance publique que de faire du « bon business », nous déclare le directeur de la BPI ?

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BPI : Bureaucratie, Protectionnisme, Inefficacité

Publié le 22 juillet 2014
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Par Sébastien Laye
Un article de GenerationLibre.

imgscan contrepoints986 BPIL’investissement public n’est pas seulement coûteux : il est, en lui-même, contestable, tant il peut générer d’effets pervers : distorsions de marché, éviction du secteur privé, aléa moral et déresponsabilisation liés à la garantie souveraine implicite, sans compter les multiples pressions politiques auquel il se prête.

Traditionnellement dévolu à la Caisse des Dépôts et Consignations, l’investissement public français avait été mis en sourdine après le scandale du Crédit Lyonnais, Pierre Bérégovoy ayant développé à l’époque une doctrine de non-intervention. Il a hélas pris un nouvel élan avec la création du FSI en novembre 2008, qui se voulait la réplique des « fonds souverains » du Qatar ou de Singapour. Vicissitudes des aléas électoraux en même temps que constat d’échec, le FSI s’est ensuite vu diluer au sein d’une nouvelle institution, la Banque Publique d’Investissement (BPI), dès le changement de majorité. Étrange croisement entre une banque publique et un fonds activiste, la BPI s’immisce dans l’économie du pays de manière conséquente, puisqu’elle est responsable de près d’un investissement en fonds propres sur dix.

Réflexe quasi-atavique de nature colbertiste, instrument de pouvoir économique au service de la classe politique, la BPI pose la question plus large de l’impact, en termes d’externalités négatives, de cet incessant interventionnisme de l’administration française dans la vie des affaires, nuisible à l’attractivité du pays comme au jeu naturel des fusions-acquisitions. L’État, qui d’une main taxe et décourage le capital-risque, se substitue de l’autre au marché, au risque de devenir investisseur de référence, et d’induire des comportements de soumission de la part des acteurs économiques. Est-ce vraiment le rôle de la puissance publique que de faire du « bon business », pour reprendre l’expression désarmante de sincérité du directeur de la BPI ?

Dans un rapport de GenerationLibre, nous mettons en lumière  de nombreux investissements douteux de la BPI, comme la prise de participation dans la compagnie minière Eramet ou l’acquisition conjointe de Constellium avec le fonds Apollo ; comme nous le montrons, le portefeuille de la BPI est essentiellement composé de sociétés cotées en bourse (avec le seul but – discutable en soi – d’empêcher les rachats étrangers) ou des sociétés familiales en difficulté. Les critères d’investissement sont flous et laissent augurer de restructurations difficiles dans les années à venir.

Nous plaidons dans cette note pour un recentrage de l’actuelle BPI sur deux types d’intervention seulement : le financement de long terme de l’innovation et un rôle indirect de multiplicateur du crédit (sur le modèle de KfW, la banque publique allemande). La BPI financerait ce large effort par la vente des participations actuelles du FSI dans des sociétés cotées, qui générerait 3 milliards d’euros selon les estimations les plus conservatrices. De facto, la BPI abandonnerait deux fonctions problématiques à l’heure actuelle : ses participations en Bourse et les prêts directs aux entreprises.

Par ailleurs, la gouvernance de la BPI doit être assainie et ses statuts révisés dans le sens d’un contrôle accru, avec un devoir fiduciaire à l’égard des contribuables. Il n’est pas normal que l’État s’exempte des régulations qu’il impose aux acteurs économiques.

Enfin, la BPI devrait s’engager dans une politique d’open data pour mettre à disposition des épargnants et des investisseurs les informations de marché qu’elle possède, afin de permettre l’optimisation de la prise de décision économique.

N’oublions pas que le rôle d’une banque publique n’est pas de faire concurrence (déloyale) au secteur privé, mais de lui servir modestement de tremplin, en espérant qu’un jour celui-ci n’ait plus besoin d’elle. Si elle œuvrait véritablement pour l’intérêt général, la BPI ne devrait poursuivre qu’un seul objectif : sa propre disparition.

Lire l’étude complète : BPI : Bureaucratie, Protectionnisme, Inefficacité


Sur le web.

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  • « Si elle œuvrait véritablement pour l’intérêt général » : voeu pieux ! Il y a belle lurette que les socialistes ont perdu de vu tout ce qui pouvait ressembler de près ou de loin à l’intérêt général, pour se contenter de favoriser des intérêts catégoriels, quand il ne s’agit pas d’intérêts privés stricto sensu. Et ce sont les mêmes qui, sans honte, osent donner aux Français des leçons de morale.

    • les socialos ont une tendance à confondre intéret général et intéret personnel. ils croient que l’intéret général s’est leurs intérets personnels

      • Complètement. Pour eux, intérêt général = redistribution à tous les étages, mais surtout le leur. Et gare à celui qui dirait que leur vision de l’intérêt général ne leur donne pas le droit de l’imposer aux autres…

  • Petit message à M. Le Honzec, s’il passe par ici : BPI le dinosaure m’a bien fait rire. Merci.

  • On comprend pas pourquoi n’avez vous pas confiance?
    Que vous avez l’esprit suspicieux!

    Jean Pierre Joyet le président de la caisse des dépôts et un « ami » intime de Hollande. Il a fait l’ENA, pas l’école de banque…
    Vous doutez de sa compétence?
    Contrôlé par Henri Emmanuelli condamné à 18 mois de prison pour dix-huit mois de prison pour fraude comme ancien trésorier du PS.
    Vous doutez de son intégrité?
    Avec 2 membres de Lazard Frères dans le comité de direction de la Caisse des dépots et le contrat de mise en place de la BPI.
    Vous imaginez du trafic d’influence ?
    Avec plusieurs tentatives d’OPA risquées comme sur SFR associé a des entreprises dépendantes de contrat d’état.
    Vous imaginez du capitalisme de connivence ?

    Que vous avez l’esprit mal tourné! Ils n’oseraient pas jouer au casino avec l’argent des possesseurs du livret A….
    il n’y a aucun doute légitime a avoir!…….Enfin presque.

    • En fait pour la BPI je vois surtout du : « c’est du pognon public, donc je le mets ou c’est super risqué et où ca ne rapporte rien », genre la SNCM. Voila un investissement d’avenir.

  • « N’oublions pas que le rôle d’une banque publique n’est pas de faire concurrence (déloyale) au secteur privé » : le rôle d’une banque publique, c’est de ne pas exister, point barre.
    Vous allez dire que les banques privées ne prêtent pas d’argent aux entreprises ?
    Normal, qui change tellement les règles du jeu que plus personne n’y voit clair ?
    Normal, qui est tellement endetté qu’il mobilise à lui seul la modique somme de 2000 milliards d’euros, qui pourraient utilement financer les entreprises ?
    Normal, qui assomme de taxes, impôts et charges au point de réduire toute capacité d’autofinancement et donc la confiance des banques ?

    Eh ben oui, l’Etat. Oh wait – le même qui nous distribue quelques confiseries avec la BPI alors qu’il pille les placards, le grenier, le frigo et la tirelire…

    • Attends, les sucreries, elles sont sous clé et réservées aux copains. J’ai essayé de leur passer quelques dossiers pour voir, et c’est toujours niet.

  • Ce rapport est intéressant mais ne traite qu’une faible partie de l’activité du monstre BPi. Il reste de nombreuses opérations marquées par la corruption, les abus, les distorsions de concurrence, la collusion, la concurrence déloyale et les conflits d’intérêts. L’essentiel, en fait.

  • Syndrome du Crédit Lyonnais, avec pour dirigeant de fait, Tonton premier ? Quelles casseroles !

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