Par Jacques Henry.
La controverse « amazonienne » a agité les médias et les crânes d’œuf du gouvernement, et pour cause ! Tout simplement parce que l’hyper-puissant groupe Hachette était derrière cette soi-disant envolée lyrique de protection de l’exception culturelle française. Ou plutôt non, Hachette croyait à tort qu’Amazon lui ferait perdre de l’argent en acheminant gratuitement les livres papier au domicile des clients et que les e-books, traduisez livres électroniques, vendus par Amazon pourraient peut-être bien miner les bénéfices du groupe. En quelque sorte un pugilat entre deux géants avec comme ring l’Hexagone et comme arbitre le gouvernement qui apparemment n’a rien compris du tout aux règles du jeu, trop préoccupé de répondre aux exigences d’Hachette et de satisfaire quelques idéologues rétrogrades opposés par principe à Amazon.
Situation de blocage
Parlons donc plus spécifiquement des e-books qu’on achète en ligne et au sujet desquels Amazon vient de publier une mise au point sur son forum Kindle. Il précise que son combat est d’obtenir une réduction de 30% des e-books, mettant à contribution les éditeurs (comme Hachette), qui doivent consentir une diminution de leurs marges déjà presque obscènes. Hachette a fait courir le bruit qu’Amazon exigeait un rabais de 50%, ce qui n’est pas vrai. La situation de blocage qui résulte de ces discussions sans fin auxquelles a pris part le gouvernement – qui n’avait strictement rien à voir dans cette affaire – a exaspéré les auteurs.
Il faut les comprendre. Ils perçoivent au mieux, c’est-à-dire dans le meilleur des cas, 25% du prix de vente. Amazon est un passage obligé pour ceux qui mettent leurs œuvres en ligne. Amazon considère qu’équitablement le prix d’un e-book devrait se répartir ainsi : 35% pour l’auteur, 35% pour l’éditeur et 30% pour Amazon. En faisant cette proposition, Hachette s’est senti spolié alors que 30% pour Amazon, frais d’envoi compris, était le pourcentage imposé par Hachette en 2010 à la suite d’une entente illicite avec ses concurrents pour augmenter autoritairement le prix des e-books à 14,99 $, dont Apple !
Les auteurs paieront
Apple comme Hachette (!) et d’autres maisons d’édition ont d’ailleurs eu des démêlés avec la justice américaine à ce sujet pour violation de la loi anti-trust… Le calcul fait par Amazon est pourtant simple : plutôt que de vendre un e-book 14,99 $ – je n’ai pas converti en € – Amazon préconise un prix de vente de 9,99 $. Les statistiques d’Amazon montrent qu’un e-book à 9,99 $ se vend 1,74 fois plus qu’à 14,99 $. On peut les croire, ça fait un bon moment qu’ils sont dans ce business et ils savent de quoi ils parlent. Le calcul est simple, à la portée d’un élève de CM2 mais apparemment pas à celle de la direction d’Hachette ! Vendre 100.000 copies à 14,99 $ ou 174.000 copies à 9,99 $, où est la différence ? Simplement 16% de chiffre d’affaire supplémentaire et les auteurs parallèlement touchent une audience 74% plus étendue. Tout le monde est content sauf… Hachette ! Et finalement ce seront les auteurs qui verront leur part du gâteau diminuée, comme d’habitude, puisqu’ils n’ont pas leur mot à dire.
Cette rocambolesque histoire m’a conduit à cette question évidente contre laquelle tous s’élèveront : Pourquoi ne pas équiper chaque écolier d’un Kindle ou de toute autre « liseuse » et ainsi alléger les cartables de ces chères petites têtes blondes mais aussi substantiellement la note d’achat des livres scolaires ? Kindle Unlimited (Amazon) a proposé l’accès illimité à 600.000 titres pour moins de dix euros par mois, pourquoi pas l’accès illimité à tous les livres scolaires pour 10 euros par enfant et par an !
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Merci pour l’article.
« Pourquoi ne pas équiper chaque écolier d’un Kindle ou de toute autre « liseuse » et ainsi alléger les cartables de ces chères petites têtes blondes mais aussi substantiellement la note d’achat des livres scolaires » : parce que c’est tellement pétri de bon sens que nos géniaux bureaucrates et gouvernants y voient probablement quelque entourloupe que nos cervelles de moineaux sont incapables de concevoir…
non, parce que l’expérience prouve que ce genre d’idée géniale sur le papier, se transforme immanquablement en désastre une fois mis en œuvre par la bureaucratie du mammouth.
Quand on a un livre a vendre pourquoi aller voir hachette ? On peut publier directement un ebook sur la plateforme ?
Publier un livre n’est pas aussi simple que ça. Un livre, ce sont des idées et une mise en forme de celles-ci. Même si chaque auteur se considère comme un génie méconnu, le travail de l’éditeur consiste à faire un lecture et une évaluation approfondie de l’ouvrage à publier. Cette partie critique de l’éditeur est particulièrement importante, en ce qu’elle apporte un regard neuf et permet d’effectuer les corrections nécessaires pour obtenir un ouvrage de qualité, ce travail est lourd et n’est pas gratuit.
Ouais, ça fait cher LE lecture, quand même.
Si les correcteurs de Hachette sont aussi compétents que ceux de Gallimard, il y a du souci à se faire.
Amazon c’est juste une des meilleures choses qui aient pu arriver aux consommateurs, particulièrement ceux ne vivant pas dans les grandes villes. Ce que fait ce gouvernement pour gêner Amazon est honteux !
S’opposer aujourd’hui à AMAZON-KINDLE c’est comme hier s’opposer à GUTENBERG.
Toutes choses évoluent vers la dématérialisation, les e-books en sont une illustration.
L’Etat françois (ainsi) marque bien là son immobilisme chronique héréditaire.
Quelques villes fournissent déjà des tablettes numériques à chacun de leurs élèves de primaire. D’expérience, je considère qu’effectivement les livres au format kindle ou équivalent sont une suite logique et souhaitable pour le cartable et la santé des écoliers!
Du point de vue libéral, les négociations entre acteurs privés restent privés. Si des auteurs font appel à des éditeurs, c’est leur problème. Les éditeurs ont alors mandat pour défendre les auteurs, et il est normal qu’ils défendent leurs intérêts aussi. Amazon ne défend pas l’intérêt des auteurs, ni des lecteurs, mais son intérêt, ce qui est normal. Et l’Etat ne cherche pas à défendre Hachette, mais les libraires. Ce qui n’est pas son rôle, mais n’a rien à voir avec Hachette, qui n’a pas de conflit avec Amazon en France, jusqu’à présent.
« pourquoi pas l’accès illimité à tous les livres scolaires pour 10 euros par enfant et par an ! »
Vous voulez vraiment priver de piscine et résidence secondaire les cadres d’hachette, hatier, belin bordas and co, ou quoi??
dézinguer un bon gros marché d’état bien captif, bien paisible et quasi séculaire; Montebourg va en faire des sauts périlleux arrière devant les caméras!!…
et vous atterrir dans la gueule!
En tant qu’élu local, ça ne change rien, je prends l’argent au même endroit. 😉
Enfin si, ça change un petit quelque chose… Des enfants en meilleure santé!
Tiens un politicien qui prend encore les parents pour des gros cons.
Utiiiile!
Les votres probablement
« Cette rocambolesque histoire m’a conduit à cette question évidente contre laquelle tous s’élèveront : Pourquoi ne pas équiper chaque écolier d’un Kindle ou de toute autre « liseuse » et ainsi alléger les cartables de ces chères petites têtes blondes mais aussi substantiellement la note d’achat des livres scolaires ? Kindle Unlimited (Amazon) a proposé l’accès illimité à 600.000 titres pour moins de dix euros par mois, pourquoi pas l’accès illimité à tous les livres scolaires pour 10 euros par enfant et par an ! »
Parce qu’un kindle n’est pas au format A4. Et est beaucoup plus complexe à utiliser qu’un livre.
Une voiture est également plus complexe à utiliser que ses pieds 😉
Pas si sûr. Combien de temps faut-il pour simplement se servir de ses pieds ? et les maitriser correctement ?
combien pour une voiture ?
Plus complexe ? Pour un enfant avant le CM1 d’accord, mais après y’a aucun problème.
Bon bein pareil pour les tablettes numériques 😉
laisse le choix à un gamin entre une tablette et une pile de livres, et tu vas voir lequel des deux il trouve « beaucoup plus complexe à utiliser » …
Mon gamin de 6 ans trouve des options de windows que j’ai jamais vues.