Corentin de Salle et David Clarinval expliquent dans Le fiasco énergétique – Le Gaspillage écologiste des ressources pourquoi vous devriez vous intéresser à l’écologisme avant qu’il ne s’intéresse à votre porte-monnaie.
Par Thierry Godefridi, depuis la Belgique.
Paraphrasant l’homme politique athénien Périclès auquel on prête la déclaration suivante « Si vous ne vous occupez pas de la politique, c’est la politique qui s’occupera de vous », on pourrait écrire que si vous ne vous intéressez pas à l’écologisme, ce dernier s’occupe par contre beaucoup de vous, à cette différence près que la politique est un art et l’écologisme, une idéologie. Lorsqu’elles se rencontrent, elles se transforment vite l’une en un métier, l’autre en un instrument totalitaire pour le plus grand profit de quelques privilégiés.
Si vous ne jetez pas n’importe quoi n’importe où et si, d’une manière générale, vous ne dilapidez pas vos ressources, vous pourriez ne prêter qu’un œil distrait et plutôt consentant aux mesures diverses prises au nom de l’écologie et vous étonner des hausses de votre facture d’électricité et de gaz sans trop approfondir. Corentin de Salle et David Clarinval expliquent dans Le fiasco énergétique – Le Gaspillage écologiste des ressources pourquoi vous auriez tort de ne pas vous y intéresser de plus près.
L’idéologie du développement durable
Le fiasco énergétique, écrivent les auteurs, dénote l’échec du paradigme idéologique dominant dans l’Union européenne, à savoir le développement durable. Cette dérive idéologique entraîne des conséquences dramatiques sur le plan social (la facture énergétique n’a cessé d’augmenter pour les ménages et pour les entreprises, et elle continuera d’augmenter, obligeant l’industrie lourde grande consommatrice d’énergie à se délocaliser), sur le plan de l’environnement (d’anciennes technologies hautement polluantes sont réutilisées pour assurer l’approvisionnement énergétique et éviter les ruptures) et sur le plan économique (l’explosion de la bulle de l’énergie verte largement subsidiée par les États jusqu’à l’apparition de la crise financière a entraîné de nombreuses faillites et des pertes d’emplois par dizaines de milliers).
Nous sommes confrontés à un double paradoxe énergétique: 1) jamais l’électricité n’a été aussi chère pour ses utilisateurs (ménages et entreprises) alors que le coût de production en a été réduit ; 2) jamais l’Europe ne s’est dotée d’une telle capacité de production alors que depuis longtemps la garantie de fourniture n’en a été aussi menacée ! À cet égard, l’Allemagne constitue un exemple de choix d’une énergie plus chère, plus sale et moins fiable.
La faute à la libéralisation ?
Est-ce la faute à la libéralisation ? Ceux qui tiennent pour pervers tout concept dont l’étymologie remonte au mot libéral ne se priveront pas de le faire accroire. Aussi convient-il de préciser ce que l’on entend par libéralisation. En l’espèce, dans le secteur de l’énergie, elle résulte d’une directive de l’Union européenne qui imposa la séparation des activités de production, de fourniture, de transport et de distribution. Comme les prix de gros n’ont cessé de baisser et la facture de consommation n’a cessé d’augmenter, il faut bien admettre que c’est ailleurs dans la filière que le bât blesse. Or, en Belgique, où les prix de l’énergie ont le plus augmenté pour les consommateurs par rapport au reste de l’Union, il se fait que deux des quatre acteurs du marché énergétique prétendument libéralisé sont contrôlés par les pouvoirs publics ! Cherchez l’erreur !
Les auteurs démontrent, à partir de nombreuses références et de chiffres précis, que le « marché » de l’énergie n’en est pas un en Belgique, qu’il est encore moins un marché libéralisé, et qu’en vérité, deux tiers de la facture énergétique servent à alimenter les caisses des communes, des régions et de l’État capteurs de rente dont, comme l’avait fait remarquer l’économiste Henri Lepage, il faut bien se garder d’une conception naïve et angélique !
Via le mécanisme des certificats verts, des subsides et des primes et une fiscalité protéiforme (contributions vertes, surcharges régionales et fédérales, TVA, obligations de service public), l’État et les pouvoirs publics font financer par les consommateurs une politique énergétique désastreuse aux racines profondément idéologiques, et les soumettent à des prélèvements déguisés qui se rajoutent à une fiscalité officielle déjà parmi les plus lourdes de la planète. Sauf revirement drastique en matière de politique énergétique, la facture qui a déjà enchéri de 54% de 2006 à 2013, augmentera encore de 40% d’ici à 2030.
Dès qu’on considère l’État et les multiples autorités publiques comme s’appropriant les deux tiers de la facture énergétique et comme principaux bénéficiaires des hausses des prix de l’énergie (une situation que les auteurs mettent en parallèle avec le paiement des primes de chômage qui s’effectue en Belgique au travers des organisations syndicales subsidiées à cet effet par l’État), il convient de s’interroger sur l’utilité du système, comme le font d’ailleurs Corentin de Salle et David Clarinval dans le Fiasco énergétique. Peut-être sert-il en fait la volonté inavouée des plus retors au développement économique afin de saboter la production pour appauvrir la société et en édifier une nouvelle, égalitariste, s’appuyant sur la décroissance.
Cette question essentielle figure en filigrane de l’analyse que font les deux auteurs du cas wallon, des conséquences inattendues de l’interventionnisme économique qui y sévit, ainsi que des pulsions anti-démocratiques de la politique du (soi-disant) développement (soi-disant) durable. Les deux parties que Corentin de Salle et David Clarinval consacrent à cette analyse mériteraient une recension séparée tant leur exposé est étayé de témoignages et d’arguments destinés à enrichir une réflexion sur l’empreinte idéologique et la corruption systémique dont souffrent la Wallonie, la Belgique et plus généralement l’Union européenne.
— David Clarinval, Corentin de Salle, Le fiasco énergétique : le gaspillage écologique des ressources, éditions Texquis, 284 pages.
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Ecologiste convaincu, mathématicien et chercheur dans le domaine des énergies renouvelables, j’observe gabegie, corruption, erreurs monumentales et coûteuses dans le domaine de l’énergie et une question me
vient: y aurait-il des « Ecolos » écologistes?
Les économies d’énergie possibles (comme l’isolation), les sources d’énergie renouvelable réelles et prometteuses (comme la géothermie) sont des sujets guère abordés par les « Ecolos » et ce livre devrait faire réfléchir tous les responsables européens.
Si l’on veut des solutions énergétiques performantes, durables, avec une grande sûreté de fonctionnement, alors la surgénération 238U et 232Th est la meilleure alternative. Ces centrales de génération IV sont toutes deux à neutrons rapides, donc faciles à conduire, peuvent s’arrêter et redémarrer très rapidement et ne nécessitent pas d’enrichissement de l’uranium. Leur niveau de sûreté de fonctionnement est
excellent. Par ailleurs, le surgénérateur 238U, qui brûle du plutonium, peut nous débarrasser de ce déchet très radioactif et dont la durée de vie est de 24000 ans. Enfin, leurs déchets, au bout de 300 ans, sont 10 000 fois moins radioactifs que ceux des centrales actuelles. Le CEA travaille actuellement sur un projet de centrale à thorium (projet ASTRID), qui permettrait de produire de l’énergie électrique compétitive, non intermittente, pendant plusieurs millénaires. Nous avons en outre l’expérience de Phénix, et nous pourrions de suite installer des mini-centrales de ce type, qui pourraient progressivement remplacer quelques centrales classique en attendant la mise au point de la centrale à thorium, qui devrait être finalisée dans environ 5-8 ans. Voici donc les meilleures pistes pour l’avenir et il importe de les financer en cessant de rêver que les EnR sont la bonne solution.
Voir: http://dropcanvas.com/#SAn7p952RfNrCE
Je vous signale que la géothermie profonde utilise la fracturation hydraulique, mais, en ce cas, personne ne s’en offusque…
Car la technique employée en géothermie n’est pas exactement similaire à celle utilisée pour les gaz de schiste. Par exemple, il ne s’agit pas de fracturer une roche mais d’augmenter sa perméabilité en exploitant notamment des fissures pré-existantes. Si on utilise donc le même principe (force hydraulique), la géothermie nécessite également moins de puits.
Ne jouez pas sur les mots. Il s’agit de la même fracturation, qui, mécaniquement, passe toujours par les fissures préexistantes. Il faut moins de puits ? peut-être ; et alors ? ça change quoi ?
Transition énergétique :
– Co2, peak-oil, risques géo stratégique, pollution… Voila pour le coté public
– Nouvelles taxations, grands travaux étatiques, lobbying, mesures anti désindustrialisation… Voila pour le coté caché
Les mesures de prévention ou d’adaptation progressives à ces risques ne sont absolument pas envisagées dans les média ou par les politiques. Elles seraient pourtant efficaces et très bon marchés, tant pour l’Etat que pour les consommateurs.
Elles ne nécessiterait que l’initiative du privé ou le travail d’organismes public déjà existants.
Mais alors, rien d’utile donc pour des politiciens ou des lobbys Alternatifs …