Par Baptiste Créteur.
Après les injonctions de François Hollande, c’est au tour de la commission européenne de demander des « efforts » à l’Allemagne. C’est l’avis du commissaire européen en charge de l’emploi, Laszlo Andor :
Il serait très important que l’Allemagne intensifie les investissements publics, stimule la demande et réduise ses excédents commerciaux excessifs, qui font du tort à ses voisins européens. Pour cela, un changement sur la politique des salaires est indispensable, du point de vue de la commission. […] La croissance des salaires est restée fortement derrière l’évolution de la productivité [depuis plus de 10 ans en Allemagne].
Concrètement, le commissaire européen demande à l’Allemagne :
- d’être moins raisonnable dans sa gestion de la dépense publique, l’Allemagne faisant des efforts pour réduire ce que les autres préfèrent laisser exploser ;
- de réduire volontairement sa compétitivité, que l’Allemagne a fait en sorte depuis 10 ans d’améliorer.
Au lieu de demander aux autres pays de suivre le bon exemple allemand, la commission demande à l’Allemagne de suivre le mauvais exemple des autres pays. Et devrait essuyer le même revers que François Hollande avant elle, alors que la porte-parole du gouvernement allemand déclarait il y a quelques jours :
Les déclarations très générales en provenance de Paris ne fournissent aucune raison pour de quelconques corrections dans la politique économique. L’Allemagne est déjà une locomotive importante, la plus importante même pour la conjoncture de la zone euro.
En clair, les Allemands n’ont aucune envie de se tirer une balle dans le pied pour que la compétition soit moins rude pour les autres pays de la zone euro, même si c’est demandé très gentiment. D’autant plus que l’Allemagne demande depuis plusieurs années aux États cigales de faire quelques efforts, au moins symboliques, indiquant qu’ils s’engageraient dans la bonne direction – sans succès. Que la demande vienne de Paris ou de Bruxelles ne changera probablement pas grand chose.
Il est déplorable que la France et l’Europe soient dirigées par des pleurnicheurs qui, au lieu de mener les réformes de bon sens chez eux, demandent à l’Allemagne de mener des réformes dans le mauvais sens. Ils semblent penser que la fée économie est plus clémente avec les pays qui s’astreignent à réduire la dépense publique, comme le Royaume-Uni et l’Allemagne, par pure coïncidence, et que ses bienfaits doivent par conséquent être redistribués. Ils persistent aussi à penser que la hausse des salaires et la dépense publique stimulent la croissance, malgré les échecs évidents chez eux.
Les chances que l’Allemagne cède sont faibles. Mais, après s’être éloignée des Américains qui espionnaient sans scrupules l’allié allemand, elle pourrait bien choisir de se retirer aussi d’une Union Européenne prisonnière d’une vision où le succès des uns se fait toujours au détriment des autres. Elle rejoindrait en cela un Royaume-Uni à l’euroscepticisme et aux réticences croissants. Se dirige-t-on vers une Union plus solidaire, ou moins solide ?
« Se dirige-t-on vers une Union plus solidaire, ou moins solide ? »
pour plus de solidarité, il faudrait que tout le monde partent à la retraite au même age. Là, demander de la solidarité à un Allemand partant à 70 ans pour un français ou un grec du sévice public partant à 52 ans ne peut que mal finir
J’allais rejoindre la fin de l’article. Il est intéressant d’observer que quand les unions sont déséquilibrées et quand certains s’en tirent beaucoup mieux que les autres (ou en ont le sentiment) ils ont tendance à vouloir quitter l’union (voir les exemples de la Flandre, de l’Écosse, de la Catalogne…), je ne vois pas en quoi l’Allemagne serait différente. À force de tirer sur la corde, les « pays du sud » risquent de s’en mordre les doigts. Ce qui est formidable, c’est que si ça devait arriver ça serait forcément à cause de l’Allemagne et de son égoïsme, certainement pas de notre incapacité à nous améliorer.
Réflexion sérieusement biaisée que la vôtre, d’un collectivisme qui cache ses penchants.
La FRANCE démontre à tous son incapacité à vouloir accomplir des réformes.
Forts en discours et débats, inefficaces dans la réalisation de changements fondamentaux.
Notre pays s’autodétruit depuis 30 ans, par la volonté de citoyens lambda incapables de discerner le vrai du faux, le réel du fictif, le futur au-delà du bout de leur pif !
Il ne fait que dire la même chose que vous, peut être avez vous mal compris son propos.
Je mettrais un bémol là dessus: quand vous dites « les pays du sud » je ne suis pas d’accord. La Grèce a fait d’énormes efforts, le Portugal aussi, et aujourd’hui l’Espagne voit sa note remontée a force d’efforts budgétaires, même si elle traine encore le boulet de ses erreurs passées, les réformes sont là et bien là. Et au passage, l’Espagne a refusée à plusieurs reprises l’aide des européens, préférant se lancer dans de vastes plan de réformes rapidement mis en oeuvre plutot que de « relancer » à la sauce keynésienne, avec force milliards européens. D’ailleurs, les efforts de l’Espagne en la matière n’ont aucune commune mesure avec ce qu’on fait les allemands. Les garder dans le lot « des méchants pays du sud », c’est franchement très injuste.
Aujourd’hui ce groupe de pays qui met le bronze en Europe, c’est surtout la France et l’Italie, et dans une moindre mesure la Belgique.
« …elle pourrait bien choisir de se retirer aussi d’une Union Européenne prisonnière d’une vision où le succès des uns se fait toujours au détriment des autres. »
Si l’Allemagne et l’Angleterre se retiraient, l’effondrement de la UERSS ne tarderait plus… les sourires (faux) de uns des autres (les cigales) qui se croient très malins se changeraient en rire jaune, la soupe à la grimace assurée. Ce serait l’occasion une fois de plus d’accuser le turbo-néo-machpro-libéralisme.
le commissaire européen est un « économiste » socialiste… Tout est dit.
Si vous parlez de Barroso, c’est pire encore… extrait de Wikipédia :
José Manuel Durão Barroso est un juriste universitaire et un diplomate portugais. Il obtient une licence de littérature à l’âge de 25 ans; il s’est ensuite formé notamment à l’université de Genève où il fut assistant du professeur Dusan Sidjanski à l’Institut universitaire d’études européennes2. Il y découvre la pensée de Denis de Rougemont. Il séjourne aux États-Unis pour parfaire sa formation à l’université de Georgetown lors de la révolution des œillets en 1974, il se situe à l’extrême gauche radicale de l’échiquier politique comme président des étudiants maoïstes (MRPP), à l’époque seul parti d’opposition actif, avec le Parti communiste portugais. En 1979, il fonde l’Association universitaire d’études européennes.
bonjour , j’aime beaucoup le dessin .
Toute l’incohérence du socialisme est mis en évidence ici :
Les pseudo-humanistes qui prônent le partage et l’égalité le font toujours à l’échelle de la communauté proche, c’est à dire au maximum le pays où ils vivent. Avez vous déja entendu parler d’égalité des chances, de redistribution à l’échelle mondiale.
Même si cela était possible, il est évident que nos grands humanistes désintéressés ne vont pas faire les poches de leurs riches concitoyens pour donner aux africains ou aux indiens. Car il faudrait alors qu’ils se fassent leurs propres poches. Non ! Le socialisme, l’égalité, le partage est une question uniquement nationale (ce qui revient à dire que c’est un non sens, ou plus exactement un prétexte) !
Dès lors, on atteint le ridicule quand on demande aux Allemands de partager leur richesse avec la France.
Je voulais savoir si l’Allemagne avait eu, à l’époque de sa réunification, besoin de l’aide de la cee ou si elle avait géré l’après 1989 seule.
Je sais bien que l’eau a coulé sous les ponts, mais se peut-il que la bonne forme de l’Allemagne actuelle soit quand même aussi due à l’aide de l’union ?
Extrait de : http://www.cvce.eu/education/unit-content/-/unit/1f5d29d1-bc79-44af-ae41-6fdb3f41608e/03167992-d38d-4f75-90f7-a8b69492bda3
« Le Conseil européen de Dublin (28 avril 1990) décide que l’intégration du territoire de la RDA dans la Communauté serait effective dès que l’unification serait juridiquement établie, sans révision des traités, sous réserve de mesures transitoires concernant notamment les échanges extérieurs, l’agriculture, les politiques structurelles et l’environnement. Les Länder de l’Est, dont l’économie était délabrée, recevront l’aide communautaire au même titre que les autres régions défavorisées en Italie, en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Irlande. Un «plan communautaire de subvention» est doté de 3 milliards d’écus en trois ans, soit le cinquième des aides structurelles de la CEE. Mais c’est bien peu en regard des énormes besoins des Länder de l’ex-RDA qui resteront à la charge de la RFA: reconstruction des infrastructures, restructuration de l’industrie est-allemande non compétitive, aides à la construction, à l’assainissement de l’environnement. Chaque année plus de 110 milliards de marks seront versés obligeant le gouvernement fédéral, pour défendre la monnaie, à réduire les dépenses, augmenter les impôts et avoir recours à l’emprunt. »
Bonjour,
la question est de savoir si le « modèle allemand » peut-être copié. Et surtout ce qu’on entend par modèle allemand. Si c’est introduire de la démocratie dans l’entreprise, c’est en effet une chose à copier, si c’est améliorer l’appareil de production pour augmenter la productivité là encore c’est à copier. Si c’est brider la demande là par contre c’est plus discutable. En effet, l’Allemagne a tiré sa croissance de ses dernières années par les exportations à l’intérieur de l’UE et notamment de la zone euro, tout en réduisant ses importations. Si tout le monde copie cela, on peut affirmer sans se tromper que a croissance risque d’être nulle voire même négative (cela se confirme d’ailleurs empiriquement aujourd’hui) avec des conséquences néfastes pour l’Allemagne elle-même (sa croissance entre 2011 et 2013 est complètement différente de 3,3% on passe à 0,4%).
Avec des taux de change fixes, en effet, ses concurrents se voient tailler des croupières sans possibilité de dévaluer, tout le problème de l’€.
Ca c’est en supposant que l’échange ne crée pas de valeur par lui même et qu’il se contente d’être un jeu à somme nulle ou l’un gagne et l’autre perd.
Ce qui ne marche pas : il y a une belle croissance mondiale sans pour autant qu’on vende (à leur détriment) la moindre queue de cerise aux martiens… 😉
J’ose espérer que l’Allemagne ne cédera pas.
Certes, relancer l’investissement public renforcerait l’économie dans un premier temps mais la crise de la dette, et une plus grosse cette fois, nous retomberait dessus quelques années plus tard au mieux.
Possible que si c’ était encore la RFA ils aurait obtenu satisfaction mais avec la RDA il me semble que ce n’ est pas la meme Allemagne
Est -ce que notre président ne fait pas encore la différence ?
Il n’y a aucune solidarité au sein d’une union qui porte bien mal son nom: la règle est la concurrence féroce tant au niveau du moins disant social qu’au niveau fiscal. On a pas affaire à une union qui veut concurrencer les puissances tierces avec une politique commune mais une union dont la priorité est l’acquisition de parts de marché et de base taxable (ce qui est bien plus grave que le commerce) aux dépens des « partenaires ». Comme plus de solidarité est impossible, il faut repartir en arrière pour n’avoir qu’une zone de libre échange (donc sans monnaie commune) sans qu’une administration centrale ne veuille imposer des règlements tatillons souvent inutiles et ne se mêle de la politique que chaque pays veut mener.