La concurrence n’est pas toujours ce que l’on croit

Baisse de la qualité des produits, chute de l’emploi, nombreux sont les arguments souvent entendus contre la concurrence. La réalité est fort différente.

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Course 200m performance (Crédits Richard Herbert, licence Creative Commons)

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La concurrence n’est pas toujours ce que l’on croit

Publié le 20 août 2014
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Par Emmanuel Combe, Professeur des Universités, Vice-Président de l’Autorité de la concurrence.

Course 200m performance (Crédits Richard Herbert, licence Creative Commons)

À l’heure où le gouvernement s’apprête à ouvrir l’épineux dossier des professions réglementées, il n’est pas inutile de revenir sur la notion centrale qui va sous-tendre l’ensemble des débats : la concurrence. Une notion qu’il est bien souvent difficile d’appréhender.

Pas plus de droite que de gauche

D’abord parce qu’elle est parfois assimilée à tort à une pensée économique – le libéralisme- alors même qu’elle constitue essentiellement un outil, qui permet aux marchés de fonctionner de manière plus efficace, en éliminant les rentes injustifiées tout en récompensant les mérites : sauf à rejeter le principe même d’une économie de marché, la concurrence n’est pas plus de droite que de gauche. On peut d’ailleurs noter que des gouvernements dits « de centre gauche » ont engagé dans le passé d’ambitieuses réformes pro-concurrentielles, à l’image de Romano Prodi en Italie au cours de la période 2006/2008.

Ensuite, la concurrence suscite en chacun de nous une attitude ambivalente : en tant que consommateurs, nous la plébiscitons toujours ; en tant que salariés ou entrepreneurs, nous la redoutons parfois. La concurrence, se dit-on, c’est bon pour les autres, mais rarement pour soi-même.

Contre la concurrence, des arguments qui ont l’apparence du bon sens

Cette attitude ambivalente prend appui sur des arguments, plus ou moins explicites, qui ont pour eux l’apparence du bon sens :

– la concurrence, en baissant les prix, bénéficierait aux consommateurs mais pénaliserait les producteurs. Loin de créer de la richesse, elle ne ferait que redistribuer les parts du gâteau des uns vers les autres. Dans cette perspective, promouvoir la concurrence reviendrait simplement à défendre un intérêt particulier, celui des consommateurs et de leur pouvoir d’achat ;

– la concurrence, en incitant à l’efficacité se ferait au détriment de la qualité : nous devrions choisir entre des prix bas et une qualité médiocre ou des prix élevés et une meilleure qualité. Appliqué à la distribution de médicaments par exemple, cela signifierait que plus de concurrence se traduirait nécessairement par une dégradation du niveau de sécurité sanitaire ;

– la concurrence, en incitant les entreprises à comprimer leurs coûts se retournerait contre l’emploi et la croissance. Par une sorte de ruse de la raison, le consommateur du week-end participerait ainsi à sa propre spoliation, lui qui est aussi un salarié la semaine.

Ces arguments -largement répandus- donnent le sentiment qu’il faudrait en quelque sorte choisir son camp : celui des prix bas, des consommateurs, de la quantité ou celui de la production, des salariés et de la qualité.

Comment convaincre nos concitoyens que ce choix binaire est trop simple pour être vrai ?

Pas seulement une baisse des prix

imgscan contrepoints752 Hollande pouvoir d'achatLe discours sur les vertus de la concurrence a souvent tendance à se focaliser sur un aspect particulier : les baisses de prix qu’elle occasionne. Certes, la concurrence constitue un puissant levier de pouvoir d’achat, dont on sous-estime d’ailleurs souvent l’ampleur car les baisses de prix sont diffuses : chaque client gagne peu à la baisse de prix mais l’effet agrégé sur l’économie peut s’avérer non négligeable, compte tenu de la taille du marché.

Économiser 30 euros par an par client grâce à la concurrence peut sembler anecdotique ; mais lorsque les clients sont 65 millions, le gain total avoisine les 2 milliards d’euros. Pour autant, l’impact de la concurrence sur la demande ne se réduit pas à ce seul effet, aussi important soit-il : en diminuant le prix, la concurrence peut également élargir la taille du marché et participer ainsi, à sa mesure, à une forme de démocratisation de l’accès au marché. Ceci est particulièrement vrai dans le secteur des transports, et notamment dans l’aérien. Même lorsque la demande n’augmente pas lorsque le prix baisse -songeons au cas du médicament que nous n’allons pas consommer plus à cause d’une baisse de son prix-, elle redonne du pouvoir d’achat qui ira se reporter sur d’autres biens et services.

Favoriser la variété, et souvent la qualité

La concurrence favorise également la variété, en élargissant la gamme des produits et services disponibles : chaque client trouvera en quelque sorte « chaussure à son pied » . Par exemple, un distributeur, confronté à l’arrivée de nouveaux concurrents, choisira de mettre l’accent sur les prix bas, sur les horaires d’ouverture, sur la largeur de l’assortiment, tandis qu’un autre préférera se différencier en misant sur la qualité de service ou sur la proximité de la relation avec ses clients.

La concurrence n’est pas non plus antinomique avec la qualité. En premier lieu, face à la menace concurrentielle, les entreprises sont incitées à être plus attentives aux attentes des clients, qui ont toujours le loisir de comparer et, le cas échéant, « d’aller voir ailleurs ». Les études empiriques confirment qu’une intensification de la concurrence incite une partie des acteurs à se différencier par la qualité de service : dans le transport aérien de passagers, il a été montré que la concurrence sur une ligne améliorait le taux de ponctualité des vols aux États-Unis. En second lieu, la concurrence n’exclut pas une régulation proportionnée, qui impose à tous les acteurs du secteur un standard minimum de qualité, notamment par le biais de normes (diplômes, composition des produits, règles de sécurité, etc.).

Un effet sur l’offre souvent méconnu

Au-delà de son impact sur la demande, la concurrence exerce également un effet sur l’offre, effet qui est souvent méconnu.

Pour bien appréhender cet aspect, il est nécessaire de revenir à la nature même de la concurrence. La concurrence se définit comme un processus de rivalité entre entreprises, qui permet d’éviter le maintien ou la création de rentes injustifiées et qui simultanément récompense les plus méritants, en leur octroyant un surprofit temporaire. La concurrence a donc pour effet d’inciter les entreprises à explorer en permanence de nouveaux territoires, notamment en termes d’innovation (entendue au sens large : produits, techniques de vente, etc.). La concurrence exerce à ce titre un effet positif sur la productivité, au travers de deux canaux principaux :

– elle joue le rôle d’un « aiguillon » auprès des entreprises installées, en les incitant à « donner le meilleur d’elles-mêmes », pour conserver leur part de marché et croître ;

– elle permet l’entrée sur le marché de nouveaux acteurs, disposant de modèles économiques différents, parfois plus efficaces et incite les « business model » existants à se remettre en question et à se renouveler.

Favorable à la productivité

Les nombreuses études empiriques confirment l’existence d’une relation positive entre concurrence et productivité au niveau sectoriel, quelle que soit la manière de mesurer la concurrence. De même, au niveau macroéconomique, les travaux empiriques concluent qu’un renforcement de la concurrence exerce un effet favorable sur la productivité dans les secteurs où l’intensité concurrentielle est limitée au départ. L’enjeu de réformes pro-concurrentielles n’est pas seulement de redonner du pouvoir d’achat aux consommateurs mais aussi d’améliorer la compétitivité globale de l’économie.

Et l’emploi ?

imgscan contrepoints 2013-2250 Hollande Pole emploi chomageL’impact de la concurrence sur le niveau de l’emploi est sans doute le sujet le plus controversé et polémique qui soit : chaque fois qu’un choc concurrentiel survient dans un secteur, l’argument des faillites et des destructions massives d’emplois est brandi par les opérateurs installés, tandis que les outsiders promettent de leur côté des créations d’emplois. Dans ces batailles de chiffres, souvent faites dans le feu de l’action et sans le recul nécessaire, qui croire ?

Une solution possible consiste à prendre appui sur les nombreuses études empiriques menées ex-post par des chercheurs sur la relation entre concurrence et emploi. Certes, ces études ne reflètent que l’état actuel de nos connaissances en la matière et ne préjugent en rien de résultats futurs différents ; elles fournissent toutefois une première tendance assez claire : la concurrence n’est pas l’ennemi de l’emploi.

En premier lieu, les études empiriques montrent que les restrictions à la concurrence brident l’essor de l’emploi : ainsi, les travaux sur l’effet des lois Royer-Raffarin dans la distribution alimentaire concluent à un impact négatif d’environ 100 000 emplois. Dans la même veine, les études sur le protectionnisme mettent en évidence des pertes d’emplois significatives, lorsque les effets sur l’ensemble de la chaîne de valeur sont pris en compte : ainsi, lorsque Georges Bush instaure des droits de douane sur l’acier pour préserver 3500 emplois chez les producteurs d’acier, cette mesure conduit à renchérir le prix de l’acier et à détruire entre 12000 et 43000 postes en aval chez… les entreprises utilisatrices, devenues moins compétitives.

En second lieu, les travaux sur les expériences d’ouverture à la concurrence ne confirment pas la thèse d’une diminution nette de l’emploi. Lorsque la demande est élastique au prix, la concurrence accroît la taille du marché et créé de ce fait des emplois, notamment chez les nouveaux entrants. Ainsi, la libéralisation du transport routier en 1986 en France a conduit à une baisse des prix de 10%, à une hausse du trafic et de l’emploi, passé de 200 000 à 300 000 salariés en l’espace de 10 ans. Lorsque la demande n’est pas élastique au prix, il faut tenir compte des effets indirects de la concurrence sur l’emploi : les gains de pouvoir d’achat réalisés ici vont se reporter très vite ailleurs. Ainsi, une étude d’ODIT France sur l’essor du transport aérien, marqué par de fortes baisses de prix du billet, conclut à des créations d’emplois indirects en France de l’ordre de 65000 à 72 000 dans… le secteur de la restauration et de l’hôtellerie-tourisme.

Rémunérations et conditions de travail

Est-ce à dire pour autant que l’impact de la concurrence sur l’emploi n’est pas un sujet ? Sûrement pas. Tout d’abord, la concurrence peut avoir un impact indésirable sur les rémunérations et les conditions de travail. Mais c’est précisément le rôle du droit du travail que de faire respecter un ensemble de règles du jeu qui s’imposent à tous les acteurs. Ensuite, la concurrence conduit à réallouer les emplois entre entreprises d’un même secteur et/ou entre secteurs, générant ainsi des coûts sociaux. À nouveau, c’est le rôle de la formation continue et d’une politique efficace de mobilité des salariés que de préparer en amont et d’accompagner les transitions d’emploi. La concurrence sur le marché des biens n’est pas antinomique avec une protection des salariés, à la fois forte et efficace, sur le marché du travail.

Plus généralement, la concurrence ne tient toutes ses promesses que si elle est régulée, encadrée, que ce soit par le droit de travail, de la concurrence ou de la consommation. Concurrence et règles du jeu, loin de s’exclure, se complètent ; n’oublions pas que le terme anglais pour désigner la concurrence – « competition » – renvoie explicitement au registre du sport : a-t-on déjà vu une compétition sportive se dérouler avec succès sans un minimum de règles du jeu et sans un arbitre impartial ? La concurrence n’est pas toujours ce que l’on croit.

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  • Il y a beaucoup de gens qui ont une notion de la concurrence où elle se traduit par l’extermination de tous sauf le plus gros requin. Moi même, quand j’étais petit, j’ai été surpris en visitant mon premier aquarium qu’on puisse avoir d’autres poissons dans le bassin où nageait le requin.

  • Un article à faire lire (et comprendre) par le plus grand nombre, ça réduira d’autant le pouvoir de nuisance de la mèche flamboyante de Bercy. Où l’on rejoint « ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas », les effets directs et indirects des lois de circonstance, les effets du gain de pouvoir d’achat (ont-ils été mesurés dans le cas de la téléphonie mobile, à l’aune des destructions d’emploi qu’on dit pléthoriques dans ce secteur…?).
    À toute fin utile par rapport au positionnement droite/gauche, je rappelle que Frédéric Bastiat siégeait au centre gauche, et que quand il s’agit de protéger la rente de ses petits copains la droite n’est pas moins active que la gauche – voir toujours avec Free le comportement de Sarkozy quand il s’est agi de valider l’entrée du 4e opérateur sur le marché…

  • Bizarrement, la concurrence ne permet pas la transparence sur l’alimentaire, par exemple, sur l’étiquetage des huiles végétales ou autre ingrédients.

    • Idem avec la sécurité informatique, au vu des failles des sites des entreprises et de l’état. Par exemple, les appli de téléphones accédant à plus ou moins tout et n’importe quoi, voir envoyant des données sans en informer le client, voir envoyer des données en clair.

      Le problème de la concurrence reste que si un client n’est pas content, il n’a aucun moyen de faire pression seul. Et comme il est dit, les concurrents vont se valoriser sur autre chose, c’est à dire que chacun offrira plus ou moins de service intéressants aux clients, mais il n’y a aura jamais rien de parfait (aussi car personne n’a les mêmes besoins). Bref, c’est désirer satisfaire tout le monde, donc personne.

  • Bon texte sauf cette phrase « la concurrence ne tient toutes ses promesses que si elle est régulée, encadrée, » qui met en lumière la confusion des esprits à propos de la régulation et de la réglementation. Le marché régule, l’Etat régalien réglemente.

    Pour rester dans le registre sportif, définir une règle du jeu ne régule rien. Ce sont les efforts et les mérites individuels des sportifs qui permettent d’obtenir la régulation, à savoir le meilleur devant, le moins bon derrière. Jamais une règle du jeu ne décide qui sera premier ou qui sera dernier. En outre, dans le sport, a-t-on jamais vu les arbitres concourir à la place des sportifs, marquer des buts à la place des équipes ? Avec l’Etat obèse (57% de dépenses publiques), ce sont les arbitres qui courent à la place des sportifs et qui marquent les buts. Absurde !

    Réguler : assurer un déroulement harmonieux. La régulation relève du marché concurrentiel.
    Réglementer : édicter les principes de conduite. La réglementation relève de l’Etat régalien.

    A chacun son rôle et surtout, qu’il n’en sorte jamais. Lorsque l’Etat obèse empiète sur les marchés par des législations superfétatoires et invasives, il réduit la régulation jusqu’à la rendre nulle (monopole), au détriment de tous.

    • Bonsoir,
      Vos observations sont très bonnes !

    • Il n’y a historiquement jamais eu vraiment de marché qui fonctionne sans règles un tant soit peu contraignantes pour tous les acteurs.

      Le marché concurrentiel est à bien des égards une conquête historique qui n’est pas tombée du ciel.

    • la concurrence,c’est tout bonnement la struggle for life de Darwin.
      Le marché concurrentiel est ce qu’il y a de plus naturel dans le domaine des échanges.Il n’est pas une conquête de la modernité,ce n’est pas une nouveauté,c’est de toujours le seul mode d’édification des société.
      Il est évident que cela subi normalement une règlementation conventionnelle de par la loi,qui est son garde-fous.

      Elle a aussi sa règlementation organique qu’elle secrète elle-même pour son propre besoin selon un consensus des partenaires.
      Ce n’est pas d’abord l’Etat qui exige l’honnêteté,c’est le marché lui-même.

      Dire qu’elle n’est qu’un outil ne me parait pas non plus congruent, car c’est elle qui s’impose naturellement et qui s’impose ses lois propres, celles de l’Etat ne concernant que l’organisation sociale.Elle est présente avant d’être dans des mains.

      Ce sont les mieux adaptés qui survivent comme chez Darwin.
      L’adaptation en économie étant la rentabilité, devenue la productivité, pour plus de dynamisme.,aboutissant à la compétivité.

      • « la concurrence,c’est tout bonnement la struggle for life de Darwin. » Bien sûr que non ! Il est absurde de penser ou de faire croire que les marchés auraient quoi que ce soit à voir avec la théorie de Darwin, elle-même éminemment contestable dans son domaine. Progressez en rejetant sans regret cette vision ridicule, inapte à décrire la réalité !

        http://www.wikiberal.org/wiki/Droit_naturel#Darwinisme_social

        • Merci pour ce renvoi, la page est remarquable. Ceci dit, je pense que la théorie de Darwin est incontestable, pour la raison peut-être paradoxale pour ses disciples, qu’elle n’apporte rien de nouveau qu’on ne sache depuis toujours,et est parfaitement banale.Si je l’avais écrit en Français,vous n’y auriez même pas fait attention: la lutte pour la vie.Le loi de Darwin y a apporté des prolongements qui, en bon français,n’ont pas de sens : les espèces ne se battent entre elles. Mais,tout de même,c’est bien les plus qui survivent dans la nature. C’est complètement banal ! Quand on prononce cela en Français, on évoque simplement la nécessité de « gagner sa vie »,soi-même,d’avoir un métier etc ».. Ceux qui vivent ce sont ceux qui luttent », dit Victor Hugo. »Dans la vie,faut bosser, mon p’tit père »,chantait Léo Ferré. Il ne s’agit nullement d’adversité entre les hommes,.
          Ainsi, dans la nature,les animaux luttent pour eux-mêmes, non les uns contre les autres.
          Ainsi, au théâtre,les artistes ont les uns du succès,les autres non.
          Ainsi sur le marché, les entreprises réussissent plus ou moins ou pas du tout et disparaissent.Ce n’est pas la bagarre style Far-West !
          Il vaut mieux être riche et en bonne santé que pauvre et malade,c’est connu,et cela ne dépend,pour la santé en tous cas,ne dépend pas de nous, mais de dons à la naissance. Or nous ne sommes pas égaux entre nous devant la nature, et dans les domaines soit de la réussite dans la vie, ou celui de la sexualité, certains et certaines ont plus d’atouts et donc de chance que d’autres !
          Si les lapins en Australie, broutaient toute s les herbes au détriment des kangourous,il n’y avait aund même ppas de batailles rangées entre les espèces, cette idée est effectivement idiote.
          Elles sont en concurrence(tiens, Darwin aurait mieux fait d’utiliser ce terme,il se serait mieux compris lui-même et se serait mieux fait comprendre),devant la masse des acheteurs comme les hmmes dans la nature.

          • Alors, bien sûr, le marché, la concurrence n’ont rien à voir avec ce qu’on a fini par appeler « darwinisme social » ,concept nul et confus qui mélange l’effort que doit faire tout être vivant pour durer,voire s’élever,avec un affrontement direct,physique,er guerrier entre des espèces, ce qui est du non sens !

          • « Mais,tout de même,c’est bien les plus [compétents ?] qui survivent dans la nature. C’est complètement banal ! »

            Vous prenez le risque de confondre les animaux avec les hommes mais la comparaison est inopérante en économie. Il n’est pas possible de confondre le carcan de l’instinct animal avec la liberté naturelle de l’intelligence humaine. L’homme a beau être dans la nature, l’action humaine imparfaitement décrite par la science économique n’est pas assimilable au reste de la nature. Dans la nature, l’homme n’est pas banal, il est exceptionnel. L’homme est au-dessus de la nature ; d’une certaine manière, il en est le cerveau et sa destinée est de la commander. Dès lors, l’évolutionnisme darwinien n’a strictement aucun rapport avec l’étude de l’économie et des marchés libres.

            Pour ne plus commettre l’erreur et aller plus loin : http://www.wikiberal.org/wiki/Herbert_Spencer. S’il y a éventuellement une sélection naturelle, elle concerne non pas les hommes mais leurs institutions. Il s’agit toutefois d’une position très discutable qu’on peut aisément dénoncer. Il est préférable de chercher la solution du côté de la morale, ultime outil de sélection des institutions par les hommes.

            • Toute énergie provient d’un décalage entre un plus et un moins. L’humain est au-dessus de la simple animalité,
              c’est bien entendu.Mais cela ne nous empêche pas d’être soumis aux lois naturelles,aux déterminations existentielles,et aux sentiments charnels,et aux besoins matériels. Toute vie est conscience,certes,mais nous ne sommes pas de purs esprits.
              Il y a des lois mécaniques de la nature qui sont des constantes auxquelles nous n’échappons pas et pour dominer la nature,il faut commencer par lui obéir.
              Je ne fais pas de confusion entre l’humain et l’animal sachant que devant la pesanteur,le chaud,le froid,la force, notre corps subit le même sort.
              Or les lois de ce qu’on appelle l’Economie, qui découlent à la fois de la psychologie et d’une certaine mécanique, s’imposent rigoureusement aux acteurs de nos sociétés, ainsi que l’enchainement des causes et des effets. La loi du plus fort y règne sans partage, même devant l’intelligence qui peut ruser avec elle, non l’abolir.

              Ce qu’on appelle le marché est un vaste stade où concourent des productions matérielles face à ce jury impitoyable que sont les consommateurs. L’honneur de l’homme est de le comprendre et de s’y affronter.
              Au marché du village,la vache bien nourrie rapportera de la richesse à son propriétaire,tandis que la vache étique restera sur le carreau, et son vendeur verra sa ruine. C’est élémentaire. Nous vivons dans un monde matériel, avec des besoins matériels et il y a logiquement compétition pour l’existence.

              Or donc, c’est le producteur le meilleur en rapport qualité-prix, dû à sa gestion, son initiative et sa productivité i.e. au rapport entre son dynamisme et ses couts, qui gagnera le plus et diminuera ses concurrents. C’est purement mécanique : les consommateurs-acheteurs, agissant de façon rationnelle selon leurs besoins et leurs possibilités, feront la fortune du meilleur sur le marché.

              Mais,je m’aperçois que vous ajoutez que, si sélection il y a elle concerne non pas les hommes(les individus?),mais les institutions. Au fond,je ne dis rien de plus.
               » Et tout les choses deviennent de par l’Initiative et la Nécessité » si on en croit Héraclite.
              Le Destin de l’homme étant,certes, de lutter contre la Fatalité,d’où le rôle que vous avez raison d’attribuer à la morale,mais c’est une lutte constante et éternelle où,sur terre, la nature ne sera jamais éliminée, comme une vulgaire bourgeoisie en croyant à une Fin de l’histoire et aux lendemains chantants,car le Royaume n’est pas de ce monde,si on comprend.
              «  »Ô Terre de détresse,
              Où nous devrons sans cesse ……. » »

              «  »On est si peu de chose,
              C’est mon amie la Rose
              Qui m’a dit ce matin … » »

              • Sans rentrer dans le détail de votre exposé, l’emploi de l’expression « jury impitoyable » est remarquable. Vous semblez abordez la notion de marché comme une lutte, avec des termes forts lui attribuant une patine de brutalité. Cette manière d’aborder l’économie ne permet pas de décrire la réalité du marché et de la concurrence qui relèvent essentiellement de la coopération volontaire pacifique. Le marché n’exclut pas les plus démunis ; au contraire, c’est l’outil de leur inclusion par la prospérité. C’est pourquoi la logique darwiniste est inapte à décrire l’économie. Le marché libre, c’est précisément un des outils du renoncement à la violence, un des moyens de la domination de la nature inhospitalière par la civilisation humaine. Le marché libre est la conséquence logique de la morale.

                • Je crois bien que nous sommes essentiellement d’accord, à part ce qu’il y aurait à considérer soit(ou à la fois)
                  comme une interprétation particulière de votre part qui ne correspond à ma pensée, soit que celle-ci soit extrêmement mal énoncée et exprimée.

                  Je comprend ce que vous voulez dire,et j’en suis d’accord,si c’est bien que, essentiellement,il n’y a aucune ment lutte entre des démunis et d’autres,d’autant plus, que ce n’est pas du tout ce que je voulais dire ni ce à quoi je pensais. Je ne me suis pas mal exprimé et vous ne m’avez pas vraiment mal compris: simplement nous ne devons pas parler exactement du même point de vue. Et nos deux points de vue sont je pense,également valables.

                  En les reliant, on a un panorama, l’un de nous décrivant ce qu’il voit à l’Est, l’autre à l’Ouest.
                  Mon idée est plus banale que la votre, mais,du point de vue philosophique et moral, j’adhère à votre analyse.
                  Il est tout-à-fait vrai que le libre échange,le marché,n’est rendu possible que par la constitution de la société
                  et des lois qui sont les conventions entre les humains exprimant le projet(au-delà de la nature) humain.Ce qu’on a appelé lois naturelles qui,justement, ne dérivent pas de la Nature brute.

                  Mon propos ne concerne pas une lutte entre des forts et des faibles dans la vie et dans la société.Bien que le Marché n’exclut personne,c’est d’autant évident qu’il appelle tout le monde, c’est sa fonction.

                  Mais,je parle non pas de la généralité des humains comme si une lutte avait lieu entre tous sur une place qu’on appellerait la Place du Marché,pardon pour la plaisanterie,disons sur le Marché,dans une espace ou territoire dénommé abstraitement ainsi et qui concernerait tout le monde.

                  Votre définition est parfaite du point moral et historique et de votre point de vue.Mais c’est un point de vue philosophique qui ne décrit pas l’étroite banalité économique,c’est-à dire les mécanismes, qui fait(ou font) que le marché,je maintiens est bien le lieu,disons, d’une lutte, celle-ci se passant,se jouant entre non les individus forts et faibles,,mais entre,spécifiquement,les entreprises et uniquement celles-ci,face au « public »celui-ci,non exclu mais bel et bien appelé, jouant en quelque sorte le rôle d’arbitre entre les entreprises et leurs productions de par les préférences que les gens manifestent dans leurs achats, qui,par leurs préférences, feront gagner certaines marques commerciales plus ou moins que d’autres.

                  Les entreprises sont comme des sportifs dans des compétitions dans les stades.Chacune s’efforçant de donner la meilleure satisfaction possible au « public » consommateur ou spectateur dans les gradins.

                  Entre le public et les participants dans cette arène qu’est le marché,il n’ y a certes, aucun darwinisme.En revanche,entre les sportifs dans l’arène,c’est bien une lutte,quasiment au sens darwinien du terme,au sens
                  où chacun fait de son mieux,donne tout ce qu’il peut(ainsi les entreprises productrices) et puis comme selon le dicton: » que le meilleur gagne », la public étant,en l’occurrence, le souverain et impitoyable juge de la qualité(ou du rapport qualité-prix) des prestations et des produits. Parce que 2+2=4, c’est impitoyable, non ?Et quand le public a choisi ce qu’il trouve meilleur, il n’y a pas à y revenir. Le match,la compétition,se joue,comme au foot , entre une équipe qui sera gagnante et une autre qui sera perdante,ainsi entre deux entreprises concurrentes cherchant à obtenir les faveurs d’un acheteur,ce qui se dit « gagner un marché ».

                  Ce qui est boiteux dans l’énoncé de Darwin, est qu’à mon sens,il est insignifiant de dire qu’un plus fort va gagner contre un plus faible, puisque 1)le plus fort,c’est évidemment celui qui aura gagné,ce qu’on ne peut pas savoir d’avance,et c’est un raisonnement qui se mord la queue, 2) il n’ y a pas lutte au sens physique et brutal qu’implique le mot ni entre les espèces animales ni entre les entreprises, mais une compétition de type purement indirecte, dans un processus où chacune ne se bat que contre la nature ou la nature des choses,dans un lutte « pour la vie » ou pour la survie au sein de la Nature et non contre des adversaires vivants. Tout au plus pourrait-on prendre le terme de lutte dans le sens imagé et littéraire.Ce que son style
                  ne laisse absolument entrevoir.
                  La « lutte pour la vie », que chacun des êtres vivants,hommes et animaux, n’est que l’effort de chacun pour sa survie non un combat contre d’autres. Le dire en Français sonne complètement évident et banal. Le dire en Anglais est pris par les gens comme une révélation terrible et d’une profondeur quasi inaccessible !

  • A tout intéressé,

    J’ai rédigé un billet en réponse à l’article du Professeur Combe. La première partie se trouve ici :

    http://www.institutcoppet.org/2014/09/16/la-concurrence-nest-toujours-pas-ce-que-lon-croit-reponse-au-professeur-combe-1/

    Colin

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Après la difficile nomination d’un Premier ministre, attendons l’accouchement encore plus difficile d’un budget qui sera probablement aussi désastreux pour les finances publiques que pour nos finances personnelles.

 

À la décharge d’Emmanuel Macron, la nomination d’un Premier ministre capable de plaire à une majorité de Français était une mission impossible.

En effet, le nombre des suffrages recueillis par des partis dits extrémistes ou populistes montre que les Gaulois se défient des politiciens.

Et « en même... Poursuivre la lecture

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