Grandeur et décadence de la presse écrite

La décadence de la presse écrite n’est pas quelque chose de nouveau. Comment en sommes-nous arrivés là ?

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Grandeur et décadence de la presse écrite

Publié le 21 août 2014
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Par Jabial.

imgscan contrepoints843 presse médiasLe premier journal imprimé au monde, à diffusion purement locale, a été lancé en 1605 à Strasbourg. Pour être honnête, la France ne peut pas pour autant en revendiquer la paternité. En effet, ce journal était en langue allemande, et pour cause : cette ville appartenait à l’époque au Saint-Empire Romain Germanique. Strasbourg était encore Germanique quand la célèbre Gazette, le premier journal français, débuta sa parution par privilège royal en 1631. Auréolé d’un statut quasi-officiel sous l’Ancien Régime, il allait survivre trois siècles, connaissant la déchéance de devenir la feuille d’opinion des royalistes, avant de disparaître définitivement en 1915. Entre temps, d’autres périodiques avaient pris le relais.

L’époque héroïque du journalisme français

Censurée de Louis XIV à Napoléon, puis de nouveau pendant les périodes de conflits, la presse française a connu une époque héroïque dont il subsiste encore des vestiges qui sont brandis glorieusement, telles les reliques d’un Saint mort depuis longtemps. On peut citer le Canard Enchaîné, né en réaction à la propagande pendant la Grande Guerre, mais qui vit aujourd’hui d’informateurs bien placés plus que d’enquêtes longues et coûteuses, tant il est vrai que ce rôle-là de la presse a été tristement abandonné. Comment en sommes-nous arrivés là ?

La décadence de la presse écrite n’est pas quelque chose de nouveau. Entre les deux guerres mondiales, les scandales se sont multipliés. D’abord sa triste participation à la propagande de guerre durant la première guerre mondiale. Ensuite, son implication dans les scandales financiers qu’elle était parfois rémunérée pour ne pas révéler. Enfin, bien avant l’apparition de la télévision, la concurrence d’un autre média, la radio, allait lui porter un coup terrible.

L’ère de l’autocensure

Jean Jacques Grandville, Résurrection de la censure, 1832.
Jean Jacques Grandville, Résurrection de la censure, 1832.

La création en 1937 du statut des journalistes avait pour but d’éviter les conflits d’intérêt. Malheureusement, elle a surtout eu pour résultat de faire des journalistes une caste de privilégiés déconnectés du monde réel et courtisés par le pouvoir. La pratique du off, qui consiste pour des journalistes à accepter que leur soient révélées des informations sous la condition qu’elles ne soient pas diffusées au grand public, en est l’illustration la plus flagrante. Comment un journaliste digne de ce nom peut-il accepter cela ? Dans ce système pervers de compénétration au pouvoir, certains journalistes finissent par faire littéralement partie du monde sur lequel ils devraient informer le public, et leur souci n’est plus d’aller chercher les informations mais de sélectionner celles qu’ils peuvent diffuser sans s’exclure de cette haute société qui les reçoit avec tous les honneurs. On est passé de la lutte héroïque contre la censure à l’autocensure.

L’évolution du modèle d’affaires de la presse écrite, elle aussi, a suivi une très mauvaise pente depuis plus d’un siècle. Si on suit le prix de vente des journaux en monnaie constante, on s’aperçoit que la plupart des périodiques sont passés progressivement d’un financement par les lecteurs, qui générait des bénéfices tout à fait appréciables, à un financement par la publicité, négociée au cordeau par les annonceurs, et ce, à tel point que l’existence même d’un prix de vente est parfois vue comme un obstacle financier. Et puis, on a introduit la subvention, à petite dose d’abord et puis de plus en plus, à tel point qu’aujourd’hui on ne peut plus qualifier la presse française de privée.

Ce manque de moyens récurrent, qui résulte d’une inadaptation que la subvention a permis de perdurer, s’accentue d’année en année et défraye la chronique périodiquement, ce qui ne manque pas d’être paradoxal. Mais comment cela a-t-il pu arriver ?

Quelques hypothèses

Kiosque à journaux à Paris (Crédits : zoetnet,  licence Creative Commons)L’hypothèse la plus vraisemblable est celle d’un cercle vicieux entre la disparition progressive du service des enquêtes, coûteux mais à même de fidéliser un lectorat qui demande de la valeur ajoutée (le fameux « scoop ») et la transformation progressive de la presse écrite en caisse de résonance d’informations recueillies par quelques agences de presse. C’est ainsi que les mêmes informations, avec les mêmes sources et les mêmes détails, sont reprises dans l’ensemble des médias en les adaptant à la sensibilité régionale ou politique de leur lectorat. On ne retrouve plus de véritables enquêteurs journalistiques dans la presse écrite : ils travaillent pour d’autres médias qui ont la curieuse idée de les payer. Ce qui s’en rapproche le plus est le triste ersatz des correspondants anonymes des quotidiens régionaux, qui parcourent leur zone attitrée à la recherche d’informations d’importance locale. Ne riez pas, élites des journaux parisiens. Ils font les urgences et les poubelles, eux. Ils se salissent les mains. Ils ne dînent pas en ville avec ceux sur qui ils savent tout et dont ils ne nous disent rien.

Ne pleurez plus la presse écrite. À quelques exceptions près, elle est déjà morte. Elle est devenue une machine à adapter des dépêches.

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  • la presse écrite n’est qu’une lecture de propagandes , dictée par l’état , payé avec notre argent ; on ne mord pas la main qui vous nourrit ;

    • tout à fait d’accord avec vous Marie .Et c’est la principale raison de sa mévente.

      • Quand on voit les résultats, à tous les niveaux, de l’uniformisation de la pensée facilitée par, entre autre, notre belle presse libre, il y a vraiment de quoi pleurer. Les implications sont presque aussi désastreuses que celles causées par l’EdNat.

  • Agence de presse étatique, qui plus est, dans le cas de l’AFP.

  • Il en est de même avec les autres médias (radio et TV)….au service de la propagande d’Etat.
    Il faut lire la presse étrangère pour être (un peu) mieux informé de ce qui se passe dans notre propre pays !
    l’article aurait pu aussi développer les scandaleux privilèges dont bénéficient les journalistes à notre époque…résultat, une presse atone, de bas niveau avec de plus en plus de fautes d’orthographe et de conjugaison…le nivellement par le bas quoi.
    Un exemple récent fut la révélation par Closer (journal people) de l’affaire Hollande /Gayet que tout le monde journalistique connaissait depuis longtemps ….voilà où nous en sommes réduits : lire la presse de bas étage pour être informés !
    C’est écoeurant cette corruption à tous les étages qui verrouille le pouvoir encore + sûrement qu’au temps des Rois…Nous ne sommes pas en démocratie, celle-ci est (très) contrôlée à tous les étages….

  • Oser titrer « Grandeur et décadence de la presse écrite » pour la résumer en si peu de lignes relève soit du génie, soit de l’imbécilité. Nous tombons ici dans le 2ème cas de figure, où l’auteur se rate complètement avec une analyse totalement incomplète et un point de vue totalement biaisé. L’histoire de la presse écrite n’a certes pas toujours été brillante, mais elle est loin d’être aussi noire que ce que votre article laisse à croire.

    Cette pseudo-analyse totalement biaisée et incomplète n’est rien d’autre qu’un amas de critiques gratuites.
    Respectez un peu plus ce qui a permis aujourd’hui à des sites comme contrepoints d’être ce qu’ils sont, car vous n’en paraissez clairement pas digne.

    • Je trouve que votre commentaire manque de « totalement ». De plus, je ne savais pas que la presse avait permis la création d’Internet. Passionnant…

    • Cet article souffre de sa brièveté, mais si vous êtes ce que je crois, vous savez aussi bien que moi que c’est la forme imposée par le format. Article trop long n’est pas lu. Il existe d’autres supports pour les analyses en profondeur. Néanmoins, il ne contient ni raccourci ni simplisme, et a été rédigé avec une éthique dont beaucoup de journalistes professionnels pourraient s’inspirer. En effet, vous n’y trouverez aucune allégation non vérifiée sur quiconque, son titre, s’il peut paraître grandiloquent, correspond bien à son contenu plutôt qu’à son contraire plus racoleur, et il est entièrement dépourvu de fantasmes populistes tels que l’immigration-invasion ou la mainmise des cent familles. Peut-être est-ce cela qui, par un effet de relativité tout à fait compréhensible, vous conduit à prendre notre rare objectivité pour un biais.

      Si vous cherchez un média bel et bien biaisé mais qui fait, contrairement à d’autres, son travail d’information, allez voir du côté de Mediapart. Cela vous changera des salles surannées des temples de la presse où les égos prennent la poussière en attendant la fin.

    • « Respectez un peu plus ce qui a permis aujourd’hui à des sites comme contrepoints d’être ce qu’ils sont, car vous n’en paraissez clairement pas digne. »

      Contrepoints est libre de décider des articles qui y paraissent sans vous demander votre (notre) avis. Quant au respect et la dignité, votre commentaire montre que c’est vous qui en manquez.

      « jabial » ne se trompe probablement pas en disant « …si vous êtes ce que je crois… »

    • C’est vrai que l’article, pourtant parlant d’un sujet brulant que semblait motiver le titre, nous laisse sur notre fin.
      – quid du syndicat du Livre CGT, pourtant problème central et récurrent de la presse écrite, ses méthodes staliniennes, ses pressions criminelles pour enlever les sujets qui fâchent des journaux avec menace de grève sur le tas prolongée, et donc menace de faillite des journaux qui voudraient publier des faits gênants pour lui
      – quid des NMPP et de leur quasi monopole d’impression et de distribution, de l’obligation sine qua none pour un ouvrier du Livre de faire partie du syndicat CGT communiste pour travailler aux imprimeries (obligatoires et officielles) de la presse, selon les ordonnances de 1947. depuis quand , en France est-on obligé de s’inscrire à un syndicat d’extrême gauche pour entrer dans un travail et bien depuis 1947. La démocratie, quoi !
      – quid des abattements sur impôts de 7000 et quelques € des journalistes
      – quid des invitations tous frais payés aux voyages présidentiels et gouvernementaux en échange de l’accréditation pour ces voyages et le silence qui va avec
      – quid des financements venant de la Banque du Nord (KGB et URSS) pour les torchons d’extrême gauche
      – quid de l’École de Journalisme où l’on vote à l’unanimité désormais pour la gauche, non par opinion majoritaire mais par peur de ne pas trouver de travail en en sortant, ou de se faire dénoncer au tribunal de la pensée unique ou dans les salles de rédaction où l’on ne peut être que « de gauche »…
      – tiens la pensée unique, cela aurait bien mérité un chapitre, avec ses Beria, ses Lyssenko de pacotille qui peuplent les organes idéologiques inféodés à la rue de Solférino
      – …

      Ce serait trop long.
      La presse française penche à gauche, comme les médias, et à force de pencher à gauche, elle se prend le 35 tonnes qui vient en face : la vérité.

      L’historique initial nous met l’eau à la bouche, et puis psssshhhhiiiiitttt !

      • L’article avait quand-meme le merite d’introduire le sujet (il etait en tout cas beaucoup plus pertinent que la petite manifestation personnelle corporatiste de canard56, qui devrait apprendre les bonnes manieres, et eviter d’agresser au premier abord quelqu’un qui ne l’avais pas attaque personnellement).

        Ceci-dit c’est vrai que le sujet meriterait largement d’etre developpe, vous en avez parfaitement ennonce les grandes lignes, je crois meme qu’il serait souhaitable de reproduire le meme exercice d’analyse detaille des segments economiques, prives ou publics, infectes par une presence de controle effectif marxisant, a l’echelle nationale et de maniere systematique. A quand, sur Contrepoint, une serie d’articles qui reproduise ce schema detaille, secteur par secteur ?

      • Je regrette qu’il ne soit pas possible ici de sélectionner les meilleurs commentaires, le vôtre serait en bonne place.

        Encore une fois, nous sommes malheureusement devant les contraintes du format. Ne serait-ce que lister toutes les problématiques que vous évoquez augmenterait d’un tiers la longueur de l’article, qui dépasse déjà sa cible. Et chacun de ces sujets nécessiterait un article à soi seul.

        Un jour peut-être, je ferai un complément ou deux.

  • La rentabilité est un problème à part entière. Il est difficile de comparer un point actuel par rapport à son passé pour en déduire une amélioration ou une aggravation. La situation est différente, point.

    On peut penser au modèle du PC où, à part les monopolistes microsoft et intel, les fabricants historiques ont tous coulé ou revendu leurs affaires à des fabricants de masse pour arriver à un produit générique, avec quelques secteurs de niche très rentables.

  • Les médias, écrits ou télévisuels, sont entre les mains d’une même « tribu », accoquinée au pouvoir et donc tributaire!
    Le pire est lorsque nous assistons à des plateaux télé où des énergumènes éructent et s’insultent pour tenter de marquer leur passage! C’est un spectacle attristant, avec Marchais on se marrait, avec « Le point », « l’Express » et autres on s’emm…..!!

  • Vous auriez pu citer Raymond Aubrac, qui dans une interview à l’Acrimed a affirmé que la presse était plus libre sous l’Occupation qu’elle ne l’est aujourd’hui. Cet ancien résistant communiste a d’ailleurs fait son « mea culpa » il y a une quinzaine d’années en expliquant que la censure exercée par le PCF à la Libération avait eu pour effet pervers de remettre la presse, pieds et poings liés, entre les mains de gros industriels français.
    – Par ailleurs je suis étonné de vous voir critiquer la presse française pour sa propagande de guerre : le nationalisme est une idéologie politique au niveau de la propagande journalistique. Le rôle de la presse et du devoir d’information est principalement d’empêcher les historiens de se faire entendre, de révéler par exemple le caractère d’idéologie nationaliste ultime du projet européen, non pas « antinationaliste » comme le prétendent ses détracteurs et ses partisans.

  • exemple de compromission de « journaliste »

  • Tout devrait etre pourtant simple. Un journal se vend et il vit, il ne se vend pas et il ferme ses portes.

    Ici, comme ailleurs, l’intervention de l’etat fausse tout; grace a l’argent du contribuable, celui-la meme qui ne desirait aucunement acheter le journal…

  • Allez donc caqueter ailleurs canard56.
    Ici c est la liberté et vous êtes un animal de basse cour

  • I pad m a tuer …et c est tant mieux !!

  • Ceux qui pratiquent Twitter ressentent cet effet-là, le dilemme entre informer et ne pas déplaire.

    • Twitter n’est pas un organe d’information, c’est un tuyau à potins, il est bien en dessous de Voici et Gala. C’est un téléphone dont l’unique particularité différente du téléphone est que les conversations sont sur la place publique.

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