Quelles réformes pour relancer l’économie ?

Le gouvernement songe à de nouvelles baisses d’impôt. Ce n’est pas une solution.

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Quelles réformes pour relancer l’économie ?

Publié le 25 août 2014
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Le gouvernement songe à de nouvelles baisses d’impôt. Ce n’est pas une solution. Les entreprises et les ménages ont surtout besoin de moins de carcans, de plus de liberté, et d’un peu de bon sens.

Par Jacques Bichot

imgscan contrepoints 2013-2103 croissance hollandeCroissance nulle en France pour le second trimestre comme pour le premier, l’annonce faite par l’Insee est une douche froide pour le Gouvernement, qui du coup envisage une baisse d’impôts. Mais, si discutables soient les augmentations réalisées dans ce domaine depuis deux ans, il y a déjà eu trop de changements : les Français ont besoin d’un peu de stabilité, et les finances publiques ne sont pas en situation de réduire, globalement, le taux d’imposition, donc évitons d’inventer un nouveau jeu de chaises musicales dans le domaine fiscal. En revanche, il y a beaucoup à faire en dehors de la fiscalité.

Commencer par ne pas nuire

D’abord, s’abstenir de certaines bêtises, à commencer par l’ouverture d’une guerre économique avec la Russie. Les guerres provoquent des dégâts ; les embargos, artillerie de campagne de la guerre économique, en font dans les deux camps. Les « chômeurs pour la France », à la différence des « morts pour la France », ne seront pas tous identifiés, mais on peut être certain qu’il y en aura. Il ne faut donc ouvrir une guerre économique, comme une guerre militaire, qu’à bon escient, et il n’est pas évident que le gouvernement ukrainien actuel mérite ce soutien coûteux.

On peut ensuite, en faisant vite, revenir sur certaines sottises récentes avant qu’elles n’entrent vraiment en application. Par exemple, les comptes pénibilité, dont la mise en place et le fonctionnement vont imposer une lourde charge aux entreprises, et donc diminuer la propension à développer celles qui existent et à en créer de nouvelles. L’heure est trop grave pour faire mumuse avec des gadgets sociaux au détriment de l’emploi.

La ridicule contrainte portant sur les contrats de travail à temps partiel (pas moins de 24 heures hebdomadaires !) pourrait également passer à la trappe, même si, hélas, le travail inutile de négociation des dérogations est amorcé. La devise des médecins devrait s’étendre aux hommes politiques : primum non nocere, commencer par ne pas nuire.

En matière de lutte contre la délinquance, certaines mesures dont l’encre est à peine sèche pourraient avantageusement être rapportées. On sait que la police judiciaire, les magistrats et les greffiers, et une partie du personnel pénitentiaire (y compris les personnes chargées du suivi des condamnés non incarcérés) perdent un temps considérable du fait de dispositions iréniques : tout ce qui diminue la productivité des services publics doit être revu et corrigé.

Adopter une politique de vérité des prix plutôt que de subventionnement et d’imposition

Il y a ensuite beaucoup à faire pour éviter les augmentations d’impôts, notamment sur les entreprises, et enclencher des diminutions. Par exemple, il vient d’être décidé la création d’une taxe sur les entreprises établies hors des grandes agglomérations, pour financer le subventionnement des TER par les Régions. Rapportons cette décision stupide avant que le mal ne soit fait !

La vérité des prix est une condition essentielle du bon fonctionnement de l’économie : que la SNCF augmente les prix des lignes déficitaires, et fasse des gains de productivité ! Et programmons une diminution des taxes sur les entreprises destinées à financer les transports en commun urbains : là encore, c’est le prix du billet et de l’abonnement qui, au terme d’une période de transition, devrait suffire à la RATP et à toutes ses petites sœurs.

Desserrer les contraintes règlementaires pour plus d’efficacité économique

Renonçons aussi au projet de réduction de notre parc de centrales nucléaires. Cette forme économique de production de l’électricité est un atout dont nous serions idiots de nous priver partiellement. On ne se prépare pas à courir un marathon en se tirant une balle dans le pied, en renonçant bêtement à ce qui marche bien.

Travaillons aussi à desserrer les contraintes relatives à la gestion de l’immigration. Le carcan normatif, en partie imposé par Bruxelles, en partie par la Cour européenne des droits de l’homme, produit l’effet contraire de ce que veulent les gens bien intentionnés qui l’ont mis en place et qui ne cessent de l’augmenter : des centaines de milliers de pauvres gens trainent en attente de décisions judiciaires ou administratives et deviennent inaptes au travail, au lieu d’être soit renvoyés d’où ils viennent, soit convenablement aidées pour s’insérer et travailler en France.

Alors que, comme Charles Aznavour le faisait judicieusement remarquer, il y a pléthore de petits villages français quasiment abandonnés où ces personnes pourraient vivre de leurs propre travail tout en redonnant vie à nos campagnes.

S’attaquer aux pouvoirs établis

Et puis certaines malfaisances doivent être stoppées. Le triste sort de la SNCM, et celui du port de Marseille, ce sont des milliers d’emplois fichus en l’air ou non créés parce que des agitateurs irresponsables sont assimilés à des représentants de la classe ouvrière. Nous n’avons déjà plus de quoi payer des personnes à ne rien faire ; a fortiori sommes-nous devenus trop pauvres pour entretenir des personnes à empêcher les autres de travailler.

Avoir une politique de vérité des prix plutôt que de subventionnement et d’imposition ou de déficit public ; avoir une législation et une réglementation soucieuses de l’efficacité économique ; s’attaquer aux pouvoirs établis par la complaisance des autorités qui paralysent l’activité : voilà des domaines dans lesquels il y a pléthore de réformes à réaliser en vue de rendre plus facile le développement de l’activité sans dépenser de l’argent public que le Trésor ne possède pas.


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  • la priorité consisterais à s’occuper sérieusement et exclusivement de la sphère publique et de ses bastions dépensiers et outranciers , il faut donner un répit de 20 ans au privé .

  • à partir du moment où l’on se décide enfin à arrêter les nombreux gaspillages de l’état et de ses filiales, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas en même temps baisser les impôts.

  • Bien dit ! C’est évident que la vérité des prix est à la base de la reconquête de la liberté, bien comprise et assumée. Mais les impôts en eux-mêmes faussent les prix (je le sais bien : je viens de recevoir ma facture EDF, avec ses taxes sur les taxes sur les taxes), surtout lorsque ces prix sont des tarifs administratifs et non de vrais prix.

    La baisse des impôts est un élément essentiel de la vérité des prix.

  • Le défi est posé par le temps d’action-réaction.
    Les réformes qui ont un impact fort et fondamental prennent beaucoup de temps, plusieurs législatures: instruction publique, formation professionnelle, investissements structurels, bouquet d’assurance santé et vieillesse, système fiscal dans son ensemble, périmètre d’action de la fonction publique.
    Des réformes importantes peuvent pourtant être réalisées en peu de temps: libéralisation des contrats de travail, suppression des cartels de fait (surtout les monopoles étatiques), modulations fiscales, simplification ou suppression de normes et règlements.

    Le tout a besoin de consensus et de courage politique, mais consensus et courage ne sont pas des valeurs profondes de la politique politicienne.

    • « Les réformes qui ont un impact fort et fondamental prennent beaucoup de temps »

      je ne pense pas : un discours d’un quart d’heure pour expliquer ceci :
      « enrichissez vous ! désormais et pour les 5 ans à venir, sur tout ce que vous gagnez en plus par rapport à l’année dernière, vous ne paierez pas un euro d’impôt supplémentaire, vous gardez tout pour vous. »
      et curieusement, on s’apercevra que les dépenses de l’état et de ses filiales pour indemniser le chômage et les autres prétextes à dilapidation de notre argent baisseront et que ça rétablira les comptes publics.

  • Tout à fait d’accord avec l’article : il liste tout ce que Valls peut et devrait faire.

    Ca ne résout pas le problème de fond, ça peut au mieux nous éviter de sombrer trop rapidement, mais ça remet les pendules à l’heure en attendant un nouveau choix des électeurs pour le meilleur (on peut rêver) ou pour le pire (probable mais jamais certain).

  • ><
    Libérer les OGM, le gaz de schiste, créer une filière intégrale de la production à la vente du cannabis.

  • Il faudrait avant tout se donner les moyens d’inverser la courbe du chômage et la courbe de l’immigration.
    La politique française détruit des emplois et pratique en même temps une politique d’immigration généreuse venant abonder la population souvent désœuvrée de la banlieue de nos grandes villes.

    Il faut donc s’engager dans une politique de réindustrialisation de la France avec la promotion des métiers manuels et freiner l’arrivée de migrants impossible à intégrer.

    • Vous avez un problème de causalité : on ne résout pas les problèmes en inversant des courbes. Vous avez aussi le problème de Procuste : c’est en laissant les choses prendre leur équilibre naturel sans intervenir que vous aurez les plus beaux fruits, pas en tapant dessus pour les étirer ou les raccourcir.

      • Cela n’est pas le sens de mon intervention.
        Il est bien évident que les courbes ne sont qu’une photographie d’une situation à un moment donné.
        La solution ne réside pas dans le déni de réalité; il faut se donner les moyens d’agir. La situation actuelle de la France me semble être la conséquence d’un comportement laxiste et d’une incompétence manifeste de nos élus.

        • D’accord pour l’incompétence de nos élus, pas du tout d’accord sur leur laxisme. Ils contrôlent tout au millimètre, et si le déficit glisse à 4.5% ou la croissance stagne à 0%, c’est justement parce qu’il ne saurait en être autrement et que les mesures qu’ils auront prises mènent exactement à 4.5% ou 0%, mais qu’ils ont jugé qu’entre rapporter les mesures ou accepter le « glissement », ça leur rapporterait plus de suffrages ou moins d’ennuis de conserver les mesures.

          • Votre observation est pertinente. Généralement le souci principal de nos élus est de s’assurer de leur réélection dans un objectif de bon déroulement de carrière.
            Si nos élus se déterminaient en fonction d’un objectif de service public et de développement économique ils seraient contraints d’adopter une posture différente vis à vis de leurs électeurs.
            En France on considérer qu’un homme politique méritant le suffrage de ses électeurs doit être, avant tout, un homme ou une femme qui a une aptitude à faire rêver les Français

  • Un pays, a besoin pour exister de choses qui nous manquent cruellement: des frontières, une monnaie, une armée, un gouvernement, une industrie et une paysanerie, sans même évoquer une communauté de race ou de religion.
    H16 dirait: « Ce pays est foutu »
    Je dirais: Ce pays n’existe plus. La république a tué ma France.

  • il vient d’être décidé la création d’une taxe sur les entreprises établies hors des grandes agglomérations,

    Ouf, une nouvelle taxe.
    Taxons ceux qui franchissent les lignes jaunes, aussi.

  • ah… la mystique keynésienne, et ANTI-Keynésienne.

    Il n’y a absolument RIEN qu’un gouvernement puisse faire ou ne pas faire pour relancer l’économie.

    Pour rappel, selon le libéralisme à la sauce Schumpeter, ni les hausses ni les baisses d’impôts ou de dépenses de l’État ne sont capables de lutter contre la crise : ON NE PEUT PAS LUTTER CONTRE LA CRISE ; IL NE FAUT PAS LUTTER CONTRE LA CRISE

    Le tissu économique est indépendant des gouvernements.

    Seul le passage de la crise, la faillite des petits rentiers et des entreprises non-rentables, et le renouveau des structures économiques peuvent nous faire progresser.

    Bonne nouvelle : la crise va repartir en 2015, et cette fois-ci, ni les politiques néo-keynésiennes ou anti-keynésiennes n’y pourront strictement rien. Vivement.

  • Je rajouterais une mesure supplémentaire : donner une grande importance au chiffre du PIB « marchand », hors dépenses de l’état. C’est quelque chose qui devrait être sensible aux bonnes mesures, et dans le bon sens, et qui permettrait de les justifier, souvent très rapidement.

  • sans diminution conséquente de prélèvements ,il n’y aura pas de reprise .

  • Un très bel exemple d’une pensée Étatique, interventionniste, néo-keynésienne, qui prône des politiques économiques contre-cycliques.

    La question est : comment l’auteur peut-il se prétendre libéral ?????

    Quand on est libéral, on ne dit pas que l’État doit lutter contre la crise… La crise est naturelle et nécessaire.

    Ainsi, pour reprendre l’article :

    1. L’Étatisme, et le pouvoir gouvernemental, abouti nécessairement aux conflits entre États. Poutine est Étatiste, protectionniste, interventionniste, il empêche le bon déroulement de la mondialisation, rétabli un rideau de fer, il pousse les USA et l’Europe vers la guerre.

    2. Pour les points de détails suivants (temps de travail et justice), croire que cela permettrait de lutter contre la crise tient de la pensée magique.

    3. La vérité sur les prix, c’est précisément la crise qui l’apporte. Les prix doivent s’effondrer. Le marché immobilier en particulier (et cela a heureusement déjà commencé). Ce n’est pas un gouvernement qui peut faire quoi que ce soit de constructif pour cette vérité des prix. C’est la crise, encore la crise, toujours la crise, qu’il faut souhaiter et appeler.

    4. EDF et le parc nucléaire est une des dernières entreprises 100% publique. Le nucléaire N’EST PAS RENTABLE. C’est pour cela que seul l’État Français s’y accroche. C’est un reste des veilles politiques étatistes de DeGaulle.

    5. 100% d’accord sur l’immigration, il faut faire tomber les frontières, permettre la libre circulation des capitaux, des biens, et des personnes à l’échelle de la planète.

    6. La SNCM est privatisée. Cela n’est plus du ressort de l’État.

  • Le dynamisme de l’économie ne résulte ni de la chance, ni de la religion (divine ou politique), mais de la capacité des entreprises à fabriquer de la valeur.
    Si l’argent est gagné en s’accouplant au pouvoir politique, l’entreprise oriente sa stratégie pour obtenir les faveurs du pouvoir, et, va essayer d’attirer vers elles des ressources captées par le pouvoir. Fleurissent alors lobbies, corruption, parasitage, …
    Si l’argent ne peut pas être capté du pouvoir, l’entreprise n’aura d’autre solution que de créer de la valeur, c’est à dire produire un bien ou un service demandé (et, soyons fous… pourquoi pas… utile ?), et à prix accepté. Autrement dit, concurrentiel, et sans utilisation de ressources publiques

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