Par István E. Markó et Drieu Godefridi, depuis la Belgique.
Monsieur Pieter Timmermans, le président de la Fédération des entreprises de Belgique (FEB), publiait ce 21 août dans La Libre Belgique un texte sur la situation énergétique qui, à première vue, semble être de nature à recueillir l’adhésion de tout un chacun. Cependant, en y regardant de plus près, on peut se demander si les « aveugles » qu’il dénonce ne travaillent pas à la FEB.
Le constat accablant que dresse la FEB est bien réel et nous affecte directement. Hélas, M. Timmermans n’ose pas dire de manière explicite – ou feint d’ignorer – que le marasme dans lequel nous gisons est dû, non pas à notre politique énergétique, mais bien à notre politique de l’électricité.
Le problème électrique belge est né de l’idéologie antinucléaire, savamment orchestrée depuis des années par divers groupes de pression écologistes et financiers. La croyance aveugle dans la production d’électricité par ce que le patron de la FEB appelle pudiquement « les énergies alternatives », nous a conduits au désastre actuel. Une minorité agissante est parvenue à faire croire – même à la FEB, semble-t-il – qu’il faut produire de l’électricité avec la source d’énergie la plus chère, la plus compliquée, la plus consommatrice en subsides (étatiques), la plus aléatoire et celle qui exige de revoir de fond en comble le réseau électrique : le « renouvelable ».
On a beau appeler cela du nom sympathique de « smart grid », cette gabegie devrait coûter à l’Union européenne la modique somme de 400 milliards d’euros d’ici 2020. Ajoutons à cela plusieurs dizaines de milliards d’euros qu’il faut payer en subsides dans chaque État membre, y compris la Belgique, pour maintenir les aides financières indispensables au fonctionnement des énergies alternatives (cf. l’ouvrage Le fiasco énergétique de MM. David Clarinval et Corentin de Salle). Qui va payer ? Personne n’a les moyens de le faire, M. Timmermans. Est-ce parce qu’il y a des entreprises engagées dans les « énergies alternatives » au sein de la FEB que celle-ci préfère se voiler la face plutôt qu’ouvrir les yeux ?
Pourtant, la croyance de la FEB dans les énergies alternatives semble sans limite. Ainsi M. Timmermans vante-t-il le « potentiel énorme à mettre en connexion l’énergie éolienne et hydraulique du nord de l’Europe avec l’abondance d’énergie solaire du sud de l’Europe ». Ce potentiel n’existe que dans la tête de ceux qui ne savent pas calculer. M. Timmermans serait bien inspiré de demander à son homologue espagnol ce qu’il pense de cette idée.
L’Espagne, qui a cru dans le miroir aux alouettes des énergies alternatives, a dû créer un fonds sur la place de Londres appelé « Fondo de Amortización del Déficit Eléctrico », dont même ceux qui ne connaissent pas la langue de Cervantès comprennent que l’objet est d’ »amortir » la gabegie du renouvelable espagnol. Ce ne sont pas moins de 30 milliards d’euros que les Espagnols vont devoir rembourser… Quant à l’idée saugrenue d’importer de l’énergie solaire des pays du sud de l’Europe, les experts de la FEB devraient s’informer de l’échec retentissant de cette autre fausse bonne idée qu’était le projet Desertec.
Tant que l’on ne dira pas de manière claire et honnête que la situation électrique (et non pas énergétique) catastrophique dans laquelle nous nous trouvons provient de la croyance aveugle et dogmatique dans les « énergies renouvelables », nous ne sortirons pas de l’ornière.
Nous nous sommes collectivement trompés avec la génération d’électricité « renouvelable ». Disons-le clairement, ouvertement, fortement, honnêtement, afin que le gouvernement en formation prenne les mesures qui s’imposent.
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Article éclairant quant à la profondeur de l’infection idéologique parmi certains milieux patronaux. Tous s’astreignent à jouer de mimétisme, autrement dit « singer, sans discernement ». Faut souligner que le matraquage médiatique entretient le bêtisier sur une large échelle ; quelques journaleux excellent dans ce domaine de la propagande verte (noms et titres tus) !
De fait, une confusion de genre s’est installée entre une forme d’indépendance énergétique nationale et la nécessaire efficience économique pour les consommateurs industriels et particuliers. En ces matières, les Z-Ecolos – les Greenpeace et leurs consorts ne ratèrent pas mal leurs « coups » ; ça change heureusement sous l’effet d’une prise de conscience publique : tout le monde n’est pas borné !
Petite nuance toutefois relative à la portée du concept « smart grid » européen :
1) L’interconnexion entre sources (product mix) et pays constituerait – théoriquement – un facteur relatif d’équilibrage.
2) les coûts exorbitants et un monitoring complexe en resteront problématique. Les algorithmes ne résolvent pas tout (cfr. le HFT en bourse, etc.). D’autant qu’en cas de « clash accidentel » sur une composante de réseau peut engendrer des effets pervers de déclenchements en boule de neige.
Je crois que des cas régionaux furent vécus aux USA et Canada.
Portant ceci au niveau continental européen, la réponse ad hoc reste floue…