Pirouettes & Renoncements au gouvernement

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François Rebsamen (Crédits Mathieu Delmestre-Solfé Communications, licence Creative Commons)

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Pirouettes & Renoncements au gouvernement

Publié le 4 septembre 2014
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La communication est un art subtil qui demande un doigté particulièrement délicat. Pour être de bonne qualité, la communication nécessite une bonne réception, et une émission également bonne. En France, le gouvernement est assuré, par une presse lourdement subventionnée, d’une excellente réception de ses messages (petits fours et champagne inclus). Tout le monde les reçoit, cinq sur cinq, en pleine tête. En revanche, pour ce qui est de l’émission, des « marges de progression » existent indubitablement.

Et il n’y a même pas besoin de revenir sur les exemples récents que constituent la Loi ALUR ou le principe des 35 heures. Pour ALUR, on constate que cette loi fut poussée de travers par Cécile Duflot dans de rocailleux fossés, pour être ensuite péniblement extirpée par elle-même dans d’épuisants efforts législatifs, ce qui aura conduit un Manuel Valls aux mains de plus en plus moites à l’y repousser rapidement, pendant que les maires socialistes de Lille, Paris ou Grenoble, s’emploient à en récupérer les meilleurs morceaux. Pour un citoyen lambda, savoir si cette loi s’applique ou non devient un exercice pour le moins complexe.

Pour les 35 heures, on observe une même tendance à la confusion paniquée. D’un côté, un énarque, pas encore ministre de l’économie, se fend d’un commentaire qu’on aurait largement pu classifier de bon sens en admettant qu’il faudrait bien, un jour ou l’autre, en finir avec ce concept moisi. De l’autre, le même énarque, devenu ministre, doit clairement rétropédaler pour expliquer qu’aucune renégociation de ces 35 heures n’est au programme. Ni rien d’autre d’ailleurs. Circulez, il n’y aura surtout aucune tentative d’alléger le fardeau.

Mais tout ça, au rythme frénétique de chihuahua cocaïnomane où vont les choses en France, c’est déjà de l’histoire ancienne.

godille et zigzagMaintenant, alors qu’on a déjà oublié Godille & Zigzag, le duo hamono-montebourgeois qui sera parvenu à s’auto-éjecter du gouvernement Valls 1 en l’obligeant à se démettre, nous découvrons le nouveau couple de clowns chargés d’occuper nos soirées d’hiver pendant que la facture énergétique, le chômage et le déficit budgétaire grimperont. J’ai nommé Pirouettes & Renoncements.

Le rôle de Renoncements est très bien rempli par François Rebsamen. Brave petit soldat de la garde hollandiste qu’il a bien fallu récompenser pour sa fidélité à défaut de compétence, le pauvret se débat à présent avec des chiffres du chômage de plus en plus mauvais, noyé par une courbe, pardon, une vague qui a refusé de s’inverser. Il espérait surfer sur une tendance optimiste, le voilà pataugeant dans des eaux sombres et agitées dont on ne voit plus le fond.

Amer constat que celui de chiffres qui gonflent. Deux solutions se présentent à notre bricoleur socialiste : trouver le mistigri, la martingale pour inverser la courbe réduire le chômage, relancer l’activité, bref, redonner de l’emploi aux millions d’individus que la crise semble avoir jetés, par paquets de cent mille, dans les officines Pôle-Emploi de France et de Navarre. Une idée, donc, une vraie. Ce serait une première, surtout au PS. Ou bien … assaisonner les statistiques en réduisant le nombre d’inscrits. Après la découverte, à la fin du mois d’août, que le gouvernement était soluble dans la démondialisation montebourgeoise, on s’aperçoit étonné que les chômeurs sont oxydo-réductibles dans un bain de contrôle anti-fraude.

Tout bien analysé, voilà qui « fait le job » comme on dit de nos jours ! À lui, la réduction du chômage, la baisse de la fraude sociale, et l’inversion de la courbe tant recherchée par ses patrons ! Seul petit souci pour Rebsamen : renforcer les contrôles, traquer le fraudeur, vérifier que les uns et les autres ne touchent rien d’indu, et font bien les efforts attendus d’eux pour retrouver, fissa, un emploi, tout cela, c’est exactement ce que prônait ce qu’en France on appelle sans rire « la Droite », jadis, lorsqu’elle était au pouvoir. Et tout l’appareil socialiste s’était alors levé, comme un seul homme (à commencer par le candidat Hollande lui-même), contre ce genre de pratiques honteuses.

rebsamen et ses bobards sur le chômage

Au passage, la critique d’alors (« Quand Nicolas Sarkozy attaque les chômeurs, François Hollande, lui, veut s’attaquer au chômage ») résonne délicieusement alors que le chômage n’a pas été trop inquiété des redoutables attaques du Roi Solex, et le fond de l’assertion socialiste d’alors reste d’actualité : qu’attendent donc nos fiers politiciens pour réellement affronter les causes du chômage ?

Peut-être … Peut-être ont-ils justement un peu de mal à identifier ces causes. Peut-être leur esprit brumeux et leur conception spéciale de la vie économique entraînent-elles une légère insuffisance à analyser le problème qui se présente ? L’hypothèse serait hardie si elle n’était pas confirmée, malheureusement, par l’obstination mortifère de nos ministres à ne surtout pas remettre en cause l’obésité de l’État. Et c’est là qu’entre en jeu « Pirouettes », anciennement connu sous le nom de Michel Sapin.

no-wayLes petits calculs (au contraire des réformes structurelles) ont été menés. Et ils sont formels : la croissance n’étant pas là (flûte), l’inflation étant anémique (zut), le budget sera un peu plus tendu que prévu (crotte). Comme il était déjà très très tendu, il sera juste super tendu. Ce serait un élastique, il aurait déjà parcouru la moitié de la distance Terre-Lune, mais nos gouvernants ne désespèrent pas de l’étirer bien au-delà, le tout sans qu’il ne claque et leur revienne dans la figure.

Au bilan, le gouvernement va devoir ralentir le rythme des économies. Vous avez bien lu : alors même qu’on n’a pas encore vu le début d’une once d’économie réelle, qu’on a même constaté une augmentation soutenue de la dépense publique, alors même qu’on n’a toujours pas vu le calcul précis des postes affectés par les 50 milliards d’économies soi-disant prévues dans les trois prochaines années et qu’on n’a même pas encore mis en place ni le pacte de compétitivité, ni celui de responsabilité, ni la réforme territoriale censée économiser plein de trucs et de machins, ni tout le reste, alors que cela fait plus de quarante ans que des économies auraient dû être faites, et plus de 20 que la Cour des Comptes les réclame haut et fort, alors que la situation est maintenant plus critique que jamais, Michel Sapin Pirouettes nous explique, la bouche en cœur et le patrimoine même pas bosselé, que les économies, qui se basaient en réalité sur l’augmentation plus faible que l’inflation des prestations diverses et variées, sont remises en cause.

Autrement dit, c’est la fin de la diminution de l’augmentation, et la reprise de l’augmentation de l’accroissement, si vous me suivez bien. Pour ce qui est de la diminution tout court, ou même de l’arrêt de l’augmentation, vous pourrez toujours vous brosser. Encore une fois.

rebsamen et sapin - pirouettes et renoncements

Le souci, bien sûr, c’est que Pirouettes se retrouve à devoir expliquer ça devant des partenaires européens de plus en plus nerveux auxquels il avait été promis, juré, craché, que des réformes étaient en cours, des économies planifiées et des efforts envisagés très fort. De ce point de vue, la communication gouvernementale marque ici encore un point haut dans le n’importe quoi : elle est devenue totalement illisible, confuse et pire que tout, contradictoire d’une semaine ou d’un mois à l’autre.

Cette confusion, ajoutée d’actes, en face, toujours aussi microscopiques, entraîne une perte totale de confiance tant du peuple que du reste des partenaires internationaux du pays. L’étau se referme, doucement mais sûrement, sur l’équipe en place.

À présent, même l’immobilisme devient risqué.

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  • Cela prouve que tant qu’il y a des con(tribuables) pour payer ces ministres, il n’y a aucune raison pour qu’ils changent de trajectoire.

  • Exactement cher h16 😀
    Surtout la partie « économies ».
    ça va être beau quand les taux d’intérêts remonteront, les économies à réaliser deviendront forcées et insoutenables, j’aimerais pas être président à ce moment là ^^ » Bonne chance aux candidats en 2017 ils vont pas l’avoir facile.

    • « j’aimerais pas être président à ce moment là » : ce ne sera pas lui qui sera touché !!!

    • J’ai peur que d’une manière ou une autre, 2017 ne soit la « deadline » pour quitter le navire …

      (J’espère ne pas être trop optimiste en accordant ce délai …)

    • Les taux, ils s’en moquent. Ceux qui laisseraient remonter les taux ont tout à perdre, et donc nos pieds nickelés n’ont pas besoin de s’en préoccuper. Seule la prise de conscience populaire que la solution est dans le moins d’état les mettrait en difficulté. Mais là-dessus, il y a unanimité des partis et fort soutien des médias et de l’UE. Peut-être une brillante sortie de la Grande-Bretagne de l’Europe donnerait-elle à réfléchir. Mais je ne vois rien d’autre.

  • Comme Mr Moscovici , ils ont atteint le niveau d’ excellence suffisant pour devenir Commissaires Européens .

  • Ce qui est ébouriffant, c’est la manière dont Sapin présente les choses : Il n’y aura pas d’économies PARCE QU’il n’a pas assez d’inflation.
    C’est extraordinaire, quand on y réfléchit.
    On parie que la TVA ne mettra pas 6 mois à augmenter à nouveau ?

  • @ H16

    Pour info, en socialie, on ne dit plus le pauvret mais l’édenté.
    La pauvreté est devenue la sans-dentition ou l’édentitude (hommage à la Royale)

  • La une est quand même croustillante. Entre le terrier, ex toutou du président qui va pas tarder à perdre les siennes. Najat qui se fait attaquer sur ses origines.

    Je trouve que ma théorie sur les larves de mouches est top !

    C’est quand même magnifique de les voir ainsi. Ne boudons pas notre plaisir.

    Pour faire dans l’image, nos ministres sont écartelés entre deux chaises:
    – l’ideologie marxiste
    – la réalité économique mondiale.

    Le cynisme de ces gens ne peut que les conduire à s’auto détruire, le peuple avec eux.
    Une vraie orgie !

    Mais si jamais, ils n’y parviennent pas. Pas de panique, Marine saura faire.
    Ouf, moins une quand même.

  • Najat ne se fait pas attaquer sur ses origines, mais sur son sectarisme autoritaire…

    • C’est la plus terrifiante du gouvernement. Depuis le début, c’est à dire depuis son porte parolat, on sent la petite teigne façon dictatrice. Elle est à nouveau sous les projecteurs avec son nouveau poste, et chaque jour, je crains de regarder les infos de peur de la voir.

      • Bof, elle est à l’éducation nationale, donc elle ne peut nuire que sur le long terme, tant qu’elle n’a pas de pouvoir économique y a rien à craindre d’elle, c’est pas Montebourg, ni Taubira.

        • Suis pas certain, c’est vraiment une fachiste dans l’ame, double d’un ego plus que surdimensionne… je la pense capable d’envoyer l’armee dans les ecoles pour s’ assurer que nos chers enfants beneficiriont bien de la re-education socialiste anti-genre et anti-famille…

          • Comme je l’ai dit, c’est du long terme, pour l’instant elle ne peut rien faire qui nuise à l’économie donc c’est déjà ça. Ou à notre sécurité comme avec Taubira qui nous relâche les crapules sans remords.

            • Vous êtes trop jeune pour avoir des enfants…
              Mais en fait je suis assez d’accord avec vous, mais plutôt pour une autre raison : elle ne trompe pas son monde, chacun peut deviner comment de petite assistante parlementaire sans dents elle est arrivée en quelques années ministre.

    • ses origines sont plutôt l’ argument de défense des « sans arguments ».

      • Vous savez quoi ?
        Depuis quand les arguments permettent de diriger un pays ?
        La compétence est elle nécessaire pour imposer une idéologie macabre à 65 000 000 d’individus.

        Les sans arguments sont précisément ceux qui ont de l’avenir en France.
        Pourquoi ?

        Toujours pour les mêmes raisons. La peur en premier.
        La peur de se confronter au mur de la réalité, la peur des autres, des couleurs, des races, des religions….
        De la maladie, de la pauvreté. Nous rentrons dans le cœur de la peur. Celle qui donne plein pouvoir aux dictateurs.

        Nous avions les mots pour des veaux. Reste plus que la douleur. Quelque dents.

        Najat a une belle petite bouille, déjà corrompu dans la beauté et la jeunesse. Mais finalement, ils sont tous et toutes mignonnes.

        C’est juste de l’entrainement. Comme par exemple accompagner son labrador atteind d’un cancer en phase terminal pour le faire piquer. Ces gens sont capables de lui tenir la pâte et de le regarder dans les yeux s’eteindre lors de l’injection. C’est un peu ça la politique Française. Mignon comme un chaton.

  • Cela serait drole si finalement ce n’etait pas si triste… nous on gueule car nous avons la chance d’avoir une tete bien faite et une certaine capacité a penser par nous meme mais justement, tous les « sans-dents » qui n’ont pas notre chance sont reellement les premieres victimes de ces minables: toujours moins d’emploi et plus de precarite, toujours plus de promesses, de mensonges et de désillusion. J’ai mal pour ces pauvres gens et finalement suis juste triste de mon impuissance et de l’aveuglement de tant de francais.

  • Selon la SOFRES, Hollande a encore 13% d’enc… qui lui font confiance.
    C’est ces mecs là qu’il faut combattre.
    Et d’abord les identifier .
    Il doit bien y avoir une sorte de profil-type du mec qui soutient Hollande.

    http://www.lefigaro.fr/assets/pdf/barometre-figmag-rentree.pdf

  • Ah j’ai eu un fou rire en arrivant à « la diminution de l’augmentation… ». Dix minutes pour finir cet excellent article. (Merci.)

  • Ce qui fait mal c’est de voir la situation de la France et de ce dire que d’avoir aujourd’hui une France libérale ça reviendrait a plonger des millions de gens (fonctionnaires et fournisseurs de l’État) dans un chômage explosif a la grec.
    En fait les politiques ont tellement attendu qu’il n’y a plus vraiment de marge de manœuvres et pour reprendre Rastafarrin le chaos approche.

    Les premières victimes seront nos joyeux retraites qui auront cotises toutes leurs vies avec la promesse d’un lendemain meilleur et qui n’en verront pas la couleur.

    Allez comme le disait l’auteur a la saison précédente : ce pays est foutu.

  • J’ai bien aimé l’image de l’élastique. 🙂

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