Le Petit livre bleu ou les préceptes de l’économiste Ha-Joon Chang

Le Petit livre bleu publié par Ha-Joon Chang propose une vision décomplexée de l’économie qui conviendra à tous ceux que la matière intéresse.

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Le Petit livre bleu ou les préceptes de l’économiste Ha-Joon Chang

Publié le 9 septembre 2014
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Par Thierry Godefridi.

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Que les planistes parmi vous qui se piquent de Piketty et ne peuvent s’empêcher de traiter un esprit libéral de néo-libéral voire d’ultra-libéral comme pour mieux marquer leur répugnance viscérale, se réjouissent. Il sera ici question de l’un des leurs, Ha-Joon Chang, économiste coréen, spécialiste en économie du développement, une matière qu’il enseigne à l’Université de Cambridge. Le Professeur Chang est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Kicking Away the Ladder : Development Strategy in Historical Perspective a le premier établi sa notoriété.

Il y défend l’idée que les politiques d’ouverture et de privatisation de leurs économies imposées aux pays en voie de développement en bloquent le développement plutôt qu’elles ne l’accélèrent. Il approfondit cette idée dans Bad Samaritans : The Myth of Free Trade and The Secret History of Capitalism, ouvrage dans lequel il prône l’interventionnisme économique comme stratégie de développement et de croissance. Il poursuit sa critique du « capitalisme » et des « idées reçues de la pensée néo-libérale » dans 23 Things They Don’t Tell You about Capitalism.

Élève de Robert Rowthorn, marxiste notoire, et disciple de Joseph Stiglitz, « Prix Nobel d’économie » et fragilista de haute volée (selon l’expression de Nassim Nicholas Taleb), Ha-Joon Chang a publié, en guise d’introduction à son dernier ouvrage, Economics : The User’s Guide, un mémo en anglais sur l’économie qui est intitulé The Little Blue Book (« le Petit livre bleu ») et qui tient en cinq phrases :

95% des sciences économiques relèvent du bon sens

Beaucoup d’économistes considèrent que ce qu’ils font est incompréhensible pour le commun des mortels, s’étonne le Professeur Chang. Certains prétendent que vous ne le comprendriez pas même s’ils essayaient de vous l’expliquer. Si tel était le cas, ne serait-ce pas eux qui auraient un problème ? La difficulté provient aussi, poursuit Ha-Joon Chang, de ce que les gens expriment toutes sortes d’opinions sur des sujets qu’ils ne maîtrisent pas, comme le changement climatique, le mariage homosexuel, la guerre en Irak, les centrales nucléaires, mais témoignent d’un total manque d’intérêt à l’égard des questions économiques alors que ces dernières les touchent de manière considérable dans leurs existences.

Les sciences économiques ne sont pas une science

L’on a fait croire aux gens que les sciences économiques sont une science au même titre que la physique ou la chimie et qu’il n’y aurait qu’une seule réponse correcte à chaque question. En vérité, il y a au moins neuf courants ou écoles économiques et aucune d’elles n’a le monopole de la vérité.

Les sciences économiques relèvent de la politique

Les arguments économiques ne s’avèrent souvent qu’une justification de ce que les politiciens veulent faire de toute manière. L’économie ne constitue pas, ni ne pourra jamais constituer, l’objet d’une science exacte.

Ne vous fiez jamais à un économiste

imgscan contrepoints 2013836 économieNon seulement la crise financière mondiale de 2008 a-t-elle pris la plupart des économistes complètement de court, dénonce encore l’économiste coréen, mais en outre ces derniers ont été incapables de trouver des solutions aux problèmes. Elle a démontré, dit-il, que nous ne pouvons pas laisser la gestion de l’économie aux économistes professionnels et autres technocrates. Montrons-nous des citoyens économiques actifs : les questions économiques ne peuvent pas nous laisser indifférents.

Restituons l’économie aux gens

Si vous n’ayez pas la volonté de contredire les économistes professionnels, quel est le sens de la démocratie ? Il n’y a aucune excuse par rapport à la complaisance. Si chacun conçoit et exige des réformes, alors des prodiges se produiront, conclut Ha-Joon Chang.

Bottom up economics en quelque sorte, Sir ? Vous seriez-vous converti au libéralisme ou ces cinq préceptes constituent-ils autant de lapsus de type freudien de votre part ? Quoi qu’il en soit, leur ambiguïté et leur actualité n’échapperont à personne. Plutôt que bleu ou rouge, laissez-nous, dans le doute, vous suggérer de rebaptiser votre opuscule The Little Rainbow Book (Le Petit Livre Arc-en-Ciel). Ainsi éviterez-vous tout amalgame fâcheux. Puissent vos propos, entre-temps, décomplexer les acteurs économiques de terrain aux prises avec ces « merveilleux fous volant(s) » du monde politique.

Sources : thelittlebluebook.co.uk ; fr.wikipedia.org


Sur le web.

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  • Il ne s’est pas converti au libéralisme, il croit dans les vertus magiques du peuple assemblé. Bien sûr qu’il n’y a pas de science économique selon lui, car il suffit de faire une grande danse chamanique (voter en assemblée), puis de déclamer ce que nous voulons, puis, paf, ça va arriver. Ne nous compliquons pas plus la vie. Il ne s’est pas converti au gros bon sens, mais à la pensée d’un enfant de 8 ans.

    • La grande danse chamanique, nous la vivons depuis 40 ans. Au moins.
      De quoi parlez-vous, Gabriel Lacoste ?

      Le retour aux valeurs de base serait équivalent à retourner en enfance ?

      « Ne pas dépenser plus que ce que l’on gagne, sauf à considérer qu’au moins la valeur de l’excédent doit être un investissement rentable. »
      Les enfants de huit ans, eux, veulent tout, tout de suite, et sans contrepartie.

      • Le principe que vous me mentionnez est une sagesse très adulte. Je ne vois pas mon désaccord avec vous. Je suis d’accord avec un retour aux valeurs de base et je ne vois pas le rapport avec mon propos. Je référais à la pensée de Chang pour qui la démocratie ne doit pas se barrer d’économie et que les résultats sont au final politiques. Cette idée revient à faire du réel une production de la volonté, ce qui constitue la pensée magique.

  • À cause de son apparente contre-intuitive proximité avec l’école classique d’économie, la nouvelle économie Keynésienne n’a plus grand chose de keynésien, sauf le fait qu’elle a appris des erreurs de ce dernier!

    Celà explique pourquoi les néolibéraux deviennent si confus, souvent ceux qui ne connaissent même pas eux-même la différence de leur pensée avec le libéralisme classique.

    En fait, la nouvelle économie Keynésienne (Stiglitz et Chang ne sont pas Keynésiens!) est beaucoup plus proche du libéralisme classique en prônant l’État ouvert et la monnaie représentative, versus le néolibéralisme dont la planification financière centralisée (avec des monnaies fiduciaires fondées sur la confiance) ressemble drôlement à un régime communiste où le capitalisme de connivences a remplacé la dictature du Parti.

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