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Que révèle le livre de Valérie Trierweiler sur l’homme et le politique qui se cache derrière la fonction présidentielle ?

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Publié le 16 septembre 2014
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Par Stéphane Montabert.

François Hollande credits Parti socialiste (licence creative commons)Le livre de Valérie Trierweiler Merci pour ce moment déchaîne les passions, non seulement au sein de la classe politique mais aussi dans la population. Plus d’un Français sur deux (52%) réprouve le choix de l’ex-compagne du Président de la République d’avoir écrit un ouvrage sur leur relation. Pourtant, il est en rupture de stock à peu près partout et en cours de réimpression…

Tant de critiques ont été écrites, tant d’extraits ont été divulgués dans la presse qu’il serait vain de vouloir encore surprendre avec le contenu du livre. Celui-ci a pourtant quelque chose de particulier qui le place à l’écart de tout autre ouvrage politique : une authenticité inégalée, et probablement inégalable.

Valérie Trierweiler n’a rien d’une oie blanche. Journaliste, elle sait écrire. Quarante-neuf ans, mère de trois enfants, divorcée, elle aura été compagne du président longtemps avant qu’il ne fasse acte de candidature pour l’élection présidentielle. Les Français la jugent sévèrement, et il y a sans doute bien des raisons de la critiquer (comme d’avoir été en couple avec M. Hollande avant de divorcer par exemple) mais la candeur n’en fait certainement pas partie. Mme Trierweiler montre également par son ouvrage qu’elle n’a jamais cherché ni le pouvoir ni le prestige et qu’elle les abandonne sans regrets.

La plupart des œuvres produites en littérature politique sont le fait de journalistes engagés, d’historiens, de polémistes, plus rarement de philosophes ou d’économistes, jamais celles de proches. Ceux-ci ont pourtant partagé l’intimité de celui ou celles dont ils parlent, côtoyé leur vie pendant l’accession au pouvoir, été témoin de leur comportement privé dans les moments les plus secrets, loin des caméras et des projecteurs – les moments particuliers où la sincérité s’exprime enfin. De ce point de vue, Merci pour ce moment est la plus réaliste photographie qui soit du mandat de François Hollande à la Présidence de la République.

Bien sûr, François Hollande n’en sort pas grandi. Le qualificatif de « sans-dents » à l’égard des pauvres peut passer pour un trait d’esprit maladroit (et guère drôle) mais devient glaçant lorsqu’il se moque de l’humble famille de sa compagne. Tout le monde n’a pas la chance d’être né avec une cuillère en argent dans la bouche, vous dira-t-on ; mais cela fait tache pour le chef de file d’un mouvement soi-disant préoccupé par le bien-être des plus faibles.

En réalité, tout cela n’est que prétexte. Comme la plupart des politiciens professionnels, François Hollande n’a d’autre but que la conquête du pouvoir, pour y goûter et s’y maintenir. Il ne cherche rien d’autre. Tout le reste n’est que moyen ou, à la rigueur, divertissement. L’ambition et un cynisme sans borne sont les principaux traits qui transparaissent de l’ouvrage de Mme Trierweiler.

valérie Trierweiler René Le HonzecMalheureusement, les motivations, le comportement et les manières de M. Hollande n’ont rien d’exceptionnels. Qu’on se souvienne des compte-rendus de réunions du quinquennat précédent dérobés chez Patrick Buisson, conseiller du président Sarkozy, et dévoilés dans la presse ! MM. Hollande et Sarkozy n’ont pas le même parcours mais appartiennent visiblement à la même espèce – ainsi sans doute que leurs prédécesseurs, dont la réputation a seulement été mieux préservée par une mise au secret plus efficace de leur vie privée.

Il n’aurait peut-être pas souhaité être jugé ainsi mais il faut le reconnaître, François Hollande est effectivement un président normal, c’est-à-dire une crapule à la limite de la psychopathie, un être manipulateur, mythomane, imbu de sa personne, dévoré de cynisme, mais étrangement vulnérable de par son décalage constant avec la réalité.

Sauf peut-être pour une minuscule côterie d’irréductibles un peu naïfs, il est loin le temps où l’on pouvait croire en une quelconque supériorité des élites. Comme le rappelle un célèbre blogueur à propos de l’affaire Thévenoud :

[De] Hollande à Valls, dans les rangs de l’UMP autant que dans ceux du PS et, de façon générale de toutes les autres formations politiques, ces gens ont été choisis pour leur capacité inouïe à bobarder, à contourner la vérité, à utiliser le déni comme bouclier psychologique indéboulonnable. Ils sont arrivés là où ils sont non parce qu’ils ont démontré leur capacité à gérer un pays, mais bien pour avoir été plus féroces, plus méchants, plus industrieux en coulisse, plus machiavéliques, plus fourbes et retors que leurs adversaires. Ils sont là parce qu’ils ont survécu, ce qui fait d’eux non des héros, mais les pires magouilleurs, les pires comploteurs, les traîtres les plus veules. Ceux que nous voyons émerger actuellement sont le résultat d’une sélection cancéreuse et perverse qui aura permis de filtrer et ne conserver que ceux qui sont, justement, prêts à tout pour arriver à leur place, des raclures qui n’hésiteront pas à griller un homme et sa famille pour aboutir à leurs fins.

Voilà ce à quoi mène une classe politique professionnelle, alimentée par de jeunes loups qui usent les sièges des assemblées sans avoir travaillé dans la société civile une seule journée de leur vie.

Mais il reste un petit mystère. Pourquoi François Hollande s’est-il si peu défendu ? Pourquoi n’a-t-il pas cherché à interdire le livre en référé ? Pourquoi n’attaque-t-il pas son ex-compagne pour diffamation ou autre ?

On pourrait penser que le Président n’est plus à ça près avec une cote de popularité reflétant l’exacte crédibilité de sa ligne politique ; mais ce serait mal connaître le loup derrière l’homme. Cela ne colle pas avec un individu sans tabous ni manières et prêt à toutes les compromissions pour conserver le pouvoir. Nous avons la réponse en une petite réplique lâchée par inadvertance par un de ses conseillers :

« Elle a encore tous leurs SMS, elle est inarrêtable. »

Auriez-vous cru qu’on pouvait contenir un homme politique, a fortiori un président français, avec des notions comme le respect du droit, la séparation des pouvoirs et que sais-je encore ? Non. On le tient sous contrôle avec des SMS compromettants.

Sur la situation de l’individu face au pouvoir en France, cette simple phrase en dit plus long que tout le reste.

Sur le web

 

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Créer un compte Tous les commentaires (6)
  • « … cette simple phrase en dit plus long que tout le reste ». Terrible constat.

  • livre interressant
    hollande est pathetiquement nul
    valerie parait peu intelligente
    mais tous sont arrogants

  • « Auriez-vous cru qu’on pouvait contenir un homme politique, a fortiori un président français, avec des notions comme le respect du droit, la séparation des pouvoirs et que sais-je encore ? Non. On le tient sous contrôle avec des SMS compromettants. »

    L’hubris, c’est un concept connu depuis au moins les Grecs anciens.

    Donnez du pouvoir à un homme, vous aurez sa véritable mesure. Et ce n’est guère flatteur, pour dire peu.

  • C’est sûr, les réunions à l’UDC Renens sont toutes publiques et on y fait très attention à la position du petit doigt quand on tient sa tasse de thé !

    Une réunion de travail n’est pas comparable avec les propos que VT fait tenir à Hollande : Avis sur des personnes ayant failli contre des propos méprisant tenu par un hypocrite.

  • « Merci »

    Purée c’est la moindre des choses qu’elle dise merci avec ce qu’on a rincé pour elle pendant qu’elle était à l’élysée.

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