Par Aymeric de Villaret.
En septembre 2010, Total, sous l’impulsion de Christophe de Margerie, avait décidé de fortement miser sur l’Exploration. Quatre ans plus tard, devant le relatif échec de cette stratégie, le major pétrolier vient de changer de responsable de l’Exploration (recrutement à l’extérieur) et paraît décidé à prendre moins de risques.
Total : 2010 -2011 : une politique d’exploration agressive
Rappelons-nous la journée investisseurs à Londres du 26 septembre 2011, où Marc Blaizot, responsable de l’Exploration, expliquait – après un an de cette nouvelle orientation – tous les avantages d’une exploration plus risquée avec recherches de nouvelles frontières.
Il est vrai que de plus petites sociétés pétrolières, telles Tullow Oil, trouvaient des hydrocarbures avec de nouveaux thèmes géologiques et dans de nouvelles régions.
De son côté, Total décevait depuis de nombreuses années dans la réalisation de ses objectifs de production, ayant privilégié les zones qu’il connaissait bien, à savoir le Golfe de Guinée et la Mer du Nord. La succession du bloc 17 en Angola se faisait attendre.
Le budget Exploration fut ainsi augmenté de 1,8 Md $ en 2000 à 2,5 Mds $ en 2012.
2012 : toujours des espoirs
Lors de la présentation de septembre 2012, les espoirs de découvertes étaient toujours très présents avec même une très forte hausse du potentiel d’exploration. Mais force est de constater que les découvertes ne furent pas à la hauteur des espoirs. Aucune découverte majeure ni véritable amélioration du montant de ces dites réserves. Ainsi les réserves de Total qui étaient de 11,4 milliards de barils équivalent pétrole fin 2011 sont-elles de 11,5 fin 2013…
2013 : réduction des dépenses d’investissements
Après une forte hausse des dépenses d’investissements du groupe, le message de septembre 2013 fut celui d’une réduction de ces mêmes dépenses. Il faut aussi reconnaître que les marchés financiers privilégient le « retour à l’actionnaire » et que les investissements de 2011-12-13 pénalisaient le cash-flow libre. D’ailleurs l’annonce en septembre 2013 d’une réduction des investissements fut très appréciée de la communauté financière.
2013-2014 : Tirer les leçons de cette expérience
Deux nouvelles nominations au sein du groupe :
1) avec celle d’Arnaud Breuillac, en janvier 2014, en tant que directeur général Exploration-Production de Total qui va rejoindre le Comité Exécutif en octobre 2014. Ses missions principales sont de réduire les coûts :
2) et surtout avec le recrutement à l’extérieur d’un nouveau responsable de l’Exploration. L’arrivée du canadien Kevin McLachlan début 2015, à la place du français Marc Blaizot, est un « choc » comme l’a déclaré Christophe de Margerie, pour un groupe où tous les membres du comité exécutif ont fait leur carrière dans le groupe.
Nouvelle stratégie début 2015 lors des résultats annuels
Quelle sera-t-elle ?
Bien sûr il faudra attendre les résultats annuels et l’arrivée de Kevin McLachlan, mais au vu des indications données le 22 septembre, il ne serait pas surprenant que celle-ci se traduise par :
1) une réduction des dépenses d’Exploration
2) une politique active d’acquisitions de réserves d’hydrocarbures. Cela serait le prolongement de ce que disait déjà Christophe de Margerie, considérant qu’à partir du moment où un groupe a une politique de « respiration active » de ses actifs avec des cessions et des acquisitions, l’important était de remplacer les réserves d’hydrocarbures ; qu’importe que ce soit par Exploration ou par Acquisition. C’est ainsi que l’on peut par exemple intégrer la prise de participation de Total dans l’appel d’offres du Brésil pour développer les réserves du champ géant de Libra.
Conclusion
En septembre 2010, Total, sous l’impulsion de Christophe de Margerie, devenu Directeur général du groupe, avait décidé de fortement miser sur l’Exploration.
Quatre plus tard, lors de la présentation stratégique du 22 septembre, force est de constater que, malgré ces efforts, les découvertes ne sont pas à la hauteur des espoirs attendus avec un niveau de réserves fin 2013 (11,5 Mds barils équivalent pétrole –bep-) que très peu supérieur à celui de fin 2010 (10,7 Mds bep).
Aussi devant cette relative déception, Total tire les leçons de cette expérience et
1) vient de nommer un canadien extérieur au groupe à la tête de l’Exploration
2) se focalise sur la rentabilité de ses réserves à venir : que ce soit un baril découvert ou acheté.
Le dilemme d’un major pétrolier est de renouveler ses réserves et d’augmenter son cash-flow disponible afin d’augmenter le dividende pour satisfaire l’actionnaire…
C’est pourquoi, devant le relatif échec de ses efforts d’exploration, Total semble revenir à une politique moins dynamique et plus financière devant lui permettre de le faire à long terme.
Nous serons fixés début 2015 à l’occasion des résultats annuels 2014.
Les graphes des différentes présentations citées dans le texte peuvent être retrouvés avec le lien suivant :
http://aymericdevillaret.wordpress.com/2014/09/23/le-dilemme-des-majors-petroliers-chercher-ou-acheter-les-reserves/
Petit rappel histoire.
Au moment de l’invasion de l’Irak par Bush en 2003, le prix du baril de pétrole est monté, au maximun à 45 dollars d’aujourd’hui. Contre 90-110 dollars en 2014.
Pourquoi cette différence? En 2003, le monde consommait 80 millions de barils par jour contre 91 millions de barils par jour en 2013.
En 2003, le Mexique et la mer du Nord produisaient plus de 9 millions de barils par jour contre 5,5 millions de barils par jour en 2013.
La hausse de la consommation de pétrole et la baisse de la production des dernières réserves de pétrole facile à exploiter en occident explique cette hausse irréversible des prix du pétrole.
« hausse irréversible des prix du pétrole. »
Oui, et alors ?
La hausse du prix du pétrole va provoquer la réorientation du marché de l’énergie : utilisation accrue du gaz, du charbon, de la synthèse de carburants, du nucléaire, de ce qu’il est possible de faire avec de l’eau du vent et du soleil.
Il y a d’autres hausses irrésistibles de coûts qui en revanche ne sont pas compensables et ne favorisent pas l’innovation (donc sont beaucoup plus préoccupantes car sans issue) : la pression fiscale, la dette, le coût des services, l’inflation réglementaire.
Comment pourrez vous vous payer une nounou pour changer vos couches quand vous serez gâteux si d’ici la le coût des services a décuplé par rapport à vous revenus ou votre patrimoine ?
Il faudrait peut être aussi parler du prix du baril
Il faut vous rappeler la loi de l’offre et de la demande. Le prix reflète la tension entre l’offre et la demande et donc quand le prix diminue, automatiquement les producteurs vont chercher à réduire leur production . C’est l’un des mécanisme de l’auto régulation. Mais comme vous ne comprenez toujours rien et que vous contester les fondamentaux de l’économie, vous vous étonnez également quand en 2010 la stratégie de Total était inverse alors qu’a l’époque le Baril avait était plus élevé.
Pour finir vous êtes surpris qu’une entreprise privé cherche à faire des bénéfices.
Vous participez à la confusion générale,que faites vous sur Contrepoint ? Je ne suis pas le premier à avoir remarqué cette contradiction.
Total CFP disait-on autrefois : Cannot Find Petroleum…
Cette affaire montre surtout que les succès à l’exploration se construisent encore et toujours par l’élevage de quelques experts capables de mieux interpréter la sismique de prospection que le commun des mortels. On peut doubler les budgets et acquérir de coûteux équipements informatiques, sans les quelques personnes qu’il faut, c’est comme doubler le budget de l’éducation nationale. Imaginer que Total allait en 4 ans se transformer en découvreur de pétrole, en contradiction avec 40 ans de culture d’entreprise, était assez naïf. Le retour à ce que la société sait faire, exploiter les gisements découverts par d’autres, est sensé, mais ne signifie en rien que l’exploration ne puisse pas réussir à d’autres.
Quelqu’un pourrait eclairer ma lanterne?: un jour a la radio « depuis la mise en place de radars automatiques sur nos routes la vitesse de l’usager baissant la consommation globale avait SENSIBLEMENT reduit,ca me parait logique,logique d’ajouter que tout usager de nos jours a sous le capot de sa voiture un moteur type hdi tdci hpi etc,qui consomme nettement moins que le vieux moteur d ‘il y 15ans..nous sommes donc des millions a ne plus acheter des..dizaines?centaines?milliers de litres de carburants a nos fabriquants!?si cela est juste vue,comment les fabriquants vendeurs s’adaptent?
Ils font des enfants.
Total s’est engagé lors des mouvements sociaux de ne pas fermer de raffinerie durant un certain nombre d’année. Mais il est en sur-capacité et trépigne d’impatience pour reprendre les compressions de personnel.
en France raffinerie fermées au moins 2 l’ une sauf erreur à Berre qui n était pas exploitée par total l’ autre dont on a beaucoup parlé qui appartenait à une sté Suisse En France le raffinage est déficitaire pour Total selon leurs infos
Et la raffinerie de Dunkerque également fermée.
Subtile reponse MichelO…merci et egalement a pragmat noe Celestin.
Fermetures..betement cela ne m’etait pas apparu!