Constitution : la réforme nécessaire

Quelles réformes engager pour faire de la Ve république un régime constitutionnel libéral équilibré ? Quelques pistes à prendre en compte.

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déclaration des droits de l'homme credits Alain Bisotti (licence creative commons)

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Constitution : la réforme nécessaire

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 3 octobre 2014
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Par Christiane Chavane.
Un article de Delanopolis.

déclaration des droits de l'homme credits Alain Bisotti (licence creative commons)

Besancenot veut changer de république. Une fois n’est pas coutume, je vais lui donner raison. La Ve a vécu et il nous faudra bien un jour admettre qu’il est temps de reconstruire notre République essoufflée sur des bases plus saines.

À voir la façon dont Hollande, élu par le peuple Français, se comporte en chef de clan, à voir comment les éléphants du PS et les dinosaures de l’UMP ont verrouillé le système politique, à voir cette république de copains et de coquins s’en mettre plein les poches et faire des largesses à nos frais à ceux qui leur servent de tremplin ou de clientèle électorale, l’écœurement nous envahit. À voir tous ces corporatismes faire la pluie et le beau temps sur le dos des Français les moins protégés pour conserver leurs prébendes, refuser toute réforme, nous en avons plus qu’assez.

Or il faut bien reconnaître que la constitution de la Ve République, faite par un homme pour un homme, si elle a eu le mérite de garantir une stabilité politique nécessaire pendant 56 ans, doit impérativement être réécrite.

De Gaulle avait organisé le système de gouvernement de la France autour de sa personnalité. Il se portait garant de tout, il décidait, on exécutait. Le septennat était certes long, mais il était découplé des législatives de sorte que l’on ne mélangeait ni les genres ni les rôles. Lui se voulait au-dessus des partis et seul le régalien l’intéressait. Mais de Gaulle n’est plus, et le moins que l’on puisse dire est que ses successeurs respectifs n’ont eu de cesse de dénaturer et de dégrader le texte à la fois dans la lettre et dans l’esprit. Le quinquennat mis en place par Chirac puis le principe de précaution ont été le coup de grâce.

Sarkozy veut revenir. Pour quoi faire ? Pour continuer comme Hollande à piller le pays au profit de lui-même, de ses courtisans, des opportunistes qui l’entouraient et qui entourent Hollande, puisque ce sont les mêmes. Pire, il veut « fusionner l’UDI ». Refaire l’UMP de 2002 dont les centristes se sont heureusement détachés ? Autrement dit un grand parti de fausse opposition puisque nous l’avons vu, en coulisse, ses conseillers sont toujours les mêmes que ceux de l’actuelle majorité. Il devrait fusionner aussi avec le PS, et faire le PU (Parti Unique), cela reviendrait au même mais ce serait moins hypocrite. La France dans tout ça ? Tous ces gens s’en foutent, quand ils ne la haïssent pas.

Bien sûr, personne ne s’attend à l’homme providentiel. Le futur candidat à la présidence dont nous avons besoin sera celui qui parviendra à surmonter les querelles partisanes pour offrir une vraie vision de la France à long terme. Il faudra qu’il mette à son ordre du jour une modernisation drastique des institutions et qu’il redéfinisse le rôle de l’État. Il faudra donc que sa première action soit de se remettre lui-même en cause avec une constitution claire et intelligente qu’il soumettra à référendum, avant même d’entamer des législatives.

Si quelqu’un veut se lancer dans une telle aventure avant 2017, seule solution pour éviter les extrémismes que ce soit légalement ou par la révolution, soyons prêts à lui fournir toute l’aide dont il aura besoin. Il y a en France d’excellents juristes constitutionnalistes qui sont prêts à participer. Il y a aussi à l’étranger des modèles à regarder. Rien n’est parfait, mais on peut faire beaucoup mieux que l’existant.

Pourquoi la constitution de la Ve ne marche plus ?

La Constitution actuelle est celle d’un régime présidentiel, mais au lieu de fonctionner à l’américaine, où un vice-président fait office de successeur désigné en cas de problème mais n’a pas vraiment de rôle politique, et où le Congrès sert de contre-pouvoir, le président s’appuie sur un premier ministre issu des législatives, donc dépendant comme lui d’un processus électoral, et le Premier ministre est censé gouverner. Le président doit donc faire fi de ses idées politiques et avoir du recul sur les actes de ses ministres. Le septennat permettait un décalage entre la présidentielle et les législatives, de sorte que la Chambre avait un certain pouvoir. Avec le quinquennat, on ne sait plus qui décide réellement quoi. Le Parlement est devenu une chambre d’enregistrement des décisions des ministères. Il n’y a plus de place pour le débat. C’est une dérive d’autant plus grave que les présidents qui se succèdent ne sont que des chefs de partis qui doivent servir ceux qui les ont élus en priorité. Le président n’a aucune vision d’ensemble, en réalité l’exécutif c’est lui et le Premier ministre n’est qu’un fusible.

Mais d’autres facteurs ont participé à vider cette constitution de sa substance. Alors qu’elle devait garantir la défense des libertés définies dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, il a fallu que des âmes bien pensantes y ajoutent les faux droits de la Charte de l’ONU. Or les faux droits chassent les vrais. Ceux que l’on peut qualifier de « droits à » ne sont que des restrictions des droits naturels, c’est-à-dire des libertés et de l’égalité devant la loi.

On aurait pu s’arrêter là, c’était un moindre mal, mais Chirac, chantre de l’écologisme punitif, a voulu laisser sa marque. Alors que le principe de précaution qui sévit en Europe fait déjà tant de mal, il n’a rien trouvé de mieux que de le graver dans le marbre constitutionnel. Or celui-ci déborde maintenant de l’écologie et s’applique largement dans tous les domaines du droit, avec pour résultat l’inversion de la charge de la preuve et la fin de la présomption d’innocence. Il permet entre autres choses de garder à vue des opposants politiques au motif qu’ils pourraient participer à une manifestation non autorisée… En matière de droit commercial, il arroge à l’État un droit indéfini de regard sur tout projet d’entreprise, de transport, de construction au nom de l’environnement. Or qui dit droit pour l’État dit fonctionnaires pour contrôler. On s’étonnera d’avoir la fonction publique la plus pléthorique d’Europe pour une efficacité qui reste à démontrer.

De plus, les différentes réformes territoriales qui se sont succédé n’avaient pas de cadre constitutionnel. Les diverses décentralisations ont été faites en contournant la constitution, sans réflexion sérieuse et sans instauration de contre-pouvoirs. Là encore, le seul résultat a été de multiplier les tentacules de la pieuvre administrative. À tel point qu’aujourd’hui ce ne sont plus les politiques qui dirigent ce pays mais les hauts fonctionnaires qui ne prennent aucune responsabilité dans les désastres qu’ils provoquent.

Que devrait contenir une constitution ?

Je ne veux pas prendre parti sur le type de régime, présidentiel ou parlementaire, ni sur la durée des mandats. Sans rentrer dans les détails, il me semble qu’une constitution n’a de chance de tenir la route que si elle répond aux critères suivants :

  • Son rôle est de définir le fonctionnement des institutions, donc de séparer clairement les pouvoirs et de dire qui fait quoi.
  • Les institutions sont là pour garantir au citoyen le respect des droits naturels : libertés, égalité devant la loi, propriété et sûreté. Donc la constitution se doit d’organiser les institutions dans ce but.
  • Mais cela ne suffit pas : il faut aussi que le pouvoir décisionnel fasse une part la plus large possible à la subsidiarité, afin d’éviter les décisions arbitraires, venues d’en haut sans concertation, et la dilution des responsabilités. Les décideurs doivent aussi être les payeurs.
  • Il est donc indispensable de graver dans le marbre les limites de la sphère d’influence des collectivités.

Bien entendu le texte doit être lisible, compréhensible sans avoir un doctorat de droit, par tout citoyen doté d’un QI normal.

Chers lecteurs, si vous avez envie de participer à une « assemblée constituante virtuelle » les pages de Delanopolis vous sont ouvertes.


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  • De bonnes directions sont pointées. Le mécanisme permettant de défendre le mieux la subsidiarité et d’empêcher l’apparition de toute une classe d’apparatchiks est le référendum d’initiative populaire (vois les exemples suisse et californien)

    • c’est quoi le referendum d’initiative populaire ? peut il etre adapté à notre pays ?

    • Oui, sur la base l’idée est bonne.

      Par contre faire choisir un bulot est toujours risqué. C’est pour cela qu’il faut revenir à la constitution d’origine. Même droits pour tous et toutes. Un Etat régalien. Une loi juste et compréhensible par tous et toutes.

      Finalement c’est le BABA.

      Mais, si l’on en est là aujourd’hui. C’est pas la volonté du peuple. C’est une déviance de l’appareil politique. Celui ci à lavé la tête de nos concitoyens. Peu à peu il a crée un état de dépendance vis à vis de lui. L’ensemble de l’économie, des lois et du reste doit passer par lui.

      C’est ce que l’on appelle le communisme (ailleurs, pas en France…)
      La prochaine étape n’est pas le référendum du bulot, c’est juste la destruction du communisme.

  • il n’y a rien. Par la diminution budgétaire des communes, chaque maire doit engager sa responsabilité.
    Ferme ta gueule c’est moi qui commande

  • Toujours cette manie d’accorder aux mots et aux textes une importance qu’ils n’ont pas …
    la constitution est tout sauf parfaite, mais ce n’est pas elle qui est en cause.
    La France n’est pas atteinte de précautionnite parce qu’elle a mis la charte de l’environnement dans sa constitution, c’est à l’inverse parce qu’elle étaient atteinte de précautionnite, qu’elle a mis le principe de précaution dans sa constitution.
    C’est parce qu’il n’y a plus de place pour le débat et le diversité d’opinion et de pratiques, que l’assemblée est une simple chambre d’enregistrement.
    Et tout cela découle (principalement) de facteurs qui n’ont rien de constitutionnels, notamment
    *) la démographie politique : l’électeur moyen est une électrice plutôt vieille, peureuse et nostalgique, qui vit et a toujours vécu de ce que lui versait l’état. Elle abhorre le risque et recherche la sécurité, et entre sa sécurité et l’avenir des autres, le choix est vite fait pour elle …
    *) il existe une « éducation nationale » qui maitrise tous les programmes, tous les examens, et inculque un schéma de pensée uniforme, égalitariste, qui ne supporte aucune déviance d’aucune sorte.

  • Selon moi la dérive socialiste vers les faux-droits au détriment de la liberté est inévitable en démocratie représentative.
    En effet les institutions étatiques attirent les personnes qui aiment soumettre les autres à leurs opinions (tempérament socialiste) et repoussent celles qui y répugnent (tempérament libéral).

    C’est pourquoi cette dérive est générale, et la bulle de l’État-providence affecte toutes les démocraties.

    Ou presque: La Suisse y échappe.
    La solution consiste donc à rajouter deux lignes à la constitution, et pourtant elle est plus radicale que d’en changer.
    C’est la démocratie semi-directe à la suisse.

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