Par Stephanie Slade.
Chaque étudiant de l’histoire économique sait que la tradition autrichienne a presque disparu au milieu du 20ème siècle, supplanté par le keynésianisme et la foi dans la planification centrale. Vrai ? Faux.
Israël Kirzner de l’Université de New York a pris le contre-pied de cette vision traditionnelle à Arlington, en Virginie, sur le campus de l’Université George Mason, à l’occasion de la commémoration du 40e anniversaire du prix Nobel de Friedrich Hayek, organisé par le Programme F.A. Hayek du Mercatus Center.
Pour la plupart des historiens, l’école autrichienne du libre marché avait disparu dans l’obscurité au cours des années 1930 et 1940. En réalité, dit Kirzner, ce fut une période très fructueuse pour l’école, avec Hayek et son compatriote autrichien Ludwig von Mises qui ont apporté une très active série de contributions doctrinales nouvelles. Pour Kirzner, leur compréhension de la concurrence sur le marché comme un processus et non un état d’équilibre, a été un développement particulièrement révolutionnaire qui a vu le jour au cours de ces années.
La (fausse) croyance qui dominait chez les économistes classiques de l’époque était que concurrence sur le marché visait à réaliser un équilibre général dans lequel toutes les facettes de l’économie sont équilibrés les uns avec les autres et toutes les ressources sont allouées de manière efficace. Ces économistes pensaient réaliste d’attendre de planificateurs centraux la capacité de reproduire, et peut-être même améliorer, cet état d’équilibre. Les Autrichiens étaient eux occupés à rappeler aux gens que la concurrence sur le marché est un processus qui crée de la valeur précisément lorsque l’économie est en déséquilibre.
À l’équilibre, les profits convergent vers zéro, il ne peut y avoir de nouvelles opportunités de profit, par définition. Mais en dehors d’un équilibre parfait, les gens qui sont assez intelligents peuvent trouver les lacunes du marché et de les remplir. Les entrepreneurs sont donc en mesure de conduire à des améliorations sociétales à travers la dynamique de la concurrence, en suivant la voie de l’innovation pour atteindre à une plus grande richesse.
Les marchés sont un processus, pas un état d’équilibre, dit Hayek. Plus précisément, ils sont un processus pour découvrir de nouvelles connaissances. Tout ce que le meilleur planificateur central peut espérer faire est de regrouper les informations qui existent déjà à un moment donné. Mais le processus de marché, non seulement rassemble et donne une signification à des données nombreuses et disparates mais contribue à faire advenir la connaissance qui n’existait pas jusqu’alors. Vernon Smith, un autre des conférenciers du jour et un compagnon du prix Nobel d’économie, a cité Hayek disant, « je propose de considérer la concurrence comme une procédure pour la découverte de faits qui [sinon] ne serait connu de personne. »
Ce fut effectivement une révélation nouvelle et excitante, conclut Kirzner, et qui arrivait au moment même, où la plupart des observateurs déclaraient la tradition autrichienne comme morte. Les économistes orthodoxes à l’époque croyaient vraiment qu’il était possible pour les planificateurs centraux d’acquérir les informations nécessaires et de construire à partir de là une utopie. Heureusement, Hayek et ses contemporains de l’école autrichienne étaient là pour montrer aux économistes que le voyage – un processus continu d’expérimentation et de découverte entraînée par la recherche du profit – est beaucoup plus important que la destination.
Bien sûr, tout le monde n’a pas perçu le message de Hayek. Plus tôt cette semaine, Scott Shackford a publié une dépêche de CityLab , la conférence annuelle des planificateurs urbains qu’il décrit comme le «temple du leadership urbain, progressiste. Avec des intitulés comme « Réduire l’écart: Comment les villes peuvent combattre les inégalités de revenus, » le congrès est apparemment un aimant pour les personnes qui conservent une foi inégalée dans la capacité des planificateurs centraux pour éradiquer tous les maux de la société. Contrairement aux participants de l’événement George Mason, il semble que les participants du CityLab ne sont pas tout à fait dans la ligne de Hayek.
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Traduction par Georges-Michel Thermeau de « Economic Historians Are Wrong About the Austrian School, Says Israel Kirzner »
Je suis totalement d’accord pour dire que la planification centralisée est un frein à la « la découverte de faits qui [sinon] ne serait connu de personne ». Mais qu’est-ce qu’une planification centralisée?
Il est problématique et totalement faux de systématiquement étiqueter une entreprise de propriété privée comme « planification DÉcentralisée ». Car en effet, un très grand nombre de structures organisationnelles du domaine corporatif fonctionnent sous une gouvernance beaucoup plus centralisée que de nombreux États. Il est déplorable que beaucoup d’amateurs d’économie Autrichienne persistent à entretenir des associations absurdes et des paradigmes irréfléchis au sujet de ce qu’est ou n’est pas « une planification centralisée ».
Car si on observe la structure du système international des monnaies fiduciaires, on y voit clairement que la finance est la plus grande machine de planification centralisée que la terre ait connue, au-delà de tous les rêves communistes les plus ambitieux.
Parce que les Banques centrales ne sont pas émanations de l’État ?
Oui je n’ai rien compris au commentaire de RL. Les banques centrales en UE et US sont une association de banques fédérales / régionales.
RL : que des structures privées reproduisent un centralisme planificateur, c’est leur problème, pas le tien.
Je suis bien d’accord, mais les entreprises à direction corrompu sont souvent maintenue en vie artificiellement par le gouvernement. Tout comme la finance, monnaie fiduciaire.