Transitons énergétiquement vers le n’importe quoi

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Ségolène Royal en meeting à Villepinte en 2007 (Crédits philippe grangeaud-Parti Socialiste licence Creative Commons)

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Transitons énergétiquement vers le n’importe quoi

Publié le 12 octobre 2014
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Ça y est, la loi de Transition énergétique est votée. Il était temps, tout le peuple de France attendait ça avec impatience et l’aspect purement idéologique ayant été écarté au profit d’un pragmatisme à toute épreuve, nous étions assurés d’obtenir des mesures ciblées, concrètes, applicables et frappées au coin du bon sens. En plus, c’est une loi avec de vrais morceaux d’écologie bio dedans.

segolene crieIl faut dire que, rédigée de longue haleine par une Ségolène Royal en pleine forme, la loi ne pouvait parvenir qu’à une harmonie parfaite de mesures finement étudiées et de grands projets innovants, réformateurs et vigoureux permettant de propulser joyeusement la France vers de nouveaux sommets de béatitude écologique. En substance, cela se traduit à la fois par une panoplie complète de petites lois bien subtiles et un couple de grands principes dont les tenants et aboutissants seront ressentis pour la dizaine d’années à venir, au moins.

Du côté de ces grands principes, on retrouve bien sûr la lutte contre les gaz à effets de serre. Eh oui : même si, après 18 années sans réchauffement, ces gaz ne sont à l’évidence pas la cause d’un changement climatique quelconque, le gouvernement français a décidé de lutter à grands frais contre cette non-cause, et ceci pour éviter les non-conséquences. En effet, malgré tous les efforts de la presse et de certains scientifiques aux douteuses motivations, le réchauffement tant redouté a lentement fait place à une série d’interrogations vaguement teintée de la crainte d’un refroidissement, montrant ainsi qu’au final, personne ne sait rien du tout et qu’il est donc urgent d’agir.

Finalement, pas de réchauffement

Cette action se traduira donc, dans la loi, par une division par quatre d’ici à 2050 des rejets français de dioxyde de carbone. Pourquoi 2050 et pas 2100 ou 2025, on n’en saura rien. On imagine que c’est un compromis entre une date suffisamment éloignée pour que ceux qui ont voté ces absurdités soient tous morts, et assez proche pour signifier encore quelque chose pour les électeurs-contribuables. Pourquoi par 4 et pas par 2 ou 8, on n’en saura rien non plus. Probablement parce que diviser en quatre, c’est diviser en deux, deux fois, et que, comme pour les tartes, tout le monde sait faire. Allez savoir…

À ce sain principe basé sur du vent (sans CO2), réclamant des arrangements arbitraires sur la réalité, on ajoutera bien sûr la réduction à 50% de la part d’énergie nucléaire dans le mix énergétique français, d’ici à 2025, et ce, même si le nucléaire ne produit pas de dioxyde de carbone. Comme il faut réduire l’utilisation des énergies qui en produisent, et qu’il faut réduire l’utilisation de celles qui n’en produisent pas, on en vient à la conclusion que nos élus veulent essentiellement diminuer la consommation d’énergie française, point.

C’est parfaitement rassurant.

Comme le développement d’une nation et le bien-être de sa population (accès aux soins, à l’éducation, aux technologies, son niveau de vie, etc…) sont directement corrélés à leur consommation énergétique, la volonté affichée de réduire l’utilisation des énergies en France n’indique qu’une chose : les députés, écologistes en premier, n’attendent qu’une chose de l’avenir, et c’est le renfermement, le ralentissement, la diminution de l’activité française, du niveau de vie des Français et la paupérisation de leur avenir. En tout cas, pas de doute, après l’écologie punitive à base d’écotaxe, Royal et la clique EELV ont su rendre vraiment glamour la lutte contre la pollution.

À ce combat contre des dragons de papier par des moulins à vent et une vision pour le moins pessimiste et étriquée de l’avenir, il faut heureusement ajouter un train de mesures dont la liste, à la Prévert, forme un excellent étalon du N’importe Quoi Institutionnalisé.

omg wtf catBien sûr, la loi consacre maintenant la fameuse lutte contre l’obsolescence programmée. Je l’ai déjà évoquée dans ces colonnes, le ridicule de l’opération méritant largement un billet à lui tout seul. Là encore, de la même façon qu’il s’est trouvé suffisamment de gogos pour vouloir lutter contre un réchauffement qui n’existe pas, qu’on ne comprend pas, qu’on n’arrive pas à modéliser et qu’on attribue aux mauvaises causes sans pouvoir en mesurer les conséquences, l’obsolescence programmée, fantasme pratique d’écologistes ignares en économie, fait maintenant irruption dans le débat parlementaire parce qu’il fallait absolument graver dans la loi que saboter ses produits commerciaux, c’est mal.

L’introduction d’un chèque énergie constitue ensuite une magnifique démonstration du socialisme en marche guillerette vers la falaise abrupte de la réalité au bord de laquelle on sent qu’il aura bien du mal à s’arrêter. En substance, l’idée est donc de prendre de l’argent à tout le monde, y compris les plus pauvres, via des taxes toujours plus élevées sur l’énergie, pour ensuite redistribuer sous forme de chèque avec une répartition à peine différente l’argent ainsi récolté. Le coût de la collecte et de la répartition est assuré, bien sûr, par le contribuable, source apparemment inépuisable d’argent et de rigolade pour ceux qui ponctionnent. Notez que l’idée même de baisser les taxes et laisser faire le marché n’est pas venue sur la table. On est en France, hein.

Plus iconoclaste, notons l’introduction de la possibilité pour les employeurs de verser une indemnité kilométrique à leurs salariés se rendant à vélo, ou à vélo électrique, sur leur lieu de travail. Ne vous inquiétez pas : on lutte contre le CO2, mais pas contre les usines à gaz puisque le montant de cette « indemnité kilométrique vélo » sera bien sûr fixé par décret, et elle sera exonérée de cotisations sociales, moyennant quelques cerfas et autres formulaires amusants à remplir. J’attends le jour où une « indemnité kilométrique chaussure ou trottinette » sera envisagée, et le tableau sera complet. Pas de doute, c’est la France, c’est youpi.

Royal : la champagnitude attitude

Le pompon est cependant décroché sans la moindre peine ni sueur sous les bras par le vote, après des heures de débats, de deux dispositions que le monde, on s’en doute, nous enviera. D’une part, l’interdiction d’ici à 2016 des sacs plastiques à usage unique va introduire un vrai vent de changement dans le pays qui en avait besoin. Et d’autre part, grâce à une ferme prohibition de la vaisselle jetable d’ici 2020, les paysages français seront enfin débarrassés des milliards de couteaux, de cuillères et de fourchettes en plastique qui jonchaient nos prairies et que broutaient maladroitement des vaches amaigries par le faible apport calorique que ces couverts de pacotille pétrolière leur procuraient.

le changement c'est sans sacs plastiques

Rassurez-vous : l’interdiction de ces plastiques particuliers s’accompagne, pour la Royal Air Farce, du souhait (pas du tout soufflé par des lobbies du cru, Limagrain, Sphère, Roquette ou Vegeplast en tête) de relancer la filière papier et encourager les entreprises françaises fabriquant des sacs à base d’amidon de maïs ou de pomme de terre. Tout ceci est pratique, mais coïncident et c’est tout.

Finalement, la Transition Énergétique de Ségolène, c’est assez simple et cela se résume à un mot : interdiction. Interdiction d’utiliser du plastique pour manger, interdiction d’utiliser du plastique pour emballer ses fruits et ses légumes, interdiction d’utiliser trop d’énergie, interdiction de rejeter du CO2, interdiction, interdiction, interdiction, parce que la France est un pays de liberté, que trop de liberté tue la liberté, et qu’il faut absolument réguler tout ce qui ne l’est pas encore, et que toutes ces interdictions étaient réclamées bruyamment par le peuple (dont les autres problèmes – chômage, niveau de vie en baisse, éducation parcellaire, etc… – sont parfaitement traités par ailleurs).

Accessoirement, on pourra tout de même assortir tout ça d’une bonne taxation, taxation, taxation, et l’affaire est dans le sac. En papier, bien sûr.


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Voir les commentaires (29)

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  • « Plus iconoclaste, notons l’introduction de la possibilité pour les employeurs de verser une indemnité kilométrique à leurs salariés se rendant à vélo, ou à vélo électrique, sur leur lieu de travail »

    ça ne me déplairait pas, je n’ai pas acheté de voiture ni passé le permis car conduire une voiture en ville est infernal en France, et j’adore faire du vélo. Par conséquent je ne pollue pas du tout, et si en plus on me paie pour ça alors bingo 😀

    • sauf que à salaire égal, la pollution que vous ne faites pas en allant au boulot, vous la faites ailleurs….
      subventionnez le vélo n’est donc pas empêcher les émissions de CO2 globalement mais faire que tout le monde paye un petit voyage aux gens qui vont au boulot en vélo.
      raisonnement valable pour l’isolation des baraques aussi….

      m

    • Mais si, vous êtes un affreux émetteur de CO2 en vélo, et, surtout dans les côtes, vous dépasserez le quota autorisé et vous serez puni et envoyé dans un camp de rééducation. Bien fait pour vous!

    • Tiens donc, le CO2, EPO de la végétation, nécessaire à la photosynthèse, donc à la Vie sur notre Planète, serait un polluant? Parce que ce sont les khmers verts ignares et/ou dogmatiques (le cumul est autorisé…) qui le proclament urbi et orbi?

  • Vendredi matin, pas un moulin à vent en fonction près de Dijon. Cela promet ❗

  • Du grand h 16, jubilatoire ! Encore, en-core, en-core !

  • « les députés, écologistes en premier, n’attendent qu’une chose de l’avenir, et c’est le renfermement, le ralentissement, la diminution de l’activité française, du niveau de vie des Français et la paupérisation de leur avenir. »

    La droite votant contre par principe, il suffirait d’un faible pourcentage de députés de gauche honnêtes et ayant les pieds sur terre pour que la loi ne passe pas. Bon test de nos élus.

  • La vaiselle en porcelaine se transporte très bien pour un piquenique dans une malette Vuitton. Je ne vois pas où les le problème. Les « sans-dents » non pas de gout pour les belles choses !

    • la porcelaine, c’est pas biodégradable non plus. D’ailleurs on retrouve encore des céramique de l’époque romaine, et personne ne proteste …

      • Encore heureux que personne ne proteste, on ne va quand même pas remplir nos beaux musées avec les assiettes en plastique jetées par César lors de ses pique-niques en Gaule !

    • bonsoir jesuisunhommelibre , il va sans dire que transporter cette vaisselle dans cette valise dans autre chose qu’une Rolls serait impardonnable aux yeux de qui sait vivre comme une personne civilisée …

  • La lutte contre les dahu, c’est plus facile que celle contre le chômage ou les déficits publics. Il suffit de planter des drapeaux anti-dahu (couteux), et hop, c’est gagné 🙂

    • bonsoir P , le dahu ? vous parlez bien de cette bête qui à deux pattes plus courtes du même côté ,et qui en conséquence vit dans les collines, et dont chacun sait que pour la capturer il faut l’approcher lorsqu’elle est de dos façe au soleil couchant : Vous la sifflez alors ,elle se retourne et se casse la G….dans votre épuisette à très très long manche !!

  • Concernant l’obsolescence programmée je note que dans le cas des politiciens c’est l’inverse : plus ils sont de mauvaise qualité et plus ils ont tendance à durer…

    • bonsoir something ,ah ! vous aussi vous avez remarqué ! Quelquefois même ça laisse pantois !
      Encore constaté récemment à l’occasion d’un pot ;avec présence d’édiles locales de bords différents .
      Au sortir de cette assemblée , nous étions quelques-uns à nous demander si nous avions bien entendu ….

  • Vidéo assez énorme. Le gars est excellent.

    Nous, en France, on a Patrick Bosso. Même pas peur.

  • Ils ont oublié les milliards de bouteilles en plastique qui sont à usage unique, utilsées par tous. La France est un très grand producteur d’eau minèrales , mais on n’utilise pas les bouteilles en verre comme pour le vin. Etrange…

  • Bref, les écologistes, qui représentent 3% des électeurs, ont réussi à faire voter une loi de décroissance, sans le dire ouvertement. Démocratie?

  • La vidéo qui clôture cet (excellent) article est juste jubilatoire !

  • Je ne suis pas certain que ceux qui semblent beaucoup apprécier ce sketch de George Carlin le comprennent vraiment et aient une idée d’ensemble du personnage et de ses thèmes favoris.
    Allez voir (dailymotion par ex) ce que pense GC de son pays et de ses compatriotes. Moi, j’aime bien…

  • La transition énergétique n’est qu’un des aspects de la guerre civile menée avec acharnement par l’Obèse contre la population française. Les autres sont le chômage de masse, la dette publique, les monopoles et leurs tarifs, les aides sociales, les enflures codifiées des impôts, du travail, de la route, codes sur tout mais surtout n’importe quoi… peu importe quoi tant que la population est soumise à l’emprise d’un code à respecter scrupuleusement 24/7.

  • 100/100 pour ! Vidéo excellente, un bonheur !
    Si vous êtes un lecteur de mon blog pas plus tard qu’aujourd’hui j’ai laissé un billet sur le non-réchauffement climatique ….

  • je crois qu’il arrivé le moment de se poser une question essentielle : est ce qu’ils ont tous revendu leurs neurones pour faire de la politique et qui est l’heureux élu ?

  • Autant je trouve la lutte contre le « réchauffement climatique » et la taxe sur le CO2 ridicule autant je trouve que certaines de ces mesures visent spécifiquement la pollution auquel on est confronté au quotidien : les montagnes de plastique que nous accumulons et la pollution environnementale, visuelle et sonore des trajets en voitures pour aller au travail.
    Il y a des gens en ville qui pourraient allez en vélo au taff, ils ont juste la flemme. Les Français marchent à la carotte, ça pourrait leur faire franchir le pas.

  • « le développement d’une nation et le bien-être de sa population sont directement corrélés à leur consommation énergétique » C’est un constat empirique et non une vérité économique. Le transport est un contre exemple parfait : à kilométrage équivalent, une automobile électrique consomme 6 fois moins d’énergie qu’une diesel moyenne.

    Ce n’est qu’un exemple pour prouver que le paradigme de surconsommation énergétique n’est absolument pas immuable et que nous savons et pouvons produire plus en consommant moins.

  • ☻ J’avoue écrire ça sans avoir lu l’article, ça me gave de transiter énergiquement.

     » vers le n’importe quoi  »

    ☺ C’est pas que n’importe quoi, c’est n’importe où, n’importe comment, mais pas avec n’importe qui, pas n’importe quand.

  • Près d’un tiers, si ce n’est la moitié des moulins à vent à l’arrêt au nord-est de Dijon, cet après-midi.

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