Lors d’une conférence de presse à Toulouse, le nouveau prix Nobel d’économie a exposé ses idées pour lutter contre le chômage : un « contrat de travail unique » et une « taxe sur les licenciements ».
Par Guy Sorman
Le gouvernement français s’est félicité du Nobel de Tirole comme s’il s’agissait d’une victoire nationale du type équipe de football ; mais Hollande et Valls connaissent-ils l’œuvre de Tirole ? On en doute tant celle-ci est en contradiction frontale avec la politique économique de la France.
Tout d’abord, s’il est vrai que Tirole dirige un Institut universitaire à Toulouse, celui-ci est un oasis qui échappe au contrôle de l’Éducation nationale, parce qu’il est financé par des entreprises privées de la région ; ce qui permet à Tirole de suivre le modèle américain, de recruter qui il veut au prix du marché mondial. Son école s’appelle Toulouse School of Economics (TSE), ce n’est pas par hasard. Par ailleurs, Tirole est de formation américaine autant que française, au MIT de Boston où il passe toujours la moitié de l’année. La science économique n’est pas une science nationale, ce que démontre brillamment Tirole.
Outre ses travaux mathématiques sur les relations inter-industrielles qui lui ont valu le Prix attendu depuis des années, un chef-d’œuvre scientifique, Tirole est également un pionnier dans la réflexion contre le chômage : il est l’auteur (avec Olivier Blanchard du MIT) d’une remarquable proposition appelée Contrat de travail unique.
Tirole constate que la quasi-impossibilité de licencier en France fait que l’on licencie peu, tant les tribunaux sanctionnent les patrons et qu’en conséquence, on recrute encore moins : les entreprises sont donc moins productives et le chômage des jeunes augmente. Pour en sortir, Tirole propose de restaurer le droit de licencier librement (sauf cas de harcèlement notoire ou pour grossesse par exemple) ; ce droit de licencier restaurerait le désir de recruter.
Mais Tirole reconnaît que le licenciement pèse sur la société : il faut bien financer l’assurance chômage. Il suggère donc un impôt sur le licenciement proportionnel au temps nécessaire au licencié pour retrouver un emploi. Ceci inciterait les patrons à aider les licenciés à se recaser vite. Pour éviter les abus, l’impôt sur le licenciement serait plafonné à six mois de salaire, une formule qui existe dans certains États américains. Les tribunaux n’auraient plus à intervenir dans les licenciements, les patrons connaîtraient par avance le coût d’un licenciement, alors qu’il est aujourd’hui aléatoire.
Le projet Tirole combine donc la liberté d’entreprendre avec l’équité sociale. Mais aucun parti, aucun gouvernement, n’a jamais examiné le projet Tirole. Ce serait une vraie réforme avec de vrais résultats, le contraire des discours incantatoires. Craignons que le Nobel ne suffira pas à faire entendre Tirole.
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Sur le web.
On propose une taxe sur les licenciements et contrepoints applaudit ?
En soi, ça n’est pas choquant. Il y a un contrat, la rupture de ce contrat induit des conséquences financières pour la collectivité, et le libéral s’en affranchit en les indemnisant. Bien entendu, il faudrait que la taxe soit bien libératoire de toute contestation du ben-fondé du licenciement, et qu’elle soit effectivement versée aux systèmes d’assurance chômage plutôt qu’au budget de l’état. D’ailleurs, l’agressivité de la gauche envers Tirole montre bien qu’elle ne l’a pas comprise autrement.
Si ça permet déjà de mettre fin au racket permanent des employés pour l’assurance chômage, c’est déjà pas si mal.
Je dois néanmoins avouer que le « coût pour la société » des licenciements m’a fait quelque peu bondir. Tout ce qui a un impact sur des individus est potentiellement un coût pour la société. Personne ne se réjouit du malheur des chômeurs ou des des SDF, mais est ce que leur malheur est une raison pour prendre du pognon aux autres?
Les entreprises sont les vraies créatrices d’emploi. Le fait de créer un emploi est un bienfait et pourtant on taxe quand même les salaires et les bénéfices. Le fait de licencier ce n’est pas créer un malheur, c’est cesser de fournir une opportunité. Arrêter de travailler avec quelqu’un n’est pas un préjudice. Arrêter de prodiguer un bien n’est pas prodiguer un mal; cesser de taxer n’est pas subventionner, et cesser de torturer n’est pas caresser. Je ne sauve personne en desserrant mes doigts de la gorge de celui que j’étrangle, et je ne crée pas de malheur en rendant une personne au chômage après lui avoir fourni du travail pendant plus de 10 ans.
Ce serait toujours mieux que la rigidité actuelle du marché du travail, c’est une avancée. En France le libéralisme ne peut se faire qu’avec des petits pas.
on voit la propagande socialiste. tous les médias ont dit qu’ il propose un impôt punitif pour les entreprises qui licencient, en omettant de dire que c’est en échange d’une déjudiciarisation des licenciements.il faut faire attention aux reportages télévisés où les dires de Mr Tirole sont coupés au montage pour donner un sens tout à fait contraire à ses travaux.
Si ce monsieur Tirole a eu un nobel d’économie, il serait judicieux de lui proposer le poste de ministre de l’économie, mais la socialocratie franco francaise n’admet pas que quelqu’un d’autre que ceux du serail n’occupent des poste clefs pour la bonne marche du pays
« Si ce monsieur Tirole a eu un nobel d’économie, il serait judicieux de lui proposer le poste de ministre de l’économie » je suis pas d’accord. certains des meilleurs économistes du 20 siècle n’ont jamais eu de prix nobel alors que certains charlatans qui disent des choses tellement stupides que même quelqu’un qui possède que des bases en économie et une logique est capable de comprendre que c’est faux. le prix nobel est là pour récompenser un économiste pour ses travaux dans quelque chose de spécifique. cela ne veut pas dire qu’il est bon pour le reste. krugman est l’exemple type. il a d’ailleurs conseillé Greenspan qui a suivi ces conseils de maintenir les taux tres bas, tout c’est l’un des facteurs qui a crée une bulle immobilière aux usa qui a débouché sur la crise des supprimes. d’ailleurs, ce qui est assez marrant avec krugman c’est que toutes ses prédictions se révèlent être systématiquement fausses. il a reçu son prix nobel pour sa contribution à la théorie des échanges internationaux et à la géographie économique, ce qui n’a pas de grand rapport avec son engagement actuel. il devrait se contenter de rester dans ce domaine (où il faut l’avoué il est assez bon).
le problème de krugman s’est que c’est devenu un idéologue (surtout depuis qu’il a eu son prix nobel). ce mec n’hésite pas à « arranger » les chiffres quand ceux ci ne collent pas avec son idéologie
il faut arrêter de croire que c’est parce que quelqu’un a un prix nobel d’économie qu’il comprend tout à l’économie, que c’est une sorte de super économiste qui a tjs raison.
Le Nobel n’a pas de si bonnes idées.
1-Le chômage doit être vu comme une assurance pas comme un impôt.
Parler de taxe sur une assurance est mauvais.
2-Licencier dans 80% des cas, n’est pas un acte volontaire mais subit.
Baisse du carnet de commande ou impayé.
Taxer à ce moment difficile une entreprise n’est certainement pas une bonne idée. C’est ajouter des contraintes à des difficultés.
En fait le chômage pèse parce que dans l’assiette des prélèvements, 1/3 des individus sont exonérés. Fonctionnaires, EDF, SNCF. Il est à 7% du brut de brut là ou dans tous les autres pays il est entre 3 et 4%….
1. Oui, parler de taxe est de la mauvaise com., mais quand on lit Tirole, on constate qu’il s’agit de faire payer les primes d’assurance de l’assurance chômage non pas en tant que charges salariales, mais d’une part par les entreprises en fonction de leurs licenciements réels (celles qui ne licencient pas ne paient rien), et d’autre part de façon mutualisée par les bénéficiaires.
« à ce stade de notre argument, nous n’avons pas encore établi la nécessité d’une intervention publique. » (Blanchard et Tirole 2003)
L’intervention de l’état n’est jugée utile que parce que lui seul a les moyens d’éviter des détournements du système et d’en assurer le fonctionnement loyal.
2. A l’entreprise de s’assurer. Il vaut mieux qu’elle paie des primes à un assureur qui prendra à sa charge le coût pour elle des licenciements, connu à l’avance et avec un risque personnalisé et mesurable, que verser des charges à l’assurance chômage suivant un barème indépendant du risque.
Je suis en accord avec lequidampost. Il y a autant de raisons que d’entrepreneurs pour licencier mais à l’heure actuelle les licenciements sont rarement effectués dans de bonne conditions financières pour l’entreprise, une taxe au licenciement pourrait simplement l’achever.
Restons déjà simplement sur le libre licenciement (peu importe la raison), cela créerait de l’emploi. Aujourd’hui nous savons que beaucoup d’entrepreneur n’osent pas embaucher car un CDI est un boulet juridique, alors l’entrepreneur pressurise ses employés au lieu d’embaucher. Pas besoin de taxe supplémentaire, débaucher aussi facilement qu’embaucher permettra de baisser considérablement le chômage.
Une entreprise en difficulté peut être moins chargée, de même qu’une PME de moins de 100 employés.
Oui mais cela rajoute des contraintes administratives de devoir justifier sa condition financière ou tout faire pour ne pas dépasser le seuil de X employés. Et puis chaque article réglementaire peut-être détourné par les très grosses entreprises au détriment des petites qui doivent payer toute la note. (Cf. Total qui ne paie quasiment rien en France par simple jeu comptable)
L’idéal est que chacun gère ses cotisations chômage comme il l’entend, sur un compte bloqué.
En cas de pépin, il verse ce qu’il a payé les x mois précédents. s’il a pas cette somme, il se débrouille comme un grand.
Il reste toujours le RMI/RSA dans le pire des cas.
Il n’y a aucune raison de déjudiciariser les ruptures de contrats.
Quand un contrat est rompu il est normal de pouvoir contester la légalité de la rupture devant un tribunal le problème dans le cas de la rupture d’un contrat de travail se trouve dans la nature du tribunal des prud’hommes qui n’est pas équitable.
Personnellement je ne vois pas ou se trouve le coût pour la société dans un licenciement et cela même si il y a une assurance chômage monopolistique d’état, une entreprise n’est pas là pour faire du social elle est là pour faire du profit et le cas échéant donner du travail mais si celui-ci vient à disparaître il n’y a aucune raison légitime à la taxer pour avoir créer du travail.
Il est probable que techniquement cette taxe soit préférable à la situation actuelle mais je la trouve détestable dans son idée qui voit l’interruption d’un contrat de travail comme une nuisance dont l’état à vocation à s’occuper.
La réforme du marché de l’emploi elle est simple c’est la suppression du code du travail et laisser les salariés et les employeurs négocier leur contrats aussi bien sur la rémunération que le nombre d’heures et les modalités de ruptures.
Lisez Tirole.
Il s’agit de déjudiciariser en prévoyant un montant d’indemnités de rupture, en gros jusqu’à 6 mois pour chercher un nouvel emploi, plutôt que de faire fixer cette somme par les prud’hommes sur des critères farfelus.
Il s’agit de déterminer un système de financement de l’assurance chômage qui fasse participer employeurs et employés en fonction de leur « responsabilité » dans l’occurrence du sinistre. Je mets responsabilité entre guillemets parce qu’il ne s’agit pas d’un jugement de valeur, mais d’une appréciation objective de la prise de risques.
Il ne s’agit pas de code du travail, mais de choix de société : doit-on laisser les gens libres ou non de s’assurer contre le chômage, sachant que s’ils ne s’assurent pas, ils viendront perturber la vie et la liberté de ceux qui n’en souffriront pas ? Si on décide qu’il vaut mieux qu’ils soient assurés (ce qui sera le choix majoritaire), alors comment organiser au mieux cette assurance, pour qu’elle soit vraiment une assurance et non une redistribution ?
Ce n’est pas parce qu’un contrat prévoit une indemnité de rupture que pour autant sa rupture ne doit pas être le cas échéant dénoncé devant un tribunal.
Ce n’est pas aux entreprises de financer l’assurance chômage ce n’est pas parce qu’à un moment donné une entreprise peut offrir du travail que celle-ci doit être tenue pour responsable de sa disparition et en supporter des conséquences financières.
Doit-on laisser les gens libres de s’assurer pourquoi préciser un secteur particulier?
C’est bizarre mais il existe des assurances privés contre le chômage dans ce pays notamment pour les chefs d’entreprises et devinez quoi il y a des individus qui y souscrivent et en plus elles sont bénéficiaires (saleté de marché qui fait de l’argent sur la misère des chefs d’entreprises).
Il serait peut être tant d’arrêter de prendre les individus pour des cons incapables de mener correctement leur vie et de faire des choix rationnels pour eux et leurs proches.
Si l’état était capable de gérer une assurance mieux que le marché libre on se demande bien pourquoi toutes les assurances ne sont pas des caisses publiques surtout vu l’exemple donnée par les caisses de sécurité sociales.
Comme je l’ai écrit dans mon message il est fort probable que le système tel que décrit par Tirole soit plus efficace que le système actuel mais ce n’est pas une raison suffisante pour moi pour que j’y souscrive.
Tirole ne dit pas que la caisse d’assurance chômage doit être gérée par l’état, il soutient même explicitement le versement des indemnités directement par l’entreprise ou par le biais d’une caisse privée à laquelle elle décide de cotiser, mais il affirme que l’état doit être associé parce que « seul l’état a l’infrastructure nécessaire pour suivre le statut des chômeurs (vérifier s’ils sont au chômage, s’ils sont à la recherche d’un emploi) et leur verser les allocations chômage ». Je suis sûr que si vous avez une solution pour s’en passer sans courir le risque d’abus, Tirole la soutiendrait.
L’état comme organisme de contrôle d’une caisse privée ouf me voila rassuré ça évitera les problèmes que rencontre la sécurité sociale (oh wait a minute).
L’état a aujourd’hui une infrastructure défaillante lui permettant de contrôler les chômeurs parce que c’est une mission qu’il s’est attribué, mais rien n’empêche une compagnie d’assurance de mettre en place le dispositif nécessaire à cela et qui sera certainement bien plus efficace que celui de l’état vu que c’est son argent qui est un jeu.
La fraude dans l’assurance ça a toujours existé et ça existera toujours et c’est quelque chose que les compagnies gère plutôt bien et bien mieux que l’état.
Un assureur privé aurait intérêt a placer son client, pas à s’en débarrasser.
On peut très bien imaginer, oh horreur dans le monde « sinistra », que l’assureur touche une prime s’il place son client, en plus de frais réguliers minimes.
« Il n’y a aucune raison de déjudiciariser les ruptures de contrats.
Quand un contrat est rompu il est normal de pouvoir contester la légalité de la rupture devant un tribunal »
Ce serait vrai s’il s’agissait de contrats librements consentis entre les parties.
Mais en réalité il s’agit de contrats-modèle imposés par l’Etat.
Un micro-économiste qui donne des leçons de macro-économie, c’est comme si Modiano t’expliquait Kant du haut de son Nobel de littérature. Tu donnes un prix Nobel de micro-économie à un Krugman, un Tirole, et après ils se pensent fondés à donner des leçons de macro-économie.
Un « économiste » mathématicien part forcément d’une fausse idée de l’homme et de la science sociale. https://docs.google.com/document/d/13ckOffsxXFOt3AxKH-f-N4KWm4ozKCp6Ahqj_Qrt4Pk/edit?pli=1
… Un nombre chaque jour croissant d’ouvrages et d’études du courant mathématique s’occupent des décisions que les personnes singulières et les entreprises prennent en menant leurs affaires. Si l’on y regarde de plus près, on se rend compte qu’il s’agit de mettre sous forme algébrique et de généraliser un mode de pensée que dans les écoles de commerce on apprend sous le nom d’arithmétique des affaires, et dont les hommes d’affaires qui n’ont jamais visité une école de ce genre se servent depuis belle lurette.
Les auteurs de ces textes affirment que leurs recherches seraient d’une grande valeur pour la pratique des affaires dans une société capitaliste, de même que pour la gestion de l’état socialiste. Ils ne se posent jamais la question de savoir pourquoi les gens « pratiques » n’accordent à leurs recherches aucune espèce d’attention…. » https://docs.google.com/document/d/14PCuH7LhitB7CAhRX7mjn8FOrKaEAL7LMgWMMtUsXEQ/edit?pli=1
« … Le Charlatanisme Ordinaire des économistes mathématiciens les a conduits à pratiquer une autre manière de voler le concept de valeur en dénaturant celle-ci sous la forme de prétendues « fonctions d’utilité » (avec leur corollaire, les prétendues « courbes d’indifférence).
La notion est implicitement pseudo-expérimentaliste, dans la mesure où elle prétend réduire les jugements de valeur à des réactions mécaniques, en formant des « hypothèses » qu’ils voudraient statistiquement « vérifiables » sur leurs prétendus « déterminants ».
Comme, dans la réalité, ces jugements de valeur sont des actes de la pensée au moment d’agir face à une contrainte, actes de la pensée dont on ne peut rien savoir en-dehors de l’action effective, les gloses sur les raisons d’agir des individus, a fortiori lorsqu’on ne peut pas observer leur action, n’appartiennent pas à la théorie économique mais à l’art de la prévision, qui est une discipline historique (laquelle peut faire usage, entre autres, des résultats de la psychologie expérimentale).
En soi, le vol du concept de valeur par les prétendues « analyses » en termes de « fonctions d’utilité » ne vole pas le concept de propriété ; cependant, il a bel et bien conduit à de prétendues représentations théoriques des jugements de valeur qui, à force de méconnaître leur nature, l’ont totalement oublié…. » http://www.institutcoppet.org/2014/10/10/entretien-avec-francois-guillaumat-par-gregoire-canlorbe/
Quand de prétendus économistes mettent de côté les règles de droit pour soi-disant innover, la folie peut continuer à faire son bonhomme de chemin.
Art. 1101 du code civil : le contrat est une convention par laquelle une ou plusieurs personnes s’obligent, envers une ou plusieurs autres, à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose.
Un contrat de travail unique est pire qu’un salaire minimum obligatoire.
Je ne vous le fait pas dire. Notez que pour le moment, nous bénéficions des deux, même si le contrat de travail unique se décline en deux formes codifiées, CDD et CDI.
Je n’ai que parcouru le rapport à http://www.cae-eco.fr/IMG/pdf/044.pdf , mais il semble que ce soit plus que n’ont fait bien des commentateurs. Bien sûr, ce n’est pas un rapport totalement libéral, mais qui s’y attendrait ? Par contre, je ne crois pas avoir souvent vu des mesures à la fois aussi acceptables dans leur forme tant par les libéraux que par les socialistes, et aussi susceptibles de véritablement faire progresser la question dans la bonne direction.
Quant à l’affaire du contrat de travail unique, que de bruit autour d’un quasi-CDD qui se transformerait progressivement en quasi-CDI ! N’est-ce pas juste formaliser pragmatiquement ce qui se passe actuellement dans beaucoup de cas ?
Le problème c’est que le projet d’un prix Nobel n’intéresse pas les politiques qui sont trop préoccupés a faire plaisir aux différents lobby qui prennent soin de leur avenir financier.
Plutôt qu’une taxe de plus, pourquoi ne pas imaginer une durée de préavis proportionnelle à la durée du contrat de travail et ainsi sécurisant les deux parties ?
« il faut bien financer l’assurance chômage » : puisque c’est bien d’une assurance qu’on parle, il n’y a pas de raison intelligible pour que cette assurance ne soit pas ouverte à la concurrence, avec des offres diversifiées choisies volontairement par les cotisants. La vertu du système concurrentiel appliqué à l’assurance chômage tient en ce que les assureurs aurait un intérêt direct à ce que leurs cotisants retrouvent rapidement du travail, contrairement à l’assurance publique irresponsable, favorisant l’émergence de véritables services d’accompagnement, de la recherche d’opportunités à la requalification professionnelle.
Sur cette base concurrentielle vertueuse, on peut imaginer une palette d’incitants allant de l’assurance obligatoire forfaitaire minimale aux fonds de prévoyance dédiés, en passant par les aides ciblées à la cotisation.
Tout à fait 🙂
En somme, au lieu de donner une indemnité de licenciement au salarié, l’entreprise verserait cette somme à une administration d’Etat chargée de la redistribuer.
Une mesure technocratique de plus.
Vachement libérale!!!!
Les libertés économiques, vous les préférez généralisées ou sectorielles ?
Toute proposition sérieuse pour augmenter l’emploi, mérite d’être évaluée. Il est utile de situer le contexte. Faute de précision la proposition « Protection de l’emploi et procédure de licenciement » a vocation à s’appliquer dans la France d’aujourd’hui. Elle ne fait pas partie d’un programme gouvernemental de généralisation de la liberté économique.
Or la République française d’aujourd’hui n’accorde pas la liberté économique pour tous, et n’assure pas l’égalité en droits de chacun dans la sphère de l’économie. L’existence simultanée d’un chômage de masse de plusieurs millions de citoyens et d’une fonction publique de plusieurs millions de fonctionnaires pose la question de l’égalité en droits.
Les taxations confiscatoires sur les bénéfices, les plus values, les dividendes et le travail réduisent la rentabilité voire la viabilité de nombreux projets d’entreprise et même de nombreux projets professionnels chez les jeunes et les seniors. Ces taxes contreviennent à un droit fondamental celui de travailler et de vivre soi et sa famille du fruit de ce travail.
Dans la France de 2014, choisir l’assouplissement du contrat de travail comme une mesure anti-chômage n’est pas une démarche libérale avisée. Dans un pays prospère ce serait différent. Aujourd’hui c’est une solution mise en avant par le régime pour se sauver du naufrage budgétaire. Déréglementer l’employeur en précarisant l’employé. « To rob Peter to pay Paul ! »
Est-il équitable de supprimer le CDI dans le secteur marchand et de le conserver dans le secteur public ? Est-il équitable d’avoir une loi économique universelle – la rentabilité – appliquée à la fois aux entreprises et aux salariés (et aux candidats à l’emploi) et d’en exonérer l’ensemble du secteur public ? Celui-ci ne plombe-t-il pas la rentabilité de tous les agents économiques ?
Qui garanti à Guy Sorman, ou aux posteurs sur ce forum, qu’une fois la « liberté de licencier » adoptée, les impôts, la dépense publique et le chômage diminueront ?
Si le chômage reste élevé, que deviendront de nombreux salariés en CDI ? C’est fort simple : par effet d’aubaine ils se retrouveront précarisés. Beau progrès, ainsi délestées d’un peu de leur masse salariale, les entreprises pourront être davantage taxées au titre de la solidarité. Si le Medef et quelques volontaires veulent diner avec le diable…
Ce libéralisme là ce n’est pas tant du libéral que du patronal. Et de connivence avec l’Etat et les politiciens. Il a été décrit par Zola. (l’armée contre les grèvistes)
Un libéral sait que la notion d’intérêt général est suspecte. Qui peut se prévaloir d’un intérêt général libéral ? Dans un contexte de cannibalisation de l’économie par l’Etat, la liberté de licencier, c’est privilégier les intérêts de l’Etat et de l’entreprise au détriment de ceux du salarié. Nouvelle lutte des classes de l’élite française d’aujourd’hui contre son propre peuple.
Reste l’argument de l’utilité économique. Un employeur n’a pas forcément besoin de la liberté de licencier, mais de la possibilité de licencier si nécessaire : baisse des ventes ou du carnet de commande ou autre justification. L’adaptation de l’entreprise relève d’une nécessité. Dans ce cas elle est vérifiable. Qui peut le faire mieux qu’une juridiction paritaire ? La liberté de licencier est vue par le salarié comme un risque arbitraire d’être licencié. Et ce risque a un coût pour lui et pour la société humaine.
D’ailleurs cette « liberté de licencier » ou « licence de licencier » l’employeur l’a déjà. Le Code du Travail le lui permet. Si le salarié conteste, il va aux Prud’hommes, l’institution est paritaire et le tarif n’est pas cher. Dire qu’un employeur ne peut pas licencier sans causes réelles ni sérieuses n’est pas factuel : 40.000 contentieux prud’hommeaux par ans.
Critique les Prud’hommes comme partisans des salariés est un sophisme : l’employeur ayant le pouvoir disciplinaire, il est logique que la juridiction redresse le cas échéant.
Passer d’une économie très réglementée à une économie libre est plus efficace par une voie pacifique. Pour cela se mettre à la place des salariés, notamment ceux qui pourraient perdre leur emploi, c’est la moindre des choses pour un candidat réformateur.
Je vis au milieu de beaucoup d’entrepreneurs, ceux ci n’osent pas embaucher car ils ne peuvent pas gérer sainement les fluctuations de la demande de leurs services.
Arrêtons de regarder notre nombril et observons les autres pays, écoutons les étrangers venus travailler en France, la liberté de « désemploi » favorise l’emploi, c’est incontestable, car si vous étiez un minimum entrepreneur vous sauriez que prévoir le risque est une base fondamentale dans la survie de l’entreprise. Aujourd’hui embaucher est un risque financier non négligeable.
« la liberté de « désemploi » favorise l’emploi, c’est incontestable »
A vous lire l’embauche présentant un risque, votre solution serait de supprimer les droits des salariés.
Cette « liberté de « désemploi » » là, est un faux droit qui n’a rien à voir avec la liberté des contrats, qui elle, couplée avec d’autres mesures favoriserait réellement l’emploi marchand : flat tax pour tous les revenus, retour de la sphère publique dans le droit commun (fisc, subsidiarité, concurrence, rentabilité, statut)
La « liberté de licencier » est la possibilité de se délier des contrats qu’on a signé et sans contrepartie pour le salarié licencié. C’est irrecevable au plan du droit, de la morale. C’est pourtant ce que les promoteurs de cette « liberté » demandent à l’Etat pour déroger aux obligations issues de leur propre contrats librement signés !
Exit ce faux droit, venons en à l’utilité et à la nécessité qu’une entreprise s’adapte à la conjoncture. On parle ici de contrainte (commerciale) extérieure à l’entreprise.
Si la demande de travail est temporaire, (ou intermittente, saisonnière), l’interim, le CDD répondent à ses besoins, mais le patronat peut à bon droit demander une l’extension de l’usage du CDD pour des chantiers, des projets, car cela correspond à une réalité objective : commerciale technique ou économique.
Si la demande de travail est permanente, des causes non prévues (baisse des ventes ou du carnet de commandes, mutations technologiques…) lors de la signature peuvent nécessiter la rupture du contrat. Là aussi on est dans la réalité (commerciale ou technique) de l’entreprise, et le patronat est fondé à demander une évolution du droit du travail pour prendre en compte cette réalité. On est loin d’un licenciement sans frais et sans causes !
Toute rupture de contrat peut nécessiter un arbitre. Avez-vous trouvé mieux qu’une institution paritaire comme celle des Prud’hommes ? Préférez-vous la justice de l’Etat ?
C’est irrecevable au plan du droit, de la morale.
Pas si cela respecte un contrat librement signé. Et qui a dit qu’il ne fallait pas respecter les préavis légaux ? Laissez la morale de coté et avancez le droit, c’est plus tangible et précis.
C’est pourtant ce que les promoteurs de cette « liberté » demandent à l’état pour déroger aux obligations issues de leur propre contrats librement signés !
Pardon, pas si librement signés. La preuve, les CDI deviennent rares, c’est donc la preuve qu’il y a un problème.
Même s’il est possible de licencier, cela reste un carcan pour l’entrepreneur qui pourrait se consacrer à des activités plus rentables. Faut-il prendre le risque de licencier 5 personnes au lieu d’une par la fermeture d’une PME ?
Bref alléger ne veut pas dire faire n’importe quoi, ce ne serait pas acceptable.
« A vous lire l’embauche présentant un risque, votre solution serait de supprimer les droits des salariés. »
Cette phrase m’inciterait habituellement à couper toute discussion avec l’intéressé, l’extrémisme n’est pas mon fond de commerce.
Le droit des salarié n’a absolument rien à faire dans cette discussion, qui parle de les abolir ? Et puis nous avons une assurance chômage suffisamment généreuse pour que le salarié puisse se retourner. Ici nous parlons juste de flexibilité, de facilité.
Pour un chef d’entreprise il est aujourd’hui moins risqué et plus facile de sur exploiter sa masse salariale que d’embaucher à cause des fluctuations « commerciales » énormes qui sont dû à l’intensité et la rapidité des marchés à se retourner ou à évoluer. Le monde va très très vite, la rigidité est un frein à l’évolution. Ça c’est le point de vue de l’entrepreneur.
Pour un salarié, il est aujourd’hui souvent extrêmement difficile de trouver un emploi, avez vous expérimenté la recherche d’emploi ? il faut parfois envoyer des centaines de CV pour n’avoir que quelques entretiens qui n’aboutissent pas toujours et au mieux sur un CDD. Pourquoi d’après vous cela se passe de cette manière ?
Ce n’est qu’une mécanique de vases communicants, lorsque vous réduisez le débit d’un coté cela réduit le débit de l’autre, lorsque vous contraignez la débauche, vous contraignez aussi l’embauche. Ouvrons donc les vannes et l’effet sera mécanique.
« […] regardez à la fin d’un fait accompli, et vous verrez qu’il a toujours produit le contraire de ce qu’on en attendait, quand il n’a point été établi d’abord sur la morale et la justice. » a écrit Chateaubriand dans Les mémoires d’Outre tombe.
En matière de travail, c’est-à-dire de service, nous y sommes.
La réglementation s’articule sur la liberté et non pas le contraire.
La réglementation limite la liberté et peut faire oublier cette dernière jusqu’au jour où elle ne peut qu’être abandonnée ou explosée, après les pertes qu’elle a fait supporter aux uns et aux autres.