Par Jacques Henry
La FAO et l’OMS ont défini les probiotiques, par opposition aux antibiotiques, comme des microorganismes vivants qui sont bénéfiques pour la santé quand ils sont ingérés en quantité raisonnable. Les probiotiques les plus connus du grand public sont les lactobacilles dont la promotion est incessante en termes d’effets sur la santé. La Communauté Européenne n’a pourtant pas approuvé la classification de la FAO qui date de 2002 car il n’existe pas suffisamment d’évidences scientifiques concernant les effets bénéfiques des probiotiques sur la santé en général et intestinale en particulier.
Après tout, est-ce que les consommateurs de yaourts se portent mieux que les autres ? Une question qui fait débat mais à laquelle les grandes sociétés impliquées dans l’agro-alimentaire comme Danone, Nestlé ou encore Yakult, pour ne citer que les trois qui me viennent à l’esprit, se sont bien gardées d’apporter des éléments de réponse scientifiquement prouvés. Si j’ai cité Yakult, une société japonaise qui commercialise un lait fermenté en petites bouteilles et dont Danone détient 20% du capital, c’est tout simplement parce que cette société existe depuis les années 1930 et qu’elle fut pionnière dans le domaine des probiotiques en commercialisant dès 1935 le lait fermenté par le Lactobacille, souche Shirota.
Mais le concept de probiotique valut à son inventeur le prix Nobel. En effet c’est Élie Metchnikoff qui émit cette idée en 1907, alors qu’il travaillait à l’Institut Pasteur de Paris, après avoir constaté que les habitants des steppes russes vivaient très vieux car ils buvaient du lait fermenté. Metchnikoff isola d’ailleurs le Lactobacillus bulgaricus mais il s’avéra que cette bactérie ne pouvait pas survivre dans l’intestin contrairement à sa cousine le Lactobacillus acidophilus qui se révéla bénéfique contre la constipation, mais sans plus…
Les probiotiques lactés étaient donc en usage bien avant qu’on en fit la promotion commerciale et ils acquirent leurs lettres de noblesse par un savant marketing indépendamment de toute preuve scientifique ! Ce n’est que tout récemment qu’on commence à se faire une toute petite idée des bienfaits réels des lactobacilles à la suite de travaux réalisés au Japon à l’Institut du Bétail de Tsukuba dans la préfecture d’Ibaraki.
Dans une étude en double aveugle pour évaluer les effets du lait fermenté sur la santé en général, un Lactococcus lactis H61 largement utilisé au Japon dans la production de lait fermenté fut utilisé et comparé aux effets du Lactobacille bulgaricus (Lactobacillus delbrueckii bulgaricus de son vrai nom) additionné de Streptocoque thermophylus (yaourt normal) ingérés à population égale, c’est-à-dire 10 milliards de bactéries par jour pendant un mois. En début et fin de test, des analyses sanguines ont été effectuées et des mesures de l’hydratation, de la teneur en mélanine, de la souplesse et de la richesse en sébum de la peau ont été également effectuées en début et fin du test. Vingt-trois étudiantes en bonne santé et pratiquant toutes un sport furent enrôlées pour ce test. Le seul paramètre qui fut significativement différent entre la souche H61 et le bulgaricus après un mois de test s’est trouvée être l’abondance en sébum au niveau des joues, sécrétion naturelle qui confère une certaine souplesse à la peau. C’est à peu près tout car le nombre de sujets ayant participé au test n’a pas permis d’affirmer une quelconque modification convaincante des paramètres sanguins.
On se trouve, malgré cette étude détaillée, qui n’a pas été financée par Yakult faut-il le rappeler, dans la quasi incapacité de promouvoir l’une ou l’autre des souches de lactobacilles utilisées dans l’industrie laitière. Est-il d’ailleurs vraiment bénéfique d’utiliser des bactéries hyper-sélectionnées, aucune raison claire ne peut être invoquée. Les bifidus, bulgaricus, Shirota et autres H61 sont donc de purs arguments de marketing. Il reste néanmoins vrai que ces produits ne nuisent en rien à la santé. Bon appétit !
Source : H. Kimoto-Nira et al., « Effects of ingesting milk fermented by Lactococcus lactis H61 on skin health in young women: A randomized double-blind study », Journal of Dairy Science, Volume 97, Issue 9, Pages 5898–5903, September 2014.
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Sur le web.
Attention, anglicisme dans le premier paragraphe : la traduction du mot anglais « evidence » est « preuve », une évidence étant un peu autre chose en français.
Bon, alors pourquoi les industriels continuent-ils de m’en mettre d’office dans mon yaourt a l’Aloes vera?…
Les alicaments c’est de la merde en boite.
« Il reste néanmoins vrai que ces produits ne nuisent en rien à la santé »
Ce n’est pas ce que dise toutes les études sur la consommation excessive de produit-laitiers.
Et c’est pas moi qui le dit, c’est google.
« Alicament » c’est juste un prétexte pour vous facturer de la merde au prix fort. Parce que c’est pas donné le yaourt à la bactérie…
Le journaliste a peut etre fait un raccourci rapide, il pensait peut etre aux bactéries citées dans l’article plus qu’au produit fini dans son entièreté.
Les bactéries ne sont pas dangereuse en somme, par contre les substrats laitiers…facteurs de croissances, hormones et autres sucres invertis/édulcorants ou colorants à dosage réglementé…
c’est ennuyeux de dire que « la consommation excessive de quelque chose est néfaste » car la définition de l’excès se fait en général en regard des effets négatifs…
la consommation excessives de flotte ou d’arsenic est nocive…
m’enfin bon…
mais ça rend le propos vide , la question est où commence l’excès…
Cette étude ne permet pas de conclure au niveau :
– immunologique
– longévité des consommateurs
– résistance à la fatigue
– résistance au froid
– capacités physiques
– capacités intellectuelles
– …
Bref, une étude fade, sans intérêt, mais dont les tout aussi fades conclusions influenceront inutilement, voire nocivement, le lecteur.
Pour conclure, n’oublions pas cette phrase, extraite du présent article « …les habitants des steppes russes vivaient très vieux car ils buvaient du lait fermenté ».
Moi je prend H16 tout les matin et je me sens beaucoup mieux 🙂
Torticolis à force de secouer la tête, spasme épigastrique du au rire, dépression devant la bêtise des élus, les risques sont pourtant nombreux. 😉
Un échantillon de 23 personnes sans groupe contrôle ? Pseudo-science.
Au départ, il y a la trouvaille des hommes des steppes. Ils mettaient le lait dans des outres en peau, et continuaient à boire ce lait quand il avait fermenté.
Et puis ils ont découvert que le long de la peau des outres se trouvaient des champignons blancs, et que ces champignons pouvaient faire fermenter le lait dans n’importe quel récipient.
Voilà l’origine du kéfir, largement consommé aujourd’hui dans les pays de l’est de l’Europe.
Il suffit d’avoir de ces champignons, et on peut faire son kéfir en 24 heures, tout en récupérant les champignons pour une prochaine fois.
Aujourd’hui, au lieu de vendre du lait fermenté dans les règles, on vous vend des produits fabriqués industriellement avec des ferments chimiques, contenant des conservateurs, et aromatisés avec des produits de merde.
Je suis certain que le vrai kéfir est bénéfique pour la santé, notamment en cas de dérangement intestinal.
De plus, très agréable à boire. Et si, pour faire une tarte, on utilise le kéfir au lieu de lait, il n’y a pas besoin de levure pour que la pâte monte. Et ne parlons pas du goût des crèpes….
bof ce dont est persuadé ne pèse pas très lourd…
Bravo l’Ami, ce que j’appelle « avoir de bon sens ».
Mais il faut admettre que cette denrée – le bon sens – de vient de plus en plus rare, donc dde plus en plus précieuse…
A plus !
Les « machins » au Bifidus ne sont pas des yaourts, ils n’ont pas droit à cette appellation, vérifiez sur le pot!
Il vaut mieux consommer de vrais yaourts natures le plus frais possible pour avoir beaucoup de probiotiques vivants, avec ceux-là certaines études donnent un (petit) avantage.
ouais sauf que si on suit toutes les recommandations nutritionnelles qui donnent individuellement un petit avantage, on n’arrive pas au final à un gros avantage. Personne ne se hasarde à dire manger ça ça ça et ça et je vous garantie ça.
Quand on voit la variété des régimes alimentaires humains…la variété génétiques des gens…on se demande bien le sens que peut avoir une recommandation faite à UN individu sur la base d’une étude statistique , m^me valide, qui met en avant un avantage certain mais faible d’un aliment sur la santé d’une population….
Un mois sur un faible échantillon ne permet qu’une seul conclusion: il ne semble pas y avoir de changements vraiment significatifs au bout d’un mois, en tous cas sur un faible nombre d’individus.
C’est toute la difficulté de la nutrition, il est très difficile de faire des tests vraiment probant, l’humain n’est pas une mouche drosophile.
Le principe des probiotique est de saturer le tube digestif en bactéries inoffensives. Elles bloquent le développement d’autres microbes potentiellement dérangeant. (il n’y a plus de place en somme.)
Sauf que ces bactéries ne font pas souche : il faut en manger en continu pour garder cet effet, ce qui n’est pas vraiment possible en pratique. (A moins d’en consommer des litres tous les jours…)
En alimentation animale, dans l’élevage, c’est en revanche réalisable et industrialisable, et ça permet de se passer d’antibiotiques.
J’ai vécu quelques années en Bulgarie, pays du yahourt… Enfin, c’est ce que disent les francais qui ignorent qu’ils en sont les premiers consommateurs mondiaux, derrière la Bulgarie qui n’arrive que deuxième. Il faut dire que les habitude de consommation sont différentes, quand j’étais en Bulgarie, je consommais souvent le yahourt sous forme salée !
Et ce qui est particulièrement amusant ce qui concerne « Lactobacillus bulgaricus », utilisée surtout localement, et qui aurait, c’est ce qui se raconte, toutes les meilleures vertues (ce qui se raconte même en France), c’est qu’il donne un goût assez fort au yahourt. Rien a voir avec les soi-disant yahourt « au gout bulgare » qu’on trouve en France. En fait, quand on a l’habitude du Danone sucré, autant vous dire qu’on trouve ca dégueulasse le « vrai » yahourt bulgare fermenté avec « Lactobacillus bulgaricus ».
Par contre, si quelqu’un sait ou trouver du yahourt ou de l’ayran vraiment bulgare a Genève, je suis intéressé ! (et pas de l’Activia bulgare, puisque Danone a eu la mauvaise idée de vendre ses alicaments sur place, a grand renfort de marketing).