Il n’y a pas à dire, la France sait vivre. Si, dans les couloirs feutrés de nos institutions, on sent nettement que la tension liée à une situation globale pas facile-facile oblige les uns et les autres à raser les murs et les dorures républicaines en serrant les fesses, le petit peuple français, de son côté, n’hésite pas à vivre avec l’exubérance qui lui est coutumière. Et cette exubérance permet de ramener quelques pépites journalistiques, grumeaux de faits divers dont l’intérêt n’est pas toujours où l’on pense.
Et pour illustrer mon propos, je voudrais évoquer le temps d’un billet quelques uns de ces quartiers sensibles qui font régulièrement les meilleures pages des faits divers dans les journaux à tirages médiocres de nos localités désœuvrées. Ici, par quartiers « sensibles », on n’entend pas, comme l’adjectif tendrait à le faire croire, des quartiers émotifs, charnels ou sentimentaux, mais plutôt pénibles ou douloureux pour qui s’y aventure sans connaissance de cause.
Par exemple, le Cours Victor Hugo à Bordeaux fut l’objet, il y a quelques semaines, de quelques articles dans la presse régionale, où l’on découvrait que sa situation y est devenue, en plus de cinq mois, ingérable, que les plaintes s’accumulent (tapage diurne et nocturne, trafics de toutes sortes, vols), émanant de commerçants et de riverains. Pire, les terrasses des cafés et restaurants sont devenues infréquentables à certaines heures. Des punks à chiens traînent mollement dans le coin et, comme le note Alexandra Siarri, l’adjointe aux affaires sociales, avec la diplomatie habituelle de la politicienne rompue à l’exercice communicationnel pas choquant-padamalgam-bisou compatible, « le sentiment d’insécurité progresse sur ce secteur ».
Par exemple, à Lille, on apprend qu’un quartier aimerait bien se débarrasser d’un encombrant squat de Roms fortuitement installé là depuis deux bonnes années, youkaïdi, youkaïda. Lille qui, apparemment, collectionne les petits soucis puisqu’à Wazemmes, un autre quartier, ce sont les dealers et les voleurs à la tire qui pullulent depuis plusieurs semaines au point d’acculer les commerçants, indignés par l’insécurité grandissante et la saleté indescriptible dans leur secteur, à menacer de faire le ménage eux-mêmes, en commençant par une grève de l’impôt.
Par exemple, on s’aperçoit qu’à Corbeil-Essonne, quelques petits départs de feu parfaitement volontaires, qui ont emporté une médiathèque, une école et quelques voitures, consternèrent courant septembre une population déjà sensibilisée à ce genre de pirouettes festives puisqu’en 2012, la PMI avait été victime de jets de cocktails Molotov qui avaient endommagé plusieurs salles de cet équipement public, et la crèche municipale voisine. Population d’autant plus consternée que les feux, deux semaines plus tard, continuent de plus belle.
Évidemment, le recensement fait ici tient bien plus de la collection de perles et d’un enchaînement de faits divers que d’une quelconque étude statistique et n’a surtout aucune prétention ni à l’exhaustivité, ni à l’exemplarité. Il serait probablement assez facile d’ajouter d’autres exemples de la même trempe en écumant la presse locale avide de ces petits notules crapoteux où se collisionnent les enquiquinements ordinaires de citoyens lambda avec les violences, incivilités et autres troubles à l’ordre public que des faunes frétillantes provoquent avec une certaine maestria.
Le problème n’est pas ici de savoir si ces actes sont caractéristiques d’une tendance à l’ensauvagement, tendance qu’il est impossible d’extrapoler à partir d’éléments aussi parcellaires que disjoints. En revanche, il apparaît tout de même intéressant de noter que dans chacun de ces faits, la situation semble s’éterniser depuis un moment. Dans chacun de ces exemples, on voit la trace d’une police débordée, d’une justice qui peine franchement à agir, d’une municipalité dépassée et impuissante, et ce, pendant des semaines. Et dans chacune de ces tristes démonstrations de toute la faiblesse de l’État républicain, on notera l’exaspération croissante des riverains concernés, la colère sourde des voisins, l’incompréhension puis la colère de ceux dont la vie dépend, d’une façon ou d’une autre, de l’ordre public qui, dans ce quartier, s’est évaporé on ne sait où.
Or, comment caractériser une société si ce n’est par sa capacité à faire régner un semblant d’ordre public, au moins autour de ceux qui paient le plus lourd tribut aux services de l’État ? Que vaut une civilisation au plan politique et moral si elle est incapable de garantir un traitement raisonnablement rapide des troubles évidents à l’ordre public ? Que vaut-elle si elle est infoutue d’assurer un minimum d’harmonie entre les individus ? À quoi peut-elle prétendre si elle ne répond plus aux attentes basiques, essentielles, des individus respectueux, justement, de l’ordre institué en norme admise par tous ?
Le constat que je fais ici est aussi réalisé, de façon pas toujours consciente, par tous ceux qui sont confrontés à ce genre de problèmes plus ou moins graves. Petit-à-petit s’insinue dans leurs pensées l’évidente inadéquation entre les ponctions toujours plus grandes qu’ils concèdent à l’État censé faire régner l’ordre, et les avanies elles aussi toujours plus grandes qu’ils subissent, et qui sont toujours moins bien réglées. Inévitablement, la ponction fiscale apparaît chaque jour plus douloureuse (et surtout lorsqu’une partie d’icelle retombe sous forme d’aides et de subventions diverses dans l’escarcelle des fauteurs de troubles). Que voulez-vous, les gens sont bêtement pragmatiques et savoir qu’une part de leurs impôts nourrit, directement ou pas, certains des individus qui leur coûtent leur sommeil, et que l’autre morceau fiscal ne sert manifestement plus à calmer le jeu, ça finit par agacer franchement. Là encore, lorsque le régalien, « cœur de métier » de l’État et seule raison valable de son existence, part ainsi en goguette, le consentement à l’impôt se fait mécaniquement plus rocailleux.
Et même si l’on oublie un instant ces rouspéteurs ataviques (le Français est un gros ronchon, tout le monde le sait, voyons), et si l’on pose donc un petit mouchoir pudique sur leurs protestations de contribuables, de commerçants, ou de parents concernés par les dégradations et autres troubles subis, il est plus délicat de placer aussi sous le mouchoir les effets de bord délétères que ces situations entraînent à long terme.
On pourrait ainsi croire anecdotique le fait que ces problèmes renvoient une image déplorable de ces quartiers. Il n’en est rien, tant pour les vacanciers qui pourront y découvrir une autre forme de tourisme (ou renoncer à venir, disons), que pour les employeurs, commerçants ou sociétés qui réfléchiront à deux fois avant de choisir une implantation trop présente dans les faits divers des journaux locaux. Comme bien souvent, les problèmes qui s’enkystent déteindront des années durant sur le lieu et en pourriront durablement l’attractivité. Tout ceci, répété des centaines de fois sur tout le territoire, finit par coûter bien plus cher que les exactions initiales elles-mêmes.
Enfin, comment ne pas voir que cette évaporation durable des services régaliens forme toute une génération d’individus à des comportements qui compromettent le socle même de notre société ? D’un côté, c’est toute une génération qui s’est habituée à s’en tirer à bon compte et qui a oublié ces barrières et ces limites sans lesquelles la civilisation ne peut s’épanouir. D’un autre, c’est toute une génération d’individus qui s’est entraînée à régler ses problèmes par elle-même, sans en passer par la case indispensable de l’institution officielle de Police et de Justice, celle-là même qui fonde, précisément, le principe de civilisation ordonnée, par opposition à un immense foutoir où règne essentiellement la loi du plus fort et du plus nombreux.
Non, décidément, impossible de faire des statistiques sur des faits divers, mais non, décidément, impossible d’oublier que ceux-ci illustrent très bien que l’État, en voulant se mêler de tout, ne se mêle plus vraiment de rien, qu’il a tant dilué son action dans la myriade d’associations diverses, des services publics pléthoriques et d’une qualité médiocre, qu’il en est venu, progressivement et inexorablement, à oublier ses missions premières. Non, bien sûr, le territoire français n’est pas à feu et à sang, mais chaque quartier où ces exactions durent montre que l’État a largement atteint son niveau d’incompétence : tiraillé entre ses finances exsangues et ses missions toujours plus nombreuses urbi et orbi, les milliers de lubies de ses dirigeants frivoles, il n’a plus ni l’argent, ni le temps pour effectuer correctement la seule tâche à laquelle il peut prétendre : celle d’assurer l’ordre et la justice.
Ce pays est foutu.
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Sur le web
« Inévitablement, la ponction fiscale apparaît chaque jour plus douloureuse (et surtout lorsqu’une partie d’icelle retombe sous forme d’aides et de subventions diverses dans l’escarcelle des fauteurs de troubles). Que voulez-vous, les gens sont bêtement pragmatiques et savoir qu’une part de leurs impôts nourrit, directement ou pas, certains des individus qui leur coûtent leur sommeil, et que l’autre morceau fiscal ne sert manifestement plus à calmer le jeu, ça finit par agacer franchement. »
Tout est dit et bien dit.
Vous êtes mou aujourd’hui. Il aurait été intéressant de faire un parallèle avec la toute puissance de la flicaille des routes contre des gens normaux (en opposition aux dealer impunis). De la toute puissance fiscale contre des gentils contribuables en opposition aux profiteurs des banlieues.
De la toute puissance législative contre des gens qui étouffent, et du laisser faire pour d’autres catégories de gens. Cela est répugnant.
Mais mon Cher Moi, n’avez vous point compris (ou trop bien) : on vous dresse. L’état a fait de la « délinquance routière » sa priorité car la voiture c’est un symbole de liberté et une liberté effective.
Le jour où on a accepté que le non port de la ceinture de sécurité soit un délit … le combat a été perdu.
L’état veut que vous restiez en vie. Pour le nourrir et rentabiliser son investissement. Un français qui meurt avant 40 ans c’est une perte sèche.
Alors l’année prochaine vous allez mettre un détecteur de fumée chez vous, vous allez manger gentillement 5 fruits et légume et diminuer votre consommation de soda. Et vous mangerez une fois pas semaine des aliments avec une étiquette rouge. Et gare à vous si vous avez pas un gilet jaune dans le coffre.
Vous allez travailler, payer vos impôts et cotiser et ce jusqu’à 70 ans. Et oubliez pas de consommer c’est bon pour la croissance car sans croissance tout s’écroule. Oubliez pas non plus de faire 2,1 enfant car c’est nécessaire pour les pyramides de ponzi.
Après vous visiterez un ou deux pays et vous irez mourir dans une maison de retraite. A votre mort l’état prendra 30 % de tout ce qu’il vous a laissé afin de redistribuer votre argent et que vos gosses ne s’enrichissent pas trop.
Le non port de la ceinture de sécurité n’est pas un délit, mais une infraction…
« Après vous visiterez un ou deux pays et vous irez mourir dans une maison de retraite. A votre mort l’état prendra 30 % de tout ce qu’il vous a laissé afin de redistribuer votre argent et que vos gosses ne s’enrichissent pas trop. »
Quel pays de m…..
beau commentaire Adèle qui décrit parfaitement l’organisation de notre société…excusez-moi : du savoir vivre ensemble.
La France est en voie d’appauvrissement et de ghettoïsation. Il faut se rendre à l’évidence mais ce n’est pas à la portée de Madame Michu vivant dans son « plus beau village de France », achetant ses fruits bio au marché et votant étatiste/collectiviste.
Pendant que vous vous évertuez à trier vos ordures, d’autres les balancent en pleine rue au pied de vos immeubles.
Pendant que vous veillez à payer vos impôts avant minuit de peur de la pénalité, d’autres n’en payent aucun.
Pendant que vous respectez les autres conducteurs, d’autres vont manquent de respect et vous ch** dessus.
Pendant que vous respectez vos voisins et le calme, d’autres peuvent faire du tapage sans aucune limite.
Pendant que vous ne volez rien par valeur morale, d’autre le font sous vos yeux et recommence…. etc..
La déchéance morale propre à tout système socialiste se fait sentir concrètement, dans les faits quotidiens. Et cela, personne ne peut faire semblant de l’ignorer au prétexte que ce n’est qu’une théorie.
FRD vous semblez prêt. Si vous êtes ici, vous êtes la résistance.
Vous prenez la pilule bleue, l’histoire s’arrête là, et vous croirez ce que vous voulez. Vous prenez la pilule rouge, vous restez au Pays des Merveilles et je vous montre jusqu’où va le terrier.
Mais je ne vous promet rien.
Pillule rouge : https://docs.google.com/document/d/1ECxyrDR47qGO39w3RbefJxQuCSplXl9GqOglH_9g6I0/edit
Pillule bleu : http://www.arte.tv/fr
@Adèle: La pilule rouge, je l’ai déjà prise il y a 15 ans 🙂
Pas de chance, vous voyez le monde tel qu’il est alors. Vous auriez du prendre la pilule bleu et vivre dans l’illusion.
J’imagine que par « pilule bleue » vous entendez ceci : un HLM, un poste de fonctionnaire à vie, une subvention, une restriction de concurrence, etc.
Est-ce que la haine soulage ?
Je sais pas. et vous ?
Oui, ça soulage. C’est un état comme un autre. Ça prouve que l’on peut encore ressentir des choses.
De là à exprimer la haine physiquement, c’est différent.
Par contre, il arrive un moment où si l’on ne réagit pas avec violence, alors l’on est perdu au profit d’un autre. (Groupe ou personne)
Dans un système comme le nôtre accepter notre sort sans réagir est tres tres malsain. Cela prouve que nos citoyens sont des zombies et n’ont plus aucune fierté humaine.
La haine, comme le mauvais stress, c’est mauvais pour la santé.
L’humour, l’ironie, par contre c’est bon. Je prédis que les blagues « soviétiques » seront bientôt recyclées en français.
Les hommes de l’Etat soutiennent la racaille, car ils sont « socialement proche ». A l’opposé on a l' »Ennemi du peuple » (http://fr.liberpedia.org/Ennemi_du_peuple)
Ennemi du peuple est le terme officiel employé par les communistes pour désigner tous ceux qui refusent le communisme, par leurs actes, par leurs pensées, par leurs valeurs: activistes contre-révolutionnaires, dissidents d’opinion, commerçants honnêtes. Toute personne défendant ou propageant des idées ou valeurs « bourgeoises », individualistes, est un « ennemi du peuple ».
Comparer au terme socialement proche, qui désigne toute personne qui partage les valeurs fondamentales d’un régime communiste: voleurs, escrocs, vandales, bandits, violeurs, assassins, et autres mafieux.
Les ennemis du peuple ont vocation à être exploités jusqu’à la mort dans les travaux généraux — les travaux les plus durs. Ils sont tout en bas de l’échelle sociale, dominés par le plus petit bureaucrate autant que par le moindre socialement proche. Cela vaut dans les camps de concentration, mais aussi et tout autant dans l’immense camp de concentration qu’est le pays soumis au régime.
Les libéraux sont les pires parmi les pires des ennemis du peuple: ce sont les hérauts sans honte ni remord de la « petite bourgeoisie », i.e., de l’individualisme.
Les bretons n’ont pas inventé le fil à couper le beurre mais celui là il n’est pas mal. Bon prince passons sur l’orthographe.
Ça sonne franchement populiste nan ?
Parler du « petit peuple » est il populiste. Parler de ces gens des banlieues qui souffrent de ces gangs, de se faire cramer sa bagnole, insulter sa fille, droguer son fils. C’est populiste ?
Ayant habite le neuf trois, je me suis expatrie en Asie depuis 19 ans.
Depuis je n’ai jamais vu de: cambriolages dans dans tous les immeubles que j’ai habite,
poubelles brulées, voitures brulées, graffitis sur les murs et ascenseurs ainsi que le métro, train …
Savez vous ce que cela fait de partir en vacances en sachant que votre appartement ne risque pas d’être cambriole rien en votre absence.
Je suis dans le meme cas, j’habite le 93.
Et j’espère partir en Asie d’ici 2 ans avec ma boite. et bon débarras.
Le Japon possède le taux de criminalité le plus bas au monde, même les prisons sont ordonnées et calmes.
En Occident on aurait beaucoup à apprendre de ça, même si ces pays ont leurs défauts comme des taux de suicide intolérables, des modes de vie encore très ancrés dans la tradition…Mais globalement ces pays sont sûrs.
pas d’arabes au japon
mets leur 8 millions d’arabes dans leurs banlieues et tu va voir le binz
La crise sans doute est elle la cause de cela. Chômage, jeunes découragés par leur manque d’avenir… Mais vivre dans ces conditions urbaines est dur et stressant. Malheureusement rien à faire, à mon avis si ce n’est refaire le monde qui est ne l’oublions pas, notre œuvre, nous les baby boomers fruits des trente glorieuses.
A force que des générations confondent Gloire et Prospérité normal qu’ on soit en crise permanente
Un Etat incapable d’assurer son devoir premier, ses devoirs régaliens, n’est plus un Etat viable.
Que des quartiers soient complètement livrés à eux-mêmes est tout simplement atroce, je plains les gens devant vivre dans ces endroits que j’évite comme la peste.
D’ailleurs on peut m’expliquer pourquoi on ne cesse d’exempter les criminels de peine et punition ?
Les politiciens vivent vraiment dans un autre monde.
Les gens vivant dans ces quartiers doivent cesser de payer tout impôt, toute taxe, pour bien montrer leur mécontentement.
Je suis surpris que la colère n’ait pas explosé dans ce pays, les gens sont passifs.
Passifs, le mot est faible.
Il n’y a pas de place dans les prisons pour les criminels des banlieues. C’est un peu le concept de la banlieue qui est en elle même une prison.
Les vraies prison sont pour les délinquants des affaires ou de la route. Ceux là peuvent payer avec un compte en banque tracé et non en petites coupures.
Pour avoir regadé gaucho tv, un documentaire sur les banlieues, ils n’aiment pas trop le gign. Ils insultent les flics, caillassent des pompiers, mais face à des grosses couilles, plouf, plus rien.
C’est donc bien une volonté politique, un savant mélange qui permet à ces gens de vivre de la vente de leur drogue. Contrat Etat/dealer.
Une autre info sur les djihadistes, des mosquées (certaines) se retrouvent vides. Les braves sont allé à la guerre…..
Peut on rire, ou pleurer, mais insensible non.
Etatisme = état obèse et impuissant
Libéralisme = état resserré et fort sur ses prérogatives