Ça y est, la Banque Centrale Européenne a fini ses petits calculs, et ils sont formels. Vous pouvez desserrer votre cravate, ouvrir un bouton de culotte, nous sommes entre nous, détendez-vous, tout va bien.
Et à la BCE, le bricolage statistique sur des chiffres financiers de banques européennes, on appelle ça « stress-test ». C’est un nom pratique pour une méthode qui consiste, à partir d’hypothèses plus ou moins crédibles, à établir comment réagira un ensemble de banques. En principe, il s’agit essentiellement de savoir si, en situation de stress (manque de liquidité, augmentation du chômage, crise obligataire par exemple), une banque pourra continuer ses opérations ou non. Et si elle ne le peut pas, quels seront les impacts sur les autres banques et sur le système financier en général.
Ce n’est pas la première fois que la BCE tripote du chiffre financier pour établir une sorte de bilan général des banques européennes. En 2010 et en 2011, elle avait déjà réalisé cette opération, avec une crédibilité douteuse : entre les banques qui avaient passé les tests avec succès et s’étaient retrouvées, quelques mois plus tard, en grandes difficultés, et le bail-in des comptes chypriotes (le « chyprage ») en mars 2013, la réalité et les troubles économiques rencontrés ont clairement montré que les tests pratiqués ne valaient pas tripette.
C’est probablement pour cela que ces tests ont mobilisé d’importantes ressources de la BCE, afin de rendre cet exercice un tantinet plus vraisemblable auprès d’un public (financier) un peu plus averti. L’autre raison évidente du gonflement des moyens (techniques et médiatiques) derrière ces tests est l’union bancaire européenne à venir, dont la première étape au quatre novembre prochain permettra à la BCE de placer directement sous sa supervision plus d’une centaine de banques européennes.
Ces tests ont permis de découvrir avec stupeur que les banques de certains pays ne sont pas dans de bonnes positions, non, sans blague, et sapristi. Et ces pays (l’étonnement continue sur sa lancée) sont l’Italie, la Grèce, Chypre et le Portugal. Vraiment, on vole de surprises en surprises : ces pays correspondent de façon étonnante avec ceux dont les finances ont été clairement mises à mal par les mouvements de taux dans les dernières années, qui ont accumulé un paquet de dettes, et dont les banques étaient déjà connues pour avoir pris beaucoup de risques jusqu’à présent. Autrement dit, les imposants calculs de la BCE ont permis de confirmer ce que tout le monde savait déjà, peu ou prou. Reconnaissons à l’organisme bancaire le mérite d’avoir fait une jolie liste propre sur elle, plus simple à manipuler journalistiquement parlant.
Pour la crédibilité, cependant, on pourra continuer à se poser des questions. En effet, pendant ce temps, les banques françaises passent avec succès les mêmes tests, jarret vif et œil pétillant, sourire Pepsodent de mise avant d’aller trottiner loin du stand de contrôle anti-dopage. Et puisque nous nous « étonnions » quelques lignes plus tôt de trouver des banques italiennes, portugaises ou chypriotes dans les banques problématiques, continuons de nous étonner de n’y point trouver de banques françaises lorsqu’on se rappelle leur leverage ratio (qui est le rapport entre leurs actifs et leurs fonds propres). Et dans ce domaine, les petits graphiques de J.P. Chevallier permettent de bien comprendre l’écart entre les ratios souhaitables et ceux observés.
Comme on le constate, les banques françaises (colonnes rouges, ici) ne sont pas franchement en bonne position. Et même en oubliant commodément ces éléments (pourtant peu rassurants, et plutôt en contradiction avec les résultats claironnés par la BCE), on ne peut pas s’empêcher de noter que les hypothèses retenues par l’institution européenne sont, observées à la loupe, tout à fait crédibles :
- on n’a tenu compte de la déflation qu’à partir de 2016, parce que, parce que bon, voilà. Tant pis si elle est déjà là. On appellera ce qu’on vit actuellement « récession », on en mettra deux années – 2014 et 2015 -, et ça fera bien l’affaire. Bisous.
- on va tenir compte des créances douteuses, mais pas des dettes souveraines. Fastoche. Peu importe ce que feront les banques, les États se débrouilleront très bien pendant ce temps. Effets de bords ? Allons. Respirez.
Pas étonnant, dès lors, de voir, sur certains sites financiers informés, les hypothèses de Draghi et sa bande tournées en dérision : comment voir comme un vrai stress l’hypothèse à trois ans d’une inflation résolument positive alors qu’elle est déjà dangereusement basse ? Pour rappel, les hypothèses de calcul sont d’une inflation à 1% en 2014, alors qu’elle arrive péniblement à 0.5% actuellement. On se demande si, en 2016 et à ce rythme, elle parviendra vraiment à décrocher les 0.3% pris comme hypothèse basse dans ces exercices.
Mais voilà : la BCE ne peut pas se permettre de juger trop sévèrement les banques dont elle doit s’assurer la survie à tout prix. Juge et partie, elle ne peut pas risquer, en établissant des tests rigoureux, de montrer à la face du monde qu’un nombre important de banques sont en grandes difficultés, à commencer par des banques dites systémiques et dont les problèmes seraient par définition de nature à mettre en cause tout l’édifice financier mondial. Parallèlement, cette même BCE a mis en place des mécanismes plus ou moins complexes de rachat des dettes souveraines émises par les États, et des facilités de crédit très larges pour les mêmes banques qu’elle va ensuite juger. On comprend qu’à ce petit jeu, annoncer que des banques majeures sont, tous comptes faits, pourries, revient à dire que la BCE soutient à bout de bras des zombies, ce qui n’est ni souhaitable, ni même dans son mandat.
Et puis, accessoirement, une volée de stress tests catastrophiques enverrait un signal désastreux sur les marchés financiers qui achèverait la panique induite par les mauvais résultats. Rapidement, ce qui n’était que testé prendrait corps et tout ce petit monde, se tenant par la barbichette en apesanteur à l’instar des deux Dupondt flottant dans la fusée lunaire, retrouverait douloureusement contact avec le sol ferme et dur de la réalité économique indépassable.
Bref, la BCE, en réalisant cette étude, n’a rien démontré du tout et permet essentiellement de fournir quelques arguments boiteux à des médias tous trop heureux de bondir dessus pour relayer la bonne parole : non, il n’y aura pas de problèmes en Europe, et de toute façon, si jamais il devait y en avoir, tout est sous contrôle, tout a été prévu, calibré et bien pensé en amont. Ne vous inquiétez pas.
Et mieux encore, ces excellents résultats (bidons) permettent aux uns et aux autres de claironner dans leurs papiers et sur les ondes que maintenant, fini la bonne excuse des banques d’une délicate situation économique pour refuser des prêts aux entreprises. C’est dit : « Les banques ont les reins assez solides pour accompagner les entreprises dans leur développement, et elles n’ont plus d’excuse pour traîner du chéquier. » Que les dépenses reprennent ! Que les entreprises et les particuliers recommencent à s’endetter, vite !
Il en va de la survie de tout ce bazar à crédit, voyons !
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Sur le web
moi aussi ,tant que je suis vivant ,je ne suis pas mort…un enfant de 10ans ne croirait pas a ces aneries,donc souhez prudent et mettez vos euros au coffre et mieux vos lingots dans la cheminee…!
Il y a une certaine logique dans ce que vous préconisez, le fait de remplir sa cheminée de lingots en fin d’année montre qu’on a définitivement fini de croire au Père Noël
Que les dirigeants fassent n’importe quoi j’en conviens, de là à s’empêcher de vivre en attendant une apocalypse qu’on est pas sûrs de voir de notre vivant il n’y a qu’un pas que je ne franchirais pas..On a qu’une vie, autant qu’elle soit belle.
N’oublions pas que les accords de Bâle III autorisent les banques à augmenter leur capital indirectement en souscrivant à des emprunts d’Etat. Autrement dit, la dette publique est considérée comme aussi sûre que du véritable capital-action!
On comprend dès lors l’intérêt de ces stress-test stressant juste ce qu’il faut: amener les banques à souscrire plus de dette publique au nom d’une pseudo « recapitalisation ». Et la boucle est bouclée.
Stocker des euros ne represente aucune securite je pense. Si la monnaie ne vaut plus rien (genre hyperinflation en Allemagne apres 1923), vous pourrez utiliser les billets pour vous chauffer,….. et rien d’autre.
L’euro ne vaudra guere plus que le papier sur lequel il est imprime.
Donc, est-ce que quelqu’un a une solution ?
Acheter de l’or ?
Les prix sont maintenus eleves par speculation (et achats par les Chinois qui ont compris qu’il fallait se debarasser de leurs dollars).
Achetez une belle maison à la campagne, a credit !
Euh, pas en fRance, vous tenez à faire vivre la bête ❓
Vu la valeur en hausse du dollar et sa forte résistance (certains rigolos prédisaient son effondrement en 2009) comparé à un euro en situation délicate les chinois font au contraire un très mauvais choix, comme souvent ces dernières années.
De l’or, un zeste, mais pas toutes vos économies dessus !
Un peu d’actions, mais pas de banques européennes, et sinon, cela commence à être un peu tard pour en acquérir !
L’inflation est bien là sur ces actifs à des taux irréels !
bonjour xxx@laposte.net,début de solution : Puisque vous suggérez d’utiliser les billets pour vous chauffer ,une rubrique de ce même contrepoints vous indiquant que le crédit immobilier est au plus bas ; achetez plutôt une forêt ,ou une parcelle boisée ; vous aurez du bois pour vous chauffer + en travaillant la parcelle ainsi dégagée ,vous pourrez replanter en jardin potager .
Contrepoints, le dernier blog survivaliste à la mode 🙂
Mouais, avec très probablement des cerfa à la pelle à remplir, et une petite taxe de dieu de dieu pour la transformer en jardin. :/ :\
Et un bon petit loyer « manque à gagner de l’état » parce que bon, il *pourrait* louer son bois
a une famille de nomades KohlKozhien.
De toute façon, les propriétaires terrien rappellent les heures sombres des champs de cotons…
Une famille nombreuse 😉 Pas d’économies, pas de soucis. Disons des soucis différents.
J’investis dans l’avenir.
Depuis quand les financiers, les commerciaux et les politiques disent la vérité ?
On fait semblant de croire en achetant une voiture que celle ci (c’est sur) sera fiable.
On place de l’argent en bourse (c’est sur, sur le moyen long terme ça rapporte….)
On vote pour des trou du c… (C’est sur, ça va marcher cette fois)
En fait c’est juste humain, on a besoin de croire en quelque chose.
Imaginez un peu le bordel si demain les gens enlevaient l’argent des banques, ne croyaient plus dans l’Etat, et partaient vivre d’amour et d’eau fraîche à la montagne.
Donc c’est très important de croire jusqu’au bout pour que la mort de tous et de toutes soit bien repartie et égalitaire. Tous et toutes pauvres, au nom des démocraties « libérales ».
Égalité, fraternité, et….c’est quoi l’autre truc déjà ?
L’ironie est la politesse du désespoir… l’autre truc est le seul valable des trois : LIBERTE
C’est aussi celui sur lequel s’assoient sans vergogne les politiciens de tous bords.
8 milliards d’êtres humains (?) dans les montagnes, on sera assez serrés pour ne pas avoir besoin de vêtements chauds
Pourquoi lisez vous dans mes pensées ????
Vous êtes sur que vous voulez pas partir vivre d’amour et d’eau fraîche à la montagne?? 🙂 l’amour ça fait déplacer des montagnes, je vous laisse imaginer ce que vous pourriez en faire… Et en plus, vous pourrez combiner tous pleins d’astuces: le jardin, la forêt, les séance de sport, les soins beauté et la famille nombreuse, le bas de laine, une belle maison et même vous pourrez avoir une vache des poules un cochon des abeilles…même un mac do, au cas où 😉
reprendre un graphique de JPchevalier, condamné pour manipulation de marché et infos mensongères… Comment perdre toute crédibilité…
et un graph leverage avec une vue totalement simpliste, ridicule, superficielle, et extrêmement étroite des fonds propres, sans parler de la composition des bilans. qui d’ailleurs fait la part belle aux banques US. soit c’est de l’igorance crasse, soit de l’arnaque volontaire (enfin venant de JPC… on est habitué).
du coup désolé H16, mais j’ai même pas lu l’article.
d’ailleurs c’est encore pire que ça, je viens d’aller sur le bilan de la SG, et le leverage est en réalité de 18.4, si on ne prend en compte que les CP et la dette subordonnée. (même pas la dette convertible hein).
en plus d’être débile, ce graphique est mensonger. étonnant tiens.
« reprendre un graphique de JPchevalier, condamné pour manipulation de marché et infos mensongères dérangeantes… »
🙂
La balise s ne fonctionne plus ?
Essayez
del.Oui, j’ai vu ça par après sur l’éditeur WP…
Allez, 2e essai :
« reprendre un graphique de JPchevalier, condamné pour
manipulation de marché etinfosmensongèresdérangeantes… »🙂
C’est parfaitement idiot de ne pas avoir lu l’article. Vous auriez vu que l’argument du leverage ratio n’est vraiment, mais alors vraiment pas central. C’est tout le reste qui laisse perplexe. Mais quand on est, comme vous, cantonné aux petits graphiques (même pas à colorier), forcément …
vois tu H16, je me délecte de tes articles. J’adore ton point de vue. j’adore la hauteur que tu prend, l’humour. Je lit quasiment tout (tu es prolifique, très, trop !). Mais je passe aussi ma vie (en grosse partie mon métier) a sauvé la situation désastreuse de petits épargnants maltraités par de gros arnaqueurs venant de blogs (quand on parle d’or, de trading, toussa toussa).
donc je boycot celui ci 😉 (oui je suis traumatisé par ce petit graphique (que je ne peux même pas colorier zut de flute)).
d’autant que des sources de données financières fiables, c’est pas ce qui manque.
JPchevalier est un professeur d’universite dont la specialite est justement la solvabilite des banques
Moi j’ai trouvé la solution: j’investis en soin de beauté, séances de sport quotidiennes pour investir dans mon corps.
En cas de crash tout azimut, je pourrais toujours le vendre à des politiciennes socialistes corrompus et faire vivre ma famille confortablement.
Heureusement qu’il existe ce qu’il est convenu d’appeler « des EXPERTS » …
Vous savez ces omniscients qui ont un avis sur tout et sur rien qui sont aveugles, sourds et muets … Ils ne voient rien venir, ils n’entendent pas les alertes, il ne s’expriment jamais sur le sujet en question.
Le mur, lui, est bien réel et grâce à l’assurance donnée par ces experts nos non moins géniaux et omniscients politiques vont accélérer la vitesse pour arriver au crash ….
Remarquer qu’il vaut mieux y aller franchement parce que nous serons morts sur le coup au lieu de mourir à petit feu.
En ce qui concerne mes finances progressivement je vide mes comptes en banque … l’argent est davantage en sécurité chez moi que chez elles.
c est ou chez toi…. ?
il y a encore 5 ans, j’aurais dit « chez vous, ça rapporte rien, contrairement à le laisser sur un livret »…
maintenant, le laisser sur un livret ne rapporte rien, et il court le risque de se faire confisquer.
chez nous, il nous permet d’avoir de belles ristournes quand on a besoin de faire travailler au noir un artisan.
La seule à faire faite des crédits acheter tous à crédit comme ca le jour ou ca pète vous pouvez sortir vos ptit sous
Un chercheur new-yorkais prétend qu’il manque dans les banques européennes, selon ses propres critères d’évaluation du risque, 700 milliards de capitaux propres pour faire réellement face à une crise. Ouf ! Nous voilà rassurés ! Il s’agit simplement d’une petite cure d’amaigrissement salutaire, les 700 milliards représentant en effet une ponction d’à peine 20% de l’ensemble des comptes courants des clients des banques. Ou alors… Ah non, il serait totalement farfelu de comparer ces 700 milliards au montant du prochain programme d’impression monétaire de SuperMario.
Ils ont testé quoi ?
Un krach boursier, suivie d’une récession encore plus profonde, propice à l’arrivée des extrêmes aux pouvoirs lesquels demanderont la sortie de l’euro ce qui entraînera un énorme BOOM ?
Des erreurs auraient été trouvées dans les tests de stress de la BCE. Certaines sont très graves d’ailleurs.
1) Le scénario de déflation n’a pas été considéré.
2) Les ratios de capital ont été mal calculés.
3) Des données ont été omises par certaines institutions.
Résumé: les tests de stress sont une farse. La situation financière des banques en Europe est plus grave qu’on pourrait initialement le penser.
http://online.wsj.com/articles/european-stress-test-results-have-isolated-errors-inconsistencies-1414434227
Via Partido Libertário Português
http://l.facebook.com/lsr.php?u=http%3A%2F%2Finstitutdeslibertes.org%2Ftests-de-solvabilite-la-grande-tartuferie%2F&ext=1414611803&hash=Acn96MmcN7O6K9y5aJBAlvd0XhmIRuzsW72hsvJPjyiNDQ
http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1572308913000454
http://www.ft.com/cms/s/fad2c772-5dd7-11e4-b7a2-00144feabdc0,Authorised=false.html?_i_location=http%3A%2F%2Fwww.ft.com%2Fcms%2Fs%2F0%2Ffad2c772-5dd7-11e4-b7a2-00144feabdc0.html%3Fsiteedition%3Duk&siteedition=uk&_i_referer=http%3A%2F%2Fl.facebook.com%2Flsr.php%3Fu%3Dhttp%253A%252F%252Fwww.ft.com%252Fcms%252Fs%252F0%252Ffad2c772-5dd7-11e4-b7a2-00144feabdc0.html%26ext%3D1414620022%26hash%3DAcnAk8D8rf4fec6QDzYZddYa4jK1hYQi_2XoEwVuL5tEnw#axzz3HZdaXXSr