De la bonne grosse réforme qui tache

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Austérité (Crédits : www.SeniorLiving.Org, licence CC-BY 2.0)

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De la bonne grosse réforme qui tache

Publié le 2 novembre 2014
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Pas de doute, question réformes, on est servi. Il ne se passe pas une semaine sans que l’exécutif, frétillant dans tous les sens comme un chihuahua cocaïnomane au milieu d’un champ de tir, n’annonce une nouvelle fournée de lois et l’ambitieux projet de réformer ceci ou cela, avec force moulinets, autant pour épater le petit peuple que les médias et, plus important, le reste du monde, penché sur le cas français comme il le ferait au chevet d’un grand malade. Malheureusement, en réalité, c’est, au sens littéral, un véritable feu d’artifices.

Artifices comptables, artifices politiques, artifices économiques, toute la panoplie d’expédients à la petite semaine est de sortie pour tenter de faire croire que le gouvernement n’est pas en surplace frénétique et agité et qu’il y a bien une direction à la gigue nerveuse qu’il impose au pays.

Et il suffit de revenir sur quelques unes des récentes annonces tonitruantes et de les mettre en face de la réalité pour se rendre compte de l’écart. Je ne reviendrai que très rapidement sur les soi-disant économies que l’État aurait faites. Entre les dépenses publiques de l’État central qui continuent de grimper, et celles des collectivités territoriales qui explosent carrément, on peut se dire que la réduction des achats de trombones, de papier et de cartouches d’encre n’a pas suffi à compenser les milliers d’emplois « aidés » (i.e. subventionnés), les renouvellements enthousiastes de départs à la retraite ou les embauches via tous les types de contrats possibles dans la fonction publique (territoriale ou hospitalière notamment). Bref, l’austérité a durement frappé les fournitures et la papeterie, mais on reste loin du compte.

dépenses publiques - austérité qui dépote

Pour ce qui est des autres réformes, celles claironnées à droite et à gauche, le comique de la situation échappera probablement au contribuable, au consommateur, au citoyen directement impacté. Le choc de simplification n’a pour le moment choqué que par son manque d’ambition. Les petits et gros camouflages de la feuille de paie en sont un exemple flagrant où non seulement, on ne voit pas l’économie que ces changements vont offrir (loin s’en faut), mais où la réforme ressemble surtout à un nouveau cheval de Troie (ici, pour le financement des syndicats). Toujours pour rire, on apprend dernièrement que le gouvernement recule même sur la suppression pourtant aisée des petites taxes, et qu’il ne parvient, toute honte bue et ses gonades manifestement encore en vente sur LeBonCoin, à ne réaliser que 5 millions d’euros d’économies sur cette mesure — 5 millions, alors que le déficit de l’État pour 2013 s’établissait par exemple à 90 milliards d’euros, soit 18.000 fois plus, ce qui permet de toucher du doigt l’infini du moquage de visage à l’œuvre ici.

Ah, il y a aussi la fumeuse réforme territoriale. Je dis fumeuse, parce que, comme prévu, cette réforme devient la marrade la plus grotesque de ce quinquennat à chaque semaine qui passe, ou, à tout le moins, dans le top trois avec la loi ALUR de Duflot et l’écotaxe, qui constituent d’assez bons exemples de ce qu’il ne faut surtout pas faire. Entre le Sénat qui agrandit gentiment le nombre de régions et les conseillers généraux et autres élus locaux qui se battent pour ne surtout pas disparaître, le projet, devenu parfaitement illisible, est en train de se dégonfler lentement, avec le même bruit un peu gras qu’une baudruche produit en fin de course.

vite réformons les régions

Pourtant, il n’aurait pas fallu grand-chose pour apporter un souffle de ce changement qu’on nous avait vendu à tous les meetings hollandesques. Bien sûr, ce « pas grand-chose » nécessite un courage, une détermination qui sont maintenant totalement évaporés du paysage politique français actuel. Bien sûr, il aurait fallu envisager les choses autrement que sous l’angle dogmatique et fossilisé de nos poussiéreux socialistes. Bien sûr, il aurait fallu s’attendre à un débat de fond assez musclé dans la société civile, sur les bancs de l’Assemblée nationale, et partout ailleurs. Certes.

Mais il n’empêche. D’autres pays sont les preuves réalistes et vivantes que c’est possible.

Ainsi, on aurait pu mettre en place la flat tax, mesure parfaitement réaliste qui consisterait à remplacer la myriade de taux de taxation différents par un unique, calculé de façon transparente et simple, sur tous les biens et services. Un seul taux pour les impôts, un seul taux pour la TVA, le même, partout. Avec une flat tax (à 18% par exemple), la France retrouvait rapidement une fiscalité lisible et un attrait commercial pour le reste du monde. Seuls les fervents tenants des petites magouilles, des usines à gaz et des complexifications inutiles de l’administration auraient été perdants.

Ainsi, on aurait pu appliquer en France un code du travail qui a fait ses preuves, par exemple le code suisse, à la fois court et lisible, et qui, jusqu’à preuve du contraire, n’a pas déclenché une paupérisation catastrophique de la population qui lui est assujettie, ni un chômage galopant, ni d’incessants conflits sociaux, ni des faillites par milliers, ni une évaporation de la protection sociale. Seuls les inspecteurs du travail à la sauce Filoche, les milliers de ponctionnaires et de syndicalistes toujours à l’affût de bonnes planques sucrées auraient été perdants.

Ainsi, on aurait pu instaurer une concurrence libre et totale dans les différentes formes d’assurance (maladie, vieillesse, chômage), et ce avant que leurs déficits structurels catastrophiques ne les emportent et laissent sur le carreau, ici et maintenant, des centaines de milliers d’individus qui ont cru à la fable collectiviste leur pipeautant qu’ils étaient couverts alors que l’édifice auquel ils donnent une part toujours croissante de leur salaire n’est plus qu’un vaste champ de ruines et une fumisterie au bénéfice exclusif d’un petit nombre, qui lui, aurait été perdant…

Mais non. La petite paire de testicules du gouvernement, héritée des précédents qui ne s’en sont jamais servi, est sagement restée dans sa boîte en bois laqué, placée aux enchères sur eBay ou en vente sur LeBonCoin sans jamais trouver preneur. À la place de ces trois propositions couillues mais réalisables, qui auraient redonné d’immenses marges de manœuvre au pays, et l’auraient durablement sorti de la crise dans laquelle il s’enfonce maintenant avec une quasi-délectation, nous avons droit à une longue série de petites improvisations amusantes et dilatoires.

Moyennant quoi, le socialisme va jouer sur sa capacité à réenchanter la politique, parce que, rappelez-vous bien : le socialisme, vraiment, c’est magique™.

socialisme magique
—-
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  • Excellent programme .

    En tout cas pour ceux qui veulent vraiment aider les autres.
    Les aider à entreprendre
    Les aider à travailler

  • Oui, le socialisme c’est en effet magique.

    Comme dans le tour de magie avec 3 mains.
    Ou comment mettre un doigt dans le cul en montrant les deux mains ?

    C’est un peu ça le socialisme, l’art et la manière d’entuber 65 000 000 d’individus et de s’envoyer des roses en guise de récompense.

    Mais, en ces temps modernes où le SDM est la nouvelle norme, peut être que les Français aiment ça ?

    Je ne sais plus trop, en fait. Bon il est vrai que les flics sont vraiment pas fair play en ce moment. La moindre petite manif et hop ! Un mort. Il faut tuer la rébellion dans l’œuf (car ta gueule c’est comme ça).

    Donc, notre France est bien dans une dictature communiste où l’on nous maintient que la situation économique va bien. Que le french bashing est insupportable et non justifié.

    Que nos entreprises, nos valeurs, notre éducation, etc…..blablabla, c’est TOP.
    Que les paradis fiscaux c’est pas bien. Que le gras, la cigarette, la drogue, etc….c’est pas bien.

    C’est interdit et nul n’est censé ignorer la loi. (Et environ 50 kg de livres de droit)
    Simple, quand même.

    Finalement, c’est bien magique. D’ailleurs comme en magie, personne n’y croit. Et pourtant ça a l’air vrai.
    Comme en magie on essaye d’attirer l’attention sur autre chose, pendant que l’on cache un truc.

    Enfin, comme en magie, il y a des spectateurs qui payent pour voir le spectacle, pendant que des magiciens sont là pour divertir.

    Ce monde est quand même magique.

    • Les politiques (pas que les soces) sont tellement tordus qu’ils vous enculent les yeux dans les yeux.
      Essayez, ce n’est pas facile. Le seul moyen c’est comme le boa constrictor : étouffer progressivement sa proie en l’hypnotisant.

      Comme dans le Livre de la Jungle. « Aie confiance ! »

      • Oui dans la jungle, l’animal blessé se fait manger. L’animal sain, lui, aurait la possibilité de se défendre.
        Nous, l’on nous interdit ce droit !

        C’est la grosse différence qui fait toute la différence entre socialisme et libéralisme.

  • J’aime bien le graphique de la dépense publique, c’est très parlant car je doute que depuis 20 ans le coût social ai réellement doublé. La question que je me pose est : mais où part cet argent ?

    • c’est le principe de la location de voiture tu paies tous les ans pour avoir une voiture sauf que l’état , lui, emprunte tous les ans l’argent de la location sans rembourser un seul euro … la voiture au départ était pour 4 personnes maintenant on est 100 dans le même véhicule , on est un peu plus serré chaque mois. heureusement , une porte est cassée et certains finissent par tomber en cours de route (sdf) ou refuse d’y entrer( expatriés ) 😉

  • On est dans la situation du jeune enfant qui découvre que le père Noël n’existe pas alors qu’il a voté pour le père Noël!

    Les français ne sont pas spécialement plus paresseux que d’autres, mais notre système s’est peu à peu modifié et a perverti les mentalités, on attends de l’état des assurances et des protections en toute situation. Les politiciens en profitent hypocritement pour augmenter le clientélisme en augmentant les impôts et le déficit. Cet assistanat permanent arrive à ses limites, mais c’est aussi un problème pour notre nation de comprendre qu’il faut changer et l’accepter après 50 ans de « ramollissement ».

    Ceci explique toute la crise des politiques en France.
    En 2012 NS ayant été aux affaires assez longtemps ne pouvait pas trop mentir, même si il l’avait voulu, il avait dû vivre dans la réalité, par contre FH, tout neuf politiquement, le moi président pouvait raconter n’importe quoi pour se faire élire.
    On paye cela, la population s’est faite piéger par un marketing politique style Coca-cola: c’est trop sucré et plus tu bois plus t’a soif et maintenant on fait du diabète: c’est le déficit et les impôts.

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