Accord Chine-USA sur le climat : une avancée historique ?

Que peut cacher cet accord passé entre les deux plus gros pollueurs au monde ?

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Accord Chine-USA sur le climat : une avancée historique ?

Publié le 13 novembre 2014
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Par Jean-Pierre Riou.

Parc éolien CC NguyenDai

Les deux plus gros pollueurs de la planète viennent d’accepter de s’engager sur des réductions d’émission de gaz à effet de serre (GES).

Cet engagement survient une semaine après la synthèse à l’intention des décideurs, présentée par le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), destinée à préciser les décisions nécessaires pour éviter les conséquences du dérèglement climatique. Il est annoncé le jour même de la publication, par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), d’un rapport sur l’évolution du marché de l’énergie à horizon 2040.

Ce rapport de l’AIE fait état d’une prévision d’émissions de GES alarmante risquant d’entraîner une hausse des températures bien supérieure à l’objectif de limitation du réchauffement mondial à 2 degrés.

Passé ce seuil, commente Le Monde, « les événements climatiques extrêmes risquent de se multiplier, et le niveau de la mer menace de s’élever dangereusement. »

« Cet objectif de 2 degrés requiert des actions urgentes afin de ramener le système énergétique sur une voie plus sûre », selon l’AIE.

L’énergie représente un enjeu majeur qui conditionne le monde de demain, aussi bien en termes géopolitiques, climatiques qu’économiques. L’accord entre la Chine et les États-Unis est historique.
Faut-il y voir une volonté de rattraper notre vieux continent dans sa course aux énergies vertes et intermittentes ?

Il n’en est rien, nos deux champions de la pollution sont également déjà les deux plus gros producteurs éoliens au monde. La Chine ayant détrôné les États-Unis en 2011 de la place de plus gros producteur d’électricité éolienne de la planète, avec 42 GW installés contre 40 aux États-Unis. Depuis 2011, elle a dépassé 90 GW, pendant que l’Allemagne, dont la production d’électricité émet pas moins de 10 fois plus de CO2 que la production française, se contente de la médaille de bronze avec 35 GW éoliens.

Que peut alors cacher cet accord passé entre les deux plus gros pollueurs au monde, dont la course chimérique aux énergies vertes ne semble pas avoir porté ses fruits ?

 

Mention du nucléaire

On peut noter que le rapport de l’AIE et la note du GIEC à l’intention des décideurs ont un point commun : la façon dont le nucléaire y est décrit.

En effet, le GIEC le mentionne pour la première fois parmi les solutions à adopter d’urgence pour ne pas atteindre un point de non-retour en matière climatique. Et l’AIE prévoit 60 % d’augmentation de l’énergie nucléaire dans le monde, à horizon 2040, sauf en Europe où une baisse de 10 % est attendue.

La Chine ne cache pas ses ambitions dans ce domaine, par sa volonté de gagner la course au thorium, ou par ses deux grands groupes, CGN et CNNC, qui construisent actuellement près d’une trentaine de réacteurs nucléaires en Chine. Sa coopération et ses accords avec EDF doivent lui permettre l’exportation de sa technologie nucléaire dans le monde.

Dans le même temps, l’Iran négocie activement avec les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, dont les États-Unis et la Chine, afin de pouvoir développer sa propre capacité nucléaire civile. Elle vient de signer, mardi, un accord avec la Russie pour la construction de deux réacteurs nucléaires, avec possibilité d’extension à quatre. À terme, ce sont vingt centrales que l’Iran a programmées.

Le nouveau cadre d’action européen en matière de climat vient de recentrer sa priorité sur les réductions d’émissions de GES en faisant passer au second plan les objectifs des États en termes de moyens qui étaient réputés y parvenir. Ce qui semble procéder du bon sens le plus élémentaire ces moyens s’étant révélés parfaitement inefficaces.

L’accord sino-américain d’aujourd’hui s’est conclu malgré des tensions exacerbées, et ne dévoile pas les projets qui le sous-tendent, ni les moyens envisagés. La rencontre entre les deux dirigeants se présentait sous les pires auspices d’une guerre sans merci, sur fond d’espionnage et de rivalité stratégique territoriale. Le contexte peut faire douter qu’il ne s’agisse que de projets de moulins à vent.

L’engagement chinois ne consiste, d’ailleurs, qu’à réduire ses émissions après 2030, date jusqu’à laquelle elles devraient continuer à croître malgré sa fantastique puissance éolienne installée. Et pour comprendre toutes les raisons de la course chinoise aux énergies vertes jusqu’alors, certains éléments ne doivent pas être méconnus. Les mécanismes pour un développement propre (MDP) participent au financement et au transfert de technologie vers des pays « en développement » pour des projets de réduction d’émission. La Chine en est le principal bénéficiaire avec 60 % de ces fonds.

Ces économies de CO2 présumées servent aux industriels des pays développés, auxquels ce mécanisme permet, avant tout, de polluer à moindre coût, comme le remarque le China Institute, en ces termes :

« Les entreprises chinoises voient par ailleurs, dans ce mécanisme, un moyen rapide d’obtenir des équipements de pointe, alors qu’elles ne disposent souvent pas des connaissances techniques nécessaires à leur maintenance sur le moyen et long terme.

Quant aux entreprises occidentales, elles sont naturellement attirées par les économies que représentent les crédits carbones en leur permettant de polluer à moindre coût, plutôt que par le bénéfice socio-environnemental des projets MDP. »

 

La Chine et l’éolien

Sa place parmi les principaux fabricants d’éoliennes et de panneaux solaires conforte son intérêt pour ce développement.

Nous aurons ainsi subventionné les industries éoliennes et photovoltaïques chinoises, qui auront participé à permettre le recours au charbon européen. Nous avons cédé notre technologie nucléaire à la Chine, désormais en mesure de l’exporter et de prendre toute sa place dans l’augmentation de 60 % qui est prévue pour cette technologie dans le monde. Les deux plus gros producteurs d’électricité éolienne au monde sont aussi les deux plus gros pollueurs. Ils viennent enfin de s’engager à chercher une solution.

Notre « modèle allemand » ne déroge d’ailleurs pas au cumul de plus gros producteur éolien européen et plus gros pollueur, en raison des émissions liées à sa production d’électricité. En 2012, la France a été classée par KPGM n°1 mondial pour la qualité de son électricité. Elle est encore n°2 dans le classement 2014.

Est-ce une spécialité française de s’autoflageller et croire toujours que tout est mieux ailleurs ?

À refuser de tirer toutes les conséquences d’un quart de siècle de transition énergétique, nous ne manquerons pas de devenir les dindons de la farce verte.

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  • « Quant aux entreprises occidentales, elles sont naturellement attirées par les économies que représentent les crédits carbones en leur permettant de polluer à moindre coût, plutôt que par le bénéfice socio-environnemental des projets MDP »

    Serait-ce le cas pour les investissements éoliens réalisés au Mexique ?

    https://www.youtube.com/watch?v=vtW69wG5aKQ#t=277

    à compter de la 18 ème minute

  • Accord pour beurre permettant de faire les titres.

    1. Les USA ne feront rien, la majorité républicaine y veillera. Obama peut promettre tout ce qu’il veut, ce ne sera pas ratifié par le Congrès. Les médias feront bien sûr en sorte de pointer du doigt les méchants-républicains-pollueurs-qui-veulent-du-mal-à-Gaïa.

    2. « L’engagement chinois ne consiste, d’ailleurs, qu’à réduire ses émissions après 2030 ». 2030. Mort de rire. D’ici là l’eau aura sacrément coulé sous les ponts sur le dossier du Réchauffement Climatique d’Origine humaine (RCA) comme sur le reste. Je n’ose même pas imaginer ce que sera la politique mondiale en 2030. Bien malin qui rappellera alors à la Chine un prétendu accord promis seize ans plus tôt. Notons aussi que la Chine a un intérêt à faire baisser son énorme pollution atmosphérique ; c’est un problème de santé publique auquel il faut qu’elle s’attelle de toute façon, et elle a tout intérêt à le faire passer pour une concession anti-RCA auprès des pays occidentaux.

    N’accordant aucune crédibilité à la théorie controversée du RCA, ces accords de façade ne seraient pas pour me déplaire. Je regrette toutefois qu’ils participent à une volonté délibérée des élites de faire croire au phénomène et à la volonté politique de s’y attaquer.

    Quant aux commentaires des « experts » qui mettent à jour la feuille excel de leurs calculs de température à l’horizon 2100 au lendemain de la signature de tel ou tel traité, je crois qu’on a touché le fond du ridicule…

    • Oui, cet accord est déjà dénoncé par le chef de la majorité républicaine au Sénat américain, Mitch McConnell, qui a immédiatement rejeté l’annonce à Pékin du président Obama, qu’il a qualifiée « d’irréaliste » et néfaste pour l’emploi.

      Merci à AP pour l’excellent lien de son commentaire ci dessus, dont la 18° minute expose effectivement avec clarté les motivations occultes du délire vert et les conséquences dramatiques de son développement.
      Le mécanisme MOC (mise en œuvre conjointe) permettent la même chose entre pays industrialisés, permettant, en l’occurrence à l’Allemagne de brûler son charbon et à la France de respecter ses engagements en matière d’énergies renouvelables. Dans ce cas, il n’y a pas d’augmentation d’émissions totales, contrairement au MDP, mais 2 mauvaises raisons de développer les énergies renouvelables sur fond de trafic opaque sur le marché du carbone.

  • Un des élément essentiel de l’accord, c’est qu’il est mort-né : tous le monde sait parfaitement que les USA ne le ratifieront pas, et que par conséquent la Chine n’aura pas à le mettre en œuvre non plus.
    C’est de la pure propagande.

    • C’est une évidence. Rien ne sera fait. Mais on peut regretter la façon dont les républicains s’immiscent dans le débat. Ils peuvent en tant que décideurs politique tout rejeter pour des arguments électoraux; mais ils n’ont pas leur mot à dire sur l’aspect scientifique du problème de rca (qu’il soit fondé ou non). Ils doutent de leur véracité, mais en tant que politique c’est gênant. Tout ceci n’est qu’une collusion entre les acteurs de pouvoirs et d’argent.

    • Obama voudra certainement imposer la limitation des émissions de GES en ordonnant à l’EPA de mettre en application ces mesures, sans passer le Congrès, en bon « démocrate » qu’il est.

  • « […] la façon dont le nucléaire y est décrit. Le GIEC, en effet, le mentionne pour la première fois parmi les solutions à adopter d’urgence pour ne pas atteindre un point de non retour en matière climatique »

    Le nucléaire est mentionné dans tous les rapports du GIEC, depuis 1990, comme une solution pour réduire les émissions de CO2.

  • z’ont rien compris les ricains et les chinetocs, la solution elle dans la comète, c’est Ségolène qui le dit :

    « Nous allons peut-être en savoir plus sur l’origine de la vie humaine car cette comète est restée en dehors du réchauffement climatique, c’est une avancée fondamentale ».

    « Les informations que l’on pourra en tirer nous permettront d’agir plus efficacement afin de protéger notre planète commune, car c’est là le but de cette mission ».

    j’étais en train de conduire quand j’ai entendu ça sur France info, j’ai fait un facepalm et j’ai failli me prendre un carton à cause de cette illuminée.

  • Qui peut expliquer en quoi le CO2 est une pollution ?

      • Cher P,

        Vous m’avez quitté alors qu’on commençait à approfondir le sujet.

        Pour notre épistémologue en herbe, le papier fameux papier climatosceptique de Gerlich et Tscheuschner s’appelle:

        « Falsication Of The Atmospheric CO2Greenhouse Eects Within The Frame Of Physics »

        h t tp://arxiv.org/pdf/0707.1161.pdf

        Je dois vous avouer que cela m’a beaucoup fait rire. Bigre ! G&T eux-mêmes reconnaissent la théorie falsifiable.

        Petit test logique P:

        Vous prenez G&T et admettez donc que la théorie est falsifiable ?

        Ou vous écartez l’argumentaire en bloc de G&T car on ne peut falsifier l’infalsifiable ?

    • Et aussi http://www.wunderground.com/resources/climate/cei.asp

      « Is Carbon Dioxide a pollutant?

      The fossil fuel industry points out in their ads that carbon dioxide it essential for both plant life and human life. Is it wrong, then, to label carbon dioxide as a pollutant? The definition of pollution in Webster’s dictionary is « to make physically impure or unclean: Befoul, dirty. » By that definition, carbon dioxide is not pollution. However, Webster’s also has the definition: « to contaminate (an environment) esp. with man-made waste. » Carbon dioxide is a waste gas produced by fossil fuel combustion, so can be classified as man-made waste. One can also make the case that carbon dioxide is contaminating the environment, since increased CO2 from burning fossil fuels has already harmed sea life. Carbon dioxide, when dissolved in sea water, is deadly to shell-building microorganisms that form an important part of the food chain in some cold ocean regions. The extra CO2 lowers the pH and make the water too acidic for these organisms to build their shells. As I reported in my blog on Acidifying the Oceans, the observed increase in acidity of 0.1 pH units during the past century due to fossil fuel burning, and expected continued acidification in the coming decades, could cause a massive die off of marine life and collapse of the food chain in these ocean areas. Based on these arguments, the fossil fuel industry’s slogan, « Carbon dioxide: they call it pollution, we call it life! » could just as truthfully be phrased, « Carbon dioxide. We call it pollution, and we call it death. » One need only look at our sister planet, Venus, to see that too much « life » can be a bad thing. There, an atmosphere of 96% carbon dioxide has created a hellish greenhouse effect. The temperatures of 860 F at the surface are hot enough to melt lead. There’s not too much life there! »

      • L’argument de Vénus n’est évidemment pas sérieux, ceux qui l’avancent se ridiculisent.

        Par ailleurs le CO2 occupa dans l’atmosphère terrestre primitive la place de l’oxygène, jusqu’à l’apparition de la photosynthèse, qui l’a quasiment éradiqué, et je vois mal pourquoi cela changerait.

      • trololol

        Vous seriez bien en peine de montrer les « victimes » du CO2.

      • Ah ca y’est, l’éternel explication comme quoi le CO2 n’est pas un polluant. On la connait, et c’est pas le sujet même si certain font cet abus de langage.

    • Et pour ceux qui ont de bonnes connaissances en chimie et biologie : http://embor.embopress.org/content/12/4/321

      « Abstract
      Reactive oxygen species (ROS) are harmful because they can oxidize biological macromolecules. We show here that atmospheric CO2 (concentration range studied: 40–1,000 p.p.m.) increases death rates due to H2O2 stress in Escherichia coli in a dose‐specific manner… »

    • Si « on » considère que le CO2 est un des principaux responsables du réchauffement climatique, et si « on » considère que le réchauffement, l’acidification, et la dilatation globale des océans est mal pour « on », alors le CO2 est polluant pour « on ».

      Après il faut savoir qui est responsable, si « l’humanité » est principalement responsable ou non (via rétroactions positives, négatives, sur des systèmes équilibrés, semi-équilibrés ou non etc.) et là c’est assez compliqué de savoir vu les moyens nécessaires, l’objectivité requise et les intérêts catégoriels potentiels.

      • Non, « on » ce sont des scientifiques qui prouvent ce qu’ils avancent en le documentant (avez-vous seulement lu le dernier lien?)

        Si vous n’êtes pas d’accord libre à vous de contester en publiant une réfutation et en la documentant, c’est comme cela que la science avance.

        • Avez-vous lu le commentaire de MichelC à propos des teneurs en CO2 dans une salle de cours ?

          30 humains qui respirent ensemble dans une pièce relativement fermée, ça en fait du CO2 localement. Et pourtant les profs sont exposés à ce niveau d’agression tous les jours plusieurs heures par jour.

          Blague à part, l’étude scientifique est intéressante. Mais n’a pas l’ombre d’un début de soupçon d’utilité pour bâtir une politique. L’eau de Javel aussi est toxique pour les bactéries (et pour nous) et on est beaucoup à y être exposés régulièrement et pourtant peu de monde s’en préoccupe.

    • Ma()mère.

      En slip.

      sur la banquise.

    • polluant selon wiki pedia
      Le polluant a pour définition la plus souvent retenue1 : un altéragène biologique, physique ou chimique, qui au-delà d’un certain seuil, et parfois dans certaines conditions (potentialisation), développe des impacts négatifs sur tout ou partie d’un écosystème ou de l’Environnement en général.
      Ceci revient à définir, le polluant comme un contaminant d’un ou plusieurs compartiments des écosystèmes (air, eau, sol) et/ou d’un organisme (qui peut être l’Homme) ou ayant une incidence sur l’écosystème, au-delà d’un seuil ou norme.

      vé…

  • « L’Observatoire du nucléaire » a du s’étrangler en lisant l’article.
    D’habitude, dès que le mot nucléaire est écrit, on a droit à une grosse tartine.

  • L’IEA prévoit que le nucléaire pourrait passer de 11% à 12% de la production électrique en 2040 pendant que les renouvelables passeraient de 22% à 33% de la production électrique… L’IEA indique également que le décomissionement des réacteurs et le stockage des déchets risquent de mobiliser des quantités considérables d’argent public.

    http://www.worldenergyoutlook.org/publications/weo-2014/

  • Mais les militaires américains, eux, ne sont pas dupes : il y a bien un réchauffement climatique et les conséquences seront désastreuses. Ils s’y préparent…

    Le rapport est ici : http://www.cna.org/sites/default/files/MAB_2014.pdf

  • Mais les militaires américains, eux, ne sont pas dupes : il y a bien un réchauffement climatique et les conséquences seront désastreuses. Ils s’y préparent…

    Le rapport est ici : http://www.cna.org/sites/default/files/MAB_2014.pdf

    Il commence comme ça :

    « The nature and pace of observed climate changes—and an emerging scientific
    consensus on their projected consequences—pose severe risks for our national
    security. »

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