Les succès de la « Big Society » de David Cameron

Les principaux succès de la « Big Society » de David Cameron se situent du côté de la réforme éducative et de la réinsertion des chômeurs.

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David Cameron (Crédits : Number 10, licence CC BY-NC-ND 2.0)

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Les succès de la « Big Society » de David Cameron

Publié le 1 décembre 2014
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Par Dominique d’Emploi 2017

David Cameron Number 10 (Creative Commons)

Quatre ans après le lancement de la Big Society de David Cameron, il est intéressant d’étudier certaines de ses applications, ainsi que la philosophie qui sous-tend cette réforme profonde de la société, appelée de leurs vœux par les conservateurs du pays. Nous reprenons ici deux des points développés par l’Institut de l’Entreprise dans son rapport récent sur la Big Society de David Cameron et ses enseignements pour la France1.

Ainsi que le résume l’Institut de l’Entreprise, la Big Society « consiste à transformer radicalement le fonctionnement de la sphère publique, en prenant appui sur le potentiel que constitue la société civile, tout en réduisant la dépendance des individus à l’État-providence ». Afin de parvenir à cette transformation de la société, de nombreux chantiers ont été mis en œuvre au Royaume-Uni, dont certains commencent déjà à donner leurs fruits. Parmi eux, deux succès sont frappants : celui de l’éducation et celui de la réinsertion des chômeurs éloignés de l’emploi.

L’éducation

Depuis 2010, le gouvernement a introduit des free schools et fortement encouragé les academy schools déjà mises en place par le gouvernement précédent. À la différence des écoles publiques classiques, ces écoles2 disposent de beaucoup plus d’autonomie : liberté par rapport au pouvoir local, liberté des programmes scolaires, liberté quant aux salaires et conditions d’exercice du personnel, quant aux horaires et durée des cours des élèves et quant à l’utilisation de leur budget. Elles reçoivent celui-ci de la puissance publique en fonction du nombre d’élèves : l’État donne pour chaque élève un budget identique à celui qui serait alloué pour un élève d’une école publique classique. Le succès de ce concept est absolument étonnant puisque, à la rentrée 2013, plus de la moitié des écoles secondaires et un peu plus d’une école primaire sur dix ont été transformées en academies.

Cette libéralisation de l’école a permis une démocratisation des méthodes d’éducation les plus performantes et les plus adaptées aux élèves. Avant ces réformes, le système éducatif britannique était en effet séparé en deux catégories bien distinctes : les écoles gouvernementales (state schools) et les écoles privées (public schools3). Mais les écoles privées, d’un prix d’environ 11.500 livres par an et accueillant 7% des élèves, ont été rendues inaccessibles, même pour la classe moyenne. C’est afin de modifier cette séparation et donc de relancer l’ascenseur social qu’ont été autorisées et encouragées les free schools et les academy schools : leurs diverses méthodes d’éducation empruntent en effet largement à celles des écoles privées. Sans surprise, les premières évaluations ont déjà montré les performances supérieures de ces écoles par rapport aux écoles publiques classiques4, sans oublier un effet moins facile à mesurer : l’émulation que produit une telle concurrence sur les écoles publiques.

La réinsertion des chômeurs

Le deuxième succès le plus frappant de la Big Society concerne la réinsertion des chômeurs de longue durée ou à employabilité réduite. Ce service d’accompagnement a été ouvert à 18 prestataires issus du privé ou du tiers secteur, ceux-ci étant pour l’essentiel payés au résultat, plusieurs milliers de livres, jusqu’à près de 14.000 livres, selon le profil de la personne, versés quand celle-ci a retrouvé un emploi stable. Un démarrage plutôt lent a d’abord fait croire à un échec, mais les performances ont grimpé en 2013 : si on ne se limite pas aux personnes qui occupent leur emploi depuis plus de 6 mois, ce serait au total 450.000 personnes qui auraient trouvé un emploi grâce à ce dispositif. Avec 1,4 million de demandeurs d’emploi concernés, cela signifie un taux de réinsertion de plus de 30%.

Ces deux exemples sont intéressants car ils démontrent que l’implication plus importante de la société civile et la délégation de compétence de la part de l’État, loin de signifier une dégradation du service public, entraîne au contraire une amélioration de celui-ci, et notamment pour les publics les plus modestes ne pouvant se payer le luxe de services de substitution.


Sur le web.

  1. Royaume-Uni, l’autre modèle ? La Big Society et ses enseignements pour la France, par Eudoxe Denis et Laeticia Strauch.
  2. La free school est en fait une sous-catégorie d’academy school, qui donne la possibilité à des parents, professeurs, fondations, trusts ou paroisses, de créer leurs propres écoles.
  3. Le nom est trompeur !
  4. 18 des 25 premières free schools ont été jugées bonnes ou excellentes. Ce qui, toutes proportions gardées, donne un taux d’établissements jugés bons ou excellents de 72%, contre 65% pour les écoles publiques.
Voir les commentaires (10)

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  • Il reste du boulot avant que ces charter schools ne constituent une part importante de toutes les écoles britanniques, mais c’est encourageant !

    Pendant ce temps, en Gaule, on attend « la reprise ». On se dit qu’il vaut mieux attendre le prochain krach pour entamer les réformes difficiles. Et en attendant, les Etats-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni continuent d’attirer les jeunes cervelles françaises.

  • Impressionant et de bon sens

  • C’est ce qu’il nous faut en France, mettre en concurrence l’Education nationale et Pôle Emploi !

    La société civile française sera-t-elle assez clairvoyante pour imposer ces sujets lors des prochaines échéances ? Si elle le veut vraiment, elle doit s’organiser d’ici là, pour porter ces sujets dans le débat public.

  • Les anglais font ça au prix d’un déficit assez important tout de même.

    • Le savoir « libre » n’a pas de prix

    • @Tridir Blair, Brown et consorts du labor ont laissé une ardoise à 11% de déficit du PIB, Cameron l’a ramené à 6% avec un objectif de retour à l’équilibre. Ceci explique cela, eux font des efforts, nous on attend (hollande) un renversement de la croissance mondiale (cycles théorique) ou un retour de la confiance, d’où les gros titres de réformes fantômes (sans le contenu).

  • La direction à suivre est, une fois de plus, démontrée.

    Je préférerais quant à moi la suivre encore plus loin: Donner aux parents la subvention, à charge pour eux de choisir l’école de leurs enfants, ou de les former à la maison (par exemple avec le curriculum de Ron Paul).

    Je ne doute pas que ladite subvention ne soit rapidement dépassée par les fonds issus de l’entreprise, désireuse d’orienter les compétences et de s’attirer les talents.

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