Plus de redistribution, moins de revenus

Que nous enseigne la politique de redistribution d’Obama ?

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Plus de redistribution, moins de revenus

Publié le 5 décembre 2014
- A +

Par Bernard Zimmern.

 

Un éditorial du Wall Street Journal1 résumait dans cette formule laconique l’explication du résultat des récentes élections législatives américaines, un désastre pour les Démocrates.

La politique du président Obama consistant à taxer les riches et à redistribuer plus, à travers la santé, le budget fédéral, les aides sociales, paraît en effet s’être traduite par un échec. Les partis politiques français pourraient s’inspirer de cet échec que reflètent bien les chiffres du CBO, le Congressional Budget Office, l’organe économique dépendant directement du Congrès.

Du côté des impôts

Les 20% des plus hauts revenus ont payé 68,7 % du budget fédéral en 2011 et le 1 %, le plus haut centile des revenus, 24 %.

Entre l’accroissement du taux marginal de l’impôt sur le revenu à 39,6 % plus les taxations d’Obamacare sur les hauts revenus, le CBO a calculé que ceux-ci ont vu leurs impôts fédéraux s’accroître de 4,3 % pour atteindre en moyenne 33,3 % du revenu.

Warren Buffet suggérait que les riches paient au moins 30 % de leurs revenus : résultat dépassé.

Du côté des revenus

Pour mesurer l’effet de la redistribution, il faut s’intéresser non seulement au revenu brut avant impôts et avant aides sociales, ce qu’on appelle le revenu marchand (salaires et retraites, assurances maladies payées par les entreprises), mais y ajouter aussi les aides publiques en argent et en nature et enlever les impôts payés.

En utilisant ce revenu exhaustif après impôts (comprehensive income after taxes), le CBO a ainsi calculé que la classe moyenne, le quintile du milieu, ceux qui ont un revenu marchand entre 49 800 et 83 300 dollars (la moyenne américaine est de 69 677 dollars) a payé 7400 dollars en impôts et reçu 16500 en transferts, soit un taux de taxation effectif de – 13,7 %.

Pour le quintile le plus bas et le second quintile, ces taux de taxation étaient de – 35 % et – 27,6 %.
Seuls le 4ème quintile avec + 0,7 % et le cinquième et plus riche quintile avec 18,9 % ont montré un solde de taxation positif, et ont donc contribué positivement au budget public.

Quelles ont été les évolutions des revenus ?

Pour la classe moyenne, le quintile du milieu, les transferts entre 2007 et 2011 se sont accrus de 25,9 % et les impôts ont chuté de 24,4 %. Et pourtant le revenu moyen a chuté de 1,9 % pendant la même période.

Les Démocrates se consolent en disant que le taux d’inégalité, le rapport entre ce que gagnent les riches et les pauvres, a décru. Mais les électeurs semblent avoir préféré plus d’inégalités et plus de revenus nets.

Ceci devrait donner une grande leçon à ceux qui déclarent que le principal objectif des politiques publiques est de réduire les inégalités.

En France, un des pays de l’ouest, avec le plus bas indice d’inégalités, le Gini, nous en voyons le résultat : un chômage qui est en train de nous enterrer tous.

Les égalitaristes ont certes réussi à mettre notre Gini à 0,28 alors que les Britanniques sont, horresco referens, vers 0,35. Mais pourquoi nos jeunes émigrent-ils massivement vers la Grande-Bretagne ? À cause du climat ?


Sur le web

  1. « More redistribution, less income » du 25 novembre 2014.
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  • le vice du capitalisme,c’est l’inégalité des revenus.
    la vertu du socialisme,c’est l’égalité dans la misère

  • Obamacare bénéficie essentiellement au complexe médico-pharmaceutique.
    A ce titre, parler de redistribution est assez amusant.
    Ce secteur opère en rupture des autres secteurs de l’économie (ce n’est pas le seul) et ne se voit appliquer aucune des lois règlementant ailleurs les échanges, les concentrations ou les cartels (de fixation de prix notamment).
    Toute la campagne qui a précédé le vote de cette loi a eu pour but d’expliquer combien les américains allaient y gagner. Quant au contenu de la loi elle-même, cette désormais célèbre formule de Nancy Pélosi (Speaker of the House, pas moins) poussant ses collègues au congrès au passage de ce texte vaut son pesant d’or: “Nous devons passer ce texte pour savoir ce qu’il contient”… (“We Have to Pass the Bill So That You Can Find Out What Is In It” ) en référence aux 20 202 pages concernées par Obamacare et au temps très court pour en prendre connaissance avant de le voter.
    Aussi comment ne pas rappeler cette saillie d’un des principaux architectes de la loi, Jonathan Gruber, qui a eu cette remarque qui a légitimement fait scandale aux US mais dont on n’a évidemment pas parlé ici: “L’absence de transparence est un énorme avantage politique. Et concrètement, appelez ça la stupidité de l’électeur américain ou autre chose, mais tout simplement c’était vraiment, vraiment essentiel pour que cette loi passe”. (“Lack of transparency is a huge political advantage. And basically, call it the stupidity of the American voter or whatever, but basically that was really, really critical to get the thing to pass”).
    Par ailleurs, imposer toujours plus d’assurances ou contraintes règlementaires au secteur privé et aux individus réduit leur marge de manoeuvre (leur capacité capitalistique) au profit du secteur de connivence avec l’état (ou les états) et du secteur financier (puisqu’on ne peut plus entreprendre sans emprunter).
    Après certains s’étonnent du laminage de la classe moyenne. Ce n’est pas une conséquence indésirée. C’est une cible permanente des intérêts qui font la promotion d’une économie de connivence autour du glacis de la puissance publique.
    Pour amuser ceux qui me lisent, qu’ils jugent sur pièce: le dernier décret présidentiel qui vise à régulariser 5 millions de résidents illégaux aux US a pour conséquence de ne pas imposer les effets d’Obamacare à cette population. Conclusion: il en coutera 3000$ de moins pour un employeur US d’embaucher un de ces nouveaux travailleur plutôt que toute autre personne résident légalement aux US, y compris les autres immigrants ayant suivi le processus légal ou les américains eux-mêmes. Comment prétendre ensuite qu’il s’agit d’un effet “indésirable et imprévu”? Comment ne pas y voir un lien avec la campagne de promotion de cette amnistie à laquelle s’est livrée la quasi totalité des grandes entreprises US ou leurs dirigeants à l’instar de Zuckerberg?

  • Milton Friedman – Pourquoi surtaxer les riches ne fonctionne pas: https://www.youtube.com/watch?v=NlzAvETjDyM

    • J’adore le raisonnement ultra simpliste de la dame qui l’interroge : les riches ne peuvent pas manger plus de steaks que les autres, donc ils n’ont pas besoin de leur fortune (donc, sous-entendu, on peut leur prendre et ça n’aura pas de conséquence). Difficile d’être plus stupide… Et nos gouvernants raisonnent pareil !

  • Étant donné que le 19ème amendement n’a jamais été ratifié, l’IRPP, et donc l’IRS, sont illégaux. (<- final, le point)

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