La faustérité et l’austérité

Derrière la soi-disant austérité sauvage, la faustérité mollassonne du Québec…

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Philippe Couillard credits Pascal Sauvé (licence creative commons)

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La faustérité et l’austérité

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 9 décembre 2014
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Par Pierre-Guy Veer, depuis le Québec.

Philippe Couillard credits Pascal Sauvé (licence creative commons)

Décidément, ça va mal au Québec. Les blogueurs du Huffington Post Québec sont presque unanimes : l’austérité « sauvage » imposée par le gouvernement Couillard est en train de détruire les « acquis » sociaux des 55 dernières années.

L’ennui, c’est que le Québec n’est pas sous l’emprise de l’austérité mais de la faustérité. Tel que montré précédemment, il n’y a pas eu de coupures de dépense au Québec. D’ailleurs, la mise à jour économique le confirme : les dépenses continuent d’augmenter entre un et deux pour cent au cours des cinq prochaines années.

Malgré les désirs de Martin Coiteux, il semble que cette tendance perdurera puisque le gouvernement Couillard a accepté pleinement la voie de la faustérité en augmentant le fardeau fiscal. Si la tendance observée dans plusieurs pays entre 1970 et 2007 se confirme, alors il y a fort à parier que les dépenses continueront d’augmenter, et peut-être même à un rythme plus accéléré.

Ce ne sera pas la première fois qu’une telle faustérité se produit. Aux États-Unis, sous Hoover et Roosevelt, la période 1929-1944 a été caractérisée par une très forte augmentation des impôts et des dépenses publiques de même qu’une économie complètement déprimée. Ce n’est pas un hasard ; des politiques économiques qui font l’envie des fascistes d’Europe ne peuvent pas amener la prospérité.

La même chose s’est produite depuis 2007. Après l’éclatement de la bulle immobilière (causée par la réglementation gouvernementale), Bush et Obama ont fortement augmenté les dépenses publiques afin de « sauver » l’économie du pétrin dans lequel ils l’avaient mise. Pour ajouter l’insulte à l’injure, Obama a proposé plus de 440 augmentations de taxes et d’impôts diverses.

Résultat : le taux de participation de la main-d’œuvre est à son plus bas depuis mars 1978, la dette a augmenté de 70 % depuis 2009 – Obama a doublé la dette nominale –, la reprise de l’emploi fut la plus lente depuis 1945 et à peu près tous les indices mesurant la pauvreté s’emballent.

L’austérité, la vraie

Si Obama (ou n’importe quel autre politicien) veut vraiment aider une économie chancelante, il n’a qu’à appliquer les deux expressions françaises préférées des libéraux anglo-saxons : laisser-faire, laisser passer. En d’autres termes, en appliquant de véritables mesures d’austérité – coupures de dépenses et de taxes/impôts –, l’économie se remettra sur pieds en un rien de temps.

Les exemples historiques abondent. Sous la présidence de Harding aux États-Unis en 1920, l’économie connaissait une récession profonde qui aurait pu devenir une Grande Dépression. Toutefois, Harding a choisi la voie de l’austérité en coupant les dépenses de plus de 80 %. Le secrétaire au Trésor Mellon a de son côté choisi de couper les impôts car il savait que le gouvernement « doit créer les conditions sous lesquelles tout le monde a une meilleure chance de connaître le succès ». Malgré tout, les revenus du gouvernement ont fortement augmenté, confirmant ainsi la courbe de Laffer (avant son temps).

Plus près de nous, le Canada sous Jean Chrétien a aussi choisi la voie de l’austérité. Nonobstant la corruption de plusieurs ministères, son gouvernement a grandement aidé le pays en coupant les dépenses, ce qui a permis de réduire le fardeau de la dette et de redonner confiance aux investisseurs. Ainsi, le Canada a perdu son appartenance honoraire aux pays du Tiers-Monde et le huard n’était plus considéré comme le peso du Nord.

La Suède, le pays chouchou des interventionnistes de gauche, a aussi choisi la voie de l’austérité. Certes, le gouvernement dépense encore près de 53% du PIB, ce qui est moindre que des pays comme la France ou la Grèce. Toutefois, c’est une nette diminution depuis 20 ans, où le taux de dépense dépassait 70 %. De plus, le pays scandinave a déréglementé/ouvert à la concurrence à peu près tous les secteurs jadis contrôlés par un monopole étatique. Le Léviathan est ainsi plus efficace malgré sa grosseur encore étouffante.

Finalement, l’Estonie a aussi choisi la voie de l’austérité. N’en déplaise à des économistes comme Paul Krugman, les politiques de Tallinn ont été un tel succès que le pays est maintenant considéré comme un des plus sûrs de la zone euro – il était jadis parmi les plus risqués.

Bref, il serait temps que les commentateurs du Huffington Post se calment. Ce que le Québec connaît présentement est de la faustérité, i.e. un ralentissement de la croissance des dépenses et non des coupures « drastiques ».

Si ces dernières arrivent un jour, il sera normal de voir les syndicalistes crier à l’injustice parce qu’elles affecteront directement leur pouvoir et leur influence puisqu’ils vont perdre des membres. Mais ce sera une bonne nouvelles pour les contribuables puisqu’ils récupéreront de l’argent dans leurs poches via une diminution de leurs impôts et une réduction du fardeau de la dette, dont les intérêts atteignent presque 11 milliards $.

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