Par Michel Kelly-Gagnon.
Ça se passe en France, au 19ème siècle. Un jour, les fabricants de chandelles déposent une pétition à la chambre des députés. Leur exigence : qu’on ordonne la fermeture des fenêtres par lesquelles la lumière du jour entre dans les maisons. L’État, disent-ils, doit les protéger de la compétition ruineuse d’un rival plus performant qu’eux : le soleil…
Par cette boutade, l’économiste Frédéric Bastiat voulait démontrer que les partisans de l’intervention de l’État dans l’économie ont souvent pour but premier de préserver les avantages d’un groupe particulier. Malheureusement, cette habitude persiste. Même ici à Montréal.
Uber, notamment, fait peur à l’industrie du taxi. Ce service citoyen permet aux chauffeurs de taxi de trouver des clients plus rapidement et, à d’autres, d’offrir ce service lorsqu’ils ont des heures disponibles. Des gens d’horizons divers offrent ce service à temps partiel pour arrondir leurs fins de mois, ou à la suite d’une perte d’emploi. Certains le font à temps plein, dont plusieurs chauffeurs de taxi.
Sauf que le lobby de l’industrie du taxi déploie des efforts pour nuire à Uber, et ça semble fonctionner. Le ministre des Transports affirmait cette semaine qu’il ira jusqu’à faire saisir les voitures des chauffeurs d’UberX (un service similaire) circulant à Montréal, qualifiant ce service de transport « illégal ».
On peut comprendre l’industrie d’être nerveuse : les usagers d’Uber (et UberX) profitent de trajets beaucoup moins chers que le taxi. Ils ont plus de choix, et obtiennent un meilleur service. Tout ça de façon simple, à partir de leur téléphone intelligent. En plus, c’est bon pour l’environnement. Uber encourage les consommateurs à abandonner l’automobile pour faire du covoiturage, ce qui aide à réduire d’environ 40 % le nombre total de kilomètres parcourus, la fréquence des embouteillages et les émissions polluantes.
Voilà donc une innovation utile pour les consommateurs – comme en témoignent les dizaines de milliers d’usagers qui utilisent Uber toutes les semaines à Montréal –, bonne pour l’environnement et qui, pour faire changement, n’impose pas une nouvelle taxe aux contribuables !
Contre la volonté des consommateurs
Mais les lobbies de l’industrie du taxi crient à la concurrence déloyale. Et le gouvernement préfère écouter les lobbys plutôt que les consommateurs. Ces derniers souhaitent pourtant utiliser Uber, tout comme des centaines de milliers d’usagers dans 250 villes à travers le monde où ce service est présent.
C’est pourtant un combat perdu d’avance (comme la plupart des combats contre de nouvelles technologies). Le premier ministre Couillard lui-même a déjà dit que vouloir résister aux phénomènes numériques équivaudrait, pour le Québec, à tenter de se mettre dans le milieu du Saint-Laurent pour en arrêter les flots. Et que des services comme Uber, ou même Netflix pour la vidéo, sont des phénomènes de société irréversibles. Peut-être le premier ministre et le ministre des transports devraient-ils se parler ?
Compenser les chauffeurs
En ce moment, il est impossible d’entrer dans l’industrie du taxi sans acquérir un permis ou en louer un d’une personne qui en est détentrice. À Montréal, le prix d’un tel permis est d’environ 200 000 $. La popularité des applications de covoiturage comme Uber fait diminuer la valeur de ces permis, et cela représente un réel problème pour les chauffeurs de taxi qui comptent sur leur permis pour garantir leurs vieux jours.
Mais la solution n’est pas d’empêcher le progrès. L’IEDM proposait plutôt, dans une publication récente, d’indemniser partiellement les chauffeurs de taxis dont la valeur des permis diminuerait (par exemple en en fonction du montant original payé par le détenteur du permis, la durée pendant laquelle il l’a détenu, etc.) Non seulement cela réduirait l’opposition à l’innovation que représente Uber, mais cela aurait aussi comme effet d’éviter aux plus jeunes qui tentent de percer dans l’industrie d’être accablés d’une lourde dette, et leur permettrait d’être plus compétitifs.
L’industrie du taxi se transforme sous nos yeux grâce à la technologie. Les gouvernements peuvent prendre des mesures pour éviter de faire des détenteurs de permis des laissés-pour-compte, mais ils doivent avant tout tenir compte des bénéfices que ces entreprises innovantes produisent pour l’ensemble des citoyens.
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Cela se sent que la France n’a pas laissé que son langage aux Canadiens…
UberX est un service de transport rémunéré de personnes, effectué par des chauffeurs qui ne déclarent pas leurs revenus au fisc, ne perçoivent pas de TVA, etc.. Il s’agit tout simplement d’un système qui permet à une multinationale sans scrupules d’encaisser de belles commissions (20% du prix des courses!), au detriment des états nationaux. Et les chauffeurs d’UberX prennent tous les risques car ils ont signé un contrat de partenariat avec Uber, ce qui met cette société à l’abri de poursuites judiciaires.
Par ailleurs, il existe actuellement des applications mobiles du même type que celle d’Uber; elles fonctionnent dans des dizaines de villes en France, en Allemagne, en Suisse, en Belgique etc… mais ce sont de vrais taxis qui font le transport et les chauffeurs déclarent leurs revenus, paient la TVA, etc…
UberX n’est pas un service de covoiturage, ce sont des chauffeurs qui vont chez le client pour ensuite le conduire à l’adresse souhaitée par celui ci, avant de partir vers le client suivant. C’est tout simplement du taxi. Cela ne diminue pas le nombre de véhicules sur nos routes et ne diminue pas la pollution.
Vive la fraude? Adieu le principe de l’entreprise socialement responsable? Demain, tous les taxis pourraient passer à ce type de services frauduleux grâce à des applications mobiles…., On pourrait d’ailleurs appliquer ce système à d’autres types de services. Qui se preoccupe encore des recettes de l’état? C’est dépassé tout ça!
Vive l’innovation?