Par Bernard Zimmern.
Pour celui qui aborde l’étude de la répartition des revenus ou des fortunes, il est a priori assez troublant de découvrir que ceux dont les revenus ou les patrimoines sont les plus élevés sont aussi ceux dont ces revenus ou patrimoines ont grimpé le plus vite.
Les jaloux et les économistes idéologues accusent alors la loi des rendements du capital, dite loi des intérêts composés : en effet, elle permet d’envisager une croissance exponentielle des revenus. Un centime placé au taux de 5% à l’époque romaine aurait ainsi produit à ce jour un montant représentant la taille de la Terre en or pur. Mais le troublant dans cette explication est que tout individu bénéficie de cette loi et que donc l’ensemble du monde devrait finir milliardaire.
Une première objection est que ce ne sont pas les mêmes qui sont au sommet tous les ans. La revue Forbes rappelle ainsi que sur les 140 milliardaires de sa première édition de 1987, en 2012, 25 ans plus tard, seulement 24 étaient restés de façon continue dans cette liste. Ceci remet à sa place la grande théorie de Thomas Piketty sur l’accumulation du capital.
Mais une autre explication nous paraît plus pertinente, que nous appelons le modèle de la toile cirée : si nous nous figurons une toile cirée, posée à plat sur une table circulaire et que nous commençons à soulever cette toile par un doigt passant au centre de la table, la toile prend la forme d’une petite montagne au centre dont les flancs, pentus vers le centre, s’adoucissent en allant vers l’extérieur. Pour ceux qui ont fait « mathélem », la section est celle d’une chaînette, qui est aussi celle des flancs de la Tour Eiffel. Cette section ou coupe représente bien la distribution statistique des revenus ou des patrimoines, sauf qu’elle n’est pas strictement une chaînette, mais une loi de Pareto. Au centre sont les riches, à l’extérieur les plus pauvres.
Il est alors intuitif que, si l’on veut qu’en moyenne la surface de la toile cirée monte de x%, il faut faire monter le centre beaucoup plus. En d’autres termes, la croissance de la richesse de tous exige qu’il y ait une croissance beaucoup plus forte des plus riches. Mais la descente sur la surface de la toile cirée est aussi beaucoup plus rapide quand on est au centre que quand on s’écarte vers la périphérie.
On peut se demander quelle est la force derrière le doigt qui soulève le centre. Elle a probablement changé au cours des siècles, en commençant au Moyen Âge par la force physique et le courage qui ont permis à des châtelains d’émerger et de construire leurs châteaux au centre de la toile. Mais depuis la révolution industrielle, il est clair que ce doigt est devenu l’entreprise, car c’est le plus souvent par leurs entreprises que les plus riches sont devenus riches, beaucoup plus rarement par leurs talents artistiques ou sportifs.
Ainsi, de 1997 à 20101, en 13 ans, le PIB mondial est passé de 46,9 trillions de dollars à 74,4, une augmentation juste en dessous de 60% mais le nombre des milliardaires de Forbes est passé de 486 à 1.011 et leur fortune totale de 1.200 milliards à 3.600, un triplement.
Peut-être le vingt-et-unième siècle apportera-t-il d’autres façons de soulever la toile. Peut-être sera-t-il démontré que la manière de devenir riche est de faire de la politique (ce dont nous doutons). Ou tout simplement qu’il n’y a plus à soulever la toile cirée car tout le monde est sorti de la misère. Pour l’instant, avec une bonne partie de l’humanité vivant avec moins d’un dollar par jour, qui ne peut savourer Kant ou Beethoven car taraudée par le souci de manger ou de nourrir ses enfants, il semble que nous ayons encore quelques années où le slogan des communistes chinois, « enrichissez- vous », rappelé par Emmanuel Macron, ait encore toute sa validité, même si nous ne pouvons empêcher certains de prêcher le bonheur par l’ascétisme.
-  Nous avons pris 1997 et pas 1987, date de la première liste de Forbes, pour être sûrs que la couverture était bien mondiale. ↩
« Nous ne pouvons empêcher certains de prêcher le bonheur par l’ascétisme » : nous avons en revanche le devoir moral de les empêcher de nous imposer leur vision du monde destructrice, inhumaine, illibérale. Interdire définitivement le socialisme sous toutes ses formes est l’impératif catégorique de l’honnête citoyen correctement éduqué du XXIe siècle.
Il convient de rappeler sans cesse que les partis politiques ne défendant pas la liberté et la propriété privée n’ont, selon la Constitution, aucun objet. « Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression. »
Il convient de rappeler sans cesse que les politiques de redistribution forcée sont illégales. Seul l’Etat régalien minimal est conforme à la DDHC. « La garantie des droits de l’Homme et du Citoyen nécessite une force publique : cette force est donc instituée pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée. Pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses d’administration, une contribution commune est indispensable : elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés. »
Ainsi, il convient de rappeler sans cesse que l’objet constitutionnel de l’Etat régalien minimal est d’empêcher la prise du pouvoir par des partis prônant une quelconque redistribution économique ou sociale.
la monnaie unique ne s’y prête pas pour relancer l’économie. Rien à attendre. Aucun effort de la prise de conscience des élus de tous bords. Beaucoup de blablas et de gaspillages.
Que va t’il se passer en 2015 ?
la France va t’elle sortir de la zone Euro ?
en attendant bonnes fêtes
Voici, avec la caution d’un énarque, une vérité dépassant le clivage dirigisme/libéralisme, dont ils sera intéressant de voir comment elle est admise après que je me sois moi même heurté, ici et à plusieurs reprises au scepticisme des lecteurs.
À population constante), un tassement de la pyramide sociale, en réduisant l’écart entre son sommet et sa base entraîne un élargissement de cette dernière, ce qui signifie une augmentation de la pauvreté, alors que l’accroissement de cet écart, tel qu’il résulte d’une étirement de la pyramide vers le haut (enrichissement général), a l’effet inverse.
De même, quand la pyramide sociale se développe en volume du fait de l’augmentation de sa population, le supplément d’activité de celle-ci accroît la richesse globale de la société, avec pour conséquence d’éloigner son sommet de sa base, ce qui exprime l’accroissement de l’écart entre richesse et pauvreté.
Ces deux observations révèlent qu’à une augmentation de l’écart entre richesse et pauvreté correspond une diminution de cette dernière et inversement, sans modifier les inégalités autrement que dans leur répartition. En d’autre termes, l’augmentation de richesse collective réduit la pauvreté et sa diminution l’augmente. La Palisse n’aurait pas dit mieux mais aurait pu ajouter que le partage des richesses est une tout autre affaire.
À défaut d’une utopique suppression des inégalités, nous devons donc être conscients que notre seule possibilité est de les réduire par le meilleur compromis possible entre plus de riches et moins de pauvres, et davantage de pauvres et moins de riches.
Accepter que certains voient leurs revenus augmenter plus vite que les autres est effectivement une condition nécessaire à la croissance des revenus pour tous. Il faut bien des visionnaires, des inventeurs, des entrepreneurs pour faire avancer les choses. Il faut toujours quelqu’un pour faire le premier pas, pour se distinguer et servir d’exemple.
Mais cette inégalité n’est pas une condition suffisante.
Les inégalités fondées sur le brigandage et la violence ne stimulent rien.
A cet égard, la comparaison entre le châtelain et l’entrepreneur est à manier avec prudence. Au Moyen-Âge, le seigneur féodal était souvent un aventurieur brutal ou un fonctionnaire prévaricateur, qui détruisait de la richesse. C’est généralement ainsi que se sont constituées les dynasties seigneuriales.
Parfois, il pouvait s’en trouver un qui se distinguait dans l’accomplissement des devoirs qui justifiaient ses privilèges, par exemple comme bon gestionnaire et comme protecteur. Mais c’était souvent après plusieurs générations de fonctionnement mafieux, que les familles atistocratiques se construisaient une respectabilité.
la majorité des riches sont des entrepreneurs (ce sont eux qui créent la richesse et l’emploi) et non pas des rentiers ou des banquiers. ce sont eux qui créent la croissance
http://www.emploi-2017.org/parmi-les-tres-riches-combien-d-entrepreneurs.html
http://www.contrepoints.org/2013/04/26/122706-les-inegalites-sociales-ne-sont-pas-des-injustices
http://www.contrepoints.org/2013/04/18/121943-qui-sont-les-tres-riches-americains
http://ordrespontane.blogspot.be/2011/11/occupy-ton-temps-autre-chose.html
http://www.contrepoints.org/2011/12/17/60581-les-riches-entre-la-realite-et-la-caricature
http://www.emploi-2017.org/les-riches-sont-d-abord-des-entrepreneurs.html
http://www.contrepoints.org/2011/11/13/55189-le-vrai-visage-du-1
http://www.emploi-2017.org/risque-entrepreneurial-inegalites-et-richesse.html
la plupart des super riches ne le reste pas longtemps.
http://www.contrepoints.org/2014/01/16/153456-la-roue-tourne-ultra-riches-et-biais-de-selection
http://www.contrepoints.org/2014/01/18/153662-les-tres-riches-ne-le-restent-pas-longtemps
http://www.contrepoints.org/2014/06/03/167232-ou-sont-les-super-riches-de-1987
la plupart des politiciens de gauche font partie du fameux 1 %: http://www.contrepoints.org/2012/01/25/66226-la-nouvelle-aristocratie-de-francois-hollande-le-1-cest-lui-pas-nous
Une forme d’ascétisme, appliquée à la société, ne consisterait-elle pas tout simplement à la « dégraisser » par réduction du nombre de ses membres ? Dans le respect de l’éthique et de leur dignité bien sûr, en faisant en sorte, par l’éducation et notamment le planning familial, d’aligner partout dans le monde les taux de natalité sur ceux des payas les plus riches.
Une population future, moins nombreuse et par conséquent moins prédatrice, ne pourrait-elle pas ainsi bénéficier plus longtemps d’un progrès au moins égal à celui que nous connaissons aujourd’hui, plutôt que de subir, toujours plus nombreux, sa dégradation par le nombre ?
L’écologie dénataliste, en somme. Mais après tout, même le Christ, lorsqu’il prêchait de croître et se multiplier, n’a pas enjoint à l’homme de le faire jusqu’au déraisonnable.
Pourquoi un retour de la croissance s’accompagnera d’une hausse des inégalités (et ça n’est pas la mauvaise nouvelle que ça semble être): http://www.atlantico.fr/category/mots-cles/inegalites-revenus#PSqetLjuTVdxK7Fh.99
http://www.atlantico.fr/decryptage/pourquoi-retour-croissance-accompagnera-hausse-inegalites-et-est-pas-mauvaise-nouvelle-que-semble-etre-nicolas-goetzmann-1915819.html
aux usa, ce sont les riches qui sont le moteur de la croissance: http://www.emploi-2017.org/quels-sont-les-principaux-artisans-de-la-croissance-americaine,a0416.html