Par Charles Bwele
Avez-vous pensé à développer votre propre banque dans un entrepôt sécurisé avec une batterie d’ordinateurs, de serveurs et la contribution de quelques potes doués en finance et en informatique ?
Electrobank
À ce jour, notre conception de la banque demeure très industrielle et très commerciale, à l’image de l’établissement financier qui gère nos comptes bancaires avec ses subdivisions compartimentées (opérations courantes, épargne, entreprises, investissement), chacune plus ou moins interfacée aux autres via un système d’information ultra-complexe, cristallisant très souvent un mix indigeste de technologies (matérielles et logicielles) vieillissantes ou récentes, le tout assorti d’une montagne de licences, de certifications et de frais de gestion (en inflation chronique) nécessaires à l’exercice de ses activités… et hautement dissuasives pour les nouveaux entrants.
Bienvenue au cœur de la banque commerciale dans toute sa splendeur : HSBC, BNP Paribas, Barclays Bank, ABSA, Standard Chartered, Kommerzbank et compagnie.
Votre avoir bancaire ayant alimenté le crédit immobilier ou auto d’une myriade de clients, n’espérez guère récupérer votre cash en cas de faillite, de panique financière aggravée ou d’une crise (consécutive) de liquidité, et ce, d’autant plus qu’une queue longue et grossissante comme une protubérance solaire se sera formée à l’entrée de votre agence bancaire… savamment barricadée derrière un opaque rideau de fer ou une armada de policiers anti-émeutes.
Toutefois, les choses deviennent plus simples en spécialisant la banque aux opérations courantes, celles dont nous avons le plus besoin pour nos revenus, pour nos dépenses quotidiennes et pour nos charges domestiques (loyer, alimentation, électricité, gaz, eau, communications, etc.). Globalement, les opérations courantes ne sont qu’un système d’information primaire qui enregistre les flux entrants (dépôts) et sortants (retraits) de trésorerie.
Pas à pas, vos potes geeks et vous créerez, à partir de zéro, une banque de dépôts numérique et simplifiée qui recevra et émettra des virements en devises traditionnelles ou en monnaies numériques (comme le Bitcoin), enregistrera directement et instantanément les soldes de ses comptes clients et ses réserves (rémunérées par le taux d’intérêt légal) à la banque centrale.
Cette banque 100% techno serait moins propice à une course-poursuite acharnée à la marge et au profit car peu exigeante en licences et certifications, et peu gourmande en ressources humaines, en capital et en frais de gestion. Corollairement, ses écritures comptables, ses soldes clients et ses réserves enregistrées à la banque centrale (trop centrale et trop vitale pour disparaître !) seront immunisées contre les vicissitudes qui peuvent rapidement affecter une banque commerciale.
À l’ère des banques en ligne, du cloud et du Bitcoin, cette banque virtuelle de dépôts ne relève ni de la science-fiction ni de l’hérésie.
La révolution bancaire sera virtualisée
L’imminente compression algorithmique de la banque provoquera des innovations de rupture qui favoriseront de nouveaux entrants plus nombreux et plus petits, et forcera tous les établissements financiers à réinventer drastiquement leurs modèles technico-économiques sous peine d’être soumis à d’impitoyables disruptions technologiques, peu ou prou comparables à celles que subirent les industries de la musique, du cinéma et de la photographie face au MP3/MP4/JPEG et au peer-to-peer.
Ces innovations de rupture seront d’autant plus brutales dans le secteur bancaire du fait des monnaies numériques décentralisées, complètement indépendantes des banques centrales et validées par des mécanismes de sécurité reposant sur la preuve cryptographique des transactions plutôt que sur la confiance des acteurs (comme c’est le cas pour les monnaies traditionnelles). Le Bitcoin est certainement une success story qui fera des émules à l’échelle globale, modifiant considérablement nos conceptions usuelles de la monnaie, de la banque et de la finance internationale. Dans quelques années, nous assisterons peut-être à un « Bretton Woods 2.0 » aux conséquences inattendues…
Achtung Baby ! N’en dites pas trop à votre grand-mère ou à votre notaire. Je ne parierai pas mon argent sur leurs premières réactions…
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Sur le web.
En savoir plus :
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The Telegraph : Banks are crying out for the Uber treatment
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Singularity Weblog : Bitcoin: The Financial Singularity is Here
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Contrepoints : Bitcoin s’installe dans les esprits
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