Par Nick Gillespie.
Un article de Reason.com
Le procès de Ross Ulbricht, qui gérait le site internet en web profond (NDT : site accessible en ligne mais non indexé par les moteurs de recherche classique) Silk Road selon les autorités fédérales, a commencé mardi 13 janvier après avoir été reporté à de multiples reprises.
Silk Road est particulièrement connu sur le web comme plateforme de vente et achat de drogues et permettant le paiement par bitcoin (À lire : l’article de Brian Doherty à ce sujet). Le dossier contre Ulbricht, arrêté en 2013, soulève cependant d’importantes questions concernant la liberté sur Internet et les procédures officielles qui y sont liées. Lorsqu’ils ont coincé Ulbricht, les agents du FBI se sont bien assurés de faire savoir à tout le monde qu’il avait tenté d’engager des tueurs à gages afin de se débarrasser de vendeurs de drogues rivaux. Le New York Times Magazine a publié un article soulignant bien ce portrait unilatéral, si cher aux agents fédéraux, transformant Ulbricht de gentil boyscout en assoiffé de pouvoir surnommé « Dread Pirate Roberts » qui avait sombré dans la folie et la richesse par son rôle de propriétaire de Silk Road.
Et pourtant, lorsqu’il a été réellement question de l’accuser de crimes, les inculpations portant sur ses manœuvres visant à commettre un meurtre n’ont pas été incluses dans le dossier. Enfin, ce n’est pas exactement vrai. Elles font bien partie des documents de la procédure mais ne seront pas examinées par la cour.
En plus des charges concernant la drogue et le complot, le juge fédéral Katherine Forrest a pris la décision d’autoriser les procureurs à tenter de prouver leurs accusations en présentant des preuves qu’Ulbricht s’était bien entendu avec six tueurs à gage différents dans le but de protéger Silk Road.
Voilà l’un des moyens utilisés par les agents fédéraux : user de moyens douteux contre Ulbricht, indépendamment de la question de sa culpabilité dans la gestion de Silk Road (je n’en ai franchement aucune idée ; mais pour tout vous dire, j’ai fait un don de 100$ à la cagnotte de la défense, soucieux de voir la façon dont il était poursuivi). Ils n’ont pas eu non plus à expliquer à la défense la façon dont ils ont retrouvé Ulbricht, ce qui amène à penser que les preuves ont été recueillies via des opérations de renseignement hors de tout usage d’un mandat légal. C’est inquiétant, tout comme la position du gouvernement pour qui, qu’il ait juste fait du profit grâce au site ou qu’il ait lui-même revendu de la drogue, il doit être considéré comme responsable de ce qui se déroulait au sein de Silk Road.
Cette accusation contredit donc les lois existantes qui exemptent les fournisseurs d’accès à internet et les gestionnaires de site de toute responsabilité pour les actions et échanges effectués via leurs sites par les utilisateurs. Une telle conception aurait pour résultat un effet proche d’une douche glacée sur l’internet, à des températures bien en-dessous du zéro absolu.
Pour citer Joe Biden, « C’est un putain d’énorme problème ». Non seulement parce qu’Ulbricht est détenu sur la base de preuves falsifiées mais également parce que la façon dont se tient le procès est une potentielle menace pour nous tous qui gérons des sites web, assurons des transactions en ligne, et sommes désireux de vivre dans un pays où l’État doit être transparent sur la façon dont il récolte des preuves contre nous.
Reason a interviewé Lynn Ulbricht, qui dévoile les questions plus importantes encore que soulève le procès de son fils :
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Article original titré « Why You Should Care That Trial of Ross Ulbricht, Accused of Running Silk Road, Begins Today » publié le 02.01.2015 par Reason. Traduction de Virginie Ngo pour Contrepoints.
Sujet de première importance à l’ère internet, aussi passionnant qu’inquiétant. Bien sûr nous n’en verrons pas un mot dans nos médias français, sinon un entrefilet reprenant sans recul critique les allégations soutenues contre « l’affreux pirate Robert », propriétaire de l’immonde Silk road, forcément criminel puisque garantissant un anonymat « anti-républicain ». Je m’attends même à ce qu’un ministre type Fleur Pellerin ou Manuel Valls, nous fasse voter une loi étouffant un peu plus la liberté des fournisseurs d’accès, au simple motif « qu’aux Etats-unis, les méchants interwebs sont poursuivis en justice ». Allez, bisous!
Entièrement d’accord avec vous, mais pourquoi utiliser le pluriel pour notre merdia ? Un journaliste adoubé travaille à l’AFP, les autres ne sont que titulaires du CAP copy/paste option foutage de gueule.
Pour le reste, et pour compléter l’article, Silk Road était accessible via le réseau TOR (pour « The Onion Router », article dispo sur wikipedia) et n’était donc pas seulement hors référencement, ce qui est d’autant plus inquiétant quand aux moyens utilisés pour retrouver le gérant du site.
Officiellement, un message d’erreur sur le site contenait l’adresse IP du serveur.
lol
J’ai bien peur que le seul « affreux pirate Robert » auquel nos gardiens de la Doxa de l’ESJ Lille s’intéressent ne se nomme pas Ulbricht mais Ménard!