Par Le Parisien Libéral.
L’affaire de l’assassinat des dessinateurs de Charlie Hebdo ramène sur le devant de la scène un sujet qui a le don d’irriter les contribuables et citoyens que nous sommes tous : le scandale des subventions à la presse. Ces aides servent à « garantir la liberté de la presse et à conforter les conditions de son pluralisme ». En effet, Fleur Pellerin, ministre de la Culture, avait rapidement évoqué l’idée d’une subvention exceptionnelle à Charlie Hebdo.
Le plus drôle est de voir ces politiciens, notamment d’extrême gauche, en appeler à l’État, c’est-à-dire à notre argent, pour organiser ce « pluralisme », bien qu’au quotidien ils luttent contre celui-ci, et alors que l’ensemble de la presse française, y compris celle de droite, est prise dans le carcan du cadre mental et idéologique hérité de 1945.
Qu’est-ce qu’un journal ? C’est avant tout une entreprise, une réunion de personnes qui, parce qu’un actionnaire a mis de l’argent dans un projet, ont choisi de mettre en commun leurs compétences rédactionnelles pour servir de média, c’est-à-dire d’intermédiaire entre l’information et les clients. Une entreprise est supposée faire un produit et gagner de l’argent grâce à ses clients, ou fermer si le projet n’est pas rentable.
Le blogueur Authueil notait, il y a quelques temps, à quel point le journalisme était entré dans une phase d’obsolescence, notamment parce qu’il avait manqué la nécessaire adaptation de son produit. En France, c’est plus que cela. La presse française n’est pas seulement en retard au niveau numérique (avec les notables exceptions de L’Opinion ou surtout de Médiapart), elle est avant tout en retard de diversité. En effet, si on admet que la presse devrait refléter la diversité des opinions, où est le grand quotidien ou l’hebdomadaire conspirationniste (un corpus de thèses peu ou prou partagées par 50 % des Français) ? Où est le grand quotidien ou l’hebdomadaire anti-européen voire europhobe (une opinion partagée par au moins 20 % des électeurs) ?
Il est communément admis de dire qu’un journal n’est pas qu’une entreprise, mais que c’est aussi un des vecteurs de la démocratie et donc à ce titre un projet d’intérêt général. Si c’est vrai, la France, qui lit très peu de quotidiens par rapport à ses voisins, a donc du souci à se faire.
Si la presse doit refléter le pluralisme est-il cohérent que L’Humanité, diffusant une idéologie morte en 1989, soit aidé y compris par le biais d’amendements nocturnes et discrétionnaires ? Le gouvernement ne devrait-il pas, par cohérence, choisir d’aider autant Minute que ses alter egos d’extrême gauche ?
En réalité, la raison pour laquelle il n’y a absolument pas besoin d’aider la presse réside dans le fait que le pluralisme existe non pas grâce à l’État et à ses fonctionnaires, mais parce qu’en 1992, dans un laboratoire à Genève, un informaticien anglais a inventé le worldwide web, parce qu’en 1995 un jeune ingénieur californien a créé le premier navigateur grand public, et parce que depuis plus de 15 ou 20 ans maintenant, des entrepreneurs (au sens large du terme, pas seulement au sens marchand) se saisissent de leur pouvoir de création pour lancer des plateformes d’information (Agoravox, le Huffington Post), des espaces de bloggings (Blogger, etc.), des réseaux sociaux (Facebook, Twitter), etc.
Durant les événements de la semaine dernière Porte de Vincennes et à Dammartin-en-Goële, les musulmans avaient été invités à se démarquer des terroristes et à condamner leurs actes, alors qu’ils pouvaient éventuellement partager de la gêne vis-à-vis des caricatures de Charlie Hebdo. Les musulmans feraient mieux plutôt que de qualifier tel ou tel titre d’islamophobe, de commencer par demander l’arrêt de toutes les aides à la presse.
De manière plus globale, les Français doivent comprendre que le vrai préalable au pluralisme de la presse, c’est la liberté entrepreneuriale, et le démantèlement du système actuel dominé par une AFP partiale et archi subventionnée. Ainsi, une fois la liberté restaurée, on cessera de se demander pourquoi la presse parle des 17 morts de Paris mais pas des 2000 morts du Nigeria.
Cette liberté, c’est celle qui fait que Charlie Hebdo survivra grâce à ses clients, et non pas parce que Matignon ou l’Élysée auront décidé de prendre des abonnements et le ministère de la culture fait voter une subvention.
Effectivement Mediapart avait dénoncé ce scandale en 2012… mais ils ont du mal à prolonger la logique de leur raisonnement vers la liberté entrepreneuriale: http://www.mediapart.fr/journal/economie/291012/presse-le-dispendieux-scandale-du-systeme-de-subventions
Autre point à déplorer: le premier quotidien de France est détenu par un sénateur (mis cause pour achat de voix dans l’Essonne, mais qui en parle?) et par ailleurs premier actionnaire d’une entreprise d’armement.
On fait plus pluraliste…
Mediapart est encore plus subventionné que la presse papier.
http://corto74.blogspot.fr/2013/09/de-lindependance-de-mediapart-et.html
Ses dénonciations sont donc du vent
@Theo31 / intéressant effectivement… l’article de Médiapart n’est d’ailleurs pas franchement opposé à la moindre TVA…
Je lis dans votre lien que « 5 000 collectivités publiques sont abonnées à Mediapart pour un montant total proche de 450 000 euros et que au titre de 2011, Médiapart a touché 240 000 euros du fond d’aide au développement des services de presse en ligne non liés à un titre de presse classique ». D’où tenez-vous ces infos?
Voilà en tout cas qui plaide pour l’open data: les données de la gestion publique devraient être publiques.
D ou je tiens ces données, il suffit de suivre les liens dans mon billet justement, les sources sont citées, les éléments apportés et corroborés par … Plenel lui-même
Non mais quelle honte pour la France ! C’est ça le pays des idées ? J’ai bien fait d’émigrer loin !
Sans aller jusqu’à remonter au patron : le procès du CCAS a été presque ignoré de la presse papier en France, malgré l’importance des malversations et le montant des sommes détournées. Pourquoi ? Parce-que le prévenu principal de ce procès est un syndicat, et l’un des rares bastions de ce syndicat est la distribution de la presse papier. Parler du procès, c’était garantir une non distribution du journal. Aucun n’a osé.
Ce qui démontre de manière irréfragable la nullité de l’argument selon lequel « ces aides servent à « garantir la liberté de la presse et à conforter les conditions de son pluralisme » », c’est que l’on subventionne TéléZ. Alors là, je dois dire que niveau liberté d’expression, gros scoops, découverte de scandales antidémocratiques et tout ça, TéléZ, ça envoie du gros pâté. D’ailleurs ils n’ont pas renversé un gouvernement ?
Bravo pour cet article!
pluralisme ?? quand plus de 90 % des journalistes sont de gauche ?? la presse est largement contrôlé par les gauchistes. il suffit de regarder les journaux censés être de droite pour comprendre qu’il n’existe pas de pluralisme
Marre de financer la presse collaborationniste alors que je n’achète plus de journaux depuis plus de vingt ans.
« garantir la liberté de la presse et à conforter les conditions de son pluralisme » ???? Garantir la propagande officielle serait plus exacte.
Ce monolithisme de la presse est dû aussi aux effets du capitalisme de connivence par le biais de l’actionnariat, de la publicité… Récemment, l’avocat Me Malka a exprimé sa désapprobation d’un article relatif à « Charlie Hebdo » dans « Le Nouvel Observateur », directement auprès de l’actionnaire principal du journal, M. Pigasse. Il convient d’évoquer aussi la clause de conscience & la clause de cession des journalistes, qui contrebalance un peu le phénomène précité mais contribue aussi au monolithisme, l’incitation à lire certains journaux dans les lycées, bibliothèques, administrations (notamment « Le Monde »), l’influence du syndicat du livre CGT & des postiers, les épurations comme en 1944…
Le premier scandale est de voir des titres comme Télé7jours, TéléZ, TéléLoisirs, touchent des aides de la presse. Autant les journaux d’information classiques (Figaro, Libération, Le Monde, La Croix, etc) participent de manière assez évidente au débat politique, autant pour les premiers cités, c’est beaucoup moins clair (en euphémisant).
Le second scandale est le mode de calcul des aides qui tient compte autant des pages de pub que des pages d’information.
Pour ma part, ce qui me fait sourire lorsque je regarde le classement c’est de voir le montant des subventions touchées par des journaux qui critiquent allègrement le trop de dépenses publiques en France mais qui pour le coup, sont bien contents de profiter des subventions à la presse (nommons par exemple le Figaro, le Point, l’Express ou encore Valeurs actuelles).
Quant aux nouvelles formes numériques (blogs, plate-forme), cela pose tout de même un problème, car elles conduisent à un gloubi-boulga informationnel, dans lequel une rumeur infondée peut être relayée des millions de fois, passée pour une information sérieuse, dans lequel tout le monde peut dire n’importe quoi, dans lequel tout se vaut (donc plus rien n’a de valeur).
Enfin, si on veut supprimer toutes les aides à la presse, il faut songer à supprimer également l’exonération fiscale dont bénéficient les donateurs…..
Je suis fier de tenir chaque jour un blog lu par plus de cent mille personnes en 2014 dans 170 pays différents. Mon blog est gratuit, je n’ai jamais fait appel à une quelconque contribution financière auprès de mes lecteurs. Je suis libre d’exprimer mes opinions personnelles sur toutes sortes de sujets, essentiellement scientifiques, comme par exemple la supercherie du soit-disant réchauffement climatique (dernier billet de ce blog) ou les scandales sanitaires à venir comme par exemple la prescription inconsidérée de statines. Si par hasard, comme c’est arrivé la semaine dernière pour le vineyard saker, je suis interdit d’internet parce que je dérange, alors je serai soustrait de la communauté des blogueurs qui dénoncent le mensonge à tous les niveaux. La question est : Y a-t-il encore sur cette planète un pays démocratique où chacun est réellement libre de s’exprimer ?