Journée historique pour le Franc Suisse

Jusqu’où le franc suisse poursuivra-t-il sa hausse ? Dans quelle mesure cette bouffée est-elle « spéculative » ?

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Journée historique pour le Franc Suisse

Publié le 17 janvier 2015
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Par Stéphane Montabert.

franc suisse credits hublera (licence creative commons)

Jeudi, après des années de manipulations inavouables, le franc suisse a recouvré sa liberté dans le fracas et le chaos.

Annoncé par un simple communiqué de presse, l’événement – d’une amplitude quasi-cosmique dans le domaine financier – a propulsé la monnaie de plus de 20% par rapport à l’euro, dépassant la parité. Il fallait 1,20 CHF pour 1 euro hier, aujourd’hui il faut débourser moins d’un franc !

Les Suisses peuvent se réjouir, ils se retrouvent ce soir 20% plus riches qu’hier à la même heure, une bonne nouvelle dont les frontaliers seront les premiers à profiter. Mais la joie risque de ne pas durer. L’incertitude est immense sur l’attractivité économique, le commerce, l’immobilier, les placements.

Parmi les perdants dans la nouvelle donne il y a par exemple le tourisme local, ou les industries exclusivement tournées vers l’exportation et qui ne peuvent ni rogner sur les marges généreuses du luxe ni profiter d’une baisse de prix notable de l’importation de leurs matériaux. Pensons en particulier à Swatch dont le président Nick Hayek décrit ce qui vient de se passer ce matin comme un « tsunami » pour lequel « il n’a pas de mots ».

Il y a trois ans et demi, lorsque le peg (le taux de change minimal entre CHF et EUR) fut instauré, j’écrivais que cette limite artificielle ne saurait durer et que cela finirait mal :

« L’histoire nous donne de nombreux exemples de pays tentant arbitrairement de lier entre elles deux monnaies flottantes à travers une parité fixe. Ces manÅ“uvres ont invariablement débouché sur des catastrophes. »

La mise en gras est d’origine…

Nous ne sommes qu’au début d’une crise majeure entièrement due à une coterie de banquiers et de politiciens attachés à la stabilité à n’importe quel prix, ce qui n’est pas la moindre des ironies.
Poursuivant sur leur lancée, les médias – et plus tard les politiques – travailleront d’arrache-pied en orientant l’information du grand public pour expliquer que la fluctuation retrouvée du franc suisse est une mauvaise chose. Par exemple, aujourd’hui, l’heure est à la panique boursière : le SMI chute de plus de 8%. C’est énorme. Sauf si on comprend que les valeurs suisses, cotées en franc suisse, sont soudainement surévaluées de 20% par le truchement des monnaies ! Si vous aviez une action de la société Cor Des Alpes à 120 CHF, cette part valait 100 € hier ; aujourd’hui, après une chute de 8% elle ne vaut plus que 110.4 CHF mais cela représente désormais 106 € – l’investisseur étranger est donc largement gagnant. La chute boursière actuelle est donc le résultat d’une prise massive de bénéfice sur des cours libellés dans une monnaie soudainement plus précieuse.

Jusqu’où le franc suisse poursuivra-t-il sa hausse ? Dans quelle mesure cette bouffée est-elle « spéculative », mot honni de notre époque ? Il est difficile de le savoir puisque la monnaie a trois ans de servitude à rattraper. La fin du peg ayant été décidée unilatéralement par la BNS, il est pour une fois hors de propos d’accuser les odieux hedge funds et autres vautours de la finance. Ils souffrent beaucoup d’une nouvelle que leurs vaillants algorithmes n’auront pas vu venir !

Le plus important n’est pas là, mais dans le pourquoi de cette modification soudaine. Le moins qu’on puisse dire est que la communication de la BNS laissera le curieux sur sa faim :

« L’introduction du cours plancher a eu lieu dans une période d’extrême surévaluation du franc et de très forte incertitude sur les marchés financiers. Cette mesure exceptionnelle et temporaire a préservé l’économie suisse de graves dommages. Le franc demeure certes à un niveau élevé, mais depuis l’introduction du cours plancher, sa surévaluation s’est dans l’ensemble atténuée. L’économie a pu profiter de cette phase pour s’adapter à la nouvelle situation.
(…) Dans ce contexte, la Banque nationale est parvenue à la conclusion qu’il n’est plus justifié de maintenir le cours plancher. »

Bref, rien dans ces explications ne justifie que la BNS renonce au peg par un petit matin d’hiver. Il y a donc d’autres raisons.

Comparons avec un autre communiqué de presse, daté cette fois-ci du 6 septembre 2011, dans lequel la BNS introduisait le plancher au taux de change :

« La Banque nationale suisse (BNS) vise par conséquent un affaiblissement substantiel et durable du franc. Dès ce jour, elle ne tolérera plus de cours inférieur à 1,20 franc pour un euro sur le marché des changes. La Banque nationale fera prévaloir ce cours plancher avec toute la détermination requise et est prête à acheter des devises en quantité illimitée.

Même à 1,20 franc pour un euro, la monnaie helvétique reste à un niveau élevé. Elle devrait continuer à s’affaiblir sur la durée. Si les perspectives économiques et les risques de déflation l’exigent, la Banque nationale prendra des mesures supplémentaires. »

Le volontarisme affiché à l’époque, maintenu contre vents et marée pendant trois ans, contraste avec la fin soudaine et sans gloire de l’opération.

Au vu de la tempête économique, financière et politique conséquente au changement d’orientation de la BNS, des voix s’élèveront – crieront, même – contre la banque centrale. Mais ce faisant, elles critiqueront leurs propres alliés : des banquiers centraux perclus de keynésianisme, volontaristes en diable avec la monnaie, acquis à l’idée européenne et mis en place par des autorités politiques tout aussi désireuses qu’eux d’une adhésion de la Suisse à la zone euro.

À ce stade il n’y a donc que deux explications possibles : soit la BNS a renoncé parce qu’elle ne pouvait plus continuer, soit parce qu’elle ne voulait plus continuer.

La première hypothèse est difficilement plausible alors que le bilan de la BNS a littéralement explosé ces dernières années tant elle a imprimé du franc suisse pour acheter de l’euro, des actions et de la dette publique européenne, au point d’atteindre 70% du PIB du pays. Bien entendu, on pourra dire (et je serai le premier à le clamer) que la stratégie de la BNS était une impasse ; mais il est difficile pour des technocrates de faire volte-face sans événement particulier alors qu’ils persistent dans la même erreur depuis plusieurs années. Il n’y a, en tout cas, absolument aucune raison pour que les limites soient atteintes au milieu de nulle part, un 15 janvier au matin, au point de jeter l’éponge.

La seconde hypothèse semble incompatible avec l’idée de banquiers centraux acquis à la cause européenne mais rappelons-nous que nous ne savons pas tout. Il pourrait y avoir eu des décisions en coulisses, par exemple au niveau de la BCE, qui auraient précipité un revirement radical de la position de la BNS par rapport à l’euro et la zone euro en général.

Pensons, par exemple, aux élections législatives anticipées prévues en Grèce le 25 janvier et aux positions économiques prônées par le parti de gauche Syriza, en tête dans les sondages.
Pensons, par exemple, à la décision récente de la justice européenne d’autoriser la BCE de Mario Draghi à créer de la monnaie pour racheter de la dette publique, ouvrant la voie à un Quantitative Easing noyant la dette sous des tombereaux de billets fraîchement imprimés.

Il n’est pas interdit de penser qu’il se prépare dans la zone euro certaines opérations tellement contradictoires avec le zeste d’orthodoxie encore présent dans le cerveau des directeurs de la BNS que ceux-ci, malgré toute la sympathie qu’ils éprouvent pour la zone euro, n’ont pas eu d’autre choix que de couper les ponts avec elle.

Nous en saurons peut-être davantage les prochains jours car si un tel secret existe, il est probablement impossible à garder. En attendant, ce choc énorme pour la Suisse se révèle aussi une très mauvaise nouvelle pour la zone euro. Quelle confiance avoir dans le futur d’une monnaie unique dont les Suisses choisissent tout d’un coup de s’éloigner ?

La fin du taux plancher entre le franc suisse et l’euro aujourd’hui s’apparente plus à des amarres qui lâchent en pleine tempête qu’à une séparation à l’amiable entre deux associés doués de raison.


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  • La Suisse devrait tomber en récession cette année, c’est bien quelque chose que je n’avais jamais anticipé.

    • Même pas en rêve. On prend les paris ?

      • C’est pas moi qui l’annonce, mais des analystes.
        Si les exportations, dont dépend beaucoup le pays voient leurs prix exploser de 30% le pays ne peut être qu’affecté, surtout vers l’UE qui représente 55% de ses exportations.

        • Vous n’avez pas vu les limousines qui font la navette entre l’aéroport de Genève et les Horlogers du poinçon du même nom ! Les clients n’en ont rien à faire du prix. Une Roger Dubuis Quatuor avec 5 différentiels et 4 tourbillons, vous pouvez pas trouver le dixième de la même chose dans le monde ! Le prix c’est le prix et le marché libre s’adaptera.

        • Il faut voir aussi que depuis la baisse de l’euro le soutien de la BNS finançaient aussi les exportations en $ alors qu’il n’y avait pas lieu.
          D’ailleurs le CHF/$ est revenu à son taux précédent.

          C’est sur la valeur ajoutée purement suisse que va se faire cette hausse, certes cette valeur ajoutée est importante mais en 2011 les exportation suisses vers l’europe c’était 29.21%du PIB (c’est donc un % de la valeur ajoutée totale de la suisse)… 20% de 29% ce n’est donc pas une cata, ça ne fait que 6%… mais en plus si on peut compenser avec la baisse du coût des importations aussi bien en consommable qu’en investissement alors on est p-e aux alentours de 3% et l’un comme l’autre de ces taux peuvent se gérer au travers de légères modérations de salaires.

        • Des analystes. Wow. Du genre ceux qui avaient prévu 2008, ou ceux qui disent que les actions sont actuellement à un prix intéressant ? Que le pétrole allait à 300 dollars le baril ?

  • Voilà un bel exemple de ce qu’il se passe quand une banque centrale est forcée de se retirer du marché…
    Qu’adviendra-t-il quand viendra le tour de la FED ?

    • La Fed, contrairement à la BNS, a une stratégie annoncée de longue date et constituée de petits pas réguliers donc non il ne se passera rien car elle permet aux acteurs concernés de se préparer longtemps à l’avance là où la BNS a pris par surprise avec brutalité.

  • on ne peut pas aller contre le marché. C’est tout !

  • Une monnaie très forte asphyxie l’économie, d’accord, mais c’est une question de méthode, le taux plancher était maintenu par l’achat en masse d’Euro (500 Milliards en tout). Mais pourquoi la BNS de ferait pas aussi du QE (Quantitative Easing) comme les autres pour détendre l’atmosphère ? En réalité la BNS a utilisé le mauvais outil, un outil qui marche, mais qui est trop vieux.

  • Imaginons que le peg n’ait jamais été instauré. M. Hayek (!) n’aurait jamais pu faire les 15% de marge qu’il vient de perdre jeudi puisque la parité aurait déjà été à 1/1. Or il n’y a pas de repas gratuit, ces 15% se retrouvent aujourd’hui dans les euros dévalués qu’a achetés la BNS pour permettre le profit de Swatch, et dont la moins-value devra bien être épongée par les Suisses un jour où l’autre. La bêtise, c’était donc bien que la Suisse, par le biais du peg, rentre de facto dans la zone euro. La sortie en est pénible, plus qu’hier et bien moins que demain, mais devenait inévitable.

  • La BNS est ré-intervenue vers 1 pour 1 pour éviter un trop gros choc. Je ne sais pas si elle continue, hier l’eurchf est tombé un peu en dessous, vers 0.98.

  • Il n’ y a plus aucun zeste d’ orthodoxie dans le cerveau des directeurs de la BNS. Il faudrait même se demander s’ ils ont un zeste de cerveau.

    Le (petit) zeste d’ orthodoxie qui reste, il est dans le cerveau du Peuple Suisse.

    Il est évident que c’ est une décision d’ urgence, de panique presque. Aucune banque centrale ne fait les choses aussi brutalement, sans longuement préparer les marchés à coup d’ annonces dont chaque mot, littéralement chaque mot compte.

    Il semble bien que l’ euro va être prochainement dévalué (il est déjà à son plus bas niveau en 9 ans), quelle aurait été la réaction du Peuple Suisse s’ il avait fallu maintenir le peg ? Une initiative populaire pour interdire le peg ? Re-lancer une initiative sur l’ or ? Supprimer la BNS ? (osons rêver en Grand…).

    Les traitres de la BNS ont voulu éviter la vindicte populaire, voilà tout…

    • Répétons-le : le peg ne pouvait être que temporaire. Donc la vraie question n’est pas son arrêt (inévitable), mais le timing et la méthode.

      Notons que jeudi c’est 1 semaine avant la réunion de la BCE, durant laquelle un QE massif serait annoncé.

      La BNS aurait pu publier son communiqué vendredi soir. Il auraient perdu 2 jours. Qui peut croire qu’ils étaient à 2 jours jours près ?

      Plus fort encore : ils auraient pu se « caler » sur l’annonce de la BCE : à l’annonce du QE, la BNS aurait annoncé dans la foulée la fin du peg… le premier événement aurait pu amoindrir la portée du second, et limiter la casse.

      Bref, il y a un truc qui cloche. Ou alors la BNS a vraiment perdu la boule.

      • Il était probablement important pour la BNS de bien afficher qu’elle était indépendante de la BCE. Mais de toute façon, il n’y a pas eu plus de casse qu’on ne pouvait s’y attendre (a posteriori).

  • il faut insister sur un autre aspect : la méthode.

    -Pourquoi un jeudi ?
    -Pourquoi en pleine séance de trading (fin de matinée) ?
    -pourquoi une telle méthode de gangster ?

    La BNS aurait pu agir un vendredi, après la clôture des marchés européens. C’est comme ça que font les gens civilisés.

    Tout le monde garde un mauvais goût dans la bouche, car la méthode est digne de petites frappes qui n’ont rien dans le cerveau. Des voyous.

    Plus que la décision d’arrêter le peg (peg qui était absurde, intenable, moralement destructeur, peg qu’il était nécessaire de supprimer)…. c’est la méthode, le timing qui choquent réellement.

    Qui pourra désormais avoir confiance dans la BNS ?

    Les Suisses n’ont pas seulement perdu leur peg : ils ont durablement cassé la confiance, un actif autrement plus précieux.

    Les conspirationnistes pourraient même trouver là l’explication : « faisons ça le plus salement possible, afin de dégoûter tout le monde de détenir le moindre franc suisse »… qui permettrait de limiter / annuler sa hausse face aux autres monnaies.

    • Les conspirationnistes pourraient même trouver là l’explication : « faisons ça le plus salement possible, afin de dégoûter tout le monde de détenir le moindre franc suisse »…

      Au contraire : ils ont donné raison à ceux qui se sont positionnés sur le CHF papier malgré les taux négatifs.
      Les autres l’ont comme il faut.

    •  » ils ont durablement cassé la confiance …  »

      le problème : avait vous une confiance de rechange ?

      • Encore heureux ! A ce propos je me demande pourquoi interdire au pékin moyen de jouer le WE ? C’est pour favoriser le PMU ? Sinon, il faut jouer sur les places moyen-orientale pour trouver un truc ouvert (c’est pas super facile). Vu le pognon que ça dégage, je ne comprends pas pourquoi c’est pas ouvert le WE !

    • …Sans oublier les récentes déclarations (12 janvier) de l’ autre traitre d’ après lequel « le taux plancher tiendra, whatever it takes ».

      Rien ne peut entamer la confiance en la Suisse et son Franc, par contre c’ est la crédibilité de la BNS qui est morte. ET C’ EST UNE TRES BONNE CHOSE. Parce que la Suisse et la BNS sont deux choses différentes, pour moi elles sont même deux choses opposées.

  • « la décision récente de la justice européenne d’autoriser la BCE de Mario Draghi à créer de la monnaie pour racheter de la dette publique, ouvrant la voie à un Quantitative Easing »

    Il semble très optimiste de penser que la validation judiciaire du programme OMT ouvre la voie au QE de la BCE. La différence fondamentale entre le programme OMT et un éventuel QE tient aux sévères conditions d’entrées dans le premier, ce qui l’a rendu acceptable aux yeux de tous. En revanche, un QE est par définition inconditionnel. Pour cette raison, l’open bar monétaire est inacceptable, surtout dans le cadre de pays dont chacun peut souverainement décider de sortir de la zone monétaire à tout instant.

    Du fait de sa nature inconditionnelle, mais également de la publicité irraisonnée dont il fait actuellement l’objet, un QE contrevient sans aucun doute possible aux traités européens, sans parler des lois françaises et allemandes plus anciennes, quand bien même il serait réservé au marché secondaire. En effet, à partir du moment où elle annonce préalablement qu’elle va racheter des titres publics et combien, en précisant de surcroît les clés de répartition entre pays, la BCE agit en réalité comme s’il elle achetait directement ces titres, les banques commerciales n’étant plus dans l’opération que des intermédiaires virtuels. A part les idiots et les naïfs, qui va croire qu’il ne s’agit pas d’achats directs déguisés dans une tentative de dissimulation honteuse ? En outre, il paraît évident que chaque banque centrale nationale du réseau des banques centrales européennes va racheter les titres de son propre Etat, pour ne pas avoir à assumer seule le risque de sortie de l’euro d’un tiers. A court terme, cette fragmentation du risque est le plus sûr moyen de torpiller l’euro. Dans le même temps, la BCE laisse entendre qu’elle va racheter des titres sans risque. Sans risque ? L’Italie, l’Espagne, la France impécunieuses, mal gérées et déjà hyper-endettées ? Seuls les bons allemands répondent à la définition de l’absence de risque, puisque l’Allemagne bien gérée ne s’endette plus. Mais alors, si la BCE ne rachète que des titres allemands, l’opération est bien vaine.

    On comprend que la BNS ait décidé de fuir le bourbier.

    Cette histoire de QE, manipulation monétaire économiquement suicidaire avant même d’être illégale, va très mal se terminer. On demeure curieux de savoir comment SuperMario va tenter de justifier l’injustifiable la semaine prochaine, ou comment l’anguille va se défiler, ce qui ne manquera pas de provoquer quelques réactions violentes. Cette fois-ci, la magie des mots du banquier central risque de ne plus opérer.

    Comme d’habitude, on n’omettra pas de surveiller le spread Allemagne/France dont l’évolution récente, suite à la décision de la BNS, est significative.

      • D’accord pour « fuir le bourbier ». Mais il me semble que la BNS doit avoir une meilleure vision. Heuuu les banques centrales sont censés communiquer entre elles non (DIXIT le FMI) ? Il faudra attendre la fin de l’histoire pour le savoir.

        • Que les BC communiquent ne signifie pas qu’elles soient d’accord pour mener la même politique et la brutalité de l’annonce étonne.

          Hypothèse de travail : la BNS aurait-elle appris qu’il n’y aura finalement pas de QE, du moins pas comme les marchés l’imaginent ? En l’absence de QE, l’euro va mécaniquement se réévaluer par rapport au franc. Pour la BNS, c’était donc le moment opportun de lâcher l’affaire car elle savait que l’effet de son annonce sur la paire euro/franc allait s’estomper en quelques jours. Quoi qu’il en soit, nous serons bientôt fixés.

          • On pourrait aussi dire que l’annonce d’un QE allait faire faire un down à l’euro la semaine prochaine et que la BNS ne pourrait pas suivre puisqu’en final le CHF est quand même bien arrimé au $.

            Je privilégie plutôt cette position puiqu’il n’y aurait eu aucun intérêt à provoquer un tel branlebas puisqu’il aurait suffit de se désengager petit à petit après l’annonce q’il y avait eu remontée… mais bon, comme tu dis wait and see….

            Ce peut être aussi un signal de la BNS qui montre ainsi qu’il ne faudra plus compter sur elle pour orienter le marché vers des taux d’intérêt négatif.

          • QE de la BCE il y aura, c desormais ineluctable…
            Ce qui aura pour effet de devaluer encore plus l’euro…La BNS a simplement prefere ce couper un doigt que la main…

  • Tous les Suisses que je connais jubilent suite à la flambée du franc CH.
    1) parce qu’ils ont l’impression d’avoir finalement raison de ne pas être entrés dans l’UE
    2) que ne pas être entrés dans l’UE, les a rendu plus riches, vis-àvis des Français des Belges et des autres et ils en tirent un peu d’arrogance
    3) ils ne s’inquiètent pas pour leurs industries qui grace à leur position dominante (Novartis, Nestlé, l’horlogerie …) pourront augmenter leurs prix sans que les clients extérieurs puissent faire autre chose que de payer le prix fort (car très peu de veritables concurrents en face)
    4) s’il doit y avoir des licenciements ce seront les frontaliers et les non suisses qui seront davantage touchés.

    • D’accord, mais ce n’est pas qu’un rééquilibrage monétaire (inévitable). Au vu de la courbe de prix EUR/CHF, la BNS ne lutte plus pour maintenir un taux plancher à 1.20 mais pour maintenir la parité. Cela ne va pas durer longtemps, la BNS à déjà perdu 100 Milliards d’Euro en lâchant le PEG. Combien de temps elle va tenir la parité ?

      Il n’y a qu’une seule soluce pour la BNS : faire du QE comme tout le monde !

      • Oui, mais alors pourquoi ne pas l’avoir fait cette semaine ?
        Un QE de 100 milliards de CHF ?

        • Les 100 milliards c’est le prix du réajustement. 20-25% des 500 milliard d’Euro achetés pour maintenir le cours. C’est le truc que la BNS va devoir immédiatement avaler. Il me semble qu’elle devait déjà l’avoir prévu … Enfin, je n’en suis pas certain, à ce stade, je me demande qui avait prévu quoi ! Comme c’est historique …

  • L’artcle, juste avant le dernier paragraphe était pas mal, l’auteur mimant le raisonnement d’un béotien…

    Mais à partir de là, l’auteur est parti en live ; on ne sait pas pourquoi… allo ?

    « En attendant, ce choc énorme pour la Suisse se révèle aussi une très mauvaise nouvelle pour la zone euro. Quelle confiance avoir dans le futur d’une monnaie unique dont les Suisses choisissent tout d’un coup de s’éloigner ?

    La fin du taux plancher entre le franc suisse et l’euro aujourd’hui s’apparente plus à des amarres qui lâchent en pleine tempête qu’à une séparation à l’amiable entre deux associés doués de raison. »

    • Je ne pense pas justement. La Suisse étant l’un des rares et derniers pays authentiquement démocratique et libéral économiquement en occident, cette défiance vis à vis de l’euro peut servir de signal à tous les investisseurs qui se foutent de politique. L’euro et les pays de la zone sont gérés en dépit du bon sens et aucun mécanisme démocratique ou non n’existe pour ramener les brebis galeuses à la bergerie. Le QE version zone euro est même un appel à poursuivre la folie socialiste pour les états du sud. Cette opération va solidifier la zone euro dans un premier temps puis faire le jeu de son propre éclatement plus tard tant il sera évident que les français et italiens auront abusé de la situation au lieu de faire les réformes.

      Pour les spéculateurs, il va falloir être malin : Un bon QE au départ pour gratter du pognon puis le moment venu, détaler devant l’inéluctable dislocation de la zone euro avec des méchants allemands qui refuseront d’ouvrir le carnet de chèque.

      • Je trouvais comique le coup de l’éloignement de la Suisse de la monnaie unique surtout en disant « le futur d’une monnaie unique dont les Suisses choisissent tout d’un coup de s’éloigner ».

        Avoir eu un intérêt au peg ce n’était pas une étape pour intégrer l’UE comme le laisse sous-entendre l’article en disant « les Suisses », ils ne l’ont plus (l’intérêt) : il y a loin de la coupe aux lèvres.

        Y a un moment il faut faire la somme des avantages et celle des inconvénients, tirer un trait et prendre une décision. Changer ça ne veut pas dire que la décision précédente était idiote. C’est insister qui est idiot.

    •  » La fin du taux plancher entre le franc suisse et l’euro aujourd’hui s’apparente plus à des amarres qui lâchent en pleine tempête qu’à une séparation à l’amiable entre deux associés doués de raison. »  »

      Moi j’avais pris l’exemple du cocote minute mis sous pression à qui on enlève subitement le couvercle.

      D.J

  • Pascal Broulis voit ses craintes confirmées. «Une décision aussi abrupte cache sans doute une situation européenne plus grave que prévu.»

  •  » Si les exportations, dont dépend beaucoup le pays voient leurs prix exploser de 30% le pays ne peut être qu’affecté, surtout vers l’UE qui représente 55% de ses exportations  »

    C’est aussi 30% meilleurs marché pour tout ce qui est importé de l’UE. Beaucoup d’entreprises suisses se fournissent dans l’UE en matériaux pour leur exploitation. Mais la plupart des entreprises suisses qui exportent livreront leurs marchandises cette année et voir plus aux prix convenu dans le contrat.

    Pour l’instant en Suisse on tombe dans un catastrophisme irraisonné après 2 jours de forte hausse du Franc. Cela deviendrait inquiétant si l’on tombe dans une spirale qui voit le franc renchérir sans cesse durant les prochain mois. Le franc fort n’est pas une fin en soit qui va automatiquement plomber l’économie suisse. L’important c’est qu’il soit stable. ça permet aux investisseurs d’avoir une certaine assurance pour investir dans l’économie réelle.

    D.J

    D.J

  • La Suisse a joué le jeu avec l’Europe, jour après jour, et elle a bien vu que cette dernière n’aurait aucune gratitude, ni pitié envers elle: Ces dernières semaines, la parité €/$ a montrée la voie, et la perspective du QE Européen après les élections grecques désignaient le chemin.
    Prévenir avant ? Cela aurait tué l’effet de l’initiative, c’était impossible !
    Je pense que les Suisses s’étaient préparés à cela, la BNS avait été claire il y a 3 ans, Il n’y a pas à se lamenter, mais à regarder maintenant ce que va devenir l’Euro, et être attentif aux taux d’intérêts et à leurs écarts entre l’Europe du sud et du nord.
    Fort à parier que les critiques s’estompent dès… vendredi prochain ?
    ps: Pensez aussi que en Euros, le marché actions Suisse a en fait gagné 8% malgré la baisse…

  • Je ne suis pas aussi pessimiste. Je vis et je travaille en Suisse. Les multinationales comme Nestlé, ABB et pas mal de pharmas produisent et vendent hors Suisse. Le secteur du luxe Rolex et autres…n’est pas vraiment sensible à ce genre de fluctuations.
    En outre, la force du CHF va rendre l’acquisition de matières premières meilleur maché. Je pense au ^étrol e.a. (je pourrais très longuement en discuter)
    Quand aux secteurs de technologie de pointe, SIG, Pilatus…ils n’ont pas de vrai concurrence hors la Suisse. Et les compagnies aériennes Suisses ainsi que les petits commerce, qui importent vont voir leur marges exploser.
    Enfin, la Suisse est ouverte sur d’autres « univers monétaires » que l’EUR ou l’USD.
    En revanche…je n’aimerais pas détenir depuis l’étranger, des emprunts remboursables en CHF. Comme beaucoup de communautés locales en France, et comme nombre de particuliers en Pologne.

    • justement detenir un pret en CHF est une tres bonne chose…si il est rembourse en CHF sans passer par un change EUR/CHF par exemple…
      Et si bien sur le bien ne doit pas etre revendu avant la fin du pret…

      • justement detenir un pret en CHF est une tres bonne chose…si

        Vous avez des revenus suisses. Et comme le fait remarquer Alexis Chevalier, certaines communes vont l’avoir bien profond, et les particuliers polonais, déjà KO sont aussi maintenant en faillite : impossible de rembourser.

        • C’est normal c particulier et commune francaise n’ont pas de revenu suisse…
          ils font donc le change EUR/CHF ou ZLOTY/CHF et la effectivement impossible de rembourser…
          Les frontaliers ne seront impacte qu’en cas de revente…

          • De toutes façons, il y a des risques à avoir des revenus dans une monnaie et emprunter dans une autre.
            Pour les frontaliers qui ont emprunté en EUR, cela va dans le bon sens, ce que nous avions fait.
            Il faudrait s’interroger sur le différentiel de taux d’intérêt. C’est souvent un signal à ne pas négliger.
            Visiblement l’EUR ne peut s’apprécier, vu le bordel avec la Grèce et la France.

            • Oui aucun risque de voir l’euro s’apprecier…
              La BCE va lancer, je pense, un QE a hauteur d’environ 500 milliard et donc provoquer la hausse du CHF…
              Voir le CHF a 0.80 EUR ne me semble pas une uthopie…
              Malheur au nombreux frontalier qui ont bloque leurs taux de change ces 3 derniers jours a des taux de 1.04 a 1.06…

              • Si je regarde la courbe de prix, la BNS essaye quand même de maintenir un taux plancher à 1.00 (parité) le « market impact » est clair. Combien de temps cela va durer ?

                • C’en a bien l’air. S’ils sont censés, cela ne devrait être l’histoire que de quelques milliards pour tester le marché.
                  Dès que c’est épuisé, la chute continue.
                  Ils ne vont quand même pas sauver l’EUR à eux seuls, contre la volonté de 17 pays plus grands, ce serait injouable et débile.

                  • Si j’étais la BNS, je n’essaierais pas de soutenir un nouveau plancher, mais de stabiliser autour de ce qui peut être, en se référant au dollar, la parité raisonnable. Je crois que c’est ce qu’on voit. Laisser glisser le cours, mais éviter les grandes excursions par rapport à ce cours, grandes excursions qui inhibent toute utilisation de la monnaie. En plus, ça ne coûte rien, les gains et les pertes se compensent.

          • Effectivement, c’est catastrophique en cas de vente engagée avant la disparition du peg et la signature chez le notaire après…

        • En effet, on aurait pu s’attendre à ce que Mr/Mme Wittkowski tienne un raisonnement différent étant donné son patronyme.

  •  » le peuple parfait qui vote toujours dans le bon sens !  »

    Parfait ça se discute. Si le peuple suisse était totalement Romand ce pays serait un peu une France bis.

    D.J

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